Vestiges de la mer, prestige de la terre

Une fois de plus, Alathea avait fait un long voyage afin d’assouvir les caprices de sa curiosité si légendaire. De fait, cela faisait plusieurs mois que le sujet concernant l’île des Neytilms l’interpellait et l’attirait, mais de nombreux autres événements se produisant non loin de sa position réclamaient tout autant, si ce n’était davantage, sa présence. Elle n’avait donc jamais eu l’opportunité de pouvoir se rendre sur le morceau de terre en mer, se contentant donc pour l’heure de multiplier les recherche de renseignements au sein de sa bibliothèque fétiche, comme trop souvent, depuis que Kosaten l’avait happée. L’histoire de ces humanoïdes vivant au fond de l’eau en une cité complètement submergée et indépendante la fascinait réellement, tout autant que sa finalité, cet œuf qui avait résisté à toutes les catastrophes endurées par cette cité, pour permettre à l’espèce des Neytilms de survivre malgré tout.

Al’ avait accosté l’île dans la matinée et en avait déjà entamé la visite, suivant les précieuses indications que l’un des rares habitants du coin lui avaient fournies. Cette terre était sauvage et assez peu vivable, en raison de sa proximité directe avec Kaen et son climat aride. C’était également un endroit dangereux pour quiconque se trouvait être une cible facile et sans défense, tant les attaques de monstres marins, tels que les Neytilms, justement, se multipliaient chaque année. Y vivre continuellement demandait donc beaucoup de préparation et d’organisation, ainsi qu’une connaissance parfaite de la topographie des lieux, certaines places étant difficilement plus accessibles par la voie des eaux. Ce danger constant n’effrayait cependant par l’archère, qui avait dû faire face à plusieurs reprises, non sans mal, à de créatures issues de la mer profonde.

Si l’affrontement avait été un peu plus laborieux lorsqu’il s’était agi de repousser un léviathan en compagnie de Frisk, dans les zones portuaires de Shintan, c’était essentiellement à cause du manque de préparation et d’information sur la créature qui les concernait. Le duo d’élues y était donc allé à l’aveugle et seule leur parfaite coordination avec le savoir-faire du capitaine du navire sur lequel elles étaient montées leur avait permis de triompher. Néanmoins, si l’on s’en référait à son récent combat contre la sirène hantant les plages de cristal, Al’ avait beau avoir traîné en longueur avant de la neutraliser et de la mettre en déroute, sa recherche d’informations en amont lui avait largement sauvé la mise. Elle n’avait donc pas manqué de réitérer ses recherches avant de gagner l’île, au cas où. Prudence était mère de sûreté.

Si son exploration diurne se révéla intéressante dans son étude de la flore locale, elle ne lui permit guère en revanche de croiser le moindre Neytilm, ni le moindre indice concernant leur passé. L’idéal pour elle aurait été d’y être directement confrontée, afin de tenter d’entamer le dialogue grâce à son don. Ainsi, la belle aux yeux d’or espérait pouvoir en apprendre un peu plus ce qu’il s’était passé il y a des siècles et des siècles, ou au moins savoir comment avait évolué cette civilisation si paisible autrefois.

Alathea avait donc fait fi des multiples avertissements lui étant adressés et avait décidé de poursuivre l’exploration de nuit, là où surgissaient bien plus souvent les créatures de la mer. L’obscurité ne la gênait nullement, grâce à sa nyctalopie, tandis que le moindre geste suspect ou imprévu était perçu par ses oreilles si affûtées. Il était donc impossible de la prendre à revers et elle comptait de toute façon adopter une posture pacifique, à moins de devoir directement défendre sa peau.

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Messages : 39 Date d'inscription : 05/09/2022

Neytylm (peuple marin).

Des années… Des décennies… Des siècles. Cela faisait bien longtemps que j’étais dissimulé dans les profondeurs de l’eau, naviguant d’une archipelle à une autre. Cependant, aujourd’hui, plus qu’un autre jour, un homme accosta sur l’île. C’était une humaine. Mais pas n’importe quel: une élue. Ça se ressentait. À sa magie.

