Opération des minages

Quête:

Alathea observa ce décor qui ne lui était que bien trop familier, un décor d’une ancienne mine de baranite désaffectée, où elle était déjà venue autrefois. C’était à l’époque où Tyr concevait secrètement son corps physique, en quémandant divers matériaux de part et d’autre du continent. Le minerai particulièrement résistant et aux propriétés aussi étranges qu’effectives faisait partie de cette petite liste de course que l’ex-conseil des anciens leur avait autrefois confiée, de la même manière qu’il desservirait les projets de Kougaku dans un avenir proche, dans une quantité bien supérieure qu’à l’époque ceci dit. L’elfe n’était pas du genre à se laisser aller aisément à la nostalgie, mais le petit sourire qui était né sur son visage à la vue de ce paysage de son passé était éloquent quant au plaisir qu’elle avait à revivre ces souvenirs.

C’était la première mission effectuée en commun entre Lexi et Alathea, si l’on exceptait évidemment le fiasco du village des voleurs, alors qu’à ce moment-là, l’archère de Kougaku ne faisait même pas officiellement partie de Shintan. La tâche était assez simple et elle les avait associées à la pétillante Shiro, jeune élue qui n’avait jamais refait parler d’elle depuis, une de plus qui avait été happée par l’immensité de Kosaten. Al’ revoyait encore la jeune albinos trébuchait sur un caillou à terre, puis marcher par mégarde sur un ancien conduit d’aération fragilisé qui avait entraîné sa chute plusieurs mètres en dessous. La belle aux yeux ardents s’était alors précipitée à son secours par le même accès, tandis que la marchombre s’affairait à détecter l’entrée principale. La suite s’était plutôt bien déroulée, sans le moindre encombre.

Il n’avait fallu qu’une dizaine de kilogrammes de baranite cette fois-ci, mais aujourd’hui, il en fallait carrément une centaine. Si un mulet de transport avait été pertinent cette fois-ci, aujourd’hui, il fallait tout le savoir-faire des technomages de Kougaku et leurs brillantissimes avancées en matière de galéoïdes de stockage pour permettre à Alathea de se charger de cette mission seule. Grâce au travail de recherche effectué en amont par Al4th3a, il avait été aisé pour l’elfette de constater qu’elle avait toujours suffisamment de ressource ici pour pourvoir aux besoins du technocréateur. Ce qui expliquait qu’elle était de retour ici, malgré un minage déjà effectué avant.

Mais ce n’était pas le seul objet de sa recherche aujourd’hui. En effet, sans qu’elle ne comprenne vraiment trop pourquoi, il lui avait également été demandé de ramener un marteau antique appartenant autrefois au nain originel Gûnir. En éliminant certains lieux grâce au même procédé de recherche, puis en utilisant les quelques, mais rares, ouvrages traitant des épopées du court sur pattes, Alathea était pratiquement arrivée à la conclusion que l’objet de forge devait se trouver ici aussi, bien plus en profondeur. Ce n’était évidemment pas une certitude, mais elle savait l’intelligence artificielle de la Bibliothèque Universelle de Kougaku suffisamment évoluée pour prendre en compte le maximum de données en temps réel et apporter la solution la plus probable. Ce qui facilitait bien plus son travail de recherche qu’auparavant.

Alathea entra par l’accès conventionnel, ce coup-ci, constata que même l’usure du temps et les quelques années qui la séparaient de son dernier passage ici n’avaient pas suffi à reboucher le passage. Elle prit soin de placer une flèche à l’entrée, afin de pouvoir y revenir en un rien de temps plus tard. Ses yeux nyctalopes s’habituèrent instantanément à la faible obscurité et la native d’Erdrigoth se décida à se laisser guider par sa complice immatérielle jusqu’au point de récolte le plus abondante de l’ancienne mine. Comme l’édifice était vieux et n’était plus protégé, le minage allait devoir se faire à la dure, sans artifice, pour éviter tout éboulement ou effondrement. Qu’à cela ne tienne, l’elfette ne semblait peut-être pas avoir un physique musculaire proéminent, mais son hybridité et ses nombreux exercices de renforcement réguliers lui donnaient un corps réellement en forme et pas tant inadapté que cela à cette tâche.

Capa' contextuelle:

Poursuivant son chemin à travers les méandres silencieux de l'ancienne mine, l'hybride d'Erdrigoth laissait derrière elle une trace lumineuse, témoin fugace de son passage, mais également garant étincelant de son retour prochain à la surface. Guidée par l'intelligence artificielle, son avancée se faisait avec la précision d'un pinceau sur la toile de ce labyrinthe souterrain, chaque pas la rapprochant de son but. Le silence, presque palpable, était ponctué par le son léger et paisible de ses bottines de vagabonde contre le sol rocailleux, rythme régulier qui accompagnait sa réflexion, tout autant qu'il s'accordait à ses tranquilles pulsations cardiaques..

La quête imposée par Tyr n'était pas anodine : elle symbolisait une confiance et une attente, mettant à l'épreuve non seulement ses capacités physiques, mais aussi sa résilience mentale. La tâche de récupérer une quantité aussi considérable de baranite ne l'effrayait pas en soi, car Alathea s'était toujours distinguée par une volonté de fer et une endurance hors du commun. Cependant, l'aspect essentiel de cette énième tâche de récolte, couplé à la recherche du marteau de Gûnir, supposément localisé ici, bien que rien n'indique qu'il soit ne serait-ce que possible de mettre la main dessus, conférait à l'expédition une aura de mystère et d'importance qu'elle ne pouvait ignorer. Une fois encore, Al' était livrée à elle-même, devant se passer du soutien d'autres élus, ou même d'autres alliés. Et que dire du technocréateur qui ne répondait que trop rarement à ses requêtes... Certes, il avait été d'une aide indéfectible dans la conception du projet Erdribokh, mais ce n'était rien en comparaison des autres besoins de la belle aux yeux ardents.

Alors qu'elle s'enfonçait davantage dans les entrailles de la terre, les réminiscences du passé se mêlaient à l'excitation de l'inconnu, forgeant en elle un sentiment de détermination renouvelée. Les zones les plus profondes de la mine, à l'abri des regards depuis des âges, promettaient de révéler leurs secrets à celle assez brave pour les affronter. Alathea se sentait prête à relever le défi, armée de son arc magique et de sa sagacité, le poids de l'histoire et de la légende pesant sur ses épaules. L'ironie du destin voulait qu'une fois encore, elle doive affronter un rouage du destin aussi vieux qu'elle, si ce n'était davantage.

Au détour d'un couloir étroit, la lumière d'une veine de baranite, scintillant faiblement dans l'obscurité, attira son regard. C'était un signe indéniable qu'elle approchait de son premier objectif. Elle s'arrêta un instant, laissant ses yeux s'adapter à la luminosité ambiante soudainement éblouissante, avant de s'approcher pour examiner la veine plus en détail. La pierre, d'un bleu profond parsemé d'éclats argentés, semblait presque palpiter d'une énergie latente, comme si elle attendait d'être réveillée. Consciente du danger potentiel d'un effondrement, Alathea prit un moment pour évaluer la situation. Elle savait que l'extraction devait être menée avec soin et précision pour éviter de compromettre la structure fragile de la mine. Ses doigts effleurèrent la surface lisse du minerai, son esprit déjà en train de calculer la meilleure manière de procéder. Avec un souffle déterminé, elle se prépara à entamer l'extraction, chaque mouvement étant guidé par une expertise forgée par des années d'expérience et une confiance inébranlable en ses capacités personnelles.

Tandis que l'hybride se mettait à l'œuvre, la mine sembla retenir son souffle, comme si elle observait, intriguée, cette étrangère qui osait défier ses entrailles de pierre. La tâche s'avérait ardue, même pour quelqu'un d'aussi endurci qu'Alathea. Chaque coup porté contre la paroi révélait la dureté exceptionnelle de la baranite, exigeant non seulement une force physique accrue, mais également une précision quasi-chirurgicale pour en extraire l'essence sans la corrompre. Heureusement que ce dernier point étant sans aucun doute le meilleur aspect de l'archère de Kougaku. La concentration de l'elfe était totale, son esprit se focalisant sur l'instant présent, chaque fragment de minerai recueilli étant une victoire silencieuse contre l'obstination de la nature elle-même.

Le temps semblait s'étirer dans l'obscurité de la mine, les minutes se fondant les unes dans les autres jusqu'à ce que la distinction entre elles perde tout sens. Finalement, après un effort qui aurait pu durer des heures ou des jours, Alathea s'accorda un moment de répit, observant le tas de baranite qui s'était accumulé à ses pieds. Bien que son corps ne trahît pas la fatigue grâce à son entraînement et à sa nature hybride, elle ressentait au plus profond d'elle-même le poids de l'effort consenti. Elle se permit un sourire satisfait, consciente d'avoir accompli une part significative de sa mission. Le fait de devoir se priver des facultés exceptionnelles de son arc était un véritable fardeau, mais elle se débrouillait tout de même très bien sans. Ses yeux perçants balayaient les parois autour d'elle, cherchant constamment la faille ou le point faible à attaquer en priorité, tandis que les muscles de ses bras, habitués à devoir bander à répétition une corde à la résistance très largement supérieure à la normale s'occupaient du reste.

Au fur et à mesure que les morceaux du minerai tant convoité par son dirigeant s'amoncelaient à ses pieds, la native d'Erdrigoth les stockait progessivement dans la batterie de galéoïdes de stockage dont elle disposait, pouvant ainsi évaluer précisément la quantité dont elle disposait et, par conséquent, celle qui lui faisait défaut. Ce n'était dès à présent plus qu'une question de temps, d'un peu de temps, avant que son premier objectif ne soit rempli. Alathea s'accorda une nouvelle pause, vidant le contenu de l'une de ses gourdes dans son gosier, s'épongeant le front tout en songeant que Lexi aurait pu lui prêter Megan pour cet effort, l'entraînement aurait été tout autant intensif que les défis extrêmes proposés par la marchombre.

Capa' contextuelle:

Avec une discipline inébranlable, Alathea poursuivait son ouvrage, chaque morceau de baranite soigneusement extrait et examiné avant d'être sécurisé dans les galéoïdes de stockage. L'elfe, bien qu'habituée à la magie de son propre monde, ne pouvait s'empêcher d'être fascinée par ces merveilles technomagiques, témoins de l'ingéniosité sans limites de Tyr et de ses technos. Certes, ce n'était pas la plus grande prouesse dont ceux-ci soient capables, notamment en se référant aux derniers projets en date du dirigeant, mais cela facilitait grandement ce genre de mission dont l'archère ne rafolait pas mais qui lui tombait pourtant souvent dessus, à croire que Kougaku, qui avait pourtant bien évolué depuis sa fondation, n'avait personne d'autre pour cela...

Le processus de minage touchait à sa fin, et Alathea inspecta une dernière fois le fond de la cavité qu'elle avait creusée dans la paroi de la mine. Sa récolte semblait suffisante pour répondre aux exigences du technocréateur. Elle se permit un moment de satisfaction, consciente que sa mission n'était cependant pas encore accomplie. Il restait à trouver le légendaire marteau de Gûnir, un objet enveloppé de mystères et, selon les rumeurs, imprégné de puissance ancienne. Enfin, il ne s'agissait là que de simples légendes racontant l'épopée du nain originel, en embellissant très certainement une bonne partie de l'histoire. Malheureusement, tout autant renseigné qu'elle fût, Al' n'avait guère mieux sous le coude...

Remettant en place ses équipements, Alathea reprit son exploration, guidée par les instructions d'Al4th3a. Ses pas la menaient désormais vers des régions encore inexplorées de la mine, où les échos du passé semblaient murmurer dans les ombres. Chaque pas résonnait sur le sol comme le battement d'un cœur, réveillant des secrets endormis depuis des siècles. Elle n'avait pas vraiment de statégie, hormis celle de se frayer un chemin vers les profondeurs infernales de ces cavernes, pour tenter d'y découvrir les mystères qui s'y terraient. La native d'Erdrigoth avançait doucement et prudemment, rencontrant parfois quelques rongeurs ou rampants inoffensifs qui fuyaient à son approche. En même temps, elle ne dissimulait aucunement son aura, qui avait véritablement pris une certaine ampleur et suffisait souvent à effrayer la majorité des prédateurs, sans même qu'elle ne soit déchaînée.

Soudain, sans le moindre avertissement, le sol se déroba sous elle. Avec un cri étouffé, plus de surprise que de peur, l'archère de Kougaku se sentit tomber dans le vide. Instinctivement, elle tenta de se rattraper, de stabiliser sa chute, mais tout s'effondrait tout autour d'elle, rendant ses efforts vains. Après ce qui sembla une éternité, mais qui ne fut en réalité que quelques secondes, elle atterrit avec une grâce inattendue sur un amas de débris, amortissant suffisamment sa chute pour qu'elle s'en sorte avec de simples contusions, tout au plus quelques ecchymoses au visage qui gratifieraient son joli minois de minuscules balafres durant les jours à venir.

