La Capture

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Solo

Notes:

Il y a de cela presque un an, une fine équipe de Shintanjins avait été chargée d’une mission par Reisha en personne. Voulant récupérer le cube mémoriel dont - ils l’apprendraient plus tard- elle s’était séparée, ils s’étaient infiltrés dans un important village de voleurs. Se faisant passer pour des voleurs, et trafiquants d’élus, ils avaient approché le chef des voleurs en rusant, et récupéré le cube. Malheureusement, la sortie ne s’était pas faite en toute discrétion. Résultat des courses, le groupe de Shintajin était recherché par les voleurs pour leurs méfaits : vol d’un objet rare, coups et blessures, incendie, le tout ayant mené à certains morts et destruction de biens du village. L’avantage était qu’aucune autorité officielle ne leur en voulait, ainsi Lexi Hil’Feyan avait pu continuer sa vie, tantôt à Shintân tantôt à Shûza aux côtés des rebelles, et même dans les territoires neutres quand elle infiltra le clan des Uchihas. Néanmoins, une prime juteuse était promise pour sa capture, et elle tournait dans les différents réseaux de brigands. C’est pourquoi, lorsque sa victoire sur Aporo se fit entendre dans la région, un petit groupe de malfaiteurs se mit en tête de la capturer.

Alors qu’elle avait quitté le village libéré seulement quelques heures auparavant, et se dirigeait tranquillement vers le nord à nouveau, ils s’étaient renseignés et lui avaient tendu un piège. Alors qu’elle suivait un sentier à travers une forêt de pinède, ils avaient élaboré un piège pour la capturer dans un filet. Mais la jeune femme était une chasseuse aguerrie, et elle n’était pas une proie. Elle repéra les traces du piège avant de ne pas tomber dedans, et s’arrêta pour l’observer avec minutie. Ce n’était pas un piège de chasseur. C’était un piège à humain. Elle fronça les sourcils, se concentra. Les rôdeurs étaient dans le coin, prêts à lui nuire à l’instant où elle serait tombée dans leur piège. Ces derniers en étaient venus à la conclusion qu’elle avait repéré le piège, mais ils avaient encore l’avantage de la surprise s’ils attaquaient maintenant. L’un d’eux bondit depuis les fourrés, le chef sûrement, car les autres suivirent immédiatement. Le combat éclata.

La marchombre se battit d'abord avec prudence. Ils étaient six, elle ne pouvait se permettre un faux-pas. Alternant entre des esquives improbables, le bouclier de son armure ou encore la protection cristalline de Gensou, elle se protégea avec efficacité le temps de les cerner. Lorsqu’il fût certain qu’ils étaient incompétents, elle entama sa danse de mort. Frappa du pied et du coude, tranchant les chairs de ses lames, elle se mit à virevolter à un vitesse inhumaine, et bientôt laissa deux cadavres, trois hommes inconscients, et un homme à genou devant elle, la lame posée sur sa gorge. Pour sauver sa vie, il lui avoua qu’il l’avait attaquée en espérant toucher la prime démesurée offerte par le village des voleurs qu’elle avait attaqué, plus d’un an auparavant. Elle maugréa. Il savait où elle se rendait. Elle ne pouvait laisser personne en vie. Il s’étouffa dans son sang après que la lame marchombre lui ait ouvert la gorge, acheva ses compagnons. Il en valait de sa survie.

Cet épisode marqua un changement de rythme significatif dans son voyage. Désormais, elle courrait pour s’éloigner des Terres Neutres. Elle devait se faire oublier. Elle comptait gagner la rivière antique de Reïfuu dont elle avait beaucoup entendu parler. Puis, elle s’enfoncerait encore plus dans les terres du nord. Malheureusement pour elle, les brigands qui l’avaient attaquée avaient parlé avant leur mort. Un message envoyé à des sbires de Kaneko, afin de demander du matériel anti-élu et leur récompense. Les brigands ayant un relais de messages particulier, souvent rapide grâce à la magie, un groupe de mercenaires compétents et déjà équipés par le matériel de Kaneko fut prévenu. La traque avait commencé.