Discrètement, je suivais l’entité depuis les eaux et les flaques. Comme un chasseur observant sa proie avant de la dévorer. Pour des individus comme nous, le temps ne s’écoulait pas au même rythme que le commun des mortels. Attendre le bon moment pour neutraliser la cible était une tâche facile.

Armé de mon harpon, je me contentai d’attendre le moment parfait. Le regard injecté de sang, les tempes battant ma fureur, seul mon pouvoir de dissimulation empêchait le commun des mortels de ressentir ma folie meurtrière.

Vengeance ! Cette misérable allait payer !

La nuit tomba assez vite, et sans faire le moindre bruit, je m’extirpai d’une flaque d’eau. Le dos voûté et le regard empli de haine. Ma cible était verrouillée. Il était temps de la liquider. Pour l’honneur de mon peuple !

Bondissant haut dans les airs, j’envoyai un souffle puissant et bouillant d’eau. La pression d’eau était cruelle et la température était blessante. Un humain ordinaire serait mort à cette attaque à mi-distance.

Suite à quoi, j’envoyai mes chaines pour entraver mon adversaire et l’achever avec une ultime attaque avec mon harpon. Les dents serrées, le regard rougie par la colère, par mes ancêtres, ELLE ALLAIT MOURIR !

Les sens aux aguets, Alathea n’eut aucun mal à percevoir la présence vivante non loin de sa position actuelle. Elle était également en mesure de sentir une aura fort peu bienveillante à son égard, mais cela ne l’étonnait guère au vu de ce qu’il se racontait sur les différentes créatures de cette île. Après tout, l’elfe était venue sur l’archipel, puis s’était rendue à explorer le périmètre en escapade nocturne en pleine conscience. Ce n’était donc pas quelques menaces qui la feraient reculer. L’archère était donc au courant qu’une entité, quelle qu’elle soit, l’observait, mais elle ne parvenait pas à discerner avec précisions où elle était embusquée ni de quel type d’entité il s’agissait.

« Bonsoir. Je m’appelle Alathea et je ne vous veux aucun mal. » déclara-t-elle dans le vent.

L’octogénaire se servit de son don de communication avec la faune pour traduire en émotions et en sensations les quelques mots précédents, tout en levant les mains en geste amical. Elle ignorait si le petit curieux serait en mesure de la comprendre, mais s’il parvenait à se camoufler malgré ses sens elfiques, c’était qu’il était au moins doté d’une certaine forme d’intelligence. Alathea s’arrêta dans son élan, attendant une potentielle réponse de l’autre, qu’il se dévoile ou s’éclipse. Elle restait néanmoins sur ses gardes et se tenait prête à tirer son arc de son dos en cas de besoin.

Il y eut quelques secondes durant lesquelles il ne se passa rien, durant lesquelles les seuls sons audibles provenaient de la mer et des quelques insectes de taille réduite. Et puis soudain, un être bipède surgit des eaux à toute allure, projetant dans l’élan un jet d’eau puissant en direction de la tireuse de précision. Celle-ci n’eut pas d’autre choix que de se défendre. Arc en main, elle tira coup sur coup deux puissantes flèches de recul afin d’annuler l’impact aquatique et visiblement très bouillant au vu de la vapeur qui se dégageait du jet. Mais l’histoire ne s’arrêtait pas là puisque le monstre, car il s’agissait bien d’un monstre, se servit ensuite de chaînes d’eau pour entraver Alathea, avant de tenter de l’empaler avec un harpon extrêmement affûté.

Si les premiers assauts avaient été trop rapides pour qu’Alathea ait le temps d’y réagir autrement qu’avec ses propres flèches défensives en riposte, le reste de l’offensive fut confronté à sa vivacité d’observation et d’action. La native d’Erdrigoth put ainsi éviter aisément chacun des coups qui lui étaient destinés. Elle observa alors l’ennemi et constata qu’elle avait trouvé ce qu’elle cherchait puisque c’était un Neytilm qui lui faisait face, son allure d’homme-poisson et son faciès particulièrement hostile le rendant plus que reconnaissable.

Alathea braqua son arc vers le monstre, matérialisant plusieurs flèches spectrales, qu’elle relâcha lorsque le pic de puissance fut atteint. À cela, elle ajouta une myriade de flèches foudroyantes qu’elle savait particulièrement efficaces contre les ennemis issus de la mer. Le but n’était pas de tuer le Neytilm, mais de l’incapaciter suffisamment pour pouvoir engager la discussion et refroidir ses ardeurs.

« Je ne vous veux aucun mal, mais si vous m’attaquez, je serais obligée de me défendre. » reprit-elle, toujours en transmettant la signification du message grâce à son don.

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Messages : 39 Date d'inscription : 05/09/2022

Neytylm (peuple marin).

Par les océans ! Non seulement mon jet d’eau a été repoussé, mais en plus mes attaques furent prestement évitées. Cette élue était forte. Très… forte. Sorti de cette altercation sans la moindre égratignure… Il fallait avoir de la ressource.

Les dents se resserrèrent de colère juste à cette idée. Je n’allais donc pas pouvoir l’éliminer rapidement. Dans mes réflexion, je me pris quelques carreaux d’énergie sur le corps.

Ces derniers avaient un effet étrange. Je dirais même troublant. Au lieu de me blesser grièvement, ils avaient surtout un gros effet engourdissant. Mon corps semblait lourd l’espace d’un moment, m’obligeant à m’asseoir quelques instants.

Heureusement, j’étais doté d’une force mentale qui me libérerait de tout envoûtement.J’ai dû secouer ma tête frénétiquement de gauche à droite pour essayer d’avoir un esprit clair. J’ignorais comment elle le faisait, mais j’arrivais à comprendre sa langue. Et elle disait ne vouloir aucun mal.

Vraiment ? VRAIMENT ? Les autres élus avaient dit la même chose. Ils venaient en paix. Ils venaient juste régler quelques soucis. Tous les mêmes. Elle avait son arme braquée dans ma direction, et me parlait de paix.

— Alathéa… c’est ça ? Par les océans, mon peuple aura sa vengeance. Vous nous avez déjà exterminé une fois. Nous ne nous laisserons plus jamais dupé par vos belles intentions.

Le poing serra fermement le harpon, et je le jetai agressivement sur l’ennemie. Dans son envol, je me précipitai vers elle, pour envoyer un coup de pied puissant. Qu’elle l’ait encaissé ou pas, ma main rattrapa mon arme et j’enchainai plusieurs attaques à plusieurs endroits sur le corps de mon ennemie.

J’allais l’abattre. J’allais en faire un exemple. Adieu ! Elue ! recueille le message vengeur du peuple sous-marrin !

Alathea tenta en vain de communiquer avec l’homme-poisson qui se tenait non loin de sa position actuelle, mais rien n’y fit. Elle savait qu’il la comprenait, puisque son don fonctionnait également en ce monde, il fonctionnait même avec des créatures issues du Royaume des Morts. Autant dire que le Neytilm avait forcément perçu son désir initial de paix, paix qu’il avait choisi d’ignorer en prenant les armes.

À contrecœur, l’archère fut contrainte de riposter de manière efficace afin de préserver sa vie. Le monstre avait décidé non pas de le faire fuir, mais bel et bien de l’abattre froidement, au vu de ses pulsions meurtrières déjà perçues avant, mais surtout au vu de la violence des assauts qui ciblaient Alathea. Celle-ci fit donc usage de traits puissants et foudroyants, mais ce n’était nullement pour éliminer sa cible : elle comptait en effet davantage sur les effets paralysants de ses projectiles pour neutraliser le Neytilm suffisamment longtemps pour lui faire entendre raison. Mais, encore une fois, ce n’était qu’une naïve intention de sa part.

L’enfant de la mer put, à son tour, bloquer assez facilement quelques traits qui le visaient, en subissant cependant quelques-uns qui ne tardèrent pas à l’engourdir rapidement. Néanmoins, il était dans son élément et continuait de se mouvoir promptement, bien trop pour qu’Alathea parvienne à le toucher davantage. Le Neytilm daigna finalement répondre à la belle aux yeux d’or, arguant qu’il tenait personnellement à ce que vengeance soit faite pour l’extermination passée de son peuple. L’elfe soupira. Elle connaissait cette histoire, donc elle savait ce qui le hantait, sans pour autant l’approuver.

