Perdus dans la forêt avec une poubelle parlante. [PV N]

Perdus dans la forêt.

C’était frustrant, c’était horrible : chaque journée qui passait il avait l’impression de tourner en rond. Il n’avait pas une mauvaise orientation à l’ordinaire, loin de là, mais avoir changé de monde voire même avoir été séparé de tout ce qu’il aimait l’avait perturbé. Enfin, presque tout ce qu’il aimait : fort heureusement, Kaburamaru était encore avec lui, enroulé autour de son cou, regardant de gauche à droite et guettant le moindre danger pour son ami humain. Heureusement qu’il était là car malgré les apparences, Obanai paniquait dans son fort intérieur : il ne connaissait pas les lieux, des animaux et autres créatures qu’il ne connaissait pas devaient se terrer dans les fougères ou dans les arbres, prêts à se jeter sur lui pour l’attaquer. L’idée qu’il pouvait y avoir également des pièges lui traversa l’esprit ; des humains ou il ne savait quoi d’autres avaient pu en disposer par-ci par-là dans le but d’attraper un animal afin de se nourrir ; pire même, s’il s’agissaient de cannibals alors il y aurait de fortes chances à ce qu’on souhaite se délecter de sa chair. Obanai était courageux et sans doute valait-il mieux l’être lorsqu’on avait été destiné à un sacrifice pour ensuite devenir un pourfendeur de démons, néanmoins il ne pouvait pas avoir confiance en un monde qui pouvait lui souhaiter du mal et encore moins à ses habitants, d’autant plus qu’il s’était rendu compte qu’il avait perdu sa force d’antan. Cela le frustrait tant et si bien qu’il peinait à utiliser sa force et son agilité d’autrefois pour assurer sa survie ; le pauvre en avait presque les larmes aux yeux. S’il courait un danger, il ne pourrait sans doute espérer que faire le lâche en fuyant, s’il arrivait hélas à s’en tirer.

Son handicap n’arrangeait rien car en effet, un œil à moitié aveugle demeurait pénible même s’il était aidé d’un serpent. Bien que ce dernier assurait sa sécurité, il ne pouvait pas lui donner les images de la verdure, des arbres ou autres devant lesquels ils passaient. Il fallait donc pour Obanai redoubler d’attention pour éviter de passer encore et encore par le même chemin. Et heureusement qu’il arrivait à tomber sur quelques points d’eau pour ne pas tomber de soif ; quant à la nourriture, Kaburamaru s’occupait de la chasse en s’attaquant à des oiseaux ou en lui indiquant la présence de nid. Au moins, ils pouvaient subvenir à leurs besoins primaires.

“J’ai l’impression qu'on n'avance pas…”

Surtout qu’il n’avait fait pratiquement aucune rencontre depuis son arrivée ; s’il avait quitté le grand monsieur barbu il y avait quelques jours à peine, Obanai n’avait pu que faire la rencontre d’un drôle de trio. Il avait eu le droit à un terrible ascenseur émotionnel, terrible coup de massue sur la tête lorsqu’il vit que la jeune fille au loin à la chevelure rose qu’il pensa être Mitsuri n’était autre qu’une pure inconnue, une créature tout droit sortie de l’imagination d’enfant qui aurait goûté en cachette au saké de son père. Une terrible déception qui avait plongé le jeune homme dans le désespoir. A cause du nombre d’inconnus, il avait préféré se tenir à distance afin d’obtenir plus d’informations ; ils descendaient la montagne, alors il n’avait plus qu’à prendre le chemin inverse pour la gravir. Avec les hauteurs, il verrait sans doute un peu mieux son environnement et peut-être même qu’il pourrait apercevoir une grande ville pour laquelle prendre la route. Mais hélas, il s’était perdu..

Ou du moins, c’était ce qu’il pensait.

Obanai était donc là, debout au milieu d’arbres comme l’âme d’un damné qui attendait la venue d’un quelconque promeneur pour lui supplier de l’aide. Il était mort dans l’âme, avec le sentiment qu’il était réellement tombé aux enfers. Si Mitsuri était de ce monde, une belle et adorable jeune femme comme elle risquait d’être la victime de tous les pervers possibles, et il ne serait pas là pour la protéger, comme il le lui avait promis. Lui-même pouvait avoir de terribles ennuis. Sous le coup de fatigue, son cerveau décida alors d’être un véritable petit théâtre, lui faisant imaginer de nombreuses possibilités ; et s’il était damné à errer dans cette forêt sans jamais pouvoir en trouver la sortie ? et s’il se faisait attraper et dévorer vif par ce qu’il détestait ? si lui, le pilier du serpent, pourfendeur de démons qui en avait vaincu un grand nombre par le passé, alors il pouvait y avoir les sous-fifres de Muzan Kibutsuji non ? et s’ils étaient plus puissants que lui ? s’ils le mangeaient ? non pire, et s’ils le transformaient en démons, il ne pourrait rien faire non ? et s’il se faisait juste attraper et réduire en esclavage ? Et voilà que son cerveau le tourmentait. Ce terrible muscle semblait le haïr, décidé à transformer sa vie déjà pénible en véritable enfer. Le museau froid de Kaburamaru le ramena à la réalité ; Obanai laissa échapper un soupir en le caressant.

“Tu as raison, je dois faire une pause…”

Sans doute était-il trop fatigué, raison pour laquelle il perdait son sang froid. Il fallait rester fort, penser de façon objective et ne jamais laisser les sombres pensées entraver ses projets ; plus il s'inquiétait et moins il réussirait à trouver son chemin dans cette forêt inconnue. Puis si jamais il ne parvenait pas à rejoindre les montagnes, alors il pourra toujours continuer tout droit jusqu’à faire une nouvelle rencontre, découvrir une route ou même quelques habitations. En attendant, il devait faire une pause, il en avait grand besoin. Il trouva un tronc d’arbre sans doute arraché par un vent trop fort un jour pluvieux et décida d’en faire son banc. Il s’installa en haut du cadavre de bois (jugeant que s'il se perchait sur un arbre, il pouvait toujours avoir de drôles de surprises) de sorte à être couché. Il ferma les yeux, décidé à s'octroyer le droit à une petite sieste ou plutôt à se reposer les yeux quelques longues minutes. Le serpent blanc s’enroula autour de son ventre, aux aguets, prêt à défendre son propriétaire et ami.

“Un jour Kabaramaru, je te le promets… On s’en sortira…”

Ou pas.

Perdus dans la forêt.

La fatigue commençait peu à peu à le tirer vers le sommeil, bercé par une légère brise et le calme alentour ; seuls le bruissement des feuilles et chants des oiseaux l'accompagnaient dans ce moment de repos. Car oui, pour une fois, Obanai se reposait. Deux jours de marches incessantes sous des prières mentales dans l’espoir de retrouver son chemin, son monde ou son amour en se méfiant de chaque chose qu’il rencontrait ou craignait de rencontrer. A ce stade du sommeil, il se fichait de tout ce qui était autour de lui. Puis si jamais il venait à se faire tuer, ce ne serait pas mieux ? S’il ignorait s’il méritait le paradis ou l’enfer, au moins il pourrait toujours espérer la réincarnation auprès de Mitsuri. Il allait enfin dormir lorsqu’il sentit Kabaramaru s’agiter brusquement sur son ventre. Et voilà comme quoi il ne pouvait jamais être tranquille ! Mais vraiment pas. Toutefois il supposa que le serpent s’agitait à cause d’un oiseau ou d’un rongeur qui passait par-là.

Mais il y avait du bruit.

Quelqu’un marchait…

Et en sa direction…

Le pas était lourd, très lourd. Au départ, Obanai pensa à une sorte de sanglier, mais il avait l’impression qu’il se trompait, que la créature qui approchait n’était pas un animal. Sa poitrine se serra, il comprit alors qu’il n’allait pas pouvoir dormir de sitôt et qu’il allait devoir courir si jamais il était en face d’une personne bien plus forte que lui car si lui s'en fichait de mourir, il fallait penser à son reptile. Il pesta mentalement, insultant le destin d’être aussi cruel avec lui. Deux choix s’offraient à lui, le premier étant d’ouvrir les yeux et regarder l’individu, néanmoins, si celui-ci était néfaste et bien plus grand que lui, il pourrait toujours anticiper facilement les mouvements du pourfendeur de démon. Ce fut pour cette raison qu’il opta pour la seconde option : celle d’attendre un peu et se lever au bon moment pour profiter de l’élément de surprise pour prendre la poudre d’escampette si besoin. Dans les deux cas, s’il était vraiment devenu trop faible, alors il se ferait tuer, il fallait juste trouver le bon moyen d’augmenter ses chances de survie.

Alors Obanai ne bougea pas, il attendit que la présence se rapprocha et lorsque l’individu fut assez proche de lui, Kabaramaru siffla. Ni une ni deux, le pourfendeur en récupérant son compagnon d’une main voulut se jeter de l’arbre mort, mais malheureusement il oublia qu’il avait perdu sa dextérité d’antan, ce qui manqua de le faire chuter de façon comique. La voix du type étant quelque peu anormale aux oreilles d’Obanai, ce dernier au lieu de prendre la poudre d’escampette regarda alors ce qu’il y avait face à lui… et il tomba des nues.

Une grande perche se tenait là, le dépassant de presque deux têtes. Si la taille n’était pas plus imposante que celle de Tengen ou de Gyômei, l’inconnu avait une particularité incroyable d’être visiblement faite de métal. Le pourfendeur ahuri devant une telle rencontre en avait oublié son instinct de survie, commençant à se poser de sérieuses questions concernant ce monde. Est-ce que c’était vivant ça ? Au vu des expressions qu’il avait utilisées, sans aucun doute, surtout qu’une drôle de créature accompagnait la boîte métallique avec des cheveux. Gardant une bonne distance de sécurité au point qu’il en aurait fait presque pleurer de joie un moniteur d’auto-école, Obanai observait d’un air un inquisiteur cette drôle de machine…

“Mais… qu’est-ce que… c’est que ça… ?”

“Ça” ? Oui, pour lui ça ne pouvait qu’être un objet doté d’une vie un peu comme dans certaines légendes de son pays ou une histoire italienne dont il en avait vaguement entendu parler par des riches étrangers, un dénommé “Pinokyo” ou quelque chose dans ce genre. Il se remit sur ses gardes, décidé malgré la probable différence de force à se défendre en cas de problème.

“Je peux savoir ce que vous êtes ?”

Perdus dans la forêt.

“Nous venons en paix”, mais qu’il était gentil, mais qui disait vraiment qu’il venait en paix ? Il apparaissait ainsi avec ses presques deux mètres devant peser même une tonne… et surtout ses drôles d'yeux et sa drôle de voix. Est-ce qu’il pouvait le comparer avec un train ? Après tout c’était fait un métal également, mais malheureusement il ressemblait tout sauf à une locomotive. En tout cas, la boîte de conserve se mit à se présenter, du moins c’était ce que comprenait plus ou moins Obanai. Il ne comprenait pas quelques mots, à commencer par “drone”... Qu’est-ce que c’était que ça ? Mais vu la dégaine de l’animal, si ça venait de son monde, alors il n’y avait aucun doute que c’était russe. Pour faire de telles potentielles armes de destruction, la guerre russo-japonaise avait dû laisser un goût amer aux amateurs de vodka. Obanai demeura silencieux, observant l’individu qui s’appelait visiblement N faire son monologue. Bien qu’il ne demeurait pas humain, le drone semblait être plus expressif que certains humains, ce qui fascinait le jeune homme. Est-ce qu’il avait été créé de toutes pièces comme un train ou était-ce comme les humains, il fallait un papa et une maman ? Il avait envie de poser la question mais s’en abstint, supposant que si c’était impoli pour son espèce alors ça l’était tout autant que pour celle de son interlocuteur.

En tout cas, Obanai bien qu’encore méfiant se retrouva un peu rassuré de la présence de l’individu de métal, supposant que si ce dernier avait voulu l’attaquer alors il l’aurait fait depuis longtemps, et surtout qu’il était accompagné d’une fillette que le pourfendeur remarqua enfin. Il la regarda un instant, commençant légèrement à se radoucir malgré qu’il s’agissait d’une petite femme.

“Un élu ?”

Qu’est-ce que l’autre boîte chantait ? Un élu ? Comme s’il avait été choisi par une prophétie pour une quelconque raison ? Obanai plissa les yeux, jugeant encore et toujours ce pauvre drone qui n’avait pas rencontré la personne la plus sociable au monde… ou plutôt “aux mondes”.

“Je suis Iguro Obanai… Un pourfendeur de démons, le Pilier du Serpent…”

Le jeune homme posa rapidement un coup d'œil à la fillette, la trouvant quelque peu étrange avec ses particularités physiques. Peut-être était-elle un démon, et si c’était le cas, il devra sans doute lui trancher le cou à un moment ou un autre pour aider la population locale ; même sous la forme d’un enfant, les démons restaient des pourritures à achever.

“Excuse-m… excusez-moi, mais il me semble que vous allez pouvoir répondre à mes interrogations. Je suis dans ce monde il y a peu… Pouvez-vous me dire quelle est cette histoire d’élu ? Aurait-il des personnes comme moi qui viennent d’autres mondes que Kosaten ? Dans ce cas, pour quelles raisons ?”

Il n’aimait pas ce drone, mais visiblement il semblait être le seul être dans ce monde à pouvoir lui apporter des réponses. Alors il allait lui accorder pour une fois un peu de son temps. De toute façon, il n’avait qu’à rester là, un peu loin, à rester méfiant mais à écouter ce qu’avait à dire N.

Perdus dans la forêt.

D’accord, la boîte de conserve venait d'arriver il y a peu également. Sans doute avait-il dû se sentir lui aussi vulnérable dans un monde qu’il ne connaissait pas. Peut-être n’y avait-il pas de quoi le nourrir à Kosaten, peut-être même y avait-il à foison ses prédateurs naturels et qu’il devait se méfier également de tout ce qui l’entourait. Pour le moment, Obanai jugeant qu'il n'avait aucune raison pour détester N ; au contraire, bien qu’il ne pensait pas devenir son ami, il ressentait de la compassion. Lui aussi devait se demander où étaient ses proches, ce qu’ils devenaient et s’ils souffraient ou non ; peut-être même devait-il chercher un moyen pour rentrer chez lui. Il écouta ensuite l’explication. Alors comme ça ils n’étaient pas seuls, il y avait d’autres étrangers comme eux, et tout ça par la faute d’un “diable”...

“Un diable… Un démon ? Il y en aurait donc dans ce monde également ?”

Toujours de la faute de ces créatures-là ! Et puis ils étaient vraiment de partout, quel que soit le monde ? Obanai serra les poings en inspirant un grand coup. Il était certain qu’il allait devoir reprendre son rôle de pourfendeur de démons et traquer toutes ces pourritures de Kosaten. Peut-être qu’il pourrait même retrouver ce fameux “diable” pour lui en coller une et le contraindre à laisser tous les élus retourner chez eux ? S’il y parvenait, alors il était clair qu’il ferait une bonne action… Quoique non, il n’était pas assez puissant, il en était conscient. Une personne comme ce dit “diable” devait être plus fort que Muzan Kibutsuji et par conséquent, il ne pourrait pas le vaincre seul. Il fallait donc des alliés, mais pour le moment, il fallait connaître un peu mieux ce monde. Il laissa échapper un soupir. La fatigue et le stress accumulés ne devaient pas l’aider à bien réfléchir, peut-être devra-t-il prendre un jour quelques heures à la réflexion.

“Le vol ? Vous savez voler ?”

Non, il y avait plus important que le drone puisse vraisemblablement se déplacer dans les airs comme un oiseau malgré le poids qu’il devait faire, il y avait les guerres entre les nations. Les guerres, il y en avait toujours eu sur Terre et ça devait être partout pareil dans les autres mondes. Toutefois, c’était bien sa veine ; les nations se foutaient sur la tronche, sans doute armées jusqu’aux dents d’un équipement qu’Obanai ne pouvait imaginer. Lui n’avait qu’une simple épée taillée et face à un adversaire qui avait une arme d’un tout autre genre qu’il ne connaîtrait pas, il ne pourrait rien faire de plus qu’assurer sa survie. Hélas, il était une personne malchanceuse et il était fort à parier qu’il se ferait tôt ou tard attaquer, pris pour un adversaire ou contraint à rejoindre une nation malgré lui.

“Je vous remercie pour les vivres, mais ça ira, j’ai de quoi faire pour la nourriture… répondit-il en ayant un peu baissé sa garde, supposant que ces individus ne lui voulaient pas de mal puisqu’ils proposaient de partager les vivres. Si je suis dans cette forêt c’est que je suis arrivé il y a peu et que je suis à la recherche des montagnes pour pouvoir les gravir et observer un peu mieux le monde qui m’entoure. Je me reposais car… je suppose que tout le monde en a besoin ?”

Est-ce que les drones dormaient ? C’était une bonne question. Est-ce qu’il fonctionnait également comme une locomotive et nécessitait pour se nourrir du charbon ? Il avait tant de questions qu’il ne poserait jamais par pure politesse.

“Bien désolé de vous déranger, puis-je savoir si je suis sur la bonne voie pour rejoindre les montagnes ? Je crains de m'être légèrement perdu…”

Il fallait savoir avouer ses faiblesses et ses erreurs afin de s’améliorer dans la vie ; il en était de même pour savoir mettre sa fierté le temps de quelques minutes. Il voulait juste connaître le chemin à suivre non ? Et puis ce drone ne semblait pas être agressif et vouloir rejoindre les montagnes comme lui. Après une brève discussion, ils pourraient se quitter en bons termes et partir chacun de son côté.

Perdus dans la forêt.

Il se sentait désespéré. Si ce monde recelait de nombreuses créatures, alors il était fort probable que les démons n’étaient pas les seuls problèmes. Il y avait toutes sortes de créatures fantastiques dans le sien, à commencer par les dragons et les yokai dont il avait commencé à croire l’existence en même temps que celle des démons qu’il a ensuite combattu. Il avait entendu vaguement parler des légendes des pays étrangers, comme celles de la Dame Blanche ou même encore de la manticore. Elles aussi étaient dangereuses. Autrement dit, si ce monde avait enlevé des créatures de toutes les espèces existantes, alors il allait devoir s’assurer de protéger les civils de celles-ci… et ça allait être compliqué. Obanai prit une profonde et lente respiration. Il sentait le foutoir à venir. Il allait devoir regagner sa force d’antan afin de protéger les plus faibles. En tout cas, ce qui était sûr et certain, c’était que N semblait ne pas être de ces potentielles dangereuses créatures à exterminer ; avec un peu de chance, celui-ci est quelqu’un de confiance à qui le pilier pourrait proposer de vaincre les adversaires les plus virulents pour protéger la population, d’autant plus s’il y avait une guerre à venir.

Il allait falloir beaucoup voyager : obtenir des informations, se renseigner sur les diverses créatures qui foulaient le sol de Kosaten afin de s’assurer de qui étaient des ennemis ou de potentiels alliés. Certaines pouvaient être également de pauvres victimes inoffensives. Enfin bon.. Pour le moment, le petit jeune homme regardait N en estimant qu’ils pourraient sans doute un jour œuvrer pour une noble cause.

Regardant Gwen se détacher du drone, Obanai s’assurer d’un vif regard aux alentours qu’aucun danger ne les guettait et se jetterait sur la petite : si à ses yeux elle était un démon, il ne pouvait pas tuer la protégée de celui qui lui avait donné de si précieuses informations. Puis, il eut des ailes. Oui. Des ailes qui firent ouvrir de grands yeux au pourfendeur de démons qui se demandait si son œil quasi aveugle ne lui jouait pas de mauvais tour. Et visiblement, la réponse était “non” puisque le drone s’envola, le pilier du serpent ayant bien suivi le décollage du regard. Bien qu’un objet vivant métallique de quelques tonnes pouvant prendre son envol puisse être effrayant pour une personne comme Obanai, celui-ci, bien au contraire, ressentit comme de la fascination pour cet individu. Il aimait la hauteur, il aimait être perché, s’il pouvait un jour voler alors il ne pourrait qu’en être heureux. S’il avait connu suffisamment N pour lui demander s’il pouvait s’envoler en le portant sur quelques mètres, alors il l’aurait fait, mais puisqu’ils n’avaient pas élevé les cochons ensemble, il ne pouvait pas se permettre de demander cette petite faveur. C’était pas conséquent un crève-cœur qui passera dans les quelques jours à venir.

Le drone atterrit pour de nouveau lui adresser la parole afin de l’avertir qu’il était sur le bon chemin. Voilà une chose qui le rassurait, Obanai souffla de soulagement, Kabaramaru se collant un peu plus à lui.

“Je vous en remercie énormément, monsieur N. Je n’ai hélas aucun moyen de prouver ma gratitude, mais soyez en sûr ; lorsque j’en aurai l’occasion, je le ferai.”

S’ils avaient la chance de se recroiser alors pour sûr, Obanai n’hésiterait pas à témoigner sa reconnaissance. Certes il se méfiait encore du drone, mais il ne pouvait pas nier qu’il lui rendait un grand service. Du moins, s’il ne lui mentait pas. Comprenant alors que son interlocuteur semblait pressé de quitter les lieux et de continuer son chemin, le pourfendeur s’inclina. S’il ne lui avait pas dit bonjour à cause de la peur, alors il pouvait toujours lui souhaiter au revoir.

“Très bien, je vous remercie encore. Je vous souhaite de faire bonne route.”

Sur ces mots, il regarda l’enfant en vitesse en espérant que ce ne soit pas réellement un démon dangereux pour N avant de tourner les talons. Il commença à s’éloigner, reprenant la route en direction des montagnes. Bien qu’il ne l’avouerait jamais, Obanai espérait revoir ce drone pour essayer de mieux le connaître et en faire un potentiel allié, mais aussi de ne pas rencontrer ce drôle de voyageur qui visiblement avait réussi à se faire détester…