Reprenant son souffle, Alathea s'extirpa des débris, balayant du regard ce nouveau monde qui s'ouvrait à elle. Ses yeux nyctalopes s'ajustèrent rapidement à l'obscurité, révélant les contours d'une cité troglodyte mystérieuse, oubliée de tous. Des structures taillées dans la roche même s'étendaient à perte de vue, portant les marques d'une civilisation ancienne dont l'existence même n'était mentionnée dans aucun des récits ou légendes qu'elle connaissait. Un sentiment d'émerveillement s'empara d'elle. Là, sous la surface du monde de Kosaten, reposait une cité qui défiait le temps, ses secrets scellés dans le silence de la pierre. La découverte accidentelle de ces ruines était un cadeau inespéré, une chance unique d'explorer et de comprendre une partie de l'histoire du monde qui lui avait jusqu'à présent échappé. Il semblait bien qu'elle était la pionnière de cette excavation.

Petit récap' pour PNJ:

Alathea se frottait les quelques parties endolories de son corps qui, s’il n’avait pas subi de véritable blessure qui aurait sincèrement nui à sa mission, avait tout de même été un peu touché au niveau de certains nerfs, ce qui faisait légèrement grimacer l’archère, tandis qu’elle découvrait avec un regard admiratif le nouveau décor qui avait pris place autour d’elle lorsqu’elle avait chuté.

D’immenses champignons siégeaient de part et d’autre de la zone, ayant été excavés en leur sein pour bâtir la cité. Leur lueur était intense et se reflétait sur les parois rocailleuses qui entouraient l’espace dans lequel évoluait désormais Alathea. Elle s’arrêta un instant pour contempler le paysage atypique qui, bien qu’il pouvait évoquer la forêt de champignons de Shuzâ, avait un aspect bien plus mystérieux et antique. Cela faisait réellement longtemps que l’elfe ne s’était pas sentie aussi heureuse de parcourir un endroit encore inconnu pour elle. Elle en oublia presque, durant quelques instants, les raisons de sa présence en ces lieux, se comptant d’enregistrer le plus possible de souvenirs visuels et auditifs pour plus tard.

Alathea s’accroupit pour observer avec davantage d’attention le sol scintillant, avant de se relever, passant sa main sur une des parois de la caverne où semblaient avoir inscrits des glyphes dans une langue ancienne. Malheureusement, les textes étaient désormais complètement illisibles et, de toute façon, l’archère n’était pas suffisamment renseignée sur les dialectes disparus de ce monde. À vrai dire, elle n’était même pas sûr que l’elfique, qu’elle parlait couramment grâce à sa nature hybride, était strictement le même ici que sur Erdrigoth…

La cavité était réellement immense et en levant la tête, la belle aux yeux ardents estimait un plafond positionné à une cinquantaine de mètres au-dessus d’elle, mais malgré les végétations de taille anormalement disproportionnée, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une profonde solitude, face à l’imposante carrure de cet environnement qui ne semblait pourtant pas accueillir beaucoup de vie, tout au plus quelques insectes, en complémentant de la flore qui s’était, quant à elle, bien développée.

Si une bonne partie du minerai luminescent était un nouveau gisement de baranite, il y avait en plus une étrange sorte de roche azurée bien plus chargée en mana que l’autre pierre précieuse. Alathea était curieuse, mais ce n’était a priori pas ce qu’elle recherchait pour l’heure. Elle fit usage de l’intelligence d’Al4th3a pour analyser la zone autour d’elle, en tentant de percer les secrets de cette cité enfouie. La native d’Erdrigoth sentait qu’elle touchait au but, mais même ses sens elfiques ne parvenaient pas à en identifier la nature. Elle poursuivit donc son exploration, en partant du postulat qu’elle finirait forcément par trouver un indice ou un repère qui lui permettrait d’assembler les différentes pièces du puzzle.

Capa' contextuelles:

Alathea observait pensivement la végétation aux alentours, songeant que certaines zones de ce continent gagneraient beaucoup, tant en charme pittoresque qu’en biodiversité, à abriter certaines des espèces qu’elle avait face à elle. L’air était lourd et difficilement respirable, sans doute à cause d’une pesanteur davantage ressentie, mais également de par la profondeur et le côté renfermé de cet endroit. Il était également possible que cela soit dû à certaines émanations, mais elle ne pouvait pas en être sûre pour le moment. C’est pour cela qu’elle patientait un peu, le temps que l’intelligence artificielle qui lui tenait compagnie achève son analyse.

Cela ne tarda pas et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Al4th3a n’avait guère chômé. Elle confirma l’absence de présence dangereuse à proximité de l’archère, avant d’apporter davantage d’informations qui lui permettraient de mieux appréhender l’environnement dans lequel elle évoluait. Ainsi, elle put apprendre notamment qu’elle faisait face aux vestiges d’une bataille qui avait jadis, plus de deux siècles auparavant, décimé les rangs de nains et d’elfes. En parallèle, sa nouvelle compagne de route la prévint qu’il pourrait être dangereux, même pour l’archère, de rester trop longtemps en un endroit confiné, à cause d’une concentration accrue en spores néfastes pour l’organisme et en azote. Un bon point à noter, mais Al’ n’avait de toute façon pas l’intention de s’éterniser ici.