« Vos ancêtres ont été exterminés par des humains qui ne sont aujourd’hui plus que des micro-particules au sein de la biodiversité terrestre. Ce n’est pas une vengeance que vous souhaitez, c’est un massacre qui ne fait plus sens pour personne à l’heure où je vous parle. »

Néanmoins, le Neytilm était déjà revenu à l’assaut, se contentant de manier son harpon si tranchant et dangereux qu’Alathea n’essaya même pas de le bloquer, se contentant d’imiter son amie marchombre dans cette danse effrénée et létale qui lui permettait d’être intouchable. Al’ sentait que son adversaire était en train de monter en puissance, aussi décida-t-elle à son tour de rehausser le niveau. Elle se tira une flèche dopante dans la jambe, afin d’accroître ses réflexes et sa vivacité, pour mieux cerner les offensives du monstre, puis invoqua la puissance cristalline qui courrait dans ses veines pour renforcer ses attaques. Après quoi, elle tira de nouveau deux flèches spectrales, pour permettre à la myriade de flèches foudroyantes qui suivait d’atteindre leur but.

« Je me répète. Je viens ici pour échanger avec un représentant du peuple Neytilm et tenter de comprendre ce qu’il s’est passé. Je ne tente pas de vous berner puisque, présentement, je ne vous propose rien en particulier, si ce n’est la possibilité de partager votre vécu. Si vous poursuivez dans la voie du conflit, je poursuivrai dans celle de la légitime défense et votre espèce déplorera ce soir la disparition d’un autre de ses membres. »

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Messages : 39 Date d'inscription : 05/09/2022

Neytylm (peuple marin).

L’élue évitait tout. Et étrangement, mes forces s’amenuisaient. À croire qu’à chaque attaque que j’infligeais, j’étais plus faible et elle… elle n’avait rien. Le schéma allait-il encore se répéter ce soir ? Allais-je encore devoir pâlir devant la toute puissance de l’ennemi ? Mon peuple sombrerait-il encore dans l’oubli ?

L’espace d’un bref instant… mon corps fort et fier fut saisi d’une étrange émotion. La peur. Paralysante et frustrante. Alors que des perles de sueur coulaient subtilement sur mon visage, je ressentis l’énergie de l’archère changer du tout au tout. Elle allait attaquer pour me faire mal. Très mal cette fois.

Criant ma rage, pour dissimuler ma crainte et regagner confiance, je me munis de mon harpon avant d’avancer vers elle. Mais à mon troisième pas, sans voir ce qui fila dans ma direction, je fus propulsé en arrière avant de tomber sur le sol.

Un jet de sang se dégagea de ma bouche. Alors que je peinais encore à me mouvoir. J’avais été touché par une de ses attaques invisibles. Rampant au sol, la vision trouble, j’écoutai ses paroles venir à mon esprit :

Fini hash yeri ? Vulgarian caru ! Yeri've had lekhaan ki us! Yeri disse ha nakhaan bit ki athjahakar ki kishi popula. Anha laz vo tolerate anna.

— Que voulez-vous comprendre ? Vulgaire élue ! Issue d’un peuple génocide. Vous nous avez assez dûpé ! Vous voulez juste reprendre la dernière once de fierté de notre peuple. Je ne pourrais pas le tolérer.

Je me relevai avec difficulté, parant les flèches visibles que je pouvais éviter avec ma barrière aquatique. Mais le reste alla se loger tour à tour à mon pied gauche et ma main droite.

Le souffle court et les pupilles injectées de sang, je ramassai à nouveau mon harpon. Il fallait que je fuis. Je n’avais aucune chance contre elle. Mais avant, elle allait payer son insolence.

Gwe ma yeri populi. Gwe ma fini mori hash ta lasu. Kishi hake dishonor ma kisha yeri. Vosma kisha kishi sovereignty. The millennia akan us jil. Ma yeri! Yeri ga die gwe!

— Allez donc parler à vos semblables. Allez leur demander ce qu’ils nous ont fait. Notre nom a été marqué dans le déshonneur et nous sommes, dans vos histoires sacrées, considérées comme un peuple conquis. Mais nous allons retrouver notre souveraineté. Les millénaires nous donneront raison. Et toi ! Tu mourras ici !

Un grand bond, plusieurs attaques avec harpon, et dès que l’occasion se présenta, plusieurs bonds en arrière pour fuir. Je me précipitai dans les bois, à la recherche de l’eau. Tâche difficile avec les saignements qui fuyaient sur mon corps. J’étais plus lent qu’à mon habitude. Mais j’avais vaillamment combattu. Même le devoir envers le peuple exigeait qu’on soit en vie pour le mener.

Alathea était venue en paix et l’avait à plusieurs reprises bien signifié à son assaillant, ne se contentant d’abord que de riposter faiblement, avant de devoir, contrainte à se battre pour sa propre survie, contre-attaquer de manière plus virulente. Elle comprenait la souffrance et la haine de ce Neytilm, et, ayant lu dans les ouvrages historiques de Jiban des pans entiers de leur histoire, éprouvait de la compassion pour ce peuple qui avait survécu, envers et contre toutes les atrocités qu’il avait pu subir. L’archère ne demandait pas à la créature d’abandonner ce passé et de l’oublier en bonne et due forme : elle tenait juste à lui rappeler combien son projet de vengeance était encore immature et inadapté au Kosaten actuel, dont les habitants, à quelques exceptions près, ignoraient désormais jusqu’à l’existence des hommes-poissons.

Cette fois-ci, et alors que l’élue s’était réellement donné les moyens de riposter de manière décente, le Neytilm encaissa de lourds dommages, perdant de nouveau en vigueur et en vivacité. Il n’avait plus le dessus dans cet affrontement, ne l’avait d’ailleurs sans doute jamais eu. Et pourtant, mû par cette sempiternelle rage de vaincre et soif de sang, plutôt que de fuir dans les eaux profondes pendant qu’il en était encore temps, il préféra repartir à l’offensive, jetant ses dernières forces dans une bataille qu’il savait déjà perdue.

La tireuse de précision resta silencieuse, esquivant ses coups de harpon comme auparavant, sans réelle difficulté. Elle savait qu’elle ne pourrait pas maintenir un tel niveau d’aisance bien longtemps, elle ne s’appelait pas Lexi Hil’Feyan après tout. Néanmoins, cette mascarade touchait à son terme, bien qu’il ne faille pas complètement se relâcher. Alathea ne put s’empêcher de soupirer en écoutant le dernier commentaire du Neytilm.

« Dois-je aller parler à mes semblables ou périr ici ? Il faudrait voir à vous décider... »

Al’ laissa filer le flot d’adrénaline qui se dissipait déjà dans ses veines. Sans nouvelle dose, le contrecoup ne tarderait pas à se manifester. Elle ne réinvoqua pas non plus la puissance de sa nation. Non, elle se contenta de tirer, encore et toujours, sans originalité. Son but était de neutraliser sa cible sans la décimer. Ce ne serait pas chose facile à cause de la mentalité du Neytilm, mais il fallait au moins tenter le coup.

« Il est encore temps pour vous de vous rendre ou de fuir… Je vous fais la promesse que je ne vous traquerai pas si tel était le cas. »

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Neytylm (peuple marin).

Les attaques avaient avortées. Toutes. Aucune n’avait pu trancher l’élue. Mais tout cela faisait partie de mon plan. Il n’avait jamais été question de remporter. Je devais faire le nécessaire pour l’occuper, la distraire et m’en aller.

Aussitôt l’attaque effectuée, sans chercher à comprendre ce qu’elle essayait de me dire, je fis un grand bond pour m’enfoncer dans le bois. Grand malheur, j’ai encore été perforé par un de ses carreaux impossible à discerner à l'œil nu.

Mes dents se serraient à la douleur, et je m’écrasai contre le sol, avec toute la misère imaginable. Mon corps se vidait progressivement de son fluide vital. Le souffle plus court, je rassemblai mes dernières forces pour ramper vers la flaque d’eau la plus proche. Les yeux injectés de sang, mon sang dessinait mon sillage sous mon corps.

Naturellement quelques autres flèches vinrent davantage éliminer toute volonté de fuir. Mais même sous la pression de l’attaque de cette… vermine… J’allais rejoindre les miens. Même si je devais ramper avec les dents.

Malheureusement, la jeune elfe ne partageait pas ma vision des choses. C’est à l’aide d’une ultime attaque me paralysa net. Cette ultime flèche me laissa à mi-chemin entre la vie et la mort. Il ne fallut pas longtemps pour que mon esprit échappe à mon contrôle… et que je m’évanouisse.

Cette vermine… cette élue… avait gagné.

Alathea soupira, alors que ses ultimes flèches venaient définitivement perforer les défenses du Neytilm. Il s’était bravement battu, bien que ses motivations soient indignes d’être louées. La créature s’était sûrement vite rendu compte qu’elle ne serait pas à la hauteur pour espérer vaincre l’elfette. Pourtant, à aucun moment, elle n’avait abandonné ou cédé à la panique, et avait vainement riposté jusqu’à la fin, ou presque. Presque, car, sentant sa vie lui échapper et la mort la rattraper, elle avait tout de même fini par se résigner à la défaite et tenté de fuir, ce qui s’était soldé par un échec cuisant. Les traits de l’Oeil-de-faucon, précis et meurtriers, avaient atteint leur cible, la clouant au sol en lui coupant toute possibilité de retraite.

La Shintajin baissa son arc et s’avança doucement vers le corps gisant et ensanglanté de l’homme-poisson. Il semblait inconscient et à deux doigts de succomber à ses blessures, mais elle ne voulait pas prendre de risque. Après tout, il avait tenté de l’abattre durant tout l’affrontement et était même à l’initiative de ce combat, là où Alathea avait plusieurs fois tenté la voie diplomate. Mais à présent, il se trouvait ici, inanimé à terre, cible facile pour la belle aux yeux d’or à qui il ne restait désormais plus qu’une unique chose à faire pour préserver la sécurité des côtes.

« Je vous avais prévenu… Vous ne m’avez pas écouté, en voici le résultat… Sacrifier votre vie pour un objectif qui ne valait pas ce prix, le prix de toute une existence... »

L’arc se releva, tandis que la tireuse de précision visait avec soin le corps du Neytilm. La flèche ne mit qu’une seconde à apparaître, s’encocha parfaitement, comme depuis toujours, sur cette encoche qui avait lancé tant de tirs meurtriers par le passé. L’aura lumineuse dégagée par le trait ne laissait aucun doute quant à son efficacité à venir. Ce n’était nullement la première fois qu’Alathea était positionnée dans un tel rôle et ce ne serait vraisemblablement pas la dernière. Elle soupira une seconde fois, ferma les yeux un bref instant et expira, tout en relâchant la corde préalablement tendue. La flèche atteignit instantanément sa cible. Le cœur et les poumons du monstre cessèrent alors de fonctionner…

… un bref instant, avant de repartir de plus bel, bien aidé par la puissante dose de fluide guérisseur et d’adrénaline qui venait d’injecter Alathea. Certaines blessures, parmi les plus graves, commençaient déjà à doucement se refermer. Il n’y avait rien de miraculeux dans ce que venait de faire l’élue. Elle avait simplement donné davantage de chances de survie au Neytilm, mais il faudrait que l’esprit combatif de celui-ci demeure pour qu’il s’en sorte réellement. La jeune femme fit ce qu’elle put pour le tirer des griffes de la faucheuse, alla même jusqu’à déplacer le corps pour le mettre en contact avec l’eau de la mer.

Elle recula de quelques pas, observant son œuvre. Son geste ne ferait sans doute pas changer grand-chose et était bien trop insuffisant pour se faire pardonner les atrocités qu’avaient jadis subies les Neytilms. Néanmoins, c’était peut-être le premier pas, la première impulsion vers une réconciliation avec ceux-ci. Al’ fit apparaître une flèche dorée, qu’elle planta à proximité du convalescent, afin qu’il comprenne le message. Après quoi, elle s’en fut.

Le jour qui suivit, l’octogénaire regagna la terre ferme, décidant de retourner se plonger dans le passé de Kosaten avant de tenter une nouvelle approche. Il lui restait encore tant à apprendre sur ce qu’il s’était passé il y a mille ans. Il était encore trop tôt pour que les hommes et les Neytilms puissent vivre côte à côte.

“O triste mer ! sépulcre où tout semble vivant !”

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