Contextuelles (pour tout le rp):

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
"_Le Pacte des Marchombres

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La marchombre avait couru jusqu’à épuisement, voulant mettre le plus de distance possible entre elle et le combat qui avait eu lieu dans les bois au nord des collines vertes. Elle ignorait que se faisait, elle se rapprochait dangereusement des mercenaires du nord qui préparaient soigneusement sa capture, mais au passage elle semait aussi les espions Uchiha qui n’avaient pas cessé leur mission. Elle dut tout de même prendre une pause pour la nuit, qu’elle passa accrochée à une branche haute d’un arbre, son arc blotti contre elle pour tirer comme des lapins les premiers qui s’approcheraient. A l’aube, elle repartit aussi vite qu’elle put, mangeant en quelques minutes un petit déjeuner improvisé dans ses réserves et reprenant sa route.

Elle évita les villages, les hameaux, la population. Cela imposait parfois des détours, toujours une concentration importante, mais surtout, un tel rythme l’empêchait de chasser. Elle dut donc se résoudre à ralentir quand les vivres manquèrent. Chasser prenait du temps, de la patience, de la discrétion. Mais c’était ça ou s’affaiblir par la faim, et si elle était la cible de nouvelles attaques, elle ne pouvait pas se le permettre. D’autant plus qu’il était stupide de tout faire pour éviter d’être attrapée par des brigands, si c’était pour se faire graille par un loup qui n’aurait qu’à la cueillir épuisée dans son sommeil. Inquiète pour sa survie, chaque instant était dictée par une stratégie établie. Mais bientôt elle allait passer la frontière, et après plusieurs jours à s’éloigner, elle pourrait se rassurer un peu.

C’est ce qu’il finit par se passer. Aucun signe de traque, elle avait éliminée la menace le jour de la rencontre avec les brigands incompétents qui avaient péri sous sa lame, et mis de la distance par précaution. Elle reprit un rythme de voyage normal, après avoir passé la frontière Reïfuujin.

Elle arriva sans encombre jusqu’à la rivière antique, où elle fut subjuguée par son aspect. La rivière était couleur sang, mais il était évident que c’était de l’eau claire : un aveugle en aurait été persuadé. Elle en avait l’odeur et le goût, seule sa couleur était différente. Evidemment, les légendes disaient qu’il s’agissait de sang, et même parfois du sang des anciens d’élus. Mais Lexi ne croyait pas à ces sottises, et elle profita simplement du paysage incroyable que cela offrait : un serpent écarlate au milieu du blanc immaculé de la région.

Cette quiétude fut perturbé par des bruits de pas. Ils étaient encore loins, mais immédiatement la marchombre se leva, saisit son arc et visa. Elle n’était encore qu’une silhouette pour l’intrus, lorsqu’elle l'identifia de ses yeux perçants. C’était une enfant. Elle marchait maladroitement dans la neige épaisse, et était chaudement habillée , mais seule. Lexi rangea son arme et s’approcha.

Madame … Vous avez vu mes parents ?

La jeune femme s’agenouilla devant la pauvre petite. Elle avait perdu un gant. Elle prit sa main froide dans les siennes pour la réchauffer.

Non petite… Que fais-tu ici ? Comment t’appelles-tu ?

Je m’appelle Nagisa. Si je reste avec vous, je vais trouver mes parents.

Et bien… On va essayer ma belle. Tiens mets ta main dans ta poche, qu’elle reste au chaud. Tu as faim?

Mais ils ont dit … Que vous me ramèneriez à mes parents.

On va faire ce …

Les mots de la petite explosèrent dans l’esprit de Lexi. “Ils”?

Ils m’ont dit de te donner un cadeau pour que tu m’aide.

La jeune enfant tendit quelque chose dans sa main. Lexi se figea, coincée entre le réflexe de sauver sa peau et la nécessité de sauver l’enfant. Pour la première fois depuis une éternité, elle resta immobile, les entrailles tordues par la terreur, incapable de prendre une décision. Le cristal mauve entrelacé de métal et gravé de runes explosa.

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
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Le cristal était une bombe technomagique, basé sur du savoir Shintajin et travaillé avec de la magie puissante. Un objet cher, mais nécessaire pour contrer la marchombre. Heureusement pour l’enfant, l’explosion ne visait pas à blesser. L’onde de choc fut modérée, et elle comme l’élue furent simplement projetée en arrière, indemnes. La différence fondamentale, c’est que Lexi se retrouva nue avant de toucher le sol. Le froid qui la saisit à cet instant le lui fit comprendre rapidement.

RAWEN ?! appela-t-elle dans son esprit. Mais L’armure ne répondit pas, et ne se réactiva pas non plus. La bombe avait déclenché un puissant champ électro-magique qui avait désactivé l’armure technomagique pour une durée indéterminée. Elle s’était rétractée sans pouvoir faire autrement, laissant sa porteuse dans le plus simple appareil, ses lames tombées au sol dans leur fourreau en l’absence de ceinture, son arc au sol. Elle le ramassa immédiatement et invoqua une flèche grâce à l’anneau du maître d’arme, qui lui n’avait pas quitté son doigt. Déjà des ennemis venaient de partout depuis la forêt qui jouxtait ces rives.

Il en venait de partout. Un par un, Lexi les aurait éliminés sans souci, mais le combat multiple n’était pas son fort, et il ne s’agissait pas des six incompétents de la première attaque. Beaucoup allaient mourir, c’était certain, mais cela serait-il suffisant ? D’autant plus qu’elle devait protéger la gamine, devant laquelle elle se plaça ostensiblement. Quatres flèches trouvèrent leur cible avant que les mercenaires n’arrivent au contact. Quatre d’entre eux s’écroulèrent, morts. Puis il fut temps de lâcher son arme pour saisir ses poignards.

Nue, la marchombre n’en était pas moins mortelle, une véritable furie portant une tornade de coups tous plus létaux les uns que les autres. Néanmoins elle avait été obligée de s’éloigner de l’enfant, et devait désormais compter sans son armure. Or, cette dernière pouvait créer de puissants boucliers qui étaient souvent décisif dans la stratégie de Lexi. De plus, le froid mordant la frigorifiait peu à peu. L’exercice physique réchauffant son tronc, mais ses extrémités souffraient de plus en plus. Lentement mais sûrement, les blessures s’accumulèrent. D’abord anodines, elles signifiaient néanmoins qu’elle était vulnérable, et furent bientôt rejointes par d’autres, plus embêtantes. De plus, de moins en moins de mercenaires tombaient sous ses coups, et leur cohésion s’était adapté au style de la marchombre. Malgré la douzaine de cadavres qui jonchaient le sol, ils étaient trop nombreux. Elle organisa une sortie.

Se découpant un passage vers la rivière, elle souhaitait s’en servir pour s’échapper.
Une voix de l’autre côté de celle-ci l’en dissuada. Froide, glacial même.

A ta place, je resterai plutôt.

Elle tourna son regard un court instant. De l’autre côté de la rivière, un homme se tenait droit, dans un ensemble bordeau et noir. Sa main ganté entourait fermement la gorge de la petite fille.

Un instant d’hésitation, un instant de trop à regarder l'otage. Un instant qui ouvre la voie. Un mercenaire s’en saisit, et sa lame transperce la cuisse de la marchombre. Elle titube en grognant de douleur, se reprend. Elle va perdre, mais elle vendra chèrement sa vie. Que le premier qui s’approche essaie simplement…

Il suffit.

L’homme ordonna à ses hommes de s’arrêter, et comme un seul être, ils obéirent. La marchombre arma son bras. Il avait fait l’erreur de la sous-estimer, sa dague allait lui percer le cerveau, puis elle… Il avait armé son bras avant elle. Une orbe magique la frappa de plein fouet, et elle s’écroula dans la neige. Encore consciente néanmoins, elle voulut se relever, elle était paralysé. Dans quelques secondes, elle vaincrait l’effet du sort. Quelques secondes furent largement suffisant pour que les mercenaires achèvent le travail, et la rouent de coups pour être sûrs qu’elle ne se relève pas.

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Akiro était un chef puissant et ambitieux. Lorsqu’il avait appris la position de Lexi Hil’Feyan, et après avoir vérifié la prime et les informations qu’il avait, il avait mis rapidement un plan en place. Plan qui avait fonctionné à merveille. Ses hommes avaient été méticuleusement informés : hors de question de tuer la marchandise. Les élus apparaissent après leur mort, il aurait été stupide de la perdre si bêtement. Cela lui allait lui coûter cher pour reprendre du stock de matériel anti-élu après avoir usé du sien, mais elle valait le coup. Evidemment, il pouvait la remettre à Iggir, mais il allait négocier durement, et si l’offre d’Iggir restait insuffisante, il la vendrait lui-même à Tenkasuru. Il s’était renseigné. Depuis Bashô, aucun élu de renom n’avait été pris par l’empereur Kenerys. Or, Lexi Hil’Feyan était aussi une élue de la vague précédente. Bien que la dénommé Alathea lui ai succédé près du gouvernement de Shintân, Lexi était proche de Reisha, nouvelle dirigeante de cette nation. C’était déjà le cas auparavant, et cela le restait, tout comme le fait qu’elle était la plus puissante de sa nation. Elle était cependant mystérieuse et difficile à attraper. Mais lui, Akiro, y était arrivé.

Il était assis devant une chaise, à quelques mètres de sécurité de la cage où était désormais enchaîné la jeune femme. Celle-ci se réveilla lentement, et le reconnut.

Vous ! Enflure, utiliser une enfant ! Où est-elle ? Que vous lui avez-vous fait, espèce de monstre ?

Allons, allons. C’est vous le monstre ici. Parmi les hommes loyaux que vous avez éliminés se trouvait par exemple le mari de sa nourrice préférée.

Que … Quoi ?

Il se leva, et se dirigea vers un couloir, d’où il ramena par la main la petite enfant qui avait servi de cheval de Troie.

Je vous présente Nagisa, ma fille.

La jeune fille était si jeune, elle ne comprenait pas ce qu’elle faisait là. Elle était simplement aimée de son père, et aimait le rendre fière. Pauvre gamine. L’homme claqua ses mains, et une nourrice vint récupérer l’enfant pour la ramener dans dieu sait quel endroit où elle vivait.

Pourquoi ? cracha Lexi avec dédain.

Pour l'argent, évidemment. Entre Iggir et Kaneko que vous avez fâchés, et l’empereur Kenerys, je ne sais pas qui va gagner aux enchères, mais l’idée me donne des frissons.

La marchombre lui jeta un regard mauvais sans prendre la peine de répondre. Elle avait remarqué que son armure était réapparue sur elle, elle allait se libérer et les tuer un par un, elle…

Votre haine se lit sur votre visage Dame Hil’Feyan. Je vous déconseille néanmoins de tenter quoi que ce soit. Vous êtes complètement sous contrôle ici, et votre voyage ne s’entamera pas dans que je n’aurais pas la panoplie complète pour me prémunir de vos talents.

Dois-je comprendre que c’est donc uniquement par respect pour ma dignité que mon armure a été réactivée ?

Non ce n’est pas le cas. Je n’ai pas vraiment grand chose à faire de votre dignité. Mais l’objet que j’ai utilisé ne permettait que de la désactiver qu’à court terme. Ne vous en faites pas pour cela cependant, vous en serez bientôt privée à nouveau.

Le chef tourna les talons sur cette simple phrase, et s’en alla laissant la marchombre méditer sur ses propos. Elle ignorait qu’il espérait tirer toujours plus d’argent de cette capture, et souhaitait donc récupérer la technomagie de son armure. Elle devait s’échapper. De préférence avant que le reste de l’équipement anti élu n’arrive. Dans les jours qui suivirent, elle fit donc en sorte d’obtenir le plus d’informations possible.

Sa détention était minutieuse. Personne ne s’approchait suffisamment de la cage pour qu’elle ne puisse les atteindre, et elle était enchaînée, ses chevilles liées à un anneau dans le sol, au centre de la pièce, ses mains menottées dans son dos. Des gardes tournaient à sa surveillance nuit et jour, et son unique repas de la journée était une soupe infâme poussée prudemment jusqu’à un passage spécial coupée dans ses barreaux. Ceux-ci étaient peu espacés. Malgré sa souplesse et sa minceur, jamais elle ne passerait. Elle devait se libérer en passant par la porte. Crocheter le verrou de ses chaînes et de cette dernière prendrait du temps, et il lui fallait un minimum d’outillage. Elle aurait peut être pu briser ses liens, bien que le métal était résistant, mais aurait eu besoin d’avoir au moins les bras devant soi. Elle réfléchissait nuit et jour, à un moyen de sortir. L’occasion se présenta plus rapidement qu’elle ne l’aurait songé.

