La Reine de retour [PV Ellen]

La douce Ellen, Reine des Démons, récemment revenue du Mukai, souhaitait se rendre à Uruk. Était-ce par curiosité sur l'évolution de la ville ? Par envie de voir son homologue souverain Gilgamesh ? Par simple flânerie ? Elle seule le savait. Quoiqu'il en soit, elle ne vit sous ses yeux non pas l'immense et prospère cité dont lui avait parlé le Roi Gilgamesh, mais un hameau humble et modeste, car comme toutes les grandes cités qui marquèrent l'Histoire, tout avait commencé par un groupe de colons. Ceux-ci, avec l'aide des pouvoirs des Uchiha, avaient construit leur demeure, de modestes maisons en grès leur donnant une couleur sable, mais qui se mariait tout de même avec le vert ambiant de l'environnement. Cela restait harmonieux, naturel, comme l'avait souhaité le Roi.

Toutefois, ce qui n'avait aucune modestie et qui se voyait avant tout le reste, c'était bien le Palais de Gilgamesh, un immense ziggourat qui pourrait rendre jaloux les souverains de Kosaten, se dressait dans le ciel tel un phare, et sur son toit, un joyaux d'or et de pierres précieuses, dont les reflets du soleil illuminaient l'horizon telle la lueur d'espoir qu'il avait promis aux natifs comme aux élus.

Lorsque la douce Ellen s'enfonça dans le petit village, qui devait compter une cinquantaine d'habitants, dont deux étaient des gardes, elle réalisa que malgré la petite taille du lieu, il était en pleine effervescence. Les gens semblaient comme animés par l'espoir d'un nouveau départ, il y avait un marché animé, mais en même temps pittoresque, un vrai petit marché de village. Les gens semblaient souriants, achetaient et vendaient, signe d'un bon début d'activité économique. Au milieu, les deux gardes s'assuraient que tout allait bien. Si elle s'adressait aux natifs, elle découvrirait des gens courtois qui avaient choisi de croire aux promesses de Gilgamesh, de lui donner sa chance, eux qui étaient souvent déçus par les souverains actuels de Kosaten, sauf peut-être pour ce qui était de Kaen...

Au milieu de la place du marché, Ellen pouvait voir une fontaine, avec en son sommet une statue de marbre représentant Gilgamesh son un destrier menant une charge de cavalerie avec deux soldats eux aussi montés sur destriers.
Sur le pilier de la statue, l'on apercevait des bas reliefs représentant là aussi Gilgamesh, ainsi que sa compagnie de braves racontant sur les quatre faces du pilier leur épopée de la Crise des Failles. La fin de l'histoire montrait Gilgamesh face à une représentation de la Reine de Tenkasuru et de la Voix des Morts, tandis que ses hommes combattaient des choses informes ainsi que des soldats de Tenkasuru.

Si elle se dirigeait ensuite vers le Palais, elle verrait, avant les marches infinies qui menaient à son entrée, que celui-ci était en réalité entouré d'un genre de douve et de murailles, comptant des points de guets massifs à chaque angle du mur. Deux gardes vêtus différemment des gardes du marché l'arrêtèrent devant l'entrée de l'enceinte.
Ils lui demandèrent son identité et le pourquoi de sa visite, et lorsqu'ils eurent confirmation, l'escortèrent le long des douves, jusqu'au devant des marches, qui s'imposèrent désormais de toute leur hauteur devant les trois individus. Les gardes suivirent Ellen jusqu'en haut, l'ascension fut longue, mais ni les hommes aguerris, ni la puissante Reine des Démons n'en ressentit les effets, elle eut le temps d'admirer l'architecture de l'Ancienne Mésopotamie et les couleurs bleutées de certaines parties des pierres qui ajoutaient un grain de personnalité à l'ensemble.

L'on demanda à Ellen de patienter devant l'entrée tandis que l'un des gardes pénétra dans le Palais. Quelques minutes plus tard, il en sortit avec une très jolie jeune femme vêtue d'une robe noire, elle agitait un éventail bleu dans sa main et regardait Ellen avec un sourire en coin aguicheur :

– Reine Ellen, je suis Rita, l'Intendante de ce Palais, veuillez me suivre, le Roi Gilgamesh va vous recevoir immédiatement.

Elle replia son éventail d'un geste habile de la main et, lorsque la Reine Ellen pénétra dans le Palais, elle vit sa somptueuse décoration, des couleurs agréables et harmonieuses, des piliers de grès et de marbre qui étaient tous comme les murs, décorés de hiéroglyphes et de bas-reliefs. Des draps de soie rouge pendaient du plafond et flottaient au gré des courants d'air. L'endroit était immense et vide, hormis quelques travailleurs du palais qu'elle croisait de temps en temps, nul doute que Gilgamesh avait prévu de remplir l'endroit prochainement.

Ils passèrent par un nouvel escalier et Ellen pouvait entendre une discussion en haut de ceux-ci, elle reconnaîtrait la voix du Roi des Héros en plein milieu d'une phrase :

– … forgerons et charpentiers. Nous devons encourager l'arrivée d'artisans, ce sont eux le cœur battant d'une économie en bonne santé.

– Oui Roi Gilgamesh...

Une voix féminine lui avait répondu et continua :

– … le prochain problème vient de la distribution des terres arables et les prairies d'élevage.

– Ah oui, les Hippocoaw offertes par Rhadamantys et leur... éleveur. Il va falloir redessiner les terres agricoles, je n'avais pas prévu que nous aurions un troupeau si tôt... Eh bien, nous n'avons pas encore beaucoup de fermiers, nous allons donc élargir les prairies allouées aux éleveurs.

À ce moment là, Ellen arriva, annoncée par Rita :

– Roi Gilgamesh, pardonnez-moi de vous interrompre, mais la Reine Ellen est arrivée.

Ellen émergea dans l'immense salle du trône, encadrée par d'énormes piliers, le sol était orné de décorations et au bout de la salle, Ellen aperçut une jeune femme aux cheveux bleutés, ainsi qu'un homme en armure noire et violette. Tous deux étaient tournés vers la Reine Ellen, et encadraient une série de marches où se dressait un grand et somptueux trône, où était assis le Roi des Héros, dans une nouvelle tenue, une tablette d'argile dans une main, la tête posée dans une autre, lui aussi regardait Ellen d'un œil différent toutefois de ce qu'elle avait connue, la fougue avait laissé place à la sagesse et à l'apaisement, et à sa grande surprise, le sourire qu'il lui lança n'était pas arrogant ou tranchant, mais plutôt chaleureux :

Il se leva, descendit les marches et donna la tablette à la jeune femme :

Tout le monde quitta la pièce et Gilgamesh se rapprocha d'Ellen jusqu'à être à quelques mètres d'elle et demanda :

Gilgamesh percevait, derrière les regards d'Ellen, une certaine volonté d'analyser ce qu'elle voyait, elle était en train de juger les capacités du Roi d'Uruk... Il leva un sourcil en étirant un sourire curieux, comme un parent en train de voir son enfant découvrir la texture de l'herbe pour la première fois.

« Ce n'est vraiment pas nécessaire, ma chère. »

Aurait-il dit, m'enfin, Kosaten allait le juger quoiqu'il dise, alors autant la laisser faire.
Elle ne manqua pas toutefois d'exprimer son approbation sur ce qu'elle avait déjà aperçu d'Uruk, tout en précisant qu'elle était « surprise » qu'il ne mentait pas sur ses talents. Ce qui fit hausser les épaules au monarque d'or :

Il n'avait de cesse de le répéter mais les gens semblaient surpris. Enfin, ce n'était pas si étonnant que cela, il montrait des résultats, chose assez rare parmi les élus semble-t-il. Heureusement qu'il avait déjà commencé à redresser le niveau. Enfin, il n'était pas ici, avec Ellen, pour entamer une énième critique des élus. Tout ce qui devait être dit le fut déjà lors de la réunion de l'Assemblée des Rois.

Ellen demanda alors un endroit où s'asseoir, naturellement, elle semblait avoir fait un long voyage, depuis Tenkasuru qui plus est !

Il invita la Reine des Démons à le suivre, en posant la main sur le haut de son dos. Chose que personne hormis les concubins, concubines, ou ennemis de la Reine n'avaient du faire. Combien de fois quelqu'un qui n'était pas un démon avait fait ce geste amical envers elle ? Gilgamesh s'amusa à y réfléchir.

Il mena Ellen vers une salle à côté de la Salle du Trône, où se tenait une immense table, et sur le coté de la pièce, des statues de marbre des membres de l'Assemblée des Rois :

Gilgamesh invita Ellen à s'asseoir à une chaise près de la sienne qui était en bout de table, puis quitta momentanément la pièce :

Pouvait entendre Ellen alors que Gilgamesh hurla dans la Salle du Trône afin de se faire entendre de ses serviteurs, qui avaient quitté la salle il y a peu.

Il revint ensuite et s'assit en poussant un soupir :

Gilgamesh poussa un nouveau soupir et baissa les yeux vers la table :

Encore une fois, il avait eu raison, bien qu'il aurait aimé avoir tort... il releva la tête, reprenant un air plus détaché, effaçant cette mélancolie furtive, et reprit :