Un homme et une femme | Pv Octavia

Quitter Zang était une véritable bouffée d’air frais. Quel enfer pour l’humanité qu’était cette ville. Elle n’était pas humaine mais si elle en était une, elle préférerait vivre une vie de nomade que de rester dans cet endroit morne, dangereux, sous la poigne de ce dictateur qui avait eu l’extrême bon gout de nommer sa capitale par son propre nom. Encore une fois, elle essayait de laisser parler son bon cœur, lui disant que la conditions des Hommes en cet endroit n’était que les conséquences d’une oppression inhumaine mais quelque part, elle ne pouvait s’empêcher de se retrouver soulagée d’être si loin de toute cette négativité. Si elle voulait changer le monde, pour l’instant, Shurâ et Zang étaient sur sa liste prioritaire mais elle avait encore tant de choses à explorer, tant de bonté et de malheur à découvrir en ce monde. Une vision d’ensemble lui était nécessaire.

C’est pour cela qu’avec l’aide d’un charmant renard, Octavia se procura une carriole auprès de la garde… Comme elle l’avait dit à son partenaire du moment : cela ne leur manquerait pas. Ce qui était à la base une calèche austère finit rapidement par être décorée et adaptées aux petits caprices de la grande dame … Ou même de la diva, certains pourraient dire en voyant ce modèle militaire soudain se transformer en petite maison mobile. C’était comme si votre bien aimé grand-mère décida de voyager avec sa maison au complet.

Elle n’était toujours pas capable de déchainer les flots comme elle pouvait le faire par le passé, remercions cette étrange perte de pouvoir pour cela, mais ses quelques jours en Kosaten lui permit de recouvrir assez de magie pour faire des choses simple comme par exemple modeler le bois de la caravane, ajouter de belles bordures, des crolles, des petits détails d’architecture … Elle avait même rajouté des lanternes ici et là et ne parlons même pas de l’intérieur ! Les quelques Yens qu’elle avait réussi à se procurer ? Tout partit instantanément dans de beaux tapis, dans de somptueux rideaux et des meubles au charme indéniable même si ce n’est pas au gout de tout le monde. Sans compter toutes les babioles qu’elle réussit à trouver sur la route, tels un coffre vide, un chaudron, un miroir, un pot de fleur… Quitte à voyager, autant le faire convenablement, n’est-ce pas ?

Un rideau séparait la place du cochet de l’intérieur de cette maison sur roues. Pour les passant, il n’y avait personne à cette place mais pour les regards les plus observateurs, on pouvait voir que les rennes du robuste équidé qui tirait tout ça venait être tira depuis l’intérieur avec … Un singulier petit œil vert perché entre les plis des rideaux. A l’intérieur ? Peu importe ce qu’Octavia faisait, il y avait toujours une paire de tentacules qui tenaient les rennes et un qui servait de raccord à cet œil discret. Même si la longueur de ses cheveux n’étaient pas sensé arrivé jusque-là, il suffisait de l’allonger un peu. Elle avait trouvé le truc pour se déplacer en tout confort et elle n’avait pas réellement de regrets à ce sujet.

Continuant sa route vers Kaen, longeant les montagnes vers les terres neutres pour échapper au plus vite à Zang et éviter de couper directement à travers les montagnes, elle était confortablement assise à sa table, lisant un livre qu’elle avait trouvé sur sa route. Un livre qui parlait de légende romancées, d’anciens élus, des hypothèses de l’époque, ainsi de suite. Cela pouvait être utile et à défaut de mieux … Cependant, son œil remarqua que quelqu’un se trouvait sur la route de montagne qu’elle empruntait et encore une fois, toute distraction était bonne à prendre. En plus, ce jeune … Homme ? Oui, certainement. Ne semblait pas être du genre à poser problèmes. C’est pour ça qu’elle ferma son livre et se dirigea vers la fenêtre du carrosse qu’elle avait transformé en petit balcon à fleurs, l’ouvrant pour se pencher par-dessus les fleurs et observer la personne qu’elle allait dépasser.

Ses manières lui plaisaient. Ce n’était pas un bandit, loin de là. Si les vêtements ne le trahissaient pas, elle aurait même pu croire à quelqu’un de bonne famille. Elle lui aurait bien fait une révérence si elle n’était pas ainsi penchée au-dessus de ses fleures… Alors à la place, elle vint simplement faire papillonner ses doigts dans la direction de cette personne de son éternel air charmeur, répondant à ses remarques amusante.

« Bien le bonjour. En effet, je trace mon chemin ~ » Elle vint ensuite lui donner un clin d’œil complice. « Merci, mon cher. Je les préviendrais de faire attention eux aussi. Ils en auront certainement besoin. » Un rire léger pour ponctuer sa plaisanterie avec confiance. Il avait raison de croire qu'Octavia n'était pas du genre à s'en soucier.

Cependant, elle finit par tirer sur les rennes du cheval avec ses tentacules qui lui servaient de cheveux, venant ranger celle-ci puis son œil une fois que le cheval était à l’arrêt et que l’homme soit au niveau de la fenêtre à laquelle elle se tenait. Encore une fois, sa curiosité et sa gentillesse dicta ses mots et étira son visage d’un doux sourire.

« Et vous, mon cher ? Que faites-vous seul dans les montagnes, si vous me permettez de poser la question. Si nos routes convergent, peut-être voudriez-vous parcourir un bout de route avec moi ? » Elle ferma les yeux et accentuant son sourire délicat, balançant doucement sa main vers l’arrière de sa carriole comme pour lui présenter quelque chose. Subitement, la porte qui s’y trouvait s’ouvrit, visiblement de nulle part même si en réalité, c’était un des tentacules derrière elle qui était venu ouvrir la porte. « Je pense me rendre à Kaen en passant par les terres neutre, histoire d’allonger un peu mon voyage et d’explorer ce nouveau monde qu’est Kosaten. Ne vous en faites pas … Peut-être en ais-je l’air mais je ne mords pas ~ »

En toute franchise, Octavia n’aurait pas invité n’importe qui dans sa carriole. Pas que cet endroit était devenu sacré pour elle, elle venait à peine d’acquérir ce petit cocon de chaleur familière. Cependant, toute autre personne l’ayant traité un peu plus rudement ? Elle ne se serait sans doute même pas arrêtée. Sa curiosité était un trait très prononcé de sa personnalité mais elle avait apprit à décerner les humains qu’elle apprécierait au fil du temps. Et ce jeune homme ? Prometteur ! Il venait même à la saluer à nouveau en signe de remerciement. Elle lui rappelait les soldats du pays des dragons de son monde. Ils étaient guidés dans la mauvaise direction par leur esprits protecteur mais au moins, le respect était une règle d’or et le respect était une valeur humaine qui avait réussit à la charmer.

Dans tout les cas, elle accueille ce charmant jeune homme. Derrière lui, la porte ne se ferme pas automatiquement puisque ce n’était pas la magie qui l’avait fait ouvrir. Cela sera un tour pour quand elle pourra se permettre d’utiliser la magie sans s’épuiser outre mesure. Non, à la place, elle joint ses mains ensemble et penche la tête sur le coté avec un sourire accueillant. Elle ne cacha nullement ses attributs inhumain, utilisant les tentacules qui lui faisait office de chevelure pour tirer une chaise de façon à ce qu’il y en ait deux, de chaque coté de la table au milieu de son humble caravane.

« Nous vivons tous des moment difficile. S’entraider est la bonne chose à faire dans ces cas là. Si tout le monde adoptait la même mentalité, n’importe quel monde serait un endroit meilleur, alors pourquoi ne pas commencer par moi ? ~ » De longues phrases pour lui dire qu’il était le bienvenu chez elle. « Prenez place, je vous en prie. »

La créature s’approcha elle-même de la table et se saisit du service à thé au milieu de la table, lui servant une tasse dans une porcelaine qui transpirait l’esthétique de Shuzâ, à défaut d’avoir mieux. Elle ricana à entendre la destination de la personne devant elle. « Hmm, un léger détour, à peine. Je vais vous y accompagner. » Informa-t-elle d’une voie enjouée, toujours. Après avoir servit le thé, ses tentacules vinrent saisir les rennes qui pendaient pendant un instant sur un crochet et elle reprit le même petit truc pour simplement faire redémarrer la calèche. C’est cependant avec un petit haussement de sourcil étonné qu’elle comprit ce qu’il voulait dire par sa remarque suivante, venant s’asseoir alors que ses cheveux s’animaient toujours derrières le voile de dentelle qui reposait sous son diadème.