La suite était autrement plus intéressante puisque son implant technomagique lui confirma la forte probabilité qu’il soit possible de trouver ici l’artefact que la tireuse de précision convoitait, puisqu’elle arpentait en réalité les ruines d’une ancienne cité naine, du nom de Nokonor. Alathea s’étonna d’ailleurs qu’Al4th3a en sache autant sur la question alors qu’elle-même avait longuement fait des recherches dessus, sans rien trouver de concret de son côté. Décidément, les savoirs d’Erdribokh étaient réellement sans limite, même pour sa propre créatrice…

Alathea prit bonne note de chacune des recommandations qui lui avaient été données, se promettant pour plus tard de se renseigner plus en détails sur Nokonor. Se dirigeant donc vers l’Est, elle arriva assez vite dans un passage aussi lumineux qu’étroit, qu’elle se dépêcha d’emprunter, jusqu’à déboucher jusqu’aux vestiges d’une immense forge inactive, au centre de laquelle, baigné dans un halo lumineux, était posé un marteau. La native d’Erdrigoth esquissa un léger sourire, ayant la sensation de toucher au but. Elle avança prudemment, toujours en analysant les parages, tout en étudiant les structures tout autour d’elle.

Une fois encore, l’hybride s’attarda à observer le décor inédit qui aurait pu ne jamais être découvert et rester enfoui pendant de longs millénaires. Le savoir nalfique n’était aujourd’hui que simplement appréhendé, Al’ se doutait bien qu’il y avait encore tant à découvrir sur le passé de ce continent. Malheureusement, à cause de tous les conflits qui le harassaient, il était impossible pour elle de se consacrer pleinement à cette recherche.

Alathea se rapprocha finalement du marteau, l’observant sous chacune de ses coutures, tout en vérifiant qu’il n’y avait pas de piège qui se déclencherait au moment où elle poserait les mains sur son manche. L’objet avait l’air véritablement lourd et ne semblait pas pouvoir être récupéré aussi facilement. Un bruit sourd, relativement lointain, se fit soudainement entendre, tandis que le sol vibrait sous les bottines de la néo-techno. Celle-ci s’immobilisa, tendant l’oreille, tout en vérifiant qu’elle n’était pas sur le point d’entamer une nouvelle chute. Elle se figea, tout en dégainant tranquillement son arc, sa perception sensorielle aux aguets. Elle murmura :

Capa' contextuelle:

Si les ruines de l’espace précédent témoignaient d’un conflit endiablé et violent, porté sans doute par de très, de trop nombreuses atrocités qui n’étaient nullement sans rappeler à Alathea les vestiges de son propre passé, et étaient par conséquent dans un piteux état, la forge antique qu’elle était désormais en train d’explorer avait été parfaitement préservée face au temps et aux différentes usures que le conditionnement à cette profondeur pouvait engendrer. L’archère ne put s’empêcher de se montrer admiratif devant le savoir-faire qui avait été consacré à l’édification de cet atelier de feu, savoir-faire qui était aujourd’hui autant perceptible que deux-cents ans plus tôt.

Il y avait naturellement en ces lieux de quoi intéresser plusieurs souverains à la surface, mais Alathea n’était pas ici pour cela. Bien entendu, le marteau nain quémandé par Tyr restait son objectif principal, mais cela ne l’empêchait guère de satisfaire son insatiable curiosité personnelle en découvrant doucement ce que le sol de Kosaten avait tant tenu à lui révéler. Était-ce à ce point-là une coïncidence si l’effondrement précédent l’avait menée à découvrir Nokonor ? De nombreux mineurs avaient pourtant tenté leur chance plus haut, attirés par les gisements de baranite. Elle-même, en compagnie de Lexi et de Shiro, s’était déjà prêtée à l’exercice. Pourtant, c’était aujourd’hui, alors que son savoir était plus accru que jamais, qu’Al4th3a la guidait, que ses convictions étaient renforcées, c’était aujourd’hui que l’Histoire s’écrivait pour elle.

La tireuse de précision sentait une autre présence, ce qui la fit dégainer son arc. D’ailleurs, l’intelligence artificielle reliée à Erdribokh semblait corroborer ce pressentiment. De toute façon, en territoire inconnu et ignorant tout de ce qu’il y vivait, Alathea avait l’habitude d’accroître son niveau de prudence et de méfiance. Elle constata avec émerveillement que les braseros destinés à éclairer les yeux, ainsi que le feu ardent qui donnait vie à la forge, avaient réagi à sa présence, alors qu’elle approchait doucement du marteau qu’elle convoitait.