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Pendant les premiers jours de la détention de Lexi, les deux espions qui étaient chargés de la surveiller n'avaient pas pu faire mieux que combler le retard qui les séparaient d’elle. Ils étaient tombés sur le carnage qu’elle avait fait, éviter de justes le piège des six bandits, et reprit la piste. Mais celle-ci était devenue plus complexe à suivre, des indices suggéraient qu’elle avait cherché à fuir. Pourtant ils étaient certains que ce n’était pas eux qu’elle cherchait à semer : elle avait été suffisamment claire pour qu’ils ne prennent plus le risque de s’approcher à portée de vue ou d’ouïe. Cela avait à voir avec les bandits. Ils avaient donc continué de suivre la piste. Puis ils étaient tombés sur un nouveau carnage, du moins les dernières traces de celui-ci. Les corps des défunts avaient été emmenés, leurs armes aussi, mais à certains endroits on devinait encore du sang, de la chair ou des vêtements déchirés. Ils avaient continué de suivre la piste.

Du côté de la marchombre, les gardes montraient du laxisme. Il avait semblé si simple pour leur chef de capturer l’élue - sans comprendre tout ce qu’il avait fallut planifier et préparer - et elle était si petite et maigrichonne, ils ne se méfiaient plus assez. Un jour, la relève était en retard et le garde encore en service avait hâte de rentrer chez lui. Elle fut laissée seule un instant.
Rawen, désactive la protection autour de l’épaule gauche.
L’armure s’exécuta. Il ne fallait pas traîner. La marchombre s’approcha d’un coin de sa cage, où le barreau constituait aussi un poteau porteur, et prit une profonde inspiration. Elle se jeta en avant, pivota et s’explosa le bras contre le métal, dans un grognement de souffrance qu’elle eut du mal à contenir. Son épaule déboîtée, elle passa ses mains menottées sous ses jambes, retrouva l’usage de ses mains devant elle. Elle avait cependant besoin de ses deux bras. Elle se remit l’épaule en place avec une stratégie similaire, laissant cette fois échapper un cri de douleur, qui avait été pire la seconde fois. Le bruit allait alerter les gardes, elle devait faire vite.

Elle croisa ses chaînes des mains et des pieds, plaça stratégiquement ses mains avant de pousser dans un sens avec ses pieds, tirer avec ses bras. Un autre grognement, sous l’effort et la souffrance qui lance dans son bras gauche, et la chaîne céda. Elle se mit debout, libéra des chevilles et récupéra une vis qui avait sauté, ainsi qu’un anneau fin. Elle le tordit, libéra une pointe, et s’agenouilla devant la porte de sa cage. Déjà les gardes arrivaient, elle les entendait. Ils arrivèrent alors qu’elle finissait de crocheter la serrure et s’engouffrait dans l’ouverture. Encore les mains menottées, elle combattit néanmoins la relève qui arrivait avec deux hommes en renfort. Forte de la protection de Rawen, elle n’hésita pas à utiliser les chaînes de ses poignets pour étrangler un adversaire, s’en servant de bouclier humain contre son collègue avant de poursuivre. Bientôt, elle laissait derrière elle quatre hommes hors d’état de nuit et entamerait sa fuite.

Dans une étrange salle souterraine, Akiro s’entretenait avec un de ses subalternes. Un ancien technomage de Shintân qui avait trouvé le marché noir bien plus lucratif que la capitale.

C’est parfait. Quittez la pièce et ne revenez que lorsque je vous ferais demander. Je ne prendrai pas le risque qu’elle vous blesse, nous la contrôlerons avant votre arrivée.

Il sortit de la pièce et se dirigea vers l’endroit où il détenait l’élue.

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De son côté, la marchombre s’était frayée un chemin dans les différents couloirs qu’elle avait empruntés. En se faisant discrète autant que possible, en mettant hors d’état de nuir des gardes chaque fois qu’il le fallait. Mais cet endroit était un labyrinthe, et Akiro la retrouva sans mal. Elle se mit en garde dès qu’elle l’aperçut.

Vous allez me faire sortir, car cette fois il n’y a pas vos mercenaires et vos gadgets technomagiques pour vous protéger.

Il s’apprêtait à répondre, lorsqu’elle passa à l’attaque. Ce n’était pas un combattant aguerri. Seulement un mage qui avait du pouvoir grâce à son réseau et sa bande. Une feinte du poing, et son coude irait percuter son plexus avec suffisamment de violence pour le projeter au sol. Une fois passé un peu à tabac, il se montrerait plus docile, il suffirait alors de le prendre en otage et de …

Le coup de la jeune femme rebondit littéralement avant d’avoir touché le corps de son ennemi. Comme entouré d’une protection invisible. Elle réagit vite, enchaîna avec un nouveau coup de pied, le phénomène resta. Quelque chose l’empêchait d’approcher Akiro. Elle réagit vite, elle devait chercher des choses à lui jeter dessus. Elle jeta un regard autour d’elle, mais alors il tira une dague de sa veste et se jeta sur elle. Un peu plus rapide qu’un mage aussi faible qu’elle le pensait. Lexi était enfermée depuis trois jours, à peine nourrie, et avait été rouée de coups juste avant. Ses réflexes jouèrent, mais pas son esprit. Elle détourna la lame du dos de son avant-bras, comprenant au moment où la pointe la griffait qu’il ne pouvait y avoir qu’une raison à une attaque si inutile contre elle. Du poison.