« Oh, vous êtes également un élu, mon cher ? » Car oui, Octavia était bien assez singulière pour que la remarque qu’il lui fasse ne se traduise pas « Vous venez de quel monde » plutôt que « de quel pays », ce qui voulait dire que lui aussi venait d’un autre monde ? Surprenant, mais toujours intéressant de rencontrer ce qu’elle oserait presque appeler ses « semblables ». Elle haussa donc les épaules, regardant un peu vers le ciel comme si elle avait la tête dans la lune.

« Et bien, en effet, je ne suis pas née en Kosaten… Je me nomme Madama Octavia. Cela fait peut-être une petite semaine que j’ai été transporté ici. Un monde tout à fait charmant, même si je sais que mes terres natales vont rapidement me manquer. »

Elle ponctua sa phrase en venant prendre une gorgée du thé qu’elle avait donc, comme par hasard, juste finit de préparer. Toujours avec élégance et même le petit doigt levé, une gestuelle très comique et même ridicule mais c’est ce qui l’amusait tellement à le faire.

Elle marqua une pause lorsque l’autre élu sembla pensif, pensif au point de susurrer ses quelques mots inquiétant. Mais est-ce que le Kraken l’était, lui ? Visiblement, non. C’était une femme qui avait déjà vu tout les tours, des dizaines et des dizaines de fois, de toutes les sortes, de toutes les natures. Peut importe ce à quoi il référait, elle était confiante que dans le pire des cas, sa petite caravane en pâtira sévèrement et était-ce un problème ? Cela serait dommage, mais tant qu’elle pouvait continuer son voyage, tout ceci n’est que matériel après tout. Alors comme réponse, elle essaya de captiver le regard du jeune homme en se penchant un peu de son coté, fermant les yeux un instant dans expression douce et réconfortante.

« Laissons-nous être emporté par les vents. Suivons le courant et les flots de cet immense fleuve qu’est notre existence. Ce que nous ne pouvons éviter, nous l’affronterons. Et si notre désire de continuer, de surpasser les obstacles est plus que de douces pensées … Alors notre chemin continueras. Jusqu’au bas de la montagne ~ »

Elle reprit ensuite une gorgée de thé, s’adossant pour de bon dans sa chaise pour délicatement passer une jambe par-dessus l’autre.

« Tout les humains n’adoptent pas cette mentalité, mais s’en est une qui me plait énormément. Malgré leur courte existence, certains sont prêt à tout braver pour continuer. Admirable ! … Et vous mon cher ? Je suis curieuse. Cela fait longtemps que vous êtes ici, en Kosaten ? Vous semblez déjà avoir le nez pour repérer les problèmes ici ~ »

Elle gardait ainsi son calme et prenait tout cela à la légère pour la simple et bonne raison que l’œil qui gardait son attention sur les chevaux n’avait encore rien rencontré de problématique.

Un jeune homme bien mystérieux que voila. Intriguant. Elle le sentait : pour une raison qu’elle ignorait, il désirait garder ses distances, ne pas s’approcher, physiquement ou sentimentalement. D’après l’expérience d’Octavia, ce comportement humain pouvait venir de nombreuses choses… Des traumas dans la jeunesse de l’humain, des harcèlements continue, une mauvaise expérience ou tout simplement, il n’avait pas confiance en elle. Dans tout les cas, les plus grandes cités des hommes ne s’étaient jamais construites en un jour et la créature avait tendance à l’oublier.

Finalement, son œil à l’extérieur réussit à épier quelque chose de suspect. Elle fronça d’ailleurs les sourcils et vint presque innocemment se poser la question à voix haute. « Tien ? Qu’est-ce que … » Mais sans même finir sa phrase, elle fut interrompue par une flèche qui traversa le toit de sa caravane. Quel genre de flèche pouvait percer du bois ainsi ? Mais avant de pouvoir s’émerveiller sur les arts militaires de Kosaten, elle poussa un petit soupire de soulagement en voyant son compagnon de route réceptionner telle flèche qui était à quelques millième de secondes de se planter dans son torse. Presque d'une manière comique, elle vint agiter sa main devant son visage comme pour se rafraichir de la bouffée de chaleur qu'elle venait d'avoir. « Oh, par tout les océans ... Quel réflexe, mon cher ~ » Mais bien entendu, l’heure n’était pas réellement à la rigolade.

