Une deadman qui rencontre une déesse des enfers.

Shiro n’avait jamais vraiment eu de cours de physique, et encore moins d’explications sur le fonctionnement des différents types d’ondes électromagnétiques. Elle n’avait donc jamais vraiment compris « pourquoi » on pouvait « toucher » de la lumière. Mais elle n’avait pas besoin de comprendre ce pourquoi pour savoir que lorsque la lumière du soleil touchait sa peau, elle la réchauffait. Et c’était d’ailleurs ce qui la fit émerger de son sommeil, ce matin-là. Se redressant lentement en se frottant les yeux, la jeune albinos regarda autour d’elle … Puis se souvint. Elle n’était plus à deadman wonderland. Ni à l’hôpital. Ni même dans son propre monde, apparemment … Mais là-bas comme ici, le soleil chauffait la peau de la même manière.

Actuellement, les quelques rayons qui avaient fait reprendre conscience à l’œuf pourri filtraient à travers les planches légèrement disjointes du toit de la grange dans laquelle elle dormait. Se relevant de son lit de paille et s’étirant en baillant, la jeune femme se massa un peu le crâne, passant ses doigts fins dans ses longs cheveux blancs dans une tentative peu efficace de les ordonner, puis se leva. Elle dormait à l’étage, avec les outils et autres items un peu encombrants que le propriétaire avait entassé là. Même s’il n’y avait normalement pas de foin dans cette zone, on lui en avait entassé un peu, et l’avait recouvert d’un large morceau de toile épaisse de façon à faire un matelas convenable : c’était modeste, mais ça lui convenait parfaitement. Enfilant juste sa large cape rouge par-dessus son collant intégral, la jeune femme sauta par-dessus la balustrade de bois, zappant ainsi l’échelle qui aurait normalement permis de descendre au niveau du sol pour plutôt … tomber et se casser un peu la figure. L’habitude d’avoir un corps bien plus puissant et résistant que la moyenne la conduisait parfois à faire un peu n’importe quoi. Enfin, elle ne s’était pas fait mal … Se relevant, elle sortit de la grange en se frottant le fessier, et rejoignit la petite mansarde qui se trouvait à quelques mètres de là. De la fumée sortait de la cheminée, indiquant que le feu avait été ravivé et que les habitants étaient déjà debout depuis un petit moment. Toquant fermement à la porte, la jeune femme se permit d’entrer, souriant immédiatement en reconnaissant le couple qui se trouvait dans la cuisine.

Bonjour Iki ! Salut Toku !
Ah, bonjour Shiro. J’ai mis de l’eau sur le feu, veux-tu un thé ?
Hmm ? Qu’est-ce que tu dis chérie ?

Ricanant un peu, la demoiselle couverte de cicatrice s’approcha de la table, et enlaça le vieil homme qui lui tournait le dos. Ce dernier sursauta légèrement, mais reconnue très bien l’adolescente en tournant la tête vers elle. Ancien fermier dont les enfants étaient partis vivre au village, Toku était un homme très âgé, qui n’avait pratiquement plus aucun cheveu sur le dessus du crâne, et qui entendait à peine ce qu’on lui disait. Sa femme, Iki, était de vingt ans sa cadette, ce qui la laissait bien plus active. La jeune élue était tombée sur la ferme du couple par pur hasard, une semaine plus tôt, et en la voyant sale, fatiguée et visiblement perdue, ils l’avaient non seulement hébergé, mais avaient aussi refusé de la laisser partir avant qu’elle ne soit un peu remise d’aplomb. L’adolescente n’avait pas refusé l’offre, d’autant plus qu’Iki préparait des pâtisseries délicieuses qui à elles seules donnaient à l’œuf pourri l’envie de prolonger son séjour le plus longtemps possible. Elle accepta un godet de terre cuite dans lequel fumait un liquide brûlant, et souffla dessus pour le boire à petites gorgées, tout en avalant les sablés que la vieille dame avait posé sur la table un à un.

Tu te régale ma chérie ?
Oui ! Tes gâteaux sont toujours bons. C’est rigolo : chez moi, ils sont tous pareils … Mais ils sont souvent moins savoureux, aussi.
Aaaaah, c’est parce que les miens ont un ingrédient unique. J’ai mis un peu d’amour dans chacun d’entre eux, ça les a poussé à faire ce qu’ils voulaient et à donner le meilleur d’eux-même.

La jeune femme rigola un peu à cette explication peu rationnelle, même si elle lui rappela des souvenirs … Discutablement bons. Hagire, l’homme qui l’avait « élevé », parlait souvent de cette notion d’amour … Mais le sien était perverti, étrange et malsain. La jeune femme savait, grâce à ses lectures, à ce que ses amis lui avaient appris et même à ce qu’elle savait d’Iki, que la version de la vieille femme était bien meilleure à tous les niveaux. Il n’y avait qu’à croquer dans un de ses sablés et le laisser fondre entre la langue et le palais pour s’en rendre compte.

Aaah, Iki, on va finir par manquer de bois à ce rythme … Tu pourrais aller nous en chercher ? Il faut que je répare le toit de la grange, si on veut que Shiro puisse dormir au sec au prochain orage …
Aujourd’hui ? Je devais aller au village, on va bientôt tomber à cours d’œufs et de jambon …
Oh, heum … Je peux m’en charger, si vous voulez !
Hum ? T’embarquer ? Mais pour aller où ça donc, ma p’tite ?
Non Toku, aller chercher du bois. Tu es sûre ma belle ? Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose …
Ne t’en fais pas, Aceman résout les problèmes ! Je vous ramènerais assez de bois pour faire brûler toute la maison s’il le faut !
Houla, ce ne sera pas nécessaire, ha ha. Très bien, je te donnerais la machette et le panier quand tu auras fini de manger … Et que tu te sera lavée les dents.
La jeune albinos tira la grimace. Iki faisait grande consommation de citrons frais, dont elle recouvrait les quartiers de poudre de bois et de feuilles de menthe pour se brosser dents et gencives une fois par jour environ. La méthode était relativement efficace, mais très désagréable pour une adolescente habituée à du dentifrice industriel goût caramel. C’est obligé, ça … ?
Tu préfères atteindre mon âge avec un sourire comme le mien, ou comme celui de Toku ?

L’adolescente tourna la tête vers son voisin de table, qui n’entendait pas un traitre mot de la discussion, mais qui lui fit tout de même un large sourire. Même si les lèvres minces du vieillard n’étaient pas très écartées, la jeune femme pouvait tout de même très distinctement compter les quatre dents réparties de façon asymétriques sur ses gencives. Soupirant profondément, la jeune femme reprit une bouchée de sablé, se préparant mentalement à quelques minutes très désagréables qui allaient venir. Dès qu’elle aurait terminé son petit déjeuner.


D’habitude, l’œuf pourri se baladait avec les orteils et talons à l’air libre, et se fichait bien de ce dans ou sur quoi elle marchait … Mais depuis son arrivée dans ce nouveau monde, elle avait –beaucoup- marché, et donner à ses plantes de pied un minimum de repos en enfilant les bottes qui faisaient partie de l’armure de l’homme en rouge n’était pas un luxe. Elle avait gardé la cape rouge et déchiré de la tenue, et avait mis le masque avant de quitter la ferme : équipée d’un large panier d’osier dans lequel elle jetait branches et buchettes, ainsi que d’une épaisse machette pour couper ce qui n’était pas encore tombé des arbres, la jeune femme déambulait dans les bois, essayant au maximum de suivre un style de sentier forestier qui disparaissait régulièrement sous les feuilles mortes. Lorsqu’Iki lui avait recommandé de ne pas se perdre, elle avait répliqué en rigolant que c’était en se perdant qu’elle avait trouvé leur maison la première fois, mais elle préférait être capable de revenir sur ses pas, tout de même … Surtout que la forêt restait un milieu sauvage, rempli de potentiels dangers. Qui repéraient probablement la jeune élue à des centaines de mètres à l’avance, vu qu’elle chantait à tue-tête en avançant dans les sous-bois. On ne se refait pas, après tout …

Demander à une deadman immortelle de faire preuve de prudence, ça n’aurait pas de sens, qu’elle ait ses pouvoirs ou non.

S'il y avait bien un miracle qu'Hécate avait réussi lors de ses 257 ans d'errance sur Terre en tant que prétendue mortelle, c'était d'avoir toujours un but lorsqu'elle voyageait. Certes, il y avait eu des jours ou des périodes où la déesse était restée dans les alentours pour profiter d'une fête, du paysage ou d'autre chose mais dès qu'elle quittait un village ou une ville, c'était toujours pour atteindre un autre lieu précis. Seulement ici... ici dans ce monde onirique où elle ignorait tout de ce qui l'attendait... elle ignorait son propre but. Oh, les paroles concernant ce prétendu "monde" avaient circulé dans son esprit sans réussir à s'y établir vraiment. Franchement, qui, quel dieu pouvait avoir la puissance nécessaire pour l'attirer elle, une autre déesse, dans un autre monde par delà les dimensions tout en la privant de ses pouvoirs? C'était tout simplement inconcevable. Les Oneiroi devaient jouer avec ses nerfs sur ordre de leur supérieur, tout simplement, mais Hécate n'était pas du genre à craquer facilement, ni même à craquer tout court. Elle saurait leur montrer qu'ils ne lui étaient pas supérieurs et à quel point la "petite" déesse avait prit en assurance ces derniers siècles.

Malheureusement, tout cela n'était que la théorie car les faits étaient moins cléments. Hécate, toujours vêtue de sa même robe blanche, avait fini par enlever son armure pour la remettre dans sa pandora box. Et par Zeus, quelle était lourde cette boîte... Tout son corps en fait semblait s'être affaibli depuis son arrivée, au point que même porter cette encombrante boîte était pénible et lui imposait de faire plusieurs pauses. C’est pourquoi la déesse s’était retrouvée à déambuler dans une forêt, fatiguée et sans savoir où elle se rendait exactement. Oh bien sûr, on lui avait déjà parlé rapidement de ce qu’on pouvait trouver dans ces fameux « territoires neutres » mais en quoi ça l’aidait ?
Au final, la nuit tomba et l’infortunée condamnée imaginaire dut s’arrêter. Oh, dormir dans la nature ne la dérangeait pas vraiment -qu’est-ce qu’une déesse pouvait craindre des prédateurs quand son cosmos seul les tenait à l’écart ?-, car même si son cosmos n’était plus présent, les habitudes demeuraient solidement ancrées. Hécate choisit une zone un peu dégagée, assez pour qu’elle puisse s’y allonger et observer les étoiles, mais avant, il lui fallait prier. C’était devenu un rite depuis son arrivée. Tous les soirs, la demoiselle se mettait à genou et tentait de communiquer avec ses pairs ou du moins tentait de ressentir une énergie quelconque. Seulement, même si tout avait été en vain jusqu’à présent, cela ne suffisait pas à éroder sa détermination, jugeant que laisser tomber au bout de seulement quatre jours ici serait humiliant et indigne de la commandante de l’armée infernale. Hypnos allait bien finir par lui répondre, lui ou un autre mais elle ne se plaindrait pas si elle parvenait à faire intervenir n’importe qui d’autre.
Au bout d’une heure de prières sans réponses, Hécate rouvrit les yeux et déplia ses jambes non sans lâcher un long soupir. Seul son ventre lui répondit, grognant pour lui faire comprendre que passer une journée sans manger n’était pas à son goût. Elle n’y fit pas attention. Se désaltérer était primordial mais pour la nourriture, son corps divin tiendrait bien… Elle ne pouvait pas être SI faible, n’est-ce pas ? Quoiqu’il en soit, l’heure n’était ni à la chasse ni à la cueillette mais au sommeil. S’allongeant près de sa pandora box, la déesse fixa les étoiles, remarquant bien que le ciel était différent de celui de la Grèce mais mettant cela sur le compte de l’illusion dans laquelle elle se croyait enfermée.

Les oiseaux la réveillèrent peu après l’aube, alors que le soleil perçait à travers le feuillage des arbres. Après s’être étirée et coiffée comme elle le pouvait avec ses doigts, la demoiselle perdue reprit son chemin non sans bailler à quelques reprises, son réveil s’étendant habituellement sur une bonne heure -hors temps de guerre, elle connaissait ses priorités quand même-.

Il fallut toutefois encore quelques heures avant de tomber sur une bonne nouvelle : un arbre fruitier. Enfin, ça ressemblait à des fruits, et son ventre grognait toujours autant alors qu’avait-elle à perdre ? Posant sa pandora box sous la branche la plus basse -les fruits inconnus étant sur les plus hautes branches-, Hécate s’en servit comme appui pour escalader la première branche puis grimpa, ou du moins essaya. Il faut dire que sa dernière expérience en la matière commençait à remonter… D’ordinaire, elle était plutôt du genre à simplement regarder les autres faire, ou à demander à des enfants d’y aller. Ces petits êtres, bien plus agiles, n’avaient pas peur de la hauteur et cela lui éviter de salir ses robes souvent onéreuses.
Aujourd’hui, c’était beaucoup moins plaisant. Sa robe l’empêchait de bouger comme elle voulait, elle craignait aussi à chaque instant que la branche cède en bougeant trop… bref, ce n’était pas la confiance en elle qui l’étouffait, il fallait être honnête. Et comme si cela ne suffisait pas, une voix finit par se faire entendre.
Tout à coup immobile, la déesse tendit l’oreille pour mieux entendre. Cela ressemblait à une chanson qui lui était inconnue mais fait rassurant : il n’y avait qu’une voix, donc potentiellement une seule personne. Sans pouvoirs, si cette personne était mal intentionnée, alors la situation pouvait mal tourner pour elle. Que faire du coup ? En une réaction qui lui ressemblait très peu et qu’elle regretterait pendant de longues semaines tant c’était indigne de son rang… elle se cacha. Du moins, elle voulut rester cachée dans le feuillage de l’arbre. Cette solution aurait pu être brillante si elle n’avait pas oubliée la présence de sa pandora box près du chemin et clairement visible…
La voix était plus forte, plus distincte, signe qu’elle se rapprochait. Hécate ne pouvait la voir clairement à cause des feuilles mais il fallait trouver un moyen de cacher son armure. Elle tenta de bouger pour mieux voir le pied de l’arbre, mais son mouvement ne fut suivi que par un sourd craquement de branche, plus précisément celle qui se trouvait sous elle….

- Aaah !

La déesse ne put retenir un cri de douleur lorsque son dos heurta le sol terreux, les feuilles amortissant à peine cette lourde chute.

- Par Cerbère, quelle poisse…, grogna-t-elle.

Grimaçant, l’infortunée tenta de se relever quand son regard tomba sur une tâche rouge qui s’avéra être l’inconnue qui devait avoir assisté à tout. Quelle glorieuse position… Néanmoins, Hécate était de nature méfiante et peu disposée à prétendre le contraire. Son regard s’attarda plus longuement sur l’inconnue, la détaillant, tout en se redressant en essayant d’afficher un minimum de dignité sur le visage.

- Pardon si… je vous ai fait peur. Savez-vous si ces fruits sont comestibles ? demanda-t-elle en montrant les dits-fruits.

Un malicieux, petit pic-vert,
Un jour de plus, creusait ses trous dans la forêt,
Détruisant les arbres, ruinant le bosquet,
Le vieux dieu de la forêt, irrité, changea son bec en couteau empoisonné,
Pauvre petit pic-vert …

Ses nids sont tous empoisonnés,
Sa nourriture devint intoxiquée.
S’ils le touchent, ses amis meurent et tombent à ses pieds
Le triste petit pic-vert fut bien embêté …

Des larmes empoisonnées scintillaient clairement alors qu’elles coulaient le long de ses jouuuues …

Se penchant pour ramasser une branche, Shiro l’observa un instant, s’assurant que le bois était assez sec pour pouvoir brûler correctement sans faire trop de fumée comme on lui avait appris, avant de la jeter dans le large panier dans son dos. La récolte allait bon train, et elle n’avait pas –trop–  besoin d’utiliser sa machette. Non pas qu’elle était très maladroite, mais de ce qu’elle avait constaté, sa capacité à cicatriser était devenue très, très lente … Presque « normale », à vrai dire. Aussi, même si se blesser ne lui provoquait pas de gêne particulière, elle préférait éviter de se retrouver sans faire attention avec une grosse entaille un peu handicapante. Donc, le gros couteau dont le bout de la lame était plat restait dans son étui, sur le côté du panier dans lequel elle transportait sa réserve de bois. Et c’était très bien ainsi.

Alors qu’elle scrutait les alentours à la recherche de nouvelles branches aisées à ramasser, la deadman se figea un instant. Un écureuil. Il ressortait à peine, roux sur les feuilles brunies qui avaient à peine récemment rejoint le sol … Mais ce qu’il était mignon ! Faisant un grand sourire, la deadman fit à peine un pas … Et vit la queue touffue disparaître comme un éclair de fourrure, qui piqua un sprint sur bien 5 mètres avant de grimper dans un arbre à une vitesse défiant l’imagination. La jeune deadman fit un pas ou deux de plus, mais c’était peine perdue : l’animal s’était envolé. Enfin. Dissimulé. Ça ne volait pas, ce genre de rongeurs, n’est-ce pas ? Elle avait un doute… La direction générale dans laquelle il avait disparu contenait autre chose qui attira rapidement son regard cependant, et l’albinos cligna des yeux à une ou deux reprises, cherchant à s’assurer qu’elle voyait bien. Mais oui … Il y avait … Non loin, derrière un buisson de son point de vue, et au pied d’un arbre … Un objet gris-noir, et parfaitement rectiligne. Aussi bien la forme que la couleur étaient parfaitement incongrues dans ce contexte. Surtout que ce n’était pas « gris» comme … Comme de la mousse à l'ombre d'un chêne (elle avait vu ce genre de choses pour la première fois la semaine dernière, donc elle pouvait confirmer). Non, là … Là, cette boite était faite entièrement de métal. Ou en tout cas, semblait. S’approchant avec la prudence d’un ingénu fumant le cigare dans une usine d’explosifs, la deadman se frotta le menton, laissée des plus perplexe par cette énigme … Jusqu’à ce qu’un bruit provenant des frondaisons ne détourne –encore- son attention.

Cette fois, ce n’était ni un animal, ni un objet qui ne semblait pas à sa place, mais une personne. Une personne qui, ceci dit, tomba littéralement des cieux, pour ce que la deadman pouvait en juger. Ouvrant des yeux ronds comme des soucoupes sous son masque rouge poli, elle resta interdite à quelques mètres de cette apparition, la regardant choir, puis juger, et se redresser … Avant de s’adresser à elle. Bon, au moins, ce n’était pas quelqu’un qui voulait l’attaquer par surprise … Enfin, probablement pas … Regardant la jeune femme, puis le point duquel elle était tombé, puis la demoiselle à nouveau, Shiro eut tout le mal du monde à comprendre la situation. Sans parler de cette grosse boite juste derrière …

Heum … C’est … B-bonjour ?

Relevant les yeux une fois de plus comme si elle s’attendait à percevoir, par-dessus la cime des arbres, le royaume quelconque duquel était tombée cette apparition, Shiro leva une main pour se gratter l’arrière du crâne … Avant de soupirer par le nez, renonçant finalement à cet exercice de réflexion bien au-delà de ses capacités. Après tout, ce monde n’avait pas cessé de la surprendre ces derniers temps, alors qu’est-ce qu’un phénomène incompréhensible de plus ?

ç-ça ira, je n’ai pas trop eu peur … Mais, d’où … êtes-vous tombée, comme ça ? Vous êtes une ange ou quelque chose ? Réfléchissant, la porteuse du péché originel se rendit compte qu’on lui avait également posé une question, et se frotta le menton. Hmmm … Quant aux fruits … Pas vraiment ? Attendez.

Sa main passa de l’arrière de son crâne à son panier, et revint devant elle en tenant une branche courte mais solide. La faisant tourner entre ses doigts et estimant son poids un instant, la jeune deadman finit par armer son bras, et par lancer le projectile de toutes ses forces. Percutant une des branches de l’arbre, elle regarda deux des fruits bien mûrs se décrocher et chuter. Elle en récupéra un, mais rata le second, qui s’écrasa au sol et éclata en répandant son jus. Grimaçant, elle regarda ce qu’elle avait dans la main, sans se préoccuper de la branche qu’elle avait jeté et qui allait, elle aussi, retomber quelque part … Et potentiellement sur quelqu’un. Le fruit était rond, rouge-orangé, semblait mur … Mais les connaissances botaniques de la deadman s’arrêtait là : la plupart des fruits qu’elle avait mangé dans sa vie étaient –déjà- dans des gâteaux, et elle préférait les manger que les étudier. Elle pensa un instant à croquer dedans pour goûter, mais … Ce n’était pas prudent. Elle finit cependant par avoir une illumination, et un large sourire fendit le bas visible de son visage.

Ah ! Moi, je ne sais pas si ça se mange, mais Toku ou Iki doivent savoir ! Heum, ce sont deux personnes âgées qui ne vivent pas loin d’ici. Ah, je sais ! La deadman retira les bretelles de son panier pour le déposer à terre, puis dégrafa sa cape, la tenant entre ses bras comme pour faire un récipient. On va en cueillir plus, et aller leur demander !

La jeune deadman enjouée n’était peut-être pas la plus calée en botanique ou même en culture générale, mais elle ne manquait pas de volonté lorsqu’il s’agissait d’aider son prochain. Même lorsque le prochain – la prochaine ? – était un ou une parfaite inconnue … D’ailleurs … C’était, jusqu’à preuve du contraire, le cas avec la jeune femme face à elle. Rapprochant ses bras de son corps en reprenant une expression plus neutre, Shiro pencha la tête sur le côté, reprenant sur un ton plus informel.

Heum, mais d’abord … Je suis Shiro. Et vous, qui êtes-vous, au juste ? Et aussi, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a une espèce de gros … Cube tout doré, juste derrière vous. Vous savez ce que c’est ou ce que ça fait là ? ça ne ressemble pas à un piège quelconque, mais il faudrait peut-être se méfier …

Faisant de son mieux pour garder l'air le plus digne possible, Hécate enleva une feuille prise dans ses cheveux et espéra qu'elle oublierait vite avoir fait cette chute. Malheureusement, avec un témoin cela serait difficile mais la déesse était soulagée, puisque le dit témoin était justement seul, ou seulE, en l'occurrence. Ce n'était pas forcément l'assurance que cette personne était inoffensive mais ça serait bien plus gérable, au cas où.
La divinité détailla d'ailleurs l'inconnue. Malgré ces dires, celle-ci semblait quand même avoir eu peur, ou du moins être perplexe voire inquiète face à cette femme tombant des arbres. Le panier qu'elle tenait indiquait qu'elle devait vivre non loin, ou au moins être simplement en train de cueillir quelque chose. Elle ne devait donc pas être une menace immédiate et surtout, elle pourrait probablement la renseigner vis à vis de ces fruits. Cependant, l'inconnue utilisa un terme étrange "ange"... Hécate n'avait jamais entendu ce nom et se demanda à quoi cela pouvait faire référence. Une créature locale peut-être? Le nom d'un peuple? Elle allait poser la question mais la cueilleuse enchaîna et observa à son tour les fruits convoités. C'est alors qu'Hécate se retint de toutes ses forces de ne pas se pincer face à sa propre... stupidité. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé au lieu de grimper à l'arbre? Lancer une branche aurait tout de même été bien plus pratique et rapide. Enfin, si cela lui permettait au final de remplir son estomac, que Déméter soit remerciée!

- Mmmh... d'accord, j'imagine que c'est plus sûr.

Hécate avait du mal à concevoir qu'on pouvait être paysan ou du moins vivre en forêt et ignorer quelles sources de nourriture étaient disponibles autour de soi. Il était toutefois plus prudent de ne rien dire, d'autant plus si on la menait à d'autres autochtones qui pourraient l'aider -et remplir son estomac, dans une préoccupation bien plus terre à terre-. Pour le moment, la déesse n'était pas la plus loquace, occupée par l'observation de l'inconnue mais celle-ci la ramena vers la bienséance en se présentant et surtout vers sa pandora box toujours au pied de l'arbre.

- Oh, cette boîte est à moi, ce n'est pas un piège ne vous inquiétez pas, elle est juste encombrante.

Elle hésita à parler de son armure mais cela n'aurait probablement pas rassuré la dénommée "Shiro".

- Je m'appelle Hécate. J'étais en train de voyager quand j'ai eu faim, donc j'ai voulu cueillir ces fruits... mais comme je ne suis pas d'ici, je ne les connais pas...

Niveau détails, on repassera mais la jeune femme n'était pas du genre à donner trop d'informations quand la rencontre remontait à moins d'une minute. Elle mit toutefois son énergie à disposition pour récupérer les dits fruits, s'aidant de bouts de bois ou de petites pierres en prenant soin de les lancer là où ils pourraient retomber sans blesser qui que ce soit. La déesse se félicita intérieurement de ses talents de visée, ne loupant que quelques lancers, ce qui regonfla son ego blessé par sa misérable chute plus tôt.
Au final, elles réussirent à en avoir une petite dizaine.

- Voilà, je pense que c'est suffisant. Pas la peine d'en prendre trop s'ils ne sont pas comestibles au final.

A parler de fruits et les avoir vus tomber, l'estomac d'Hécate se mit à grogner bruyamment, ce qui l'embarrassa plus qu'elle ne l'admettrait verbalement. N'ayant jamais eu besoin de se préoccuper de tout ça, entendre de tels rappels venant de son propre corps était gênant pour elle et elle doutait pouvoir s'y habituer un jour.

- Désolée..., s'excusa donc la déesse. Je vais prendre ma boîte.

Hécate retourna au pied de l'arbre et se saisit d'une des lanières de cuir lui permettant de porter la pandora box qu'elle balança sur son épaule, essayant de ne pas trop ployer sous le poids. Comme sur Terre, elle comptait toutefois garder l'image de jeune demoiselle aisément intimidable. Si en réalité il n'en était rien, ça lui permettait d'être plus discrète au sein des mortels bien qu'elle se doutait que cela serait vite limité, surtout si elle continuait à voyager seule. Où qu'elle soit, les routes ne pouvaient pas être parfaitement sûres et les voyageurs seuls étaient toujours les proies les plus faciles.
En attendant de rejoindre ces deux personnes, la divinité voulut satisfaire sa curiosité par rapport à une de ses interrogations.

- Dites moi, vous avez demandé si j'étais un "ange" mais... qu'est-ce que c'est?

Elle espérait toutefois que ce n'était pas quelque chose de trop... évident, ce qui risquerait de faire voler en éclats son intention de discrétion. Mais bon, quand un élément titillait sa curiosité, Hécate pouvait avoir la fâcheuse tendance de la faire passer avant le reste.

Oh. Tant mieux, alors. C’est une grosse boite, elle doit contenir beaucoup de choses …

Disant cela sur le ton aussi bien de la conversation que du constat ingénue, la deadman ne put empêcher son cerveau de dériver vers d’autres boites métalliques qu’elle avait connu dans son existence … Entres autres, les boites de chocolats ou de biscuits, bien entendu. L’idée d’une boite de pandore remplie de sucrerie lui fit littéralement monter l’eau à la bouche, et elle se retint de fouiller sa cape dans l’instant, puisqu’elles avaient décidé toutes les deux de récolter quelques fruits, d’abord.

Oh, vous aussi vous n’êtes pas de la région ? C’est une drôle de coïncidence ! C’est mon cas aussi, en ce moment je vis chez des gens qui n’habitent pas loin. Iki et Toku, du coup, c’est d’eux dont je parlais.

L’albinos se prépara, et se positionna pour commencer la récolte en voyant la déesse imiter son geste de plus tôt. Laissant Hécate lancer des projectiles improvisés, la deadman s’amusait à courir sous l’arbre avec sa cape entre ses bras, récupérant les fruits lorsqu’ils chutaient en évitant de se prendre pierre ou branche en pleine tête au passage. Le tissus plus ou moins tendu amortissait la chute et évitait qu’ils n’éclatent au sol, et en prime, cela faisait un passe-temps des plus amusants. Surtout qu’au final, c’était probablement dans la cape en question qu’ils allaient les transporter, puisque le panier que la jeune femme en collants portait dans son dos était déjà bien rempli de branches plus ou moins épaisses : du bois pour le feu qui n’avaient en aucun cas à être mélangé avec de la nourriture. Lorsque leur récolte fut suffisante, la deadman referma son balluchon improvisé et le fit doucement passer par-dessus son épaule, avant de voir l’autre jeune femme faire de même avec sa grosse boite noire. Elle avait raison : ça devait être encombrant à transporter, tout ça … L’innocente porteuse du péché originel avait aussi entendu son estomac gronder, et fit une petite moue. D’un côté, elle n’avait pas forcément envie de piocher dans ses réserves … De l’autre, elle se voyait mal laisser quelqu’un d’autre dans le besoin. Comme sa tenue n’était pas très adaptée pour comporter des poches, Iki avait offert à la jeune fille une sacoche toute simple, faite de peau traitée et cousue. Fouillant à l’intérieur, elle en ressortit un mouchoir de tissus qu’elle déplia pour révéler deux ou trois biscuits. Ils n’étaient pas dans un état « impeccable », mais ils étaient toujours plus que comestibles … La réserve de la jeune albinos, au cas où elle aurait une fringale en forêt. Sans trop hésiter, elle tendit le bras vers Hécate pour lui permettre d’en piocher un ou deux.

Au lieu de t’excuser d’avoir faim, manges ça. Ça va pas te remplir tout l’estomac, mais ça devrait t’aider à attendre qu’on arrive à la maison. Je suis sûr que là-bas on saura si les fruits sont bons ou pas … Et sinon, il y aura sûrement d’autres gâteaux.

La perspective de partager des sucreries avec une nouvelle connaissance plaqua un grand sourire sur le visage de la deadman, qui se sentit aussitôt motivée pour se mettre en route. Elle rangea son mouchoir et ses restes, et se mit à marcher d’un pas vif, s’arrêtant ceci dit ici et là pour ramasser des branches et les jeter dans son panier, qui n’était pas encore rempli à bloc. C’était le but originel de sa mission, mais elle ne s’était pas avérée d’une efficacité folle … enfin, il y en aurait sûrement assez pour quelques jours, tout de même. Remontant la piste qu’elle avait suivi à l’aller, la deadman se tapota le menton, cherchant à la fois à bien les guider toutes les deux dans cette forêt raisonnablement dense, et à répondre à la question posée.

Tu ne connais pas les anges ? Hmm, ceci dit, je ne crois pas que ce soit le cas des gens de la région, non plus … Heum, comment t’expliquer. C’est … heuuu … Un peuple de gens. Ils sont tous très beaux et très belle, et ils ont une aura pure … En général, si je me souviens bien, ils ont fait des choses extra-ordinaires, du coup on les a récompensés en les changeant en anges justement. Ou ils l’étaient depuis le début … ? Hmmm … Ah, oui, et ils vivent dans le ciel, aussi ! Comme je t’ai vu en tomber, je me suis dit que tu devais venir de là-haut. La deadman rigola à sa propre phrase, se frottant l’arrière du crâne. Ce qui avait été une chute humiliante pour la déesse de la mort semblait, à ses yeux, s’apparenter à une entrée en scène de nature céleste. J’ai vu un peu de tout et n’importe quoi ces derniers jours, dont des choses que je croyais qu’elles n’existaient pas avant … Alors ça ne m’aurait pas étonné de tomber sur une ange, voilà tout. Haaaa … Mais peut-être que c’est comme ça que chez moi on appelle ton peuple, mais que vous, vous parlez de vous-même avec un autre mot ?

Même si elle était fausse, la théorie de la deadman avait sûrement une part de logique des plus intéressantes … Mais elles ne pouvaient, dans tous les cas, pas vraiment vérifier si c’était véridique ou pas. Les connaissances de la deadman sur le sujet émanaient d’une culture trop différente de la sienne pour qu’elle y ait prêté une grande attention, et elle avait oublié nombre de détails plus ou moins importants de cette dernière, d’où son manque premier de précision. Ceci dit, un autre point lui revint à l’esprit alors qu’elles marchaient.

D’ailleurs … Tu disais que tu étais en train de voyager … Est-ce qu’à tout hasard, tu sais voler ? Ah … Peut-être pas, sinon tu n’aurais pas eu de mal à cueillir des fruits. Se grattant la tête de sa main libre, la deadman haussa les épaules avec un sourire un peu confus. Je demandais juste ça parce que … Et bien, déjà, ce serait pratique … Et en plus, j’avoue que je ne suis plus … Totalement sûre et certaine d’où est la maison … Mais attends, j’arrive dans une minute.

Posant son panier et son baluchon sur le sol au pied d’un arbre, elle se frotta un peu le menton, recula … Puis se mit à courir et sauta pour s’appuyer d’un pied sur le tronc de l’arbre, et s’accrocher à la branche la plus proche du sol.  Avec un effort bien plus intense que ce qu’elle aurait pensé à l’origine, elle parvint à se hisser dessus, et s’accorda une petite pause pour souffler. Dans son monde, elle n’aurait eu qu’à bondir, et elle aurait pu se hisser sans le moindre mal … Mais son arrivée en kosaten avait vraiment marqué une diminution énorme de ses forces, à tous les niveaux : ses pouvoirs comme son physique. Heureusement, les vieilles habitudes restaient ancrées en elle, et la jeune femme, habituée à se faufiler partout dans sa prison en passant par n’importe où, se mit à grimper l’arbre avec une aisance remarquable. Après tout, avec autant de prises et de branches, c’était un jeu d’enfant d’atteindre les cimes … Surtout pour une demoiselle avec un corps d’adulte, à la fois grand, et pourtant toujours assez léger.

Montant encore et encore pendant une minute ou deux, elle ne marqua une pause qu’une fois son objectif atteint … La cime des arbres. Elle n’eut pas besoin de chercher longtemps pour trouver ce qu’il lui fallait : une colonne de fumée, à une petite dizaine de minutes de marche à peine. Descendant avec un peu plus de difficultés qu’elle n’était montée, la deadman se râpa un peu les mains sur certains passages, et à la dernière branche … Elle glissa, et imita la déesse aux cheveux bicolore un peu plus tôt en se ramassant sans aucune classe sur le sol. Sentant le monde tourner autour d’elle malgré sa parfaite immobilité, et voyant des feuilles lui tomber dessus pendant quelques instants, elle cligna des paupières, ses grands yeux rouges affichant bien plus de surprise qu’autre chose.

… Ah bah ça … ça faisait longtemps que ça m’était pas arrivé.

Se redressant et se massant un peu la nuque, l’albinos rigola franchement. Privée de toute sensation douloureuse, elle ne voyait en cette chute qu’un contretemps un peu désagréable, sans plus. Elle ne pourrait pas tomber plus bas, après tout. Ceci dit, lorsqu’elle chercha à se redresser, une gêne musculaire évidente lui fit comprendre que même si elle n’avait pas « mal », elle devait quand même avoir de beaux hématomes dans le dos et les fesses. Se frottant un peu ces dernières en s’étirant et en se débarrassant de la poussière, elle pointa une direction du menton.

J’vais bien, je vais bien, t’en fais pas. J’ai juste … heum … Je marcherais juste un peu lentement, pour me remettre en route. La maison est dans cette direction, je l’ai vue quand j’étais en haut.

Reprenant ses affaires avec une légère difficulté et une moue contrite, la deadman lâcha un soupire sans avoir plus que cela besoin d’aide, et se remit en marche, corrigeant un peu sa trajectoire par rapport à tout à l’heure. Pas à un seul instant son expression n’avait reflété la moindre souffrance, même dissimulée : elle ne semblait tout simplement rien avoir senti … Et pour cause. Ceci dit, elle ne parut pas mécontente d’arriver à la maison du vieux couple chez lequel elle vivait, posant le panier de bois à côté de la porte avant d’entrer.

TOKU ! IKI ! JE SUIS REVENUE AVEC QUELQU’UN, J’AI BESOIN D’AIDE !

Son ton était enjoué, mais ses paroles quelque peu inquiétante : quelques instants plus tard, une petite native âgée et inquiète sortit d’une autre pièce de la maison, se frottant les mains à la va-vite dans un tablier. En voyant la deadman aussi souriante que d’habitude, et une demoiselle qui semblait en parfaite condition juste derrière, elle resta un instant figée, interdite.

Je suis là, ma chérie … Tout … Tout va bien ?
Oui, mais on a trouvé des fruits et on ne sait pas si ils se mangent. Tu pourrais nous le dire ?

Un peu surprise, la native regarda la deadman poser sa cape sur la table et défaire le baluchon, révélant la cueillette qu’elle et la déesse perdue avaient réalisé un peu plus tôt. Les sourcils haussés, elle passa de l’enfant enjouée à sa nouvelle compagne … Puis soupira, poings sur les hanches, semblant rassurée que tout aille bien sans être totalement remise de son choc. D’une main, elle saisit une brindille, qu’elle ôta des cheveux blancs légèrement emmêlés de la deadman.

Tu devrais faire attention, j’ai l’impression que tu as bien sali l’arrière de ton vêtement … Quant à ces fruits, non, ils ne se mangent pas. Enfin, tu vous pourriez, mais la peau est dure comme une coque, et l’intérieur pas très goûteux. Dans une tarte, par contre … hmm, je devrais en avoir assez pour en faire une, avec ce que vous avez ramené.
Super ! Réalisant qu’elle avait fait les présentations dans le désordre le plus total, l’albinos se retourna vers Hécate. Voilà Hécate ! Elle voyage, mais elle n’avait pas pensé à prendre de nourriture, je l’ai croisée alors qu’elle cueillait ces trucs. Hécate, voilà Iki, la dame dont je t’ai parlé. Son mari Toku et elle vivent ici. Il est un peu sourd, mais pas méchant. Il  ne m’a pas entendu appeler ?
Tu sais bien qu’il est parti au village, ma chérie … Enchantée, Hécate. De quelle région venez-vous, au juste ? Et où vous rendez vous, en voyage ?
Oh ! Et est-ce que tu sais où dormir ? Il y a de la place dans la grange où je dors, si tu ne sais pas où aller pour ce soir !
Hmm, en attendant je vais avoir besoin d’aide pour la cuisine, si nous sommes 4 à tables ce soir. Vous voulez m’aider à préparer le dîner ?