Entrainement sous les chutes d'eau [Solo]

Kosaten est un monde étrange.

Mei abaisse son arme, répétant calmement ses katas. Aujourd'hui est un jour de congé, elle a quitté Uruk pour profiter d'une balade en forêt afin de trouver un nouveau lieu pour s'entraîner. Elle veut juste changer d'air. Elle rabaisse inlassablement son arme dans un geste précis, elle connaît si bien ce geste pour l'avoir fait tant de fois, mais il n'y a que par une répétition constante et une rigueur dans les entraînements que l'on peut s'améliorer. Sa gestuelle est tellement machinale qu'elle n'a pas besoin d'y réfléchir, la valkyrie a depuis longtemps fait de la perfection de la maîtrise de sa lame, un réflexe. Ce qui lui manque est la force et la vitesse qu'elle avait autrefois et qui ne peut revenir que par un entraînement continue. Elle sent déjà une légère amélioration, bien que ce soit encore loin d'être comparable à sa force d'autrefois.

Ainsi, proche d'une cascade, à l'abri sous la canopée, elle répète ses gestes encore et encore. Dans ce monde où se trouvent des demi-dieu mythologique comme Gilgamesh ou des personnages surpuissant comme Roronoa Zoro, la force surpassant l'humain devient la norme. Être trop faible, c'est être insignifiant et ne pas pouvoir atteindre ses objectifs.

L'arme se baisse à nouveau et à nouveau, fendant l'air dans une course infinie. Mei, les yeux fermés, s'imprègne du calme que lui inspire ses bois. Elle entend le chant des oiseaux, le souffle du vent entre les feuilles et le clapotis de l'eau de la cascade proche. Loin des inquiétudes de la ville et de son ambiance active, la valkyrie s'imprègne de la beauté du lieu uniquement en l'écoutant. Elle tente de savourer cet instant, chose qu'elle ne pouvait pas faire dans son monde d'origine, son éternelle course en avant pour tenter de sauver le monde ou Kiana n'a aucun sens sur Kosaten.

Le seul bruit qui vient déranger le beau tableau sonore aux oreilles de Mei et le sifflement de sa propre lame qui fend l'air. Sa posture solide ne bouge pas d'un centimètre à chaque coup, comme visser sur le sol. L'ancienne protectrice déchue imperturbable et indestructible a encore des restes de son ancienne maîtrise. Pour un humain lambda, c'est juste une combattante qui maîtrise parfaitement son arme, mais encore atteignable par un entraînement. Son objectif et de dépasser cela et surpasser son ancienne force, car telle est la norme sur l'étrange monde de Kosaten.

Mei est dans un état de concentration imperturbable, elle donne ses coups dans les airs, un geste encore répété, répété et répété, jusqu'à obtenir la perfection à chaque coup. La voix du sabre résonne encore et encore dans la forêt, ponctuée par la respiration de Mei. Le coup, ainsi que la respiration doivent être tous deux en harmonie, quand on arme, on inspire et quand on abaisse, les poumons se vident, une habitude que l'on prend avec le temps.

Une feuille chute de l'arbre et tombe dans le bassin naturel formé sous une petite cascade. La feuille flotte, perturbant légèrement le reflet qui montrait la Japonaise en plein entraînement. Un rappel que le monde continue de tourner alors qu’elle se prépare à de nouvelles batailles. Face à Saiko, elle fut vaincue, toute défaite est comme un thé trop amer, difficile à avaler, mais avec le temps, même le thé le plus amer finit par avoir un goût sucré. Si elle a perdu, c’est qu’elle n’était pas assez forte, elle doit donc reprendre l’entraînement à son commencement. Il faut partir des fondations pour construire la plus solide des forteresses.

La Valkyrie était loin d’être la plus puissante lame du continent, mais elle fera en sorte que sa lame soit reconnue, que bientôt, elle soit à nouveau capable de trancher les cieux en deux. Elle avait réussi à se faire un nom par ces actions, elle était surnommée la corneille d’Uruk, celle qui guide le peuple vers un chemin sûr. Un simple fait de propagande, Mei le sait bien, mais les légendes s’écrivent ainsi, elles sont une propagande qui a tellement bien marché que l’on donne comme accomplis des exploits invraisemblables. Les héros n’ont pas besoin de réellement exister pour inspirer, il suffit que les gens croient en eux. Que ce titre de Corneille soit mérité où non, Mei s’en cogne, elle abat sa lame pour toujours en être digne, le moment venu, où au moins faire semblant d’en être digne, car elle sait qu’à force de faire semblant de le mériter, un jour, elle n’aura plus besoin de faire semblant.