A la demande de l’étranger, elle tira sur les rennes de ses chevaux pour les faire s’arrêter alors que l’homme sortit de sa caravane pour pouvoir se poster devant celle-ci. Elle finit par le rejoindre mais à son rythme, marchant de manière calme et élégante comme à son habitude. Bientôt, une demi-douzaine d’hommes se mit à les entourer et encore une fois, elle regardait ce spectacle désolant avec un peu de lassitude. Il y avait tant de moyens de ne pas recourir à ce genre de choses mais la nature humaine ne pouvait visiblement pas se contenter de vivre de pain et d’eau fraiche. Non, ils voulaient probablement cette sympathique charrette, ils voulaient ses chevaux, ils voulaient ses bijoux car leur avidité les pousse à ne pas être satisfait de simplement ce que la nature leur offre. Ils ne voulaient pas de chaise pour s’asseoir, ils voulaient des coussins brodés. Ils ne voulaient pas de viande cuite, ils voulaient avoir un plat gastronomique garnit de mille épice. Ils ne voulaient pas paraitre comme ils étaient, ils voulaient l’or et les bijoux pour affirmer leur importance dans la société.

L’homme était décidément capable du meilleur comme du pire. Son compagnon de route semblait peu motivé à se battre, vu ses paroles, et Octavia pouvait le comprendre. Le temps où elle chassait pour tuer était … Très, très loin désormais. Elle n’était plus une bête, elle était une créature consciente qui a traversé les âges. Autant elle pourrait passer son chemin grâce à un tour de passe-passe, autant elle ne pouvait s’empêcher de se dire que s’ils leur tournaient le dos, ils viendront attaquer d’autres innocent … Et cette fois, des innocents qui n’auront pas de quoi se défendre. Elle fit d’ailleurs part de cette inquiétude à son compagnon, se penchant un peu vers lui pour lui susurrer alors que les hommes commençaient à s’approcher à et proliférer de vaines menaces.

« Je ne suis moi-même pas enjouée par cette nouvelle, mon cher, mais peut-être serait-ce pour le bien de tous que l’on leur apprenne une leçon, vous ne croyez pas ? »  Elle se redressa alors, n’ayant en réalité pas du tout écouté ce qu’un quelconque chef de bande avait à leur dire, que cela soit une idiotie comme prendre leur vie ou qu’on leur donne tout leurs biens…  Et elle répondit simplement avec un petit sourire assuré. « Vous avez prit la décision de nous dévaliser : soit. Cependant, veuillez ne pas toucher à mes chevaux, ces pauvres petites bêtes n’ont rien demander à personne ~ »

« Hey, t’as entendu ce qu’on t’as demandé, la trainée ?! »

Le regard d’Octavia se retrouva confus avant de regarder presque innocemment sa tenue, venant même l’épousseter un peu au niveau des cuisses. « Je ne donne tout de même pas cette impression, si ? … » Elle n’attendit pas réellement une réponse avant de regarder l’homme en question « Hmm, lorsque vous aurez mon âge, monsieur, vous apprendrez à ne prêter attention qu’aux personnes qui vous estime à votre juste valeur. Il est donc logique que je n’ai absolument rien écouté d’un goujat tel que vous ~ »

« Feng, cloue-lui le bec ! »

La patience ne semblait pas être une de ses vertus et à l’instant où il prononça ces mots, un homme perché un peu plus haut sur la falaise qui bordait la route vint encocher sa flèche et tirer sur elle. Sans grand mal, elle plaça un tentacule de ses cheveux sur la trajectoire pour se protéger le visage, cependant sa chair n’était plus aussi robuste qu’avant et la flèche passa comme dans du beurre dans sa peau lisse, traversant le tentacule dans une petite gerbe de sang… Pas totalement rouge. Presque mauve. Elle grimaça simplement et prononça un petit « … Aie ? » qui était formulé presque comme une blague et non sous la douleur. Elle reprit cependant rapidement son sourire et se saisit de la flèche pour la tirer de sa blessure. L’instant d’après, Octavia avait manipulé l’eau de son propre corps pour former un arc translucide, prenant les reflets verts de son corps, dans sa main et avec une rapidité insoupçonnée, elle vint encocher cette même flèche pour la tirer directement dans un bras du tireur qui tomba en arrière sous le choc et bien entendu la douleur. « Tu n’utilisera plus ce bras pour blesser autrui… »

L’arc disparu, l’eau venant rejoindre sa paume pour être absorbée alors que les autres hommes, enregistrant ce qui venait de se passer, finirent par tirer leurs armes au clair pour les charger. « La sorcière d’abord ! » La voix du chef retentit et elle comprit bien pourquoi. Des deux, elle se démarquait le plus et des deux, elle avait montré en premier un acte de magie qui leur était sans doute obscure. Elle ne semblait pas inquiète cependant, venant même se dandiner un peu en regardant l’autre élu.

« Ô, mon preux chevalier … Je vous couvrirez comme je le peux mais par pitié, venez à mon aide ~ »

Et ainsi, son preux chevalier se mit en marche. Et quelle efficacité. Sans même utiliser son arme, la personne qui l’accompagnait se mit à dominer sans l’ombre de la moindre difficulté ce beau petit monde, cassant des os et retournant leurs armes contre eux. En voyant tout ça, Octavia ne put s’empêcher de froncer un peu les sourcils et de fermer les yeux. Ironique de la part d’une créature comme elle, capable de forcer son corps dans des positions et des métamorphoses impossible, que d’être frileuse à la vue du sang ou à la douleur. Elle était ainsi. Sans doute était-ce à cause de son corps humain ? Peut-être depuis ce temps elle était plus à même de comprendre la douleur des humains ?

Cependant, elle avait promis de la couvrir et c’est ce qu’elle fit. L’homme était expérimenté dans l’art du combat mais elle ne pouvait définitivement pas le laisser la défendre ainsi seul. Malgré son apparence, elle n’était pas une demoiselle en détresse mais elle n’était pas non plus une grande guerrière … En réalité, en vue des méthodes du guerrier, le bandit qu’elle intercepta eut beaucoup de chance. Un coup en traitre dans le dos fut mis à mal par un imposant tentacule provenant de la chevelure de la géante. Celui-ci vint s’enrouler autour de la gorge du bandit pour le stopper net dans son mouvement, le reste du tentacule venant bloquer le bras armé de l’homme avant de le faire décoller du sol et l’obliger à se coucher au sol. Tout ce qu’elle fit de tordre légèrement son poignet pour lui faire lâcher son épée… Qu’elle vint récupérer en se penchant et en prenant la garde à deux doigts, décidément peu décidée à prendre pleinement un objet si barbare.

« Je vous recommande de cesser de vous débattre. Je crains que cela ne vous apporte que d’étranges et dérangeantes sensations ~ »

L’homme ne cessa pas et essayait de beugler à travers le tentacule qui lui couvrait la bouche … Ce qui fit rouler les yeux de la créature marine qui vint serrer son étreinte d’avantage, l’empêchant de respirer … Jusqu’à ce qu’il ne bouge plus. Cependant, elle ne voulait pas tuer l’homme, bien entendu. Elle le relâcha ce même instant, le laissant donc inconscient mais encore respirant.

Après avoir neutralisé la menace, l’homme vint la saluer à nouveau. Décidément, très respectueux. Peut-être trop. Le respect est une bonne chose mais trop de respect créer une distance entre les gens. Elle n’allait pas se plaindre mais … A valorisé ainsi son confort et ses idéaux, cela laissait moins de place à l’homme pour les siens. Dans tout les cas, s’il lui laissait le choix, la créature n’allait pas se faire prier, venant poser une main légère et délicate sur son épaule.

« Mais enfin, mon brave. Ne dites pas cela comme si j’avais l’air d’un monstre. »

Un sourire radieux plus tard, elle s’avança parmi les hommes à terre et se dirigea vers celui qui gémissait le plus. C’est-à-dire, celui dont le bras était clairement cassé dans un angle improbable. Dans le calme, elle vint s’accroupir à côté de lui et lui dit avec douceur. « La douleur n’est pas éternelle. Attention … Trois, deux … » Elle vint alors exécuter un mouvement violent, douloureux mais précis. Ce genre de manœuvre était fortement déconseillé pour toute personne n’étant pas médecin mais heureusement pour cet homme, Octavia avait vécu assez de millénaire pour savoir une chose ou deux sur le corps humain et les soins qu’il fallait leur accorder. Et par cela, elle voulait dire que cela n’avait plus de secret pour elle. En conclusion, en tenant le bras brisé d’un tentacule et de ses mains, elle replaça son bras dans un autre râle de douleur perçant même si Octavia ne s’en retrouva pas dégoutée cette fois. Elle vint rapidement déchirer un bout de sa robe pour faire un bandage, arrêter le sang… Et peut-être plus. Car sa robe n’était pas faite de tissu, elle était faite … De son être. La texture était indescriptible une fois détachée du reste, mais cela restait une lanière de tissu noir qui allait … Mieux agir qu’un simple bandage.

« Une fois dans un endroit sûr … Écoutez-moi. » Elle saisit le visage de l’homme en pressant sur ses joues de son pouce et le reste de sa main pour le faire se focaliser sur elle. « Une fois dans un endroit sûr, demandez à vos amis de placer deux morceaux de bois solide de chaque côté de votre bras pour le garder le plus droit possible. On appelle cela une attelle. Puis allez voir un de vos soigneurs. »

Elle le lâcha alors et se redressa pour jauger l’état des autres… Avant d’arracher d’avantages de lambeaux de sa robe qui aurait pu dévoiler au fur et à mesure ses jambes qui furent cependant bien vite cachées à nouveau par la croissance miraculeuse de la robe arrachée. La créature tendit alors les lambeaux à son camarade de route.

« Voilà le sort que je leurs réserve. Prenez ces bandages et réparons ce qui a été fait. Je pense qu’ils ont appris de leurs erreurs, pas la peine de les voir se déverser de leur sang jusqu’à la mort ~ »

Que le guerrier suive ou non ses instructions, Octavia continua de bander les blessures des bandits, venant chercher celui plus haut dans les falaises avec son arc pour lui retirer la flèche du bras et le panser, utilisant ses cheveux pour grimper avec plus ou moins d’élégance. Puis vint le tour du chef qui commençait à reprendre le don de la parole après s’être fait écraser la trachée.

« Je vous … Oublierai … Pas … Je vais revenir … Vous clouer le bec … »

Ce à quoi Octavia répondit sans hésitation, avec ce même sourire gentil qui la caractérise, tout en venant déchausser l’homme pour venir retirer la dague à travers. « Et on vous mettra à nouveau à terre … Puis je panserais vos blessures, une nouvelle fois. Avec un peu de persévérance, peut-être que vous apprendrez. Et si vous n’apprenez pas et que vous continuez de dépouiller les personnes innocentes … Vous finirez par tomber sur quelqu’un de beaucoup moins clémente que moi …»

Utilisant un tentacule pour le dégager du chemin en le trainant un peu au sol, la géante vint se positionner à nouveau près de l’homme. « Bon. Nous avons encore de la route à faire, n’est-ce pas ? » L’élue vint ensuite se diriger vers ses chevaux pour les réconforter d’une caresse affective avant de se diriger vers sa carriole, lançant par-dessus son épaule.  « Vous m’avez rendu curieuse, mon brave. J’ai hâte d’en apprendre plus sur vous, vraiment ~ Si habile, si fort … Et je ne connais même pas encore votre nom ! »

Octavia fut rapide à dévier ce compliment et ses remerciement. La grande dame avait une grande bonté en elle, il est vrai. Peut-être même une bonté mal placée à certains moments. Son cœur noir de tendresse avait parfois du mal à accepter qu’un bandit resterait peut-être qu’un bandit jusqu’à la fin de sa vie. Dans tout les cas, elle fit un signe de la main pour lui indiquer que ce n’était rien et que c’était naturel même.

« Tout le monde a le droit à une seconde chance, n’est-ce pas ? Mais comme dit le proverbe, trompe moi une fois, honte à toi, trompe moi deux fois, honte à moi … Nous verrons bien ce qui adviendra la seconde fois où je croiserais ce petit chef. »

La créature monta à nouveau dans sa caravane, suivit de Fei. Hua Fei. Un nom très typé mais qu’elle ne pouvait raccorder à rien ni personne ici. Fut un temps, elle aurait très certainement questionné les origines de cet homme en croyant pouvoir l’identifier simplement au nom … Mais il y avait que très peu de chances qu’ils viennent du même.

« Et bien, encore une fois, enchantée Hua Fei ~ Cela fait du bien de rencontrer des individus respectable en Kosaten, pour une fois. »

Car oui, entre les bandits, les citoyens de Zang et leur gardes … Pour l’instant, rencontrer des personnes tout à fait correcte était une chose rare. Elle pouvait pour l’instant compter ces gens sur les doigts d’une main. Le chef de la garde d’un petit village qu’elle avait « sauvé », Adam Cooper et … Désormais, Fei ici présent.
Octavia reprit les rennes de ses chevaux avec ses tentacules, utilisant le même stratagème en déployant un œil sur le tentacule tenant les lanières de cuir, de façon à ce que Fei ne le remarque pas … Et elle s’assit à la table au milieu de sa carriole. A la question qu’on lui posa cependant, Octavia prit un air un peu las. Qu’était-elle sensée répondre à cela ? Mise à part une réponse vague comme elle le faisait tout le temps ? Elle tendit un peu la main pour présenter une chaise au combattant.

« Asseyez-vous, mon cher… » Dit-elle simplement pour commencer avant de se saisir de la théière sur celle-ci, venant lui servir une tasse, à tout hasard. « C’est une question très complexe que vous me posez là, Fei. Mais je vais essayer d’être la plus honnête possible dans ma réponse. » Oui, cela sonnait comme si elle allait lui révéler le drame de sa vie. Franchement ? Cela l’était peut-être un peu. « Je ne me qualifierais pas de sorcière, non … Mais je ne suis très certainement pas humaine. » Elle porta sa propre tasse à sa bouche pendant un court instant. « Dans mon monde, on me qualifiait de Déesse … A tort, je vous rassure. Je n’aurais jamais la prétention de clamer en être une. Je suis … » Qu’était-elle réellement ? Elle ne le savait pas elle-même. Créature solitaire que les hommes n’ont put étudier pour qualifier, elle qui choisit son qualificatif elle-même. « … Je suis tout simplement une créature marine ? Avez-vous déjà entendu les mythes et légendes sur les sirènes ? Je ne sais pas si ce mythe est répandu dans d’autres mondes … Je ne suis pas exactement cela, mais allons pour ce descriptif pour l’instant ~ »

Elle tenta de retrouver un sourire de circonstance à offrir à Fei. Comment dire à un humain que l’on était qu’un tas de chair et de tentacules difforme, composé essentiellement de crocs et d’yeux, au sang mauve et à l’anatomie changeante ? Il y avait une raison pourquoi le serpent était souvent qualifier comme une créature mauvaise ou au moins fourbe … Le serpent mue, tout le temps, il change sa peau et donc, il n’est jamais le même. On ne peut pas faire confiance à quelqu’un comme cela, n’est-ce pas ? Et bien, c’était son cas à elle aussi. Elle changeait, elle évoluait, elle dévoluait parfois aussi … Il était donc difficile de lui faire confiance, une réalité qui lui fendait silencieusement le cœur.

Cependant, elle avait l’intention d’étouffer les doutes à son sujet, c’est pour cela qu’elle parla encore un peu d’elle. « Tant que nous n’avons pas preuve du contraire, il serait bien d’assumer que nous seront coincé à jamais sur Kosaten… Triste réalité des choses mais ainsi soit-il. Je ne suis pas là depuis longtemps mais je parcours les terres afin de les comprendre et d’identifier les problèmes. Je suis une dame très âgée malgré mon apparence, vous savez ? Je ne sais pas le temps qu’il me reste, encore plus en ce monde mais j’aimerais utiliser le peu qu’il me reste pour faire le bien. » Elle hocha tristement la tête. « Mon monde est ravagé par la guerre … Et je n’ai pas su le redresser avant mon départ. J’aimerais … Tuer cette menace dans l’œuf, ici. Alors par pitié, mon cher, que cette explication ne change pas trop votre vision de ma personne ~ »

Elle déposa ensuite sa tasse pour se pencher un peu vers l’homme devant elle. « Et vous, mon cher ? Une idée de ce que vous voudrez faire de cette nouvelle existence ? »