Elle se trompait encore. Du poison aurait été trop long à agir. Elle aurait pu briser la nuque d’Akiro de ses mains et fuir bien avant qu’il n’agisse. C’était une dague enchantée. Un nouvel outil anti-élu. Il avait suffi qu’il la touche. Son esprit s'épanouit au contact de la lame.

Elle se réveilla allongée sur une table en bois, les mains et pieds liés, et vit Akiro ainsi que deux hommes à côté de lui.

Voyez-vous Lexi, la difficulté a été de contrer vos capacités d’élue, tout en gardant active votre armure. Nous pensions que c’était un équipement offert par votre nation, mais pourtant elle s’est désactivée quand on a voulu vous mettre les dispositifs anti-élus.

Cela sous-entendait que la petite marchombre avait encore fini à poil, mais bon on était plus à ça près !

Mais néanmoins, le docteur et technomage ici présent va récupérer ce petit bijou de technomagie, car c’est certain que c’est bien un bijou Shintajin.

Vous vous trompez. Et vous ne l’aurez pas.

Akiro avait fini par régler le problème qu’il avait évoqué. Il avait fait attacher la marchombre fermement, à plusieurs endroits, et disséminé assez de drogue dans son sang pour l’affaiblir, sans que son armure ne se rétracte. Il n’avait pas prévu la suite, mais s’en accommoderait sans problème. Lexi désactiva son armure. Ils ne pourraient plus y toucher. Rawen se rétracta rapidement, mais pas assez pour que les hommes ne remarquent pas que le point d’accroche de Rawen était dans la nuque de sa porteuse.

Bien, docteur, vous avez vu la même chose que moi. Au travail.

La drogue faisant effet d'anesthésier, la douleur de se faire découper la nuque au scalpel était assez raisonnable. Mais Lexi ne savait pas si ce qu’ils tentaient de faire était possible. Elle ignorait tout du fonctionnement de son armure, et ne souhaitait pas la perdre. Elle se débattit comme un diable, mais rien n’y fit.

Chef, elle saigne beaucoup. Il faudrait la laisser reprendre du poil de la bête et reprendre nos recherches, peut-être demain soir.

C’est une élue. Elle est résistante ne vous inquiétez pas.

Comme vous voudrez.

La jeune femme n’entendit pas la suite. Comme l’avait prévenu le docteur, elle perdait beaucoup de sang - en même temps, charcuter la nuque de quelqu’un, on pouvait s’y attendre. Elle sombra peu à peu dans l’inconscience.

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Lexi se réveilla sur la même table, toujours nue. Rawen ayant été désactivée sur ses ordres, elle ne se réactiverait pas tant que la marchombre ne le déciderait pas. Celle-ci était faible. Elle était mal nourrie, avait perdu beaucoup de sang, était attachée. Mais elle n’avait pas perdu sa combativité. A peine sa conscience se fut-elle ancrée, ses pensées tournaient à mille à l’heure dans son cerveau. Une idée germa dans sa tête, mais il était beaucoup plus prudent de mettre son plan à exécution en l’absence d’Akiro. Cela tombait bien, il n’y avait que le docteur et son assistant dans la pièce, en train de ranger leurs affaires. Elle se mit à fredonner doucement.

Pensant simplement qu’elle se consolait dans une berceuse, ils n’y prêtèrent pas attention. Puis peu à peu, leur esprit se fit subjuguer par le chant. Ayant la main mise sur leurs esprits, la marchombre les força à la détacher. Une fois libre, elle réactiva Rawen, endormit les deux hommes. Et sortit de la pièce à pas de loups. Elle était encore plus affaibli que le première fois, mais avait évacué la drogue de son système, et son instinct de survie faisait courir une poussée d’adrénaline dans ses veines. Elle se faufila de couloir en couloir, évitant au mieux les gens. Mais l’alerte fut donnée en découvrant le docteur endormi, son sujet d’étude disparu. Elle fit au mieux, mais une nouvelle fois, fut rattrapée. Elle eut presque envie de pleurer quand Akiro se dressa devant elle, entouré d’une douzaine de mercenaires. Elle se battit, mais n’entraîna personne dans la tombe cette fois. Elle désactiva Rawen de son propre chef juste avant de sombrer dans l’inconscience.

Vous avez de la chance vous savez.

Lexi bat des cils, la lumière est douloureuse pour son crâne.

A force de vous effondrez, nue, au milieu d’hommes de tous âges, vous allez avoir des pépins mademoiselle. Mais je vous voulais en bon état.

Akiro poussa un long soupir.

Votre ténacité vous honore, mais désormais faites preuves de raison. Abandonnez-moi votre armure, et je pourrais passer à la suite de mon commerce en vous vendant vous, séparément. Ne m’obligez pas à vous torturer pour que vous l’activiez à nouveau.

A la voix de l’homme, elle comprit que ce ne serait qu’une formalité pour lui. Pas de plaisir, pas de mécontentement. Il la torturait jusqu’à ce qu’elle cède, et ce serait ainsi. Elle poussa un long soupir.

J’abandonne.

L’armure se développa sur tout son corps, suite à l’appel de sa porteuse. Et sur les commandes de celle-ci, un casque de métal mat recouvrit également son visage. Cela n’arrivait jamais.

Et bien, vous pensez pouvoir vous battre ? Est-ce pour cela que vous jouez la statue vivante ?

Pas de réponse. L’homme soupira.

Docteur, venez, je crois qu’elle veut qu’on étudie une boîte de conserve. Mais c’est mieux que pas d’armure.

Chef je crois que...

La poitrine de Lexi eut un sursaut.

Elle s’étouffe.

L’ordre de la marchombre avait été limpide : “étouffe moi jusqu’à ma mort, ignore tous mes ordres qui suivront”. Elle avait pris le pari de réapparaître, ailleurs sur la carte, comme tous les élus. Personne ne pouvait retenir sa respiration jusqu’à en mourir. Mais une tierce personne pouvait vous infliger un tel sort. Lexi n’avait jamais retenu sa respiration si longtemps. Elle suffoquait, se battait pour respirer de l’air frais. Mais elle était attachée par ses ravisseurs, et étouffée par son armure. Les dernières secondes furent atroces. Elle avait l’impression que ses poumons allaient exploser. Puis soudain l’air frais.

Elle prit une profonde inspiration, plusieurs fois, toussa, manqua de s’étouffer, reprit une bouffée d’air salvatrice. Sa tête tournait, sa vue était déficiente, mais elle vivait. Pourquoi ? Elle n’avait pas l’esprit assez clair pour comprendre. Elle entendit des éclats de voix, une plus calme. Elle peinait à reprendre pied, et ne pouvait pas se redresser pour comprendre ce qu’il se passait, à cause de ses liens. Le visage déformé par la colère d’Akiro s’imposa à elle.

Espèce de garce. Tu vas regretter de ne pas être morte quand tu en avais l’occasion.

Il quitta les lieux, et alors Lexi constata que le docteur et son assistant la détachaient.

Gardes ! appelèrent-ils. Qu’on l’emmène. Ne lui faites pas de mal. Akiro serait content sur le moment, et deux jours après vous ferait châtier pour avoir abîmé la marchandise. Et mettez-lui ça sur le dos.

Complètement groggy, elle tentait de comprendre ce qu’il se passait. Et c’est là qu’elle remarqua. A ses chevilles, des liens de métal s’enroulaient autour de ses jambes, les liant entre elles, mais possédant aussi de petites pointes qui s’enfonçaient légèrement dans sa chair. Ses mains étaient liées par le même genre de choses. Les gardes écoutèrent les injonctions du docteur : ils lui passèrent une chemise de lin par-dessus les bras, sans manches, qui lui tombait jusqu’au genou. Elle n’avait plus l’air de grand chose. Mais surtout, elle ne savait plus comment se sortir de ce guêpier.

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
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Comprenant la tentative de suicide de Lexi, Akiro n’avait eut d’autres choix que de lui passer les menottes anti-élu, désactivant la totalité de sa puissance et de ses capacités. Jusque-là, il avait fait avec des moyens mixtes, pour garder la possibilité d’examiner et retirer l’armure. Mais il avait en fait reçu rapidement de quoi la contrôler, et puisque cette garce préférait mourir que les laissait faire, il allait devoir s’en tenir strictement au plan initial. Il lui avait passé les chaînons anti-élus, et avait enclenché les préparatifs du voyage.

Une fois cela fait, il passa voir la prisonnière dans sa cage. Les membres attachés par les liens spéciaux pour se collègues, elle était assise par terre, le dos contre les barreaux désormais imprégnés d’un sort pour la garder sous contrôle, et regardait dans le vide. Il ne l’avait pas revue depuis qu’elle lui avait imposé ces mesures. Elle avait perdu de sa superbe. Désormais vêtue d’une simple tunique de lin, cela se voyait encore plus qu’elle avait perdu du poids, et passée de mince à maigre, le vêtement simple et large n’arrangeait rien. Néanmoins quand elle l’entendit arriver, elle lui décocha un regard noir et se releva, redressant les épaules et le fixant droit dans les yeux. Il était toujours frustré de ne pouvoir extraire l’armure. Et elle le défiait. Il se persuada que si elle gardait ce sale caractère, elle mettrait le voyage en danger. Il devait la mater. C’était en partie vrai, et en partie c’était pour lui faire payer sa rébellion qui lui coûtait un bijou technomagique rare.

Silencieux, il l’observa encore. Des hématomes précis marquaient les endroits où elle avait été attachée sur la table d’étude du docteur, d’autres plus larges, marquaient les coups qu’elle avait reçus. Et surtout, une étendue violacée s’était propagée autour de son épaule gauche, qu’elle s’était démise et remise en place pour son évasion. Ce qu’il ignorait. Il s’approcha, près de la barrière. Il voulait lui donner de l’espoir. Lui faire croire qu’elle pouvait se précipiter vers lui, l’attraper par le col et passer sa tête entre les barreaux. Récupérer les clefs, sortir. Courir vers sa liberté. La marchombre n’était pas dupe. Elle avait pu tester l’efficacité des sceaux anti-élus. Elle avait tout perdu. Sa vitesse, sa puissance, mais aussi sa furtivité, son acuité de perception. Elle ne ressentait que de la haine pour lui. Une flamme qui brûlait en elle.

Baisse les yeux quand je te regarde.

Il comptait éteindre cette flamme. La voir mourir dans les yeux bleu gris de cette élue. Ces derniers le fixèrent avec un air mauvais. Il sortit ses clefs, ouvrit la porte. Le cœur de Lexi fit un bond dans sa poitrine. Elle le calma. Elle avait raté deux tentatives de s’échapper, toutes deux dans de bien meilleures conditions que maintenant. Plus de faux espoirs.

J’ai dit, baisse les yeux quand je te regarde.

Elle maintint son regard. Il lui avait tout pris. Il ne prendrait pas plus. Un coup de poing lui atteint l’estomac avec violence. Elle ne l’avait même pas vu venir. Il y a moins d’une semaine, il lui aurait paru lent, faible inutile. Aujourd’hui il s’enfonça dans son abdomen sans rencontrer de résistance et percuta son estomac. Elle eut un haut le cœur, mais elle n’avait rien à vomir. Cela la plia en deux, brisant le contact oculaire établi. Elle voulut se redresser pour le reprendre, une poigne de fer s’empara de sa nuque et la fit ployer, tomber à genou sur le sol dur de sa cellule. Elle releva la tête.
Cette fois-là, elle ne cessa de le regarder dans les yeux que lorsque, après le coup de trop, elle tomba inconsciente. Juste avant que son esprit ne la quitte, elle se le promit “il ne me brisera pas”.

Les préparatifs du voyage durèrent deux jours. Deux jours peuvent sembler bien long quand toutes les deux heures, un homme vient exiger de vous la seule chose que vous refusez de lui donner. Deux jours peuvent être courts pour trouver le repère d’une bande de malfrats aussi compétents que la bande d’Akiro. Ces deux jours ne suffirent pas à ce dernier à faire céder la fierté de la marchombre, mais suffirent aux espions de l’Uchiha pour en apprendre que Lexi avait été capturée, et où elle était retenue. Leur rapport fut envoyé à leur maître, et ils continuèrent leur mission.

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
"_Le Pacte des Marchombres