Les tremblements que l’hybride avait remarqués s’intensifièrent peu à peu, jusqu’à ce que le grondement soit perceptible par chacun de ses sens. Quelque chose approchait de sa position, elle en était désormais intimement convaincue. Alathea se mit prudemment en garde, patientant tout en guettant chaque recoin de son environnement, ses pupilles rougeâtres balayant chaque élément afin d’y découvrir toute forme de vie qui aurait pu lui être hostile. Elle était prête à faire face, peu importe à quoi.

Une ombre gigantesque surgit soudain, une créature millénaire immense qui surplombait la belle aux yeux ardents de toute sa grandiloquence. Des écailles sombres aux reflets métallisés, des crocs aiguisés et menaçants, des iris féroces et écarlates… Alathea reconnut instantanément la forme caractéristique du dragon. L’ironie du sort voulait qu’il s’agissait déjà du deuxième qu’elle croisait lors de sa quête de récolte pour le projet H0sh1, à croire que le technopère s’amusait à choisir les pires destinations possibles pour chacun des items dont il avait besoin.

Si l’œil-de-faucon était habituée à faire face aux dragons, c’était, en revanche, le premier qui s’exprimait directement. Une voix rauque et caverneuse, dont les échos résonnaient de toute part, et qui présenta la créature ailée sous le nom d’Yrovath, avant d’inviter assez dangereusement la mi-humaine à lui retourner la politesse. Cette dernière n’abaissa pas son arc, mais rien dans son attitude ne dégageait la moindre hostilité à l’égard de l’autre.



Tout en prononçant ces mots, la native d’Erdrigoth se servit de son don qu’elle avait lorsqu’elle communiquait avec la faune et qui lui permettait de véhiculer ses propres émotions tout en interprétant celles de ses interlocuteurs bestiaux. Elle se contenta de partager sa franchise et sa curiosité. Inutile d’évoquer ses projets concernant le marteau pour le moment.

Capa' contextuelles:

Alathea avait entamé la conversation avec l’antique créature qui existait déjà deux-cents ans auparavant, ses yeux rouges ardents balayant le corps de celle-ci pour tenter de percevoir chez elle le moindre signe de faiblesse ou élément qui serait susceptible de l’aider si cette discussion devait tourner à l’affrontement. Cela ne semblait guère se profiler ainsi pour l’heure, mais elle n’était pas dupe au point de relâcher sa méfiance sous prétexte que le dragon se montrait curieux et relativement bienveillant à son égard. Sa porte de sortie instantanée était assurée grâce aux quelques traits dorés qu’elle avait dispersés plus haut et qui lui permettraient de se téléporter. L’elfe évaluait ainsi chaque élément en sa présence et à sa disposition, tout en prêtant naturellement une oreille attentive à ce que racontait l’ailé.

La mission confiée par Tyr avait beau être sa préoccupation première, il n’en demeurait pas moins que se trouver ainsi face à un être qui avait connu l’Histoire, qui en était l’une de ses nombreuses parcelles, c’était une chance inouïe pour Alathea d’en apprendre plus sur le passé de ce monde, et plus particulière sur celui de cette mine, afin de compléter les informations que son intelligence artificielle avait déjà pu lui fournir. Aussi, l’archère comptait bien tirer partir de cet échange verbal autant que faire se pouvait.



Alathea marqua une pause, avant de sortir une de ces cartes du continent qu’elle avait toujours sur elle, et ce, pratiquement depuis ses premiers pas en Kosaten, carte qu’elle brandit face à la figure menaçante et imposante de la majestueuse bête, lui laissant le soin d’analyser la configuration actuelle de chacun des territoires, avant de placer son index droit au niveau de Kougaku, récente nation.



En gage de sa bonne foi, et puisqu’elle souhaitait sincèrement obtenir des renseignements de la part d’Ykrovath, Alathea s’était dit que lui partager ce qu’elle savait sur Kougaku serait une bonne manière de procéder à l’échange de savoirs. Néanmoins, si le dragon se montrait réticent à lui transmettre ce qu’il savait, elle ne pourrait malheureusement pas insister. En tout cas, celui-ci semblait réellement très fier des lieux qui étaient bâtis ici, bien qu’une certaine rancune envers les nains qui s’étaient vraisemblablement emparés de sa caverne pour y construire leur immense forge soit perceptible. La native d’Erdrigoth observa à nouveau son environnement actuel, avant de fixer la créature devant elle et qui la toisait dans toute sa hauteur avec un sourire.



Ykrovath surplomba ensuite le marteau tant convoité de toute sa carcasse ailée, approchant sa gueule du visage d’Alathea, tout en l’interrogeant de nouveau sur le monde supérieur, avant de lui demander les véritables raisons de sa présence ici. Sa manière de se positionner et de formuler le propos laissait entendre qu’il devinait plus ou moins la réponse de la native d’Erdrigoth. C’était le moment où elle devait absolument se méfier, la réaction de l’autre pouvant être des plus inattendues.



Alathea marqua une pause, déglutissant calmement. Son regard s’affermit, tandis qu’elle plongeait ses pupilles dans celles du monstre draconique.


Demanda-t-elle sans une once d’hésitation, en désignant de l’index le fameux marteau.

Capa' contextuelles:

L’archère écoutait attentivement chacun des mots sourds et résonnants du dragon, paroles qui faisaient tant vibrer les parois de baranite et autres minerais alentours que la moindre parcelle de son propre corps. Elle réalisait à peine à quel être mystique et millénaire elle faisait face, prenant tout juste conscience du potentiel de connaissances dont celui-ci devait être doté. Inconsciemment, son arc, que l’elfette n’avait guère lâché, sans pour autant le pointer vers Ykrovath, baissait peu à peu sa visée, alors que celle-ci se posait en tant qu’auditrice assidue face au discours magistral de la créature ailée. De même, bien que complètement silencieuse depuis le début de cet échange, Al4th3a prenait bonne note de chacune des informations qui ne figurait pas dans sa base de données à Erdribokh pour mettre à jour cette dernière.

Alathea dissimula à grand-peine un sourire en entendant une énième l’expression de jeune elfe la qualifier, elle qui avait pourtant quasiment vécu un siècle entier, mais dont l’existence ne représentait en ce monde qu’une vague seconde face à celle de nombreux êtres ayant vécu pleinement le passé qui aujourd’hui était disparu ou relaté dans les livres d’histoire antique. Apparemment, Ykrovath était présent en ce monde depuis trois mille révolutions, ayant été témoin de la création des premières cités, humaines et non-humaines. Il évoqua certains êtres légendaires de son temps : si Al’ se doutait de l’identité de certains, qui avait perduré par-delà les âges, notamment celle des Originaux, qui était pourtant si secrète et mystérieuse, elle n’essaya pas de tenter de les mentionner, se doutant que la plupart des noms qu’elle avait en tête n’étaient que des nourrissons en comparaison du dragon.

Le passage sur les sept merveilles de Kosaten l’interpella beaucoup, bien plus que le reste en fait. Elle nota avec précision chacun des noms qui défilaient un par un, surprise de ne pas en reconnaître un seul, hormis évidemment celui qui se trouvait face à elle et dont elle ignorait jusqu’à cet instant la grandiosité. Alathea s’attarda à admirer encore un peu davantage les superbes reliefs de l’artefact nain, avant de reporter à nouveau son attention vers son interlocuteur.



Alathea avait plus ou moins oublié un temps son objectif principal lors de cet échange, sa curiosité et son envie de permettre un accès équitable à la connaissance à chacun ayant pris le pas sur les projets de la nation. Très justement comparée à une enfant par le dragon, elle était une jeune fille surexcitée par la découverte d’un nouveau terrain de jeu qu’on venait de lui dévoiler.



Ceci étant dit, Ykrovath lui ayant demandé les raisons particulières et spécifiques de sa présence en ces lieux, Alathea ne chercha nullement à s’en cacher. Elle dévoila ainsi les objectifs de sa mission, attendant de voir quelle serait la réaction de son interlocuteur. Celui-ci commença une phrase concernant le marteau, avant de s’en abstenir finalement, pour interroger directement la techno au sujet des intentions de Tyr. Celle-ci le regarda un peu étonnée, avant de s’exécuter :



Elle marqua une pause, le laissant répartir, avant de le relancer sur un point de son discours qui l’avait intriguée :

Capa' contextuelles:

Alathea ouvrait grand ses mirettes et ses oreilles, se posant dans le rôle de l’élève studieuse et attentive face à un orateur hautement cultivé et renseigné sur le sujet qui l’intéressait. Ykrovath en savait tant sur ces mystères enfouis et disparus à jamais dans le néant, sur ces savoirs perdus et abandonnés à jamais dans l’oubli, sur ces endroits détruits et enfouis à jamais dans les abysses… Il était bien entendu hors de question pour l’elfette de rater la moindre miette d’information qui lui était transmise et, naturellement, tout ce qu’elle percevait était également soigneusement enregistrée par l’intelligence artificielle qui la guidait, afin d’être analysé plus tard à tête reposée. La belle aux yeux ardents était quelque peu interloquée de n’avoir jamais entendu évoquer le moindre nom important parmi les sonorités graves et perçantes émises par le dragon.

Les merveilles antiques de Kosaten… Quel explorateur ou aventurier n’avait jamais tenté de les découvrir et d’en savoir plus à leur sujet. Jusqu’à aujourd’hui, ce n’était qu’une légende pour l’archère, qui se tenait pourtant désormais devant l’unique représentant encore intact de ces sept prodiges d’ingéniosité. Elle écouta attentivement les emplacements des autres vestiges potentiels, se promettant naturellement de s’y rendre elle-même dès lors que Tyr lui aurait un peu lâché la grappe avec son intempestive et incessante collecte de matériaux.

La remarque de l’imposant ailé quant à la futilité d’une éventuelle quête de restauration ou d’exploration, afin de permettre à Kosaten de redécouvrir son propre passé, fit beaucoup réfléchir l’archère. Elle s’était déjà d’elle-même fait cette réflexion que, même au sein de la nation de la connaissance, bien trop peu d’individus semblaient montrer la moindre once d’intérêt pour leurs origines et les origines de tout ce qu’ils côtoyaient. Certes, il n’était pas sain de rester ancré dans une forme résiduelle et archaïque du passé, mais c’était essentiel de se servir de celui-ci pour conserver tout ce qui fonctionnait et améliorer ce qui échouait. Alathea était peut-être un peu trop extrême dans son raisonnement dès lors que l’on parlait d’acquérir un nouveau savoir, mais elle était de plus en plus dépitée des réactions des natifs comme des élus de ce monde. C’était l’une des motivations qui l’avait poussée à édifier Erdribokh, afin de partager ses connaissances et celles d’autrui avec le plus grand nombre.



Ykrovath avait effectivement connu les divinités bestiales, bien qu’il n’ait jamais été témoin direct de leurs apparitions. Il confirma ce que supposait déjà la tireuse de précision à leur sujet, à savoir que, malgré leur inactivité actuelle, celles-ci n’avaient jamais été détruites ou réellement disparu, comme cela était évoqué dans les récits du cataclysme, et que, tapies dans une ombre inconnue, elles attendaient patiemment leur heure. À vrai dire, Alathea espérait secrètement que le projet quelque peu grandiloquent de son dirigeant les pousserait un peu plus à se dévoiler, bien qu’elle ait de nombreux doutes à ce propos.

Le moment crucial arriva finalement, celui où Al’ révélait l’objectif de sa présence en ces lieux. Au vu de tout ce que le monstre lui avait expliqué précédemment, elle s’attendait à essuyer un refus net et catégorique, se préparant à adopter une approche différente pour ne pas rentrer bredouille. Mais au final, Ykrovath se servit du prétexte de son intention et de son arrivée, y voyant là un signe avant-gardiste d’un nouveau changement en perspective. Le dragon lui confia donc le trésor légendaire, avant d’indiquer qu’il allait sortir de son antre pour découvrir de ses propres pupilles draconiques toutes les évolutions que lui avait brièvement évoquées Alathea.



Le maître des lieux usa alors de ses flammes pour se créer une immense brèche dans les parois rocheuses, afin de reprendre son envol et de disparaître très vite, même pour les yeux affûtés de la nonagénaire. Celle-ci s’était, par précaution, remise en position de garde, redoutant un effondrement violent consécutif au départ violent du dragon, mais il n’en fut rien. Elle put ainsi s’avancer vers Gûnir, posant ses mains sur son manche, serrant les dents en constatant qu’il était brûlant. Alathea le retira de son socle à grand-peine, tant le poids de l’artefact était élevé, même pour une élue de sa stature.

Un dernier regard vers le décor qui l’entourait et qu’elle retranscrirait sur les cartes de ce monde, et puis la native d’Erdrigoth s’en fut, se téléportant instantanément grâce aux flèches dorées laissées à la surface. La mission avait été éprouvante, mais cela faisait bien longtemps qu’une telle escapade n’avait guère été aussi enrichissante. Elle allait encore plancher de nombreuses heures à la bibliothèque universelle. Peut-être pourrait-elle également croiser la route de Tyr, afin d’évoquer avec lui l’avancée du projet H0sh1, pour lequel il ne manquait désormais plus qu’un unique matériel ?

“Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement.”

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