La lame continue sa course dans les airs, alors que peu à peu, la luminosité tombe entre les arbres. Le temps file sans que la lame ne puisse avoir la moindre retenue sur lui.

La valkyrie laisse la volonté transparaître sous sa lame, alors qu’un puissant grésillement se fait entendre. La foudre, l’élément de Mei, coule sur la lame et teint le monde d’une lumière pourpre. Le fragment de la divine majesté apparaît et marque de sa lumière le monde, alors que la foudre de Mei s’abat en même temps que sa lame. On l'a pourtant nommé Raiden, bien avant que la tempête en elle ne s’éveille. Elle était la fille d’un magnat de l’énergie, utilisant l’Honkai pour éclairer le monde. Sa fille fut dépossédée de tout à cause de manigance, elle est aujourd’hui sans attache, la tempête sans aucun maître, sans aucun amour, prête à utiliser l’Honkai autant pour détruire que pour créer, surpassant de loin toutes les espérances de son père dans la matière.

Elle le sait, quand ses pouvoirs seront de retour, elle devra jouer avec un guerrier sith, un magnat des armes et une folle dingo. Sa lame lui sera plus que jamais utile afin de survivre. Mei voulait juste la paix, Raiden Mei, la corneille d’Uruk, va imposer la paix. Que ce soit légitime ou non, elle s’en fiche bien. Elle se taillera son sanctuaire dans ce monde et laisser la marque qu’elle voudra laisser. Pour l’instant, elle est juste chasseuse de primes, gravitant autour d’Uruk, mais demain, elle devra jouer un rôle plus important. Aujourd’hui, elle abat juste son arme dans les airs, demain, se sera certainement contre un malandrin.

Puisque le ciel en a voulu ainsi, l’éclair fendra l’air à nouveau.
Il s’abattra sur les ennemis, tombant sous ma main.
Cet instant sera le plus noble existant et le plus éminent de tous.
Ce moment où tous pourront contempler le divin.
L’avènement de la dernière calamité.
Puis, tel le Kagemusha, il retournera dans l’ombre.
Cloitré dans le silence, jusqu’à l’avènement du prochain orage.
Tel est la lame, de la corneille.

Après avoir manier sa lame pendant des heures, la sabreuse s'accorde un temps de repos. Pour un entrainement efficace, les temps de pause sont aussi important, voir même plus que l'effort. Parce que c'est dans les temps de repos que les muscles vont se développer pour pouvoir faire face à un nouveau moment d'effort. Mais le corps doit se développer, il en va de même pour l'esprit.

Après avoir vérifier qu'il n'y a personne autour d'elle, l'élue retire ses vêtement pour se plonger dans l'eau geler d'une crevasse naturel d'une rivière, au pied d'une cascade. Elle s'émulse et retire de sa peau et de ses cheveux, la terre, le sable et la sueur. Avec le courant, toutes les impuretés quittent son corps, emporté par les flots calme de la rivière et avec la salissure, la fatigue part elle-aussi. Dans le folklore du japon, on raconte qu'à l'origine du monde, après qu'Izanagi est fuit le royaume des mort et sa femme Izanami devenu la déesse du Yomi, il aurait pratiquer des ablution rituel pour purifier son corps. De cette purification, sont née Amaterasu, le soleil, Tuskoyomi, la lune et Susanoo, le vent. Ainsi, la création a put persister, malgré la funeste disparition d'Izanami. Meï, enfant venant du soleil levant, pratique ses mêmes ablutions.

Son arrivé sur Kosaten, l'affaiblissement de ses pouvoirs, la présence de la volonté de la Herscher et la perte de Kiana, tout ceci la secouer, la poussant a prendre une position inconfortable. Elle essaie de suivre le bushido, elle porte son katana et n'a pas de maître. Les gaijin diraient qu'elle est devenue une samouraï, les connaisseurs diraient qu'elle a prit la voie de la lame et qu'elle est devenu une ronin.

Une fois son corps et son âme purifié, elle remet juste ce qui lui sert de sous-vêtement, place son arme près d'elle et se met en posture méditative. Elle fait la vide dans son esprit, appréciant le silence de la Herscher et se concentre sur sa respiration, elle se coupe ainsi du monde physique pour mieux s'y connecter. Dans se moment de calme, seul le bruit de la cascade vient briser le silence. Des éclairs électrique parcourt par moment l'air, seul trace de l'énergie Honkaï qui traverse le corps de la reine du tonnerre. Pendant un instant, la corneille d'Uruk c'est posé, car celle qui guide le peuple est aussi celle qui a le plus besoin d'être guidé.

À Uruk, la vie continue au rythme des jours. L'activité devient de plus en plus intense à chaque lever de soleil, sous la bonne gouvernance du roi Gilgamesh. Les reconstructions suite à l'attaque de Kanzetsu étaient finies depuis quelques semaines et la population évacuée était revenue saine et sauve. Oubliant ces tristes événements, la bière coulée à flots dans les tavernes battue par les ombres des bougies et de l'âtre d'une cheminée. Souvent, les bardes y chantent des chansons de leur composition contre quelques Yens.

Parmi ceux qui espèrent gagnaient quelques pièces en attendant une gloire que peu acquiert, un jeune barde s'avance. Son visage de jeune premier, sa plume colorée au-dessus de son couvre-chef, il offre un sourire timide à l'assemblée, craignant leur jugement et leur regard. Avalant une dernière fois sa salive, il commence par gratter son luth offrant une belle mélodie. Certains des clients arrêtèrent de parler pour écouter les chants, sentant que ceux gamin allez leur offrir quelque chose d'unique, rien que par un thème entêtant de sa musique.

Mais le barde en devenir n'y faisait pas attention, il oubliait tout, même la raison de sa venue. Il avait un maître qui lui parlait de comment ont composer des balades. Une balade a besoin de plus que des mots, il faut un bon sujet, une bonne muse, un bon ressentit et surtout, une bonne histoire.

Et l'histoire était ainsi, celle d'une balade dans les bois, qui l'emmena à suivre un étrange sifflement, lui craignait un monstre, mais tomba que celle qui nomma, la belle aux yeux de lilas. Il l'a décrit comme belle, terriblement belle, appuyant sur sa chevelure mauve comme son puissant regard qui hantera son esprit jusqu'à son dernier souffle. La comparant dans un premier lieu comme d'une dryade, il finit par lui donner le titre de déesse quand il décrit ce qu'elle faisait. Elle maniait un sabre et s'entraînait, avec la même rigueur que les anciens guerriers des légendes. Mais le public se chauffa quand il se mit à décrire la belle aux yeux de lilas en sous-vêtement, méditant dans une cascade et la tentions ne redescendit pas alors qu'il parla d'elle comme étant celle qui a guidé le peuple lors de la catastrophe de Kanzetsu.

Les réactions furent multiples, certains trouvés la chanson trop pudique puisqu'elle ne se concentrait que sur la peau blanche de la belle et d'une description de son corps la plus chaste possible. D'autre se moquait de cet entraînement de légende pour finir vaincue par une simple pichenette d'un monstre qui avait quand même demandé une puissante élue pour être vaincu. Et d'autre n'accepte simplement pas le fait que l'on se moque ainsi de la corneille d'Uruk, celle qui était allée jusqu'aux bords de la mort pour les sauver.

Toutes ces réactions violentes sont tournées vers le jeune barde qui se prend alors les déluges de cri, de remarque et de choppe dans sa direction. Il tente de fuir la scène, sentant le vent tourné dans la mauvaise direction. Mais une fois en bas de l'estrade, sur le sol de pierre, il se prend cette foule en colère qui l'assaille de tout côté pour remettre en question son talent. Il allait s'en prendre une, alors qu'un autre barde se met à chanter pour calmer et qu'un autre tente de l'extirper des lieux à l'ambiance enflammé, sans grand succès.

C'est le luth désaccordé, un œil noirci par un coup, les vêtements tachés de bière, son plume pendant tristement qu'il sort de l'auberge. Il est déçu, lui qui pensait bien faire et offrir une belle histoire, voilà que sa "ballade de la belle aux yeux de lilas" fut un échec retentissant. Ce qu'il voyait comme son premier gros chef-d'œuvre, sa pièce maitresse était si médiocre qu'elle est a l'origine de raillerie, une personne derrière lui se met même a sifflet l'air de sa création qui accompagné ses paroles, en colère et à bout, il se retourne pour cracher au visage de la personne qui se moque de lui, mais se retrouve figé de stupeur. Là devant lui, appuyé contre le mur extérieur de la taverne, les bras croisés, il voit sous une capuche ce regard qui le hante.

Il n'ose pas bouger, dévisageant de son regard la belle aux yeux de lilas, héroïne de sa ballade. De près, et même caché sous sa capuche, elle reste plus belle que jamais. Le barde n'ose dire le moindre mot, le silence s'impose comme maître, car la belle reste muette. La corneille d'Uruk se redresse et par un simple mouvement de son pouce, elle lance sur le barde un Yen qu'il attrape bien maladroitement en plein vol. Elle se rapproche de lui.

"- Mmmh, c'était une belle chanson, peut-être faudrait-il mieux choisir certains mots, mais dans l'ensemble, c'était très joli."

Elle garde son regard planté dans le sien, bien que froide, sa voix était douce comme le miel. Le barde ne peut lâcher du regard les deux yeux violets posés sur lui, entièrement subjugué par cet océan d'améthyste. Gardant le contact visuel, la belle semble réfléchir.

"- Mmmh, auriez-vous vu... plus que ma méditation ?"

Le jeune barde baisse les yeux, il avait vu et avait commencé déjà à écrire une partie décrivant la splendeur de la belle aux yeux de lilas, mais ne l'avais pas incorporer à la version final, lui préférant une version plus chaste et mettant surtout en avant la beauté autant ésotérique que guerrière de cette apparition. La belle n'eut pas besoin de plus et cacha son visage sous sa cape, masquant l'améthyste aux yeux du pauvre barde. Il était évidant qu'en méditant sous une cascade, le vêtement lui collerait à la peau, ne masquant plus grand-chose.

"- Je vous demandez, si possible, d'éviter à l'avenir de me regarder pendant mes moments d'intimités. Je laisse passer pour cette fois, car vous êtes resté sur une description chaste de ma personne. Mais j'aimerai à l'avenir éviter toutes remarques et tout regard, sinon, je vais devoir sévir."

Elle avance vers lui, plus elle se rapproche, plus sa beauté se renforce. À 1 mètre devant le barde, elle arrête sa démarche féline d'une garce infinie.

"- Je vous considère désormais comme prévenue. Adieu."

Puis elle passe à côté de lui, avançant pour rejoindre l'obscurité et disparaître. Le barde hébétée laisse partir la belle en observant le battement de sa cape au gré de sa démarche. Il comprend enfin ce qui rend son travail si difficile, donner des mots et une mélodie, afin de retranscrire ce qu'il ressent. Le soir même, il se remit au travail, retravaillant ses textes et sa mélodie. Le regard de cette femme, ses mots ce jour-là, devinrent pour lui sa muse.

Un mois plus tard, il se produisit dans une nouvelle version, concentré sur la beauté de ses yeux et la grâce de ses gestes, la mentionnant comme une apparition furtive, mais salvatrice et plus comme d'une très belle femme médiante sous une cascade. Il garda pour lui les détails les moins chastes de son corps, tentant d'oublier ce qui pourrait dresser sur lui la colère de la belle aux yeux d'améthyste. Oui, le nom avait changé, l'histoire aussi, elle était bien plus épique. La belle s'entraînait non pas pour elle, mais pour se préparer aux jours où Uruk serait à nouveau menacé. La promesse du chant aux allures de prière, promettait le retour de la belle aux plumages violet pour sauver le peuple et le guidé dans les ténèbres. La belle protectrice dans l'ombre, combattant mille dangers que la véritable Raiden Meï n'avait jamais affrontés. Le barde avait pris la liberté de ne pas respecter les faits, mais après tout, il voulait raconter surtout une belle histoire, car ce n'est pas avec le respect de la réalité que l'on entre dans l'histoire.

Ainsi naquit la légende de Raiden Meï, la corneille d'Uruk, celle qui a vaincu des centaines de démons nocturnes pour protéger la cité du roi des héros. Quelques actes de sa part, des rumeurs allégrement détournés, un barde qui l'observait à son insu et une belle histoire qui a tout de fictif. Mais maintenant que tout le monde y croit, l'histoire fictive de Meï l'était-elle encore réellement ?  Quant aux barde, il jouaient chaque soir son chant, espérant qu'un soir, il reverrait les yeux de la belle posés sur lui.