Un nouveau monde [Haruna Arai, Damsel]

J’étais en train d’amener mes ennemis sur le lieu de ma dernière bataille, celle où j’allais mourir les armes à la fin et une lumière m’a alors emporté et mené … Dans un marais glauque, putride, infâme. Un marais en somme. D’ailleurs, le dicton humain le dit clairement, ciel mon marais. Je ne sais pas ce que ça veut dire si ce n’est que les humains n’aiment pas non plus les marais. L’avantage en ce lieu par rapport au précédent, c’est qu’il n’y a plus mes ennemis et s’il y a des créatures hostiles, déjà ce ne sont plus mes ennemis en surnombre, ce qui constitue en soi un progrès et même un progrès indéniable. Il n’en demeure pas moins une question importante.

Où suis-je ?

Je ne suis plus sur le monde où je me trouvais auparavant c’est-à-dire avant de ne plus y être, je le sais parce qu’il n’y a plus de marais sur le monde que cette lumière m’a fait quitter au détriment de mes ennemis. Bien fait pour leur gueule. Qu’ils s’entre-tuent, ça les occupera.

Puis je m’en fous.

Ce dont je ne me fous pas, c’est de l’endroit où je suis parce que je ne sais pas où je suis. Il va falloir que je croise quelqu’un et que je lui parle pour me renseigner. Parler n’est pas mon fort mais il faut ce qu’il faut. Faire preuve de prudence n’empêche pas de parler puis il n’y a pas de raison, je ne risque pas de croiser une drow dans ce lieu, même si une légende urbaine prétend que toutes les drows ne seraient pas des adeptes d’Arawn sur d’autres monde, et il s’agit bel et bien d’un autre monde. Si d’aventure je croisais une drow, je lui poserais la question avant de la terrasser éventuellement de plusieurs flèches. Sur cette pensée porteuse d’espoir, je rabats la capuche de ma tenue sur ma tête.

Au cas où, des fois que.

Toujours est-il que je dois quitter ce marais parce que c’est bien connu, les marais ne sont pas les endroits les plus fréquentés, ce ne sont pas des lieux de passage donc si je veux pouvoir me renseigner auprès d’un voyageur par exemple, je dois sortir de ce marais et si possible avant qu’il fasse nuit. Je suis toujours en vie et c’est une bonne chose mais il ne faudrait pas que cette lumière n’ait fait que retarder ma mort au final. Ceci pensé, c’est un défi que j’accepte volontiers de relever. Fronçant les sourcils comme à mon habitude, je me mets donc en marche en essayant si possible de ne pas enfoncer mes bottes dans la tourbe même si elles sont solides et imperméabilisées.

Finalement, le marais se révèle moins étendu que je le pensais de prime abord et je me retrouve à arpenter une plaine grisonnante.

Une femme dotée d’ailes de fée vient me parler. Une fée quoi, autant appeler un chat, un chat, un chien, un chien et une fée, une fée. Elle a l’air amicale, la fée et moi qui ai tendance à être méfiant d’emblée, elle me donne l’impression d’être vraiment amicale, serviable et tout. Du coup je la regarde avec un air impassible, ce qui est toujours mieux que si je la regardais avec un air méfiant, voire avec un air hostile. C’est mon attitude neutre à tendance quasiment cordiale qui passerait pour un demi-sourire pour un humain.

Pour ce que j’en sais.

"Salut."

C’est ce qu’on appelle en principe un bon début dans une conversation, sauf que la fée ne s’est pas présentée mais j’imagine que c’est la première fois qu’elle rencontre un drow et je lui souhaite surtout qu’elle n’ait pas rencontré une drow, précisément même si je conviens qu’elles ne servent probablement pas toutes Arawn. Quasiment toutes au demeurant dont toujours trop. D’un autre coté, c’est aussi la première fois que je rencontre une fée. Se présenter lors d’une première rencontre, je crois qu’on appelle ça les bonnes manières et ouais, je me fous des bonnes manières donc ce n’est pas moi qui va "épingler" la fée pour ça, sans mauvais jeu de mot parce que ouais, une fée fait penser à un papillon et les collectionneurs clouent les papillons.

C’est drôle quoi.

La fée a l’air décidée à m’aider et je n’y vois pas un piège, genre elle serait un appât à poiscaille et moi le mérou. Ce serait possible parce qu’elle est mignonne. Frêle, genre à s’envoler au premier coup de vent mais mignonne. Elle m’inspire confiance en tout cas et ça n’est pas fréquent du tout mais c’est aussi la première fée que je rencontre. Elle me demande si j’ai besoin d’assistance, disant que j’ai l’air perdu et surtout top peu équipé pour faire un voyage dans de telles contrées, pour reprendre ses propres mots. Elle enchaîne en me demandant si je viens d’arriver.

"Ouais, et ouais."

Je n’aurais pas demandé mais puisqu’elle propose de m’aider, c’est ouais et le deuxième confirme que je suis paumé vu que j’ignore où je suis. Ca n’aide pas. Elle propose de me guider jusqu’à une auberge proche pour répondre à mes interrogations et je la suspecte de savoir que je ne suis pas de ce monde. De là à en affirmer que ce n’est pas son cas, il n’y a qu’un pas que je viens de franchir. D’ailleurs la suite de ses propos me confirme, non pas qu’elle n’est pas de ce monde mais que moi, je viens d’y arriver mais j’ai l’impression que c’est aussi son cas. C’est là qu’une humaine, du moins je crois qu’elle est humaine, vient nous aborder, disant qu’elle nous a entendu, ce qui m’évitera de répéter les trois mots que j’ai dit, de la salive économisée, et demandant où elle se trouve. Je la regarde comme on jauge une combattante, ce qui est certainement son cas. Non pas parce qu’elle a la main sur le pommeau de son épée mais à son allure générale, à sa façon de se tenir.

Je n’ai jamais vu une humaine comme elle.

Je vais partir de l’idée qu’elle est humaine mais elle est musclée. Pas trop mais d’où je viens, les humains n’avaient pour ainsi dire aucun muscle, hommes et femmes confondus. J’imagine que ça ne doit pas être la même chose d’où qu’elle vient. L’a aussi des cheveux d’une couleur que je n’ai jamais vue avant, ça lui va bien. L’est belle mais je ne le montre pas, que je la trouve belle, ça n’est pas le moment de se la jouer humain qui se fie uniquement aux apparences mais vu comme ça, ça n’est jamais le moment.

"Moi non plus."

Ca veut dire en effet que moi non plus, je ne sais pas où je me trouve et du coup où nous nous trouvons même si ça n’inclue pas la fée qui elle sait où nous nous trouvons et à qui je m’adresse ensuite.

"Je vous suis."

Ceci dit, je regarde l’humaine dans les yeux pour ne pas être distrait par sa stature athlétique. Je n’ai pas parlé pour elle mais je suppose qu’elle va venir aussi à l’auberge.

"Je n’ai pas d’argent, il faudra me faire crédit."

Là encore, je n’ai pas parlé pour l’humaine qui a peut-être trouvé un sou sous un caillou et comme qu’on dit, un sou c’est un sou même si ça ne paierait pas un pichet à une auberge.

Si je n’en montre toujours rien, je trouve la situation déstabilisante parce qu’en plus d’avoir survécu contre toute attente et de me retrouver dans un monde dont j’ignore tout, j’interagis avec une fée serviable et une humaine qui ne correspond pas du tout à ce que j’ai connu dans ma vie précédente, c’est le cas de le dire. Du coup je préfère traiter mes deux interlocutrices à part, d’abord la fée puis l’humaine.

Une fois l’étape de l’apparence insolite passée, la fée est de toute évidence la gentillesse incarnée. Rien que ça, c’est au delà du réel pour moi. Pourquoi me suis-je battu jusqu’à présent ? Avais-je vraiment l’espoir de voir le peuple drow cesser de s’entre-tuer à la première occasion, ou la société pourrie jusqu’à la moelle des humains assistés par leur hyper-technologie trahir leurs anciens alliés dès la fin de la guerre ? Je me suis battu parce que c’est ma nature de me battre, je me suis battu pour avoir une mort glorieuse qui n’est pas arrivée puisque nous avons gagné la guerre et que j’ai survécu pour voir les drows s’entre-tuer sans surprise et toujours sans surprise pour voir les humains décider qu’attendre que nous mourrions de mort violente en nous entre-tuant, c’était toujours trop long et qu’ils allaient nous achever. Je me rends compte que mourir pour ça, c’était finalement peu.

Trop peu.

J’ignore pour quelle raison je pense à ça en voyant la fée, en l’écoutant, à moins que je le sache mais que j’en ignore encore le sens mais je devine que ça viendra en temps et en heure. Toujours est-il que la fée nous apprend que nous sommes sur Kosaten et que nous ne pouvons pas retourner sur notre monde natal respectif.

"Ouais, c’est une bonne nouvelle pour moi."

La fée ajoute qu’elle est ici depuis un an et demi et qu’elle nous renseignera sur Kosaten de son mieux, confirmant sa nature serviable. Autant je préférais intimider les humains pendant la guerre, autant je trouve que c’est mieux de ne pas intimider la fée, après tout je sais quel effet je fais aux autres, du moins je crois savoir avec mon air mécontent même quand je suis content, c’est dire quand je ne suis pas content, c’est dire quand je suis en colère. On ne veut pas me voir quand je suis en colère.

Perplexe, j’incline légèrement la tête sur le coté quand la fée rougit parce qu’elle a oublié de se présenter alors que ni l’humaine ni moi ne lui en avons fait le reproche. Elle s’appelle Haruna Arai et je la trouve trop gentille par moment, non pas trop gentille pour que ce soit vrai mais trop gentille pour que ça ne risque pas de se retourner contre elle. Or assez curieusement, je n’aimerais pas que sa gentillesse lui nuise. Il ne manquerait plus que je développe un début d’empathie.

"Moi c’est Amun. Vous n’êtes donc pas la fée Line, ou la fée Licité."

J’avais aussi la fée Brile, la fée Lonie et la fée Tide mais trop de jeux de mots nuisent aux jeux de mots. Je me demande qui nous a élu mais je n’en dis rien parce que si ça se trouve personne ne le sait. La fée Haruna bat alors des ailes, sans doute doit-elle frétiller souvent pour ne pas risquer un claquage en cas de décollage abrupt, avant de nous assurer que l’argent n’est pas un problème et la je me permets de poser la main sur son front pour vérifier qu’elle n’a pas de fièvre.

"Vous n’avez pas l’air d’avoir de la fièvre."

C’est sûrement pour elle que l’argent n’est pas un problème et par extension, peut-être aussi pour tous les élus. A voir. Pour le moment, je prête le bénéfice du doute à Haruna qui évoque alors la distance à parcourir pour atteindre l’auberge la plus proche, entre autre chose.

"Ca va, je peux tenir le temps d’arriver à destination, je ne vous priverai pas d’une ration."

Nous suivons donc la fée qui semble se demander si nous sommes des guerriers, des mages ou que sait-elle encore alors que notre coté combattant saute aux yeux ou elle doit dire ça par diplomatie mais j’ignore de quelles capacité elle parle.

L’humaine a l’air d’avoir compris mon regard alors que je me voulais impassible, et merde. Une chance que ça ne soit pas mon genre de déshabiller du regard parce qu’elle l’aurait certainement vu aussi. Pour ma défense, je n’ai jamais vu d’être humain comme elle, comprendre qui se bat à la force de ses muscles. Je ne la considère pas comme un paquet de viande et j’éviterai de regarder toute autre personne ayant de telles similitudes physiques de cette façon parce que ça pourrait être mal interprété. Autant éviter de se brouiller pour un regard.

Elle s’appelle Damsel et je suis d’accord avec ses propos.

"Pareil pour la flotte et pour la marche à pieds."

On croise une flaque d’eau et je regarde brièvement mon reflet pour vérifier si ma coiffure est toujours aérodynamique, c’est le cas. C’est le seul aspect qui importe vraiment dans mon apparence, que mes tifs soient bien montants. Puis je me fige.

"Y a des bestioles hostiles dans le coin ? Genre qui se régalent des voyageurs."

Tout en posant la question, je matérialise mon arc sans faire apparaître de flèche pour le moment, embrassant les environs d’un regard panoramique.

"Ouvrons l’œil."

Il va sans dire que nous continuons notre marche vu que ça ne nous avancerait pas de ne pas avancer mais en étant vigilants. J’aurais bien dit "ouvrons l’œil et le bon" mais ce n’est pas sur que l’expression soit connue et qu’elle soit comprise, or que ce soit dans un cas ou dans l’autre et peut-être aussi si l’expression n’est ni connue ni comprise, il faudrait alors que j’explique cette expression, or s’il y a bien quelque chose que je préfère éviter, c’est de justifier mes propos. Comme on dit aussi, c’est une autre expression, la parole est d’argent mais le silence est d’or, tout ça.

Deux œufs et un peu de pain. Ca donne en effet une idée. En tout cas, Haruna et Damsel ont à priori le sens de l’humour, ce qui est une bonne chose et je le prends mal, réflexe mais le coup de "la fièvre" me permet d’éluder mon état d’esprit.

"Pas de souci avec l’argent, comment que ça m’a embrouillé."

Dis-je tranquillement avant d’ajouter quand la fée nous propose sa protection.

"Ouais ben vigilance."

Il ressemblerait que mon monde natal est celui de Damsel aient des similitudes.

"Pareil, je n’ai jamais vu de dragon."

Je prends les propos suivants de la fée comme un compliment et non de la flatterie, ce qui n’a rien à voir.

"Je ne comprends pas ce que tu veux dire par capacités à moins que le fait de décocher une flèche en soit une. C’est une de mes armes, c’est en partie grâce à cet arc que j’ai contribué à la victoire sur mon monde natal avant d’être trahi."

Je ne précise pas la nature de la trahison parce que je ne mets pas les humains d’autres mondes dans le même sac que ceux de mon monde natal, d’abord parce que le sac serait trop grand pour pouvoir contenir autant de monde puis parce que Damsel ne ressemble pas à l’archétype humain de ma terre natale, physiquement et à priori mentalement aussi. L’humaine montre alors son épée et son pouvoir du feu.

"Ca reste pratique pour allumer un feu de camp."

Dis-je en buvant une gorgée de la gourde donnée par Haruna, d’ailleurs je devrais lui dire merci.

"M … Mouais."

Pendant qu’on marche, Haruna nous propose un entraînement. Damsel me devance en posant une question pertinente.

"La solitude ne m’a guère souri même si ce n’était pas un choix. Je me sens en forme mais je ne serais pas contre un entraînement. Simplement, tu as parlé de faction, Haruna alors une fois à l’auberge, tu pourrais nous en parler ainsi que des autres factions devant un bon repas. Je ne défendrai pas une tyrannie mais sinon pourquoi pas."

Je me rends alors compte que j’ai tutoyé la fée et que ce n’est pas la première fois mais la deuxième fois. J’ai évoqué la possibilité qu’elle nous parle de sa faction et aussi des autres une fois à destination pour qu’elle puisse réfléchir à la question en chemin mais libre à elle d’y répondre  avant.

Damsel grimace en évoquant le feu qu’elle a allumé, j’en déduis qu’elle est habituée à faire bien mieux que ça.

"Ca va revenir."

C’est Haruna qui l’a dit et cette dernière nous explique ensuite qu’il existe plusieurs types de dragons, du moins sur Kosaten puisque soit ça n’a pas été le cas sur notre monde natal respectif, soit ça n’est plus le cas. D’un coté, il existe J’écoute des dragons capables de cracher du feu, d’un autre coté des dragons capables de cracher de la glace, d’autres dragons capables de cracher de l’acide, du venin et peut-être de l’acide empoisonnée ou des crachats irradiés et même irradiants, du genre à irradier avec des radiations à l’intérieur du dedans. En somme des bestioles à écailles mais pas forcément massives, les dragons asiatiques ayant une forme plus longiligne que leurs cousins occidentaux dans les légendes humaines.

"Ouais."

J’approuve la fée quand elle apprécie elle aussi la lame de Damsel et sans doute est-elle une fine lame et là je ne songe évidemment plus à l’épée mais à la porteuse de l’épée.

Haruna nous fait alors une démonstration de ce qu’elle appelle des capacités après avoir affirmé qu’elle s’y connaissait en ombre

"C’est pas mal du tout, sans l’ombre d’un doute."

Dis-je à son retour immédiat dans le sens où elle n’est pas partie bien loin.

"Si on nous attaquait, je contre-attaquerais."

C’est aussi simple que ça. S’il y avait un combat, j’y prendrais part, je ne me laisserais pas assister même si je ne suis pas au top, en tout cas par rapport aux combattants de Kosaten. Damsel parle alors un peu et Haruna, beaucoup.

"Il faudrait mettre tous les tyrans dans une fusée et direction le soleil. Ou planter leur tête au bout d’une pique, ça le ferait aussi."

Comme ça, ils nous regarderaient de haut encore un peu. J’essaie d’assimiler tous ses propos pendant le chemin qui nous conduit à l’auberge. Comme c’est plutôt mal vu de tenir une arme en public, je réintègre l’arc qui reprend sa forme de bracelet. On croise obligatoirement des gens et de plus en plus de gens, ça fait ça quand on se rapproche d’habitations et malgré ma précaution, il y a des gens et certains me regardent avec une hostilité, comment dire, visible avant de détourner les yeux quand je les regarde genre "tu veux ma photo ?" ou "tu veux te battre ?" donc ouais, quand je les regarde avec une légère, très légère provocation dans le regard et dans la gestuelle. Je ne montre pas les dents mais c’est limite et encore, je le ferais sûrement si j’étais seul mais je ne souhaite pas indisposer la fée et l’humaine même si ça doit se voir comme le nez au milieu du visage que je suis un élu et que trop de natifs de Kosaten ne semblent pas nous apprécier.

"Ca m’étonnerait qu’il y ait eu un vote des locaux pour élire les élus."

Ce qu’on appelle le suffrage universel, un truc qui a existé jadis chez les humains et jamais chez les drows, sur mon monde natal en tout cas. Je réfléchis toujours aux propos de la fée alors que nous sommes installés dans la chaude ambiance d’une auberge qui me fait penser au moyen âge humain, à peu de chose près.

"S’ils servent du sanglier, je prendrais du sanglier mais un seul pour ma part, je n’ai pas très faim. Puis un tonnelet de bière devrait suffire à nous réchauffer."

La modération, c’est vachement important. Ceci dit, mes yeux vont de la fée à l’humaine assises en face de moi, un choix tactique ouais.

"Va pour le tutoiement. Haruna, si j’ai bien suivi, tu soutiens une vampire qui veut libérer le peuple de l’oppression d’un tyran. Ouais, suceur de sang et altruiste, ça fait bizarre mais pourquoi pas après tout."

La vampire fait sans doute du tri sélectif dans sa consommation de sang, ne buvant que le sang de criminels, de brutes épaisses qui ne pensent qu’à abuser de leur force sur les faibles, pour les soumettre. Vaincre le mal par le mal, ça me rappelle vaguement quelque chose.

"Quels sont les autres royaumes ?"

Haruna a parlé de Shuza mais c’est certainement pas être le seule royaume sur Kosaten.

Incarnation de la sagesse, Haruna préconise l’éventualité d’un repli tactique qui à la différence de la fuite peut être une feinte ou se changer en offensive selon l’évolution de la situation mais je ne le dis pas histoire de ne pas ergoter sur un point de détail au demeurant même si la fée semble sous-entendre qu’on peut ne pas entamer un combat si celui-ci semble perdu d’avance, une notion qui ne me paraît pas étrange dans le sens où j’ai déjà été amené à ne pas engager les hostilités contre un adversaire en surnombre mais ce dernier avait tendance à le faire de lui-même sans se douter qu’il tombait dans un piège.

"Idem tout pareil."

Dis-je donc tout simplement quand Damsel évoque le repli stratégique, me donnant l’impression qu’on est sur la même longueur d’onde sur pas mal de points, ce qui semble être davantage qu’une impression. D’ailleurs je ne dis rien quand elle répond globalement que peu importe la nature de la vampire tant que ses actes prouvent son allégeance envers la population de Shuza, histoire de ne pas approuver à nouveau ses propos mais je n’en pense pas moins. Puis je ne réponds pas à sa question qui ne demande pas de réponse mais les locaux ont du se rendre compte que Damsel est aussi une élue.

"Ca va, ça n’est pas non plus pantagruélique."

Je suis amusé dans le sens où nos mondes semblent avoir quelques références culturelles, comme des constantes qui devraient se produire potentiellement dans chaque monde du multivers et pourquoi pas après tout. On commande le repas et Haruna nous explique l’histoire et la géographie de Kosaten, heureusement pour moi de sur, dans les grandes lignes. Après tout, j’ai posé la question et je l’écoute. Je ne suis pas spécialement étonné par ce qui est servi à la fée pendant son exposé.

"Tu dois décoller facilement avec ce que tu manges, un coup de vent, une rafale et tu t'envoles."

Je note que les fées semblent herbivores. Concernant mon repas, je me sers d'une nappe comme tablier histoire de ne pas me saloper la tenue et je dévore le sanglier en écoutant Haruna et en en laissant à la combattante si ça lui dit. Après tout, il faut de la viande pour nourrir les muscles et Damsel est une guerrière. J'écoute cette dernière parler de son monde natal, ce qui ne me donne pas envie de faire de même, autant tourner la page comme qu’on dit.

"Va pour défendre Shuza contre le retour du tyran."

Damsel pose alors une question particulièrement pertinente.

"Ca m’étonnerait qu’il y ait eu un vote pour nous élire."

A mon avis, Haruna n’a pas la réponse à cette question mais on ne sait jamais, des fois que. Ce serait plutôt un coup de locaux qui auraient vu dans l’apparition des premiers étrangers comme une intervention divine et ça serait entré dans les mœurs. Je ne suis pas croyant avec les abus de pouvoir des prêtresses d’Arawn pendant trop longtemps.

"Tu as dit que l’argent n’est pas un problème. Ca n’est pas un problème pour toi en particulier ou plus globalement pour les élus ?"

Chaque nation finance peut-être les élus qui défendent leurs principes face aux autres nations ou pas pour que chaque élu se sente indépendant. Il y a peut-être des missions à accomplir, non pas propres aux élus mais que leur montée en puissance permettrait d’accomplir et de gagner ainsi des primes de plus en plus conséquentes mais je préfère laisser Haruna répondre que de faire les questions et les réponses.

"On commence l’entraînement quand, demain ? Je n’aime pas être inactif."

Il me faut bouger, éliminer et pas que l’excès de calories. Ceci dit, je me lèche les doigts tout poisseux de jus de sanglier avant de chercher une carafe d'eau qui serait tout de même plus appropriée pour me débarbouiller. Je l'ai en effet mangé avec les doigts sinon ça aurait pris des plombes, d'où l'usage du tablier parce que si je ne suis pas distingué, de la haute comme on dit, de l'aristocratie, je ne mange pas non plus comme un porc. Comme Haruna qui a choisi la technique, des petites bouchées pendant son exposé, je ne parle pas en mangeant. Je ne parle pas mais je ne parle pas non plus en mangeant.