Le Reifuujin perdu [ft. Zoro]

Quelle idée de s'éloigner de Reifuu. A chaque fois, c'était la même histoire. Il décidait un beau matin de partir à l'aventure ou de rendre visite à un tiers, il remettait 3 mois pour revenir au lieu des quelques jours prévus. Ainsi, la capitale se retrouvait régulièrement sans aucune nouvelle de son chef de guerre. Zoro avait disparu ? Oh, c'était monnaie courante, plus personne ne s'inquiétait à la longue. Il finirait bien par se repointer comme une fleur un mardi matin, l'air de rien.

Les motifs pour son départ cette fois ? Eleanor Burns. Il entendit parler de son retour en grandes pompes du royaume des morts. La zouz avait pris la tête d'une nation entière, Shuza, rien que ça. Il souhaita prendre de ses nouvelles et bavarder de l'avenir. L'entretien désormais effectué, plus rien ne le retenait loin de sa patrie alors il s'était débarrassé avec joie de ce collier afin de recouvrer sa liberté et faire marche arrière. Cependant, le voyage ne se passa pas comme prévu puisqu'au lieu d'apercevoir à l'horizon les hautes montagnes enneigées de sa terre, des cristaux illuminés clignotaient au fin fond de son champ de vision.

Curieux et de toute façon, crevé comme une patate, il se dirigea vers ces signes de vie. Littéralement : il avait vu de la lumière et était entré. Un modeste village, à l'architecture particulièrement pittoresque, incrustée de cristaux, se présenta à sa gueule malfamée. Il n'avait pas fermé de l'oeil depuis plusieurs jours car il pensait revenir à Reifuu en deux temps trois mouvements, alors il n'était pas d'humeur à se laisser emmerder aujourd'hui.

Pas de bol, il tomba sur la pire gourgandine du moment. Quand il entendit une voix le nommer par sa nationalité avec ce ton dédaigneux, il tourna un visage interloqué, et identifia immédiatement cette silhouette désinvolte, cette foutue tête à claques qui ne pouvait s'empêcher de regarder le monde de haut. Sur tous les péquenauds de Shintan, il fallut qu'il se coltine cette plaie.. Quelle était la probabilité ?

Il cloua son oeil un instant, soupirant à l'avance pour l'échange épuisant à venir :

- C'est ma veine encore..

Murmura-t-il dans sa barbe avant de relever à nouveau la tête, fièrement, vers elle et... ce curieux canidé à ses côtés dont il reconnut une élégance particulière. Elle lui évoqua Jiban, la capitale de Shintan, dans laquelle il n'avait jamais mis les pieds. Le seul endroit qu'il connaissait de cette contrée fut la plage de cristaux qui portait les traces de son combat romantique contre sa Luxanna. Quoi qu'il en soit, impossible de perdre la face devant cette chipie.

- Ah t'es là toi... Et je sais, qu'est-ce que tu crois m'apprendre ? Tss... Je suis juste... Venu voir quelqu'un...

Broda-t-il avec sa face bougonne, tout en prenant en compte secrètement ses indications. Au nord, Reifuu ? Donc se mettre en route vers la direction la plus froide ? Très bien. Mais percevant le soleil se coucher derrière les arbres et manquant très clairement de sommeil, il se résolut à dormir ici. Malheureusement, il ne connaissait que dalle de l'endroit. Par défaut, il replaça à nouveau son attention envers cette emmerdeuse de première classe dont il ignorait la nouvelle affiliation avec Shintan :

- Qu'est-ce que tu fous ici toi ? Tu promènes ton chien ?

Il constata par la même occasion que ce patelin ne contenait que très peu d'activités. Megan était par ailleurs la seule "habitante" qu'il croisa depuis son arrivée. Il n'y avait pas âme qui vivait... Il ironisa donc la situation :

- C'est animé par ici dis donc..

C'était peut-être pour le mieux. Après tout, il n'oubliait pas que cette femme s'était montrée particulièrement irrespectueuse à son égard. Ne serait-ce pas le moment de régler ses comptes ? Il s'avança dés lors vers elle, de quelques pas seulement.

- J'ai la gorge sèche. Tu veux pas te rendre utile et m'indiquer où on peut trouver à boire dans ta bourgade fantôme ?

Evidemment, une telle tête de pine ne pouvait s'empêcher de fourrer son nez partout et ne vint pas se satisfaire de la réponse obscure du sabreur. Avec sa foutue tête de fouine, qu'est-ce qu'elle croyait ? Il ne lui devait rien. Cependant, afin de ne pas perdre la face, il devait improviser un bon mytho des familles. Heureusement, elle enchaîna avec la présentation de son chien, ce qui lui permit de gratter quelques minutes, voire de le sauver complètement si elle ne remettait pas le couvert sur la table.

- Reifuu ? T'es entrain de me dire sans honte que tu as enlevé un animal sacré de son habitat naturel ?

Ses cernes creusées et violacées trahissaient un manque de sommeil certain, en effet, mais cela lui conférait également un visage encore plus sinistre que d'habitude, ce qui s'avérait parfait pour répondre à ses provocations par des menaces. Flippettes ? Toujours aussi insolente, il allait bientôt lui faire ravaler ses mots acerbes :

- Oi... Surveille tes paroles, garce, si tu ne veux pas qu'il t'arrive malheur. Ta condition de femme ne te sauvera pas.

Et puis qu'est-ce qu'elle insinuait avec cette histoire de vampires ? A part Eleanor, il ne fréquentait personne et il ne se souvenait pas qu'elle était au courant. Devait-il en conclure que cette petite saloperie l'épiait à son insu ?! Plus elle discourait, plus sa carotide prenait du volume en signe d'agacement. Epuisé, il ne se montra pas aussi vindicatif qu'à l'accoutume, bien qu'elle lui tapait sévèrement sur le système. Il ne supportait guère cette condescendance de petite traînée qu'elle se trimballait.
Sans surprise, elle l'envoya chier quand il lui ordonna de lui apporter de quoi se sustenter. Quel accueil, pour la soi-disant nation du progrès et de la technologie avancée, même pas une goutte à se verser dans le gosier. Où était le bureau des plaintes, qu'il aille péter un scandale ?!

- Pff.. Cette nation est à l'image de leur dirigeante, inutile...

Baragouina-t-il avant un soudain déclic. Le cerveau encore plus au ralenti que d'habitude, il ressemblait à un mollusque mais lorsqu'il connecta, il se rendit compte que cette charmante petite peste avait utilisé le terme " rentrée de Reifuu ", sous-entendant qu'elle créchait donc bel et bien ici ?

- Et alors ? Pourquoi ramener ce chien ici ? M'dis pas que tu t'es ralliée à ces perdants ?! Oh.. Après tout, c'est parfait pour toi.

Quand elle fit allusion à la personne que Zoro avait inventé vouloir rejoindre, cela le remit dans la sauce. Merde. Vite vite vite, cerveau allume-toi. Quelle connaissance possédait-il en cette contrée pitoyable ? Pas grand monde, il fréquentait peu les couilles molles. Frisk ? Alathea ? Ou...
Un long sourire carnassier apparut sur son faciès éreinté. Cette femme, Megan, n'était-elle pas l'amie de Lexi Uchiha ? Voire sa subalterne vu combien elle avait pris sa défense comme un véritable chien de garde au mariage.

Il décida alors de prendre un risque, juste pour titiller cette greluche aux jambes un peu trop dénudées à son goût :

- Puisque j'y pense, tu tombes à pic à vrai dire.. Je viens voir ta maîtresse... L'autre blondasse qui fricote avec mon camarade, j'ai souvenir que tu étais sa sbire de compagnie. Emmène-moi à elle et tu auras peut-être l'honneur de la voir rendre gorge sous ma lame.

Largua-t-il comme un malade,  totale improvisation de nulle part, juste pour foutre en rogne cette imbécile.

Les mots fusaient comme des balles de mitraillette entre la nouvelle recrue de Shintan et l’empereur enraciné de Reifuu. Et si ce duel ne se remporterait pas verbalement, alors les armes parleraient à leur place s’ils continuaient sur cette lancée. Cependant, le sabreur comptait en rester aux mots, en dépit de son énervement sous-jacent. D’une part parce qu’il fatiguait et d’autre part parce qu’il s’agissait d’une femme. Certes, il ne refusait pas de combat avec elles sous prétexte de gentlemanerie à deux sous contrairement à certains canards à l’eau de rose mais il demeurait un homme, conscient de sa supériorité physique naturelle sur la plupart des dames de ce monde. Ainsi, il démontrait une forme de patience et retenue envers le beau sexe, et engageait la baston uniquement en cas de menace extrême ou légitime défense. Autrement dit, il ne lançait jamais en premier les hostilités envers la gente féminine. En revanche, si elles tenaient à le démarrer, il ne se laisserait pas piétiner comme une serpillère. Il les percevait comme des êtres responsables, au même titre que les hommes, prêtes à assumer les conséquences de leurs actes. Si elles désiraient donc jouer les gros bras avec lui, il acceptait de satisfaire leur requête, mais à leurs risques et périls.

- Qu’est-ce que t’en sais ? Je ne tue pas les animaux, sinon tu ne serais plus en vie depuis longtemps...

Rétorqua-t-il face à son injuste accusation... Lui, butait des animaux ? Mais nooooon voyoooooons. Il testait juste la capacité de tranchage de ses lames dessus, quelques fois... En revanche, s’il se permettait du sarcasme à ce propos, il arqua un sourcil interloqué lorsqu’il la vit fanfaronner devant lui. Soi-disant qu’elle ne risquait rien venant d’un «paumé qui tient à peine debout». Souhaitait-elle réellement le savoir ? Il l’attendait, histoire de lui faire ravaler son clapet à c’te grande gueule.

Ensuite, elle passa aux présentations de son nouveau statut de shintajin, ne manquant pas de tacler la nation du nord au passage, en toute gratuité. Prévisible. Ce genre de connasse n’était pas en mesure d’aligner deux pauvres mots sans descendre ou insulter leur interlocuteur. Typique des victimes qui avaient une revanche à prendre sur la vie. Pour atteindre un taux d’aigreur aussi élevé, il n’osait pas simaginer le nombre de goûters volés...

- Tu vas t’éclater dans cette nation d’endormis.. Tu vois, je suis déjà contaminé par l’ambiance locale, j’ferais bien un p’tit somme.

Il faisait bien évidemment référence à son état de fatigue, puisqu’elle l’avait grillé, mais en profita pour rebondir dessus et s’en servir pour rabaisser la patrie de cette écervelée aux gros nibards.

Toutefois, la blague de mauvais goût au sujet de l’autre saloperie de blondasse fut mal digérée par sa chienne de garde. Ni une ni deux, elle lui sauta à la gueule comme une araignée hystérique afin de l’enchaîner d’un uppercut et de plusieurs tentatives de tabassage en règle. Son menton vola en arrière, bien qu’il le bloqua avec un chouilla d’haki et esquiva le reste avec le peu d’énergie qui lui restait. Wow... Elle le faisait bouger alors qu’il souhaitait juste se poser la bougresse ! Cependant, crevé comme une patate ou non, il ne perdait pas ses réflexes de guerrier surpuissant. Il n’était pas l’empereur de Reifuu pour rien.
Et tandis qu’il esquivait avec habileté ce corps-à-corps sauvage, il exprima entre deux halètements :

- C’est ça que vaut la chienne de Lexi ? Tu tapes comme une fillette...

Le dernier poing qui s'écrasa contre ses abdominaux lui fit presque recracher son repas mais une chance pour elle, il n'avait pas de repas dans le bide.
Il tenta dés lors de lui attraper le poignet afin de la maîtriser puis dégaina deux de ses sabres. Il lui asséna quelques coups, pas très méchants, dans l’idée de lui laisser une dernière chance de s’en sortir. Il l’attrapa alors par le cou quand elle fut à proximité, sans serrer outre mesure, lui laissant largement la possibilité de se dégager de son emprise:

- Oi oi oi.. Doucement l’excitée... Es-tu sûr que c'est ce que tu veux ? Tu tiens vraiment à finir ta soirée écorchée vive ?

Staté: