L'hurleur des ténèbres.

Dans cette région de Shûza, une rumeur se répandait. Une créature était victime d’une malédiction depuis des centaines d’années, et une fois toutes les décennies, elle se réveillait d’une longue hibernation pour se nourrir. Pourtant, on retrouvait toujours le cadavre de ses victimes en entier. Mais c’était parce qu’elle ne mangeait pas leur chair, mais elle absorbait leur âme, dans l’espoir de soigner la sienne, torturée depuis tant d’années.

On nommait ce type de créatures, les zaïshuus, et celui qui rôdait autour du lac de vase était piégé dans un arbre, depuis si longtemps qu’il en était devenu fou. Se repaître de l’âme de toute créature passant sous ses branches, c’était tout ce qui l’intéressait, tout ce qui calmait sa douleur, ne serait-ce qu’un court instant. Mais cela avait aussi comme effet de le nourrir de toute la magie récoltée chez les magiciens qu’il tuait. Et aujourd’hui, une puissante magicienne l’attira inexorablement vers elle. Il allait se repaître de son âme, se nourrir de sa magie, et pourrait enfin retourner hiberner pendant la prochaine décennie, repue d’une proie d’une telle qualité. Il la débusqua, et commença à chercher à aspirer son âme sans prévenir.

combat:

...

combat:

Ahhh que cette aura est appétissante... Ahh, que cette magie doit être puissantes... Pourquoi ? Pourquoi ne puis-je pas m'en emparer ? Pourquoi tout me semble si difficile ? Depuis quand un magicienne peut-il autant me résister ? Non ... Non ... Impossible. Ahh, viens à moi, magie du sang, magie d'élue, je t'en prie..."

Le Zaïshuus est attiré par Eleanor et son aura de mage comme un marin par une sirène. Il combat sans même comprendre qu'il perd, il se protège simplement parce qu'il a déjà combattu. Mais pour lui la mort n'a pas de signification. Il ne sait même plus ce que c'est. Il est mort, un jour, il y a longtemps. Mais ce n'était pas vraiment lui. C'était un humain. Un mage chétif. Dont l'âme s'est accrochée à ce qu'elle trouvait  autour d'elle pour résister à la mort. Est-il déjà mort ? N'a-t-il pas repoussé l'échéance ? Cet humain chétif, ce n'était pas lui. Lui il n'a pas de famille, pas d'attache. Il est condamné à aspirer l'âme, la vie, le pouvoir autour de lui. Il ne s'éveille de ses longues dormances que pour cela. Il a tout juste des pensées. Des pensées qui se réduisent à l'envie, la faim, et pour aujourd'hui, l'incompréhension.

Puis un sort achève le combat, le bois dans lequel s'était ancrée son âme tombe en ruines, et soudain, les braises qui semblaient y brûler s'éteigne. Un soupir mêlé de gémissement s'élève alors, signe que c'est la fin pour lui. Peut-on mourir si l'on n'était plus vraiment vivant ?

Mais ce n'est pas fini. Le bois devient cendre, la cendre s'éparpille dans le vent. Du moins c'est ce qu'il se passe pour n'importe quel spectateur extérieur. Mais Eleanor sent l'âme qui était maudite depuis trop longtemps s'élever dans les airs, rester devant elle alors que la brise envole les restes calcinés. Il n'y a rien à voir, mais c'est comme un sixième sens, qui lui indique que l'âme humaine prisonnière est désormais libre, devant elle. Puis elle s'évanouit dans un murmure.
" - Merci."

Désormais, Eleanor est seule. Le Zaïshuu est redevenu humain le temps d'une seconde, au moment de sa mort. Suffisamment longtemps pour que son âme puisse partir en paix.

combat: