Perte d'armement

‘’Eileen, je crois que nous avons un problème.’’

Tels avaient été les premiers mots qu’avait prononcé Cordelia demoiselle en rentrant un peu précipitamment dans la pièce où dormait Eileen, sa compagnonne de route. Elle avait toquée un peu rapidement certes, et à vrai dire elle avait même ouvert la porte dans le même mouvement, mais elle était actuellement suffisamment inquiète pour outrepasser les politesses les plus banales. Au pire, que risquerait-elle ? De trouver Eileen dans un état encore pire qu’avait été celui de la veille ? Difficile à croire que c’était possible, l’elfe avait été particulièrement festive tantôt suite à la réussite d’un contrat bien lucratif, et elle avait fêtée ça, dépensant presque la moitié des gains en une seule soirée…

‘’Aaaargh, parle moins fort…’’ Fit-elle en enfonçant sa tête dans son oreiller, subissant encore les effets malencontreux d’une gueule de bois amplement méritée. Si sa tenue, légèrement débraillée, était à l’image d’un matin de cuite, celle de la chevalière contrastait grandement. Certes, elle n’avait pas été aussi portée sur la bouteille que l’archère, mais même cela ne l’empêchait pas d’être déjà en tunique et armure, prête à prendre la route vers d’autres destinations bien lointaines. Seulement, il y avait comme un léger hic.

‘’Nos armes, elles ne sont plus dans l’auberge !’’

‘’Hein ?’’

‘’Il y a des traces d’effraction. Des personnes sont entrées durant la nuit et ont prit ce qu’il y avait dans la salle principale. Les économies du tenancier évidemment, mais aussi toutes les armes appartenant aux clients.’’

Si d’ordinaire, aucune des deux aventurières ne se serait séparée de ses armes, les règles d’un établissement étaient parfois strictes, et il fallait les laisser dans l’entrée pour éviter que des conflits d’ivrognes ne viennent à se régler d’une manière trop violentes. Quelques coups de poings et des choppes brisées n’étaient qu’un bien maigre mal en comparaison d’une épée enfoncée dans le torse. Et malheureusement, elles avaient respectées cette règle là…

‘’Attends… Ils ont prit mon arc ?’’

‘’Il ne nous reste plus rien.’’

Si ce n’était l’argent certes, mais investir dans de nouvelles armes était une chose qu’elles ne pouvaient pas se permettre de faire. Malgré la gueule de bois, Eileen vint à se redresser, vérifiant dans le dos de sa tunique si sa dague s’y trouvait toujours, une arme de dernier recours qu’elle avait conservée, avant de tenter de se mettre debout, moyennant quelques pertes d’équilibres. Il semblait qu’elle n’avait pas encore complètement décuvée.

‘’Faut qu’on… Qu’on fasse quelque chose.’’

‘’J’y comptais bien. Et j’imagine que vous allez nous proposer pour cette histoire, faire en sorte que nous puissions récupérer nos biens tout en négociant une part des recettes volées avec le tenancier.’’

‘’Hein ? Ah hum… Oui, évidemment.’’

‘’Vous ne semblez pas être dans votre état normal…’’

‘’Mon état « normal » ne s’accompagne pas d’un pivert dans le coin de ma tête…’’ Soupira l’elfe avant de commencer à remettre normalement ses affaires, tout en tentant de se masser les tempes afin de distraire la douleur. ‘’Des voleurs donc ? Sans arme, ça risque d’être une sacré paire de manche…’’

‘’Il y a surement d’autres personnes dans l’auberge qui seraient intéressés à l’idée de récupérer leurs affaires.’’

‘’Ouais, surement…’’

‘’Je crois que je vais m’en charger, le temps que vous puissiez… Récupérer.’’

‘’Juste quelques minutes hein… J’arrive après.’’

Cordelia se laissa aller à un petit soupir, avant de descendre dans la salle principale. Quelques personnes étaient debout, à constater que leurs équipements étaient vacants. Certains semblaient même en train de s’énerver sur le tenancier, qui était bien incapable de répondre. Après tout, il était victime lui aussi. Restait à savoir qui serait intéressé à l’idée d’aller prendre de tels risques. Mais dans un premier temps, elle comptait en apprendre plus.

‘’Est-ce que vous savez qui pourraient être ces voleurs ? S’ils sont actifs dans la région ?’’

‘’Eh bien… Il y a bien une bande de voleur, dans la forêt, à l’ouest, mais… Habituellement, ils ne s’occupent pas vraiment de nous…’’

Donc il y avait tout de même des suspects… Difficile à dire si cela en faisait des coupables, mais la présence d’une telle troupe à proximité n’allait pas rendre les choses plus aisées. Resterait à savoir si quelqu’un avait entendu cette petite discussion qu’elle venait d’avoir, et si donc quelqu’un pourrait être intéressé par cette histoire…

Boire de l’alcool n’avait jamais été un grande passion pour l’Immortel. Du moins, surtout venant celle qui n’était pas de la taverne de son capitaine. Il était capable de boire un tonneau entier et de ne pas en subir les conséquences le lendemain avec son pouvoir. Mais cette fois-ci, il était dans une autre taverne et sans son pouvoir, vous saviez comme cela allait terminer.

Après une mission de la part des villageois, il avait ramassé une petite prime. Cette prime, il l’avait versé dans de l’alcool pas cher, pour oublier qu’il était loin d’Elaine. L’alcool fut drôlement effet et même un moment, il voyait une elfe danser sur une table… Mais bien sur, tous à un moment dans la soirée avait crier tournée générale, lui, en comptant son argent, ne pouvait pas en déclencher. Boarf, pas grave, autant en profiter se disait-il.

Il avait roulé jusqu’à sa chambre oubliant même qu’il avait du déposer son arme à l’entrée pour raison de sécurité. En quoi cela aurait été dangereux son tribâton… Ouais, il peut casser des crânes, bon, un point pour la modestie. La nuit fut assez courte et ce fut le tumulte au bar. Ce dernier descendit, se tenant la tête. Il attrapa un bol d’eau sur le comptoir et se le jeta au visage. Un bon moyen de se réveiller. Un type s’approcha de lui et vient lui chuchoter.

-Hé, tu sais qu’hier soir, on nous a volé toutes nos armes

-Oh merde, j’espère que cela ira pour vous

-Cela vaut aussi pour toi

-KWAAAAA??!!

Ban avait poussé ce cri de la manière la plus naturelle après un lendemain de fête. Il avait la tête qui sifflait mais il tient bon. Il comprenait maintenant l’énervement des gens sur le tavernier. Mais il semblerai que lui aussi s’est fait dévaliser… Bon dieu, ses gens n’eurent pas d’honneurs, pas d’ivresse du combat… Bon oui, le vol je devrais me taire se disait-il dans sa tête de linotte. Mais lorsqu’un voulut attraper l’aubergiste par le col, ce fut Ban qui tapa lourdement du poing sur la table en remettant son manteau en place

-T’as pas bientôt fini d’attaquer ce pauvre aubergiste ? Si tu dois te déchainer sur quelqu’un, c’est sur les voleurs !

Ce dernier vint s’approcher de lui, sa phrase ne l’avait pas calmée bien au contraire. Alors qu’il voulait lever un poing sur le Mort Vivant, le péché fut plus rapide et lui mit un coup de boule. L’attaque fut d’une tel violence, qu’il le fit tomber à la renverse, assomé.

-Bien, un abruti sans cervelle de moins pour penser, moi je vous propose, on part chercher les voleurs, on leur pète les dents, on les tues pas mais on récupère nos armes et l’argent de ce type. Et après, ils nous payent une tournée, n’est-ce pas aubergiste ?

La voix de Ban reprit sa teinte chatoyante, presque comme s’il chanter. Sa langue était toujours sortie, le coup de poing avait séché l’envie de taper l’aubergiste. Mais pourtant, aucun d’eux semblait assez courageux pour en découdre avec les voleurs. Puis, il remarqua la demoiselle au vêtement métallique, il se tourna vers elle.

-Dites, mademoiselles, tu veux venir avec moi casser la tête des voleurs ? Ne dit pas que tu n'es pas d’attaques, tu as mis ton armure ? Moi c’est Ban, vous pouvez m’appelez Ban ou Ban, j’ai plus de surnoms…

Il attrapa une chaise et s’assit à l’envers dessus.

L’ambiance d’une auberge le matin aux aurores après une soirée de beuverie. Malgré le ménage qui avait été fait, quelques désagréables odeurs continuaient de parfumer la salle principale. Quelques verres renversés, des bouteilles brisés et d’autres incidents laissaient encore quelques tâches sur les lames du parquet de l’établissement. Bref, une odeur que l’Ylissienne n’avait pas nécessairement envie d’être imbibée, surtout au moment d’un réveil quelque peu agité par le vol qui avait été commit sous ce toit, et dont elle était l’une des malheureuses victimes.

Et les choses n’étaient pas les plus aisées à gérer, surtout pour le tenancier. L’inquiétude et la colère faisait échauffer les esprits, et il ne fallait qu’une braise pour que tout ne s’enflamme. C’était en tout cas ce qu’il se passait en bas, et ce à quoi dû assister Cordelia en arrivant. Un coup de poing pour envoyer une personne particulièrement agressive au pays des songes. Certes, il menaçait le propriétaire, mais d’autres solutions auraient put être envisagées. C’était en tout cas ce à quoi elle pensa dans l’immédiat, avant d’entamer la discussion avec l’aubergiste, qui semblait être assez agité.

Et il ne fallut pas beaucoup plus de temps pour que quelqu’un ne vienne engager la conversation avec elle. Il s’agissait d’un homme, grand, très grand, et avec la carrure qui allait avec. Bref, une armoire à glace, un pilier de comptoir et le vaisselier attaché avec. La rousse dû lever la tête et reculer d’un pas pour en voir le visage sans se coincer la nuque, afin d’apercevoir les cheveux blancs de son interlocuteur. Une personne clairement pas banale qui arrivait là, et qui s’était précédemment illustré dans l’altercation qu’il y avait eu, et qui du coup lui proposait de venir « casser du voleur ».

‘’Hum… C’est en effet mon intention. Même si ma priorité reste de récupérer les affaires volées et de les rapporter.’’

Elle était légèrement hésitante, un peu intimidée par la carrure de la personne qui se trouvait face à elle. Il fallait dire que de tels géants n’étaient pas communs d’où elle venait, et pourtant elle était habituée aux guerriers, soldats et autres combattants. Mais bon, elle devait se ressaisir :

‘’Je m’appelle Cordelia, chevalière… Errante, pour le moment, et ces voleurs ont dérobés ma lance.’’

Elle se montrait quelque peu soucieuse concernant cet état de fait, n’appréciant pas spécialement se retrouver sans défense. Elle n’avait pas vraiment la force de vaincre des personnes à mains nues, et elle manquait de soutien et de ressource pour la laisser tomber. Elle se tourna vers l’aubergiste, afin de reprendre les questions :

‘’Que pouvez-vous nous dire sur ces voleurs ?’’

‘’Eh bien…  Ils ont établis leur campement dans des arbres, dans un ensemble de cabane à plusieurs mètres de haut. Ils sont… Eh bien, une douzaine peut-être ? Pas vraiment violent, mais… Plus embêtant qu’autre chose.’’

‘’Et vous pensez qu’ils en sont responsables ?’’

‘’C’est que je n’ai pas vraiment d’autres suspects en fait, donc…’’

‘’Je vois. N’hésitez pas à nous tenir au courant si quelque chose vous reviens.’’

Difficile à dire s’ils pouvaient être sûrs de cette information. Il n’était pas impossible qu’ils se lancent tous les deux dans une quête quelque peu difficile sans avoir de résultats. Il allait falloir croiser les doigts, ou bien essayer d’enquêter un peu afin d’obtenir une confirmation.

‘’Je pense que nous devrions essayer d’en apprendre plus. Les gens doivent se lever tôt, peut-être que quelqu’un du village a vu quelque chose ? Et autrement, peut-être que nous pourrions trouver des traces pour confirmer s’il s’agit de ce groupe de voleur.’’

Après que les esprits furent quelques échauffés, il était maintenant tant de reprendre les discussions quant à l’objectif inital. Retrouver ses voleurs, récupérer les armes et leur faire payer. Peut être que la dernière phase ne sera pas nécessaire. Même si Ban en avait vraiment envie, cela ne résoudrait rien, bien au contraire. Faisant craquer ses os du cou, il attendit la réponse de la demoiselle à la chevelure de feu. L’agitation continuait de battre son plein dans l’esprit de l’immortel. Mais bon, ils allaient devoir faire avec même si les paroles de cette dernière le fit quelque peu relativiser.

-Ouais, tu as raison… On essaye de récupérer nos armes et s’ils ne veulent pas du pourparler alors, je crains que la manière forte soit de mise.

Faisant un tour sur lui même, l’aventurier commençait à voir si des gens étaient avec eux. Aucun, que des couards, des personnes qui criaient plus qu’ils voulaient agir. Cela fit soupirer le Renard. Il passa un coup de main sur son manteau, agitant le bras dominant. La nuit l’avait quelque peu engourdis.

-Oh et bien, on sera entre chevalier dans ce cas… Pas beaucoup de courageux ici, on risque d’être que deux si cela continu… Bon tant pis, il va falloir la jouer fine ; et récupérer des infos même si ça ne m’enchante pas.

Il alla se positionner non loin de Cordelia pour écouter les informations qu’il divageait sur les voleurs. Il était assez perplexe.

-Et si c’était un membre du village qui aurait volé ses armes pour les revendre plus tard. Il peut aussi se dire qu’on mettra tout de suite la faute sur ce groupe de voleurs. Vous savez, colporter de fausses informations sur quelqu’un j’ai connu et subi donc aucune piste n’est à écarté… Nous sommes tous coupables et qui dit qu’il n’est pas ici dans cette pièce, dans ce groupe de peureux ?

La voix de Ban, si on pouvait l’appeler ainsi, rappelait celui d’un clown, très chantante, très comique. Mais pourtant terriblement sérieuse dans ses propos, devoir démeler le vrai du faux, voilà qu’il pourrait s’avérer complexe. En se grattant le menton, il tapa dans ses mains.

-Miss Cordelia, je vais aller dehors récolter des informations auprès du boulangers et du forgerons, à mon avis ce sont les plus matinaux, comme le chasseur, s’il y en a un dans ce village . Vous le tavernier, dite moi, où est-ce que je peux les trouver ?

-Le boulanger et le forgeron sont cote à cote, au milieu du village proche du puits. Et, nous n’avons qu’un chasseur mais il est en chasse depuis trois jours, il devrait rentrer en fin de semaine.

Attrapant ses informations au vol, il entreprit sa traversée du village au petit matin, les bras dans le dos. Les informations que lui délivrèrent les deux marchants ne furent que dans l’appuie des voleurs, car ils n’avaient croisés personne. Il en profita pour faire un emprunt auprès du forgeron, cotnre son or et son manteau, il récupéra quatre dagues. Cela serait déjà ça.

De retour à la taverne, il alla directement vers Cordelia et posa sur la table quatre dague. Ban n’avait plus son lon manteau en cuir, il avait son pourpoint rouge mais plus rien qui lui protégeait ses cotes.

-Tient, faite attention c’est un emprunt. J’ai pas pu obtenir plus que ça, les épées ou les lances étaient hors de prix… Bordel, il est bon en affaire le tapeur de fer...

La partie la plus importante du plan demeurait la récupération des différents biens. C’était en tout cas ce que pensait Cordelia. Après tout, une fois convenablement armée, elle pourrait mieux se défendre et rendre la justice face aux voleurs qui étaient responsables de cet odieux méfait. Restait cependant de nombreux risques à devoir gérer au préalable, et même si la demoiselle était une battante, elle savait pertinemment que cette histoire ne partait pas à leur avantage. Il allait falloir jouer d’un peu de subtilité pour réussir à s’en sortir, et la demoiselle n’avait pas véritablement eu besoin d’en faire preuve lors de ses années dans l’armée Ylissienne.

Cependant, l’homme qu’elle avait face à elle annonçait être chevalier. Etrangement, Cordelia eu un doute. Il n’en avait pas vraiment l’air, manquant de quelque chose, de manières peut-être, ou bien que la conception qu’elle avait de la chevalerie n’était pas quelque chose d’universel. Peut-être bien, mais il y avait un point qu’elle allait devoir rectifier au préalable, et ce serait concernant leur nombre :

‘’En vérité, nous seront trois. Ma camarade de voyage devrait arriver dans les prochaines minutes. Enfin, si elle réussit à vaincre les verres de la veille…’’

Un âpre combat qui se déroulait hors champ. Celui d’une elfe face au confort de ses draps, la douceur de son oreiller et au douloureux mal de crâne qu’elle avait actuellement. Mais c’était un autre détail, et Cordelia hocha la tête sur le plan qu’avait actuellement Ban, avant d’expliquer ce qu’elle comptait faire de son côté :

‘’Je vais m’occuper d’inspecter l’auberge. S’ils sont entrés par effraction, ils ont surement laissés des traces.’’

Toutefois, la manière dont il parlait lui rappelait d’une certaine manière Jester, l’arlequin. Une manière un peu chantante dans ses intonations, quelque chose d’assez particulier, bien que les deux n’avaient que peu en commun, à commencer par l’absence de masque. Un petit instant de flottement dans son esprit, qui s’égara petit à petit avant de se refocaliser sur la priorité du jour, à s’avoir enquêter.

Ainsi commençait-elle à observer. Selon l’aubergiste, la porte de derrière avait été fracturée durant la nuit, et l’état de la serrure indiquait bien que quelqu’un en était responsable. Si la personne venait de l’intérieur, il s’était ainsi donné beaucoup de peine pour faire disparaître les équipements des autres clients… Cela confortait néanmoins la possibilité que les voleurs soient derrières cela, mais… Pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

Des pas derrières elle vinrent à la faire se retourner. L’elfe, qui avait le nez dans une fleur rouge, inspirait avec difficulté. Probablement un remède naturel à la gueule de bois, mais à en croire sa tête, cela n’était pas encore très efficace.

‘’Alors ça… Enquête ?’’

‘’En effet. La porte a été fracturée. Je vois qu’il y a de la terre au sol, ainsi que quelques brins d’herbes et des feuilles.’’

‘’On dirait des restes d’une fougère… Celui qu’est passé par là s’est fait un petit tour en forêt avant.’’

‘’Oui, il semblerait bien.’’

Restait à mettre en commun les informations avec Ban. Lorsqu’il vint à revenir, il put ainsi voir la présence d’une autre personne aux côtés de Cordelia. Une jeune femme, encapuchonnée, qui ne semblait pas être spécialement dans son assiette. Peut-être cependant que les événements de la veille pourrait lui rappeler de nombreux détails la concernant… Mais bref, il posa sur la table plusieurs dagues, tout en étant étrangement moins vêtu que précédemment.

‘’Vous avez achetés ça ? Ce… C’est généreux de votre part.’’

‘’Hey… C’est qui ?’’

‘’Eileen, voici Ban, Ban, voici Eileen. Il va nous aider pour récupérer nos armes.’’

‘’Oui mais… J’ai toujours ma dague. Et puis, avec ma magie… Ce n’est pas comme si j’en avais véritablement besoin.’’

‘’C’est l’intention qui compte non ?’’ Soupira Cordelia, un peu lassée par le comportement de sa camarade, avant de prendre l’une des lames dans ses mains : ‘’Au moins nous ne seront pas complètement désarmés face à eux. Hum… Par contre, elles n’ont pas l’air d’être de grande qualité. Le métal à l’air d’être assez cassant.’’

‘’Autant dire qu’il s’est fait arnaqué sur la marchandise.’’

‘’Je crains qu’en effet, ce commerçant s’est joué de vous…’’ Elle afficha une mine un peu désolée pour lui, surtout qu’il avait tout de même investi ses affaires, avant de se reconcentrer sur le plus important : ‘’Bon, avec les traces dans l’auberge, la personne responsable venait de la forêt.’’

‘’Vu le nombre de trace, ils devaient être plusieurs aussi.’’

‘’Je crains donc que ces bandits ne soient impliqués, et que nous allons devoir nous jeter dans la gueule du loup. Vous sentez-vous d’attaque ?’’

‘’Comme on peut, mais ça ira. J’ai déjà abattu un Shima avec plus de quarante de fièvre.’’

‘’Et vous, Ban ?’’

Tandis que Cordelia se mettait au boulot à la taverne, Ban lui était parti discuter avec les autres lèves-tôt du village. En revenant, il eut l’agréable surprise de voir que Cordelia était accompagnée de sa compagne de route. Apparement, la belle à la bouteille dormante était levée, et rien qu’à voir à sa tête, elle descendait d’une cuite monumentale… Attends, c’était pas l’elfe qui avait dansé sur une table en gