Dragon force - Pv Talulah

Les entraînements sont assez rudes ces derniers temps pour Adam. Le maître renard apprécie cette paix qu’offre Shintan, mais il ne faut pas non plus se ramollir. Ce serait être dans le déni de penser qu’aucun conflit n’éclatera sur Kosaten. Rien que l’empire qui déclare une énième fois la guerre comme un comptable beurre ses tartines le matin, ça a de quoi annoncer la couleur.

Alors, le maître voleur a demandé à son fidèle compagnon d’arme Ronan d’être son partenaire d’entraînement pour le maintenir en forme. Ainsi, tous les deux jours maximum, les deux hommes s’échangent quelques pains bien sentis dans la salle d’entraînement du domaine.

Étant donné l’écart de force creusé par la condition d’élu du renard, celui-ci a choisi de s’équiper d’un bracelet anti élu pour se mettre sur un pied d’égalité avec son sparring partner. Malheureusement, il y en a un des deux qui sait se battre, car il a appris à le faire, et l’autre…qui a davantage pris l’habitude d’improviser. Et qui finit encore et encore à terre à force de recevoir des coups du colossal félin de deux mètres dix.











Saisissant la main de son ami, Adam se fait aider pour se remettre sur pieds…Mais il est forcé de constater qu’effectivement, sans sa serpe, ou même avec en fait, il ne sait pas se battre avec l’art et la manière. Apprendre les techniques de déplacement et camouflage des Cooper est une chose, mais même dans le Volus Ratonus il n’y a aucun manuel pour devenir un combattant correct dans un monde de surhommes.

Il a pourtant fini par se faire à l’idée que cette absence de pouvoirs, hormis celui de son équipement, devait être sa marque de fabrique. Qu’il ne doit pas en avoir honte, ou la considérer comme une faiblesse impossible à corriger. L’éternel duel de David contre Goliath.

Un outsider peut très bien réussir à renverser la situation à son avantage, même contre un ennemi bien plus puissant que lui. Ce qu’il a appris, c’est qu’un idiot avec un plan peut réussir à battre un génie sans plan. Le savoir est le pouvoir, il faut simplement réussir à utiliser sa tête.

Alors effectivement, donner des coups sans savoir comment le faire correctement, ça n’aide pas à se défendre convenablement. Surtout sur un monde comme Kosaten. Si ces entraînements prouvent une chose, c’est que si un jour, Adam devait être privé de sa force d’élu, il serait incapable de vaincre un natif bien entraîné.

Ça le turlupine évidemment pendant un moment, surtout les jours où il aurait dû continuer à s’entraîner avec Ronan, qui refuse de le tabasser gratuitement à nouveau, et lui répète de se trouver un prof. Lexi serait une option envisageable. Mais non seulement elle a un emploi du temps de ministre avec son rôle de conseillère de la nation, mais en plus, elle a déjà une apprentie en la personne de Megan.

Sauf qu’à part Lexi…il ne sait pas trop où aller chercher un professeur, ou un maître martial. Alors à situation désespérée, solution désespérée. Adam se dit que ça ne coûte pas grand chose d’essayer en publiant une annonce à faire tourner autant que possible. Sauf à Shuza bien sûr.

Plusieurs personnes se sont ainsi présentées, mais hormis un candidat sérieux avec qui ça n’a pas collé, les autres ont plus été des opportunistes attirés par la promesse d’une rémunération. Mais il se laisse une autre chance, avec cette nouvelle réponse venue de Reifuu.

Une certaine Talulah, qui pense pouvoir faire l’affaire. Probablement un des derniers essais avant d’abandonner l’idée d’un recrutement par échange postal. Ainsi, lorsqu’on le préviens de l’arrivée aux portes du domaine de cette Talulah, Adam se charge d’aller l’accueillir pour voir à quel genre de personne il a affaire.

De prime abord, de loin pour le moment, il semblerait que ce soit une femme cornue. Une élue sans doute. Peut-être l’aura-t-elle mentionné dans sa réponse de candidature. Quoi qu’il en soit, le maître voleur traverse la cour du domaine à pieds, sans user de portail ou autre artifice bon pour se la péter en société.

Après tout, il n’est pas là pour se donner en spectacle. De quel genre d’élève potentiel il aurait l’air sinon ? En plus de savoir se battre, le but est aussi de discipliner son corps et son  esprit. Passé trente ans, il serait temps de mûrir un peu. Ce qu’il a commencé à faire, mais on ne peut pas vraiment dire que ce soit une mission pleinement accomplie pour le moment.

Talulah ne s'attendait peut-être pas nécessairement à voir arriver un renard hybride d’un mètre quatre-vingt-onze, mais il n’appuie pas ce détail ici. Il s’attèle davantage à saluer la demoiselle d’une courte et habile révérence, avant de faire les présentations sans chercher à la prendre de haut.

Après tout, il a reçu une bonne éducation de sa mère, agente d’interpol. Sans oublier qu’il a davantage besoin de Talulah que l’inverse. Il s’agirait de ne pas se la mettre à dos. Mais il n’a qu’a rester lui-même et tout se passera bien. Inutile de se prendre la tête pour si peu.



Lui propose-t-il alors une poignée de main si la draco le souhaite. Avant de reprendre.



Tout à fait poliment, il invite donc l’élue à franchir l’anneau d’étincelles, le portail, qui apparaît sur le droite du voleur, donnant directement dans la pièce située au sommet du bâtiment principal. C’est bien entendu sans risque, depuis le temps qu’Adam passe au travers de ces portails, il serait au courant du contraire.

Cela reporte la visite du domaine à plus tard certes, mais avec les précédents candidats, ce fut un gain de temps non négligeable. Si toutefois Talulah devait accepter d’être le maître martial du shintajin, il prendrait le temps de lui offrir la visite si le cœur lui en dit. Pour l’heure, il n’y a de toute façon pas grand monde au domaine. La majorité des membres du clan étant occupés à patrouiller avec les gardes de la ville.

La pièce de l’autre côté du portail se présente donc comme beaucoup de salles de réunion. Adam laissant le choix du siège à la draco pour qu’elle puisse se mettre à l’aise, avant de lui-même prendre place face à elle.

L’accueil se veut évidemment courtois et chaleureux de la part du maître des lieux. Bien que ce ne soit pas la première candidate à se présenter, comme expliqué plus tôt. Le fait que cette femme soit cornue, sous-entendant dans l’esprit du renard qu’il s’agit d’une élue, n’y est pas pour grand chose. 

Il a simplement été éduqué ainsi. Mais inutile d’épiloguer sur les multiples raisons et facteurs qui poussent un homme à accueillir poliment sa potentielle future maîtresse d’art martiaux. Sans avoir à traverser la grande cour extérieure, ni à monter les nombreuses marches menant au bureau du clan…Quoi qu’un ascenseur ait été ajouté aux plans lors de la reconstruction.

Les deux élus s’installent calmement autour de la table afin d’ouvrir la discussion. La proposition d’Adam d’offrir à boire ou à manger à Talulah essuie un aimable refus. Ce qui, mine de rien, aide le voleur à savoir à quel genre de candidate il a affaire. Ce refus démontre en effet qu’elle n’est pas ici pour profiter d’une quelconque récompense facile, mais bien pour étudier sérieusement le cas du renard. Notamment en l’interrogeant sur ses motivations.

Après tout, qui dit à la draco qu’elle n’a pas un élu souhaitant répandre le mal et la souffrance autour de lui à l’aide de son art martial sans doute très noble dans son état d’esprit. Évidemment, quand on connaît le bonhomme, la question ne se pose pas. Mais fait tout aussi évident, Talulah ignore encore tout de l’homme qui se trouve en face d’elle. Il vaut donc mieux se montrer prudent. Mais Adam sait bien que le mieux à faire ici, c’est d’être totalement honnête et décontracté. Oui. Un voleur honnête, il fallait l’inventer, et bien les Cooper l’ont fait depuis l’aube de la civilisation. Sur leur univers bien sûr.

La réponse de la draco est…assez surprenante. Elle estime que vouloir protéger sa famille et son pays…ne sont pas une raison suffisante à ses yeux pour justifier la prise d’Adam en tant qu’apprenti. Etonnant oui, mais ce n’est pas pour autant un point négatif. C’est même plutôt bon signe de voir quelqu’un d’aussi exigeant.

Si jamais Adam parvient à la convaincre, il est certain que les leçons seront tout aussi exigeantes. Par conséquent, un maître qui exige un haut niveau ne peut que porter son élève vers les sommets si celui-ci en a la volonté. L’hybride ne se laisse donc pas démonter, il ne montre pas de déception ni de frustration.

Si jusqu’ici Talulah a su attirer la curiosité du voleur, elle est à présent d’un grand intérêt pour lui. Mais peut-être s’emballe-t-il un peu. La question semble simple. Après tout, on sent bien si on estime être une bonne personne ou non. Mais tous ceux qui le disent ne le sont pas nécessairement.

Quelqu’un peut estimer sincèrement être bon, et l’être objectivement. Mais les menteurs, les fourvoyés et les arrogants, ça existe. Talulah cherche sans doute à éviter ce genre de cas désespérant. A voir si la réponse du ratenard saura la convaincre.



Il pense notamment à Zouhan, où il a pourtant tout fait pour soutenir la cité et Jayna…Mais ils ont fini par être écrasés par le poids de leurs responsabilités. Rien que pour avoir abandonné le navire, même pour de bonnes raisons, est-ce pour autant un choix de bonne personne ? Il n’y a que de mauvais choix dans certains cas, mais il faut savoir faire avec. Et surtout, assumer sa décision.

Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit pour qu’elle se lève d’un coup comme ça ? Et pourquoi elle…prend le…porte manteau ? L’espace d’un instant, Adam se demande si elle ne compte pas lui faire passer un test surprise, où elle crierait “réflexe !” avant de lui envoyer le mobilier en pleine poire. Mais non, finalement ça va, il y échappe. Même s’il n’aurait eu aucun mal à esquiver, ou envoyer le bestiaux dans un portail.

Mais ça ne répond pas à la question première…pourquoi le porte-manteau ? Et bien patience, Talulah y vient. Si depuis que la draco s’est levée, l’incompréhension se lit sur le visage de l’hybridé, il fait rapidement le rapprochement lorsqu’elle lui explique ce qu’il va devoir faire.

Étant un grand féru de la pop culture de son monde, il se rappelle avoir entendu parler une fois de ce genre d’exercice pouvant paraître ridicule de prime abord. Du genre à laver une voiture pour apprendre des mouvements de base du Karaté. Il imagine donc qu’ici, c’est le même principe, mais pour un art martial qui lui est inconnu.



Pas de question donc. Il ouvre simplement un nouveau portail pour attraper une veste au hasard dans sa chambre, où Jayna se repose sans doute avec Jailys, leur premier enfant qui aura bientôt droit à un petit frère ou une petite sœur. Mais avec Adam, l’ex dirigeante rebelle a l’habitude de voir son bras sortir de nulle part pour attraper des trucs.

La veste en main, il n’y a plus qu’à utiliser un autre portail pour regagner la cour extérieure sans avoir à descendre les escaliers. Talulah passe naturellement en première, mais Adam doit d’abord se soulager de son armure de cuir. Ça n'sera pas très pratique pour enfiler une veste par-dessus des gants ou des épaulettes.


Heureusement, même torse nu il n’a pas à craindre les températures extérieures, largement bonnes pour la saison. Sa musculature athlétique n’est de toute façon pas le sujet principal. Mais avant de commencer, il y a juste un petit point qu’il n’a pas eu le temps d’aborder, tant la réaction de la draco fut soudaine. Il en parle donc brièvement pendant que Talulah dispose le porte manteau sur les dalles de la cour.



C’est un peu étrange qu’elle ne semble même pas demander à être rémunérée quand on y pense. Dans le pire des cas, le prix de la draco sera le sien. En attendant, Adam réalise cet exercice peu académique avec le plus grand sérieux, ne prêtant pas attention aux quelques membres du clan qui peuvent traverser la cour en se demandant quelle mouche l’a piqué.

Aimi peut également le voir depuis une des fenêtres du bâtiment principal. Et elle se demande bien dans quoi il a pu s’embarquer encore. En tout cas, de son côté, le renard répète encore et encore le même mouvement. Prendre, enfiler, enlever, reposer, et ainsi de suite.

Le tout en s’appliquant pour que le geste lui donne l’impression qu’enfiler une veste puisse être un mouvement de combat. Même s’il ne voit pas encore très bien comment ce geste pourra lentement évoluer vers un geste d’art martial. En tout cas il est du genre rapide, et agile malgré sa musculature.

Après tout, on peut imaginer qu’en prenant de la masse musculaire, on perd en souplesse. Mais pas lui. Il faut dire que c’est un élu, ça joue peut-être. Quoi qu’il en soit, même s’il a potentiellement perdu le compte une fois ou deux, il réalise bien les deux-cent répétitions demandées par le guerrier draco, qui n’est pas un panda malgré la dominante de blanc et de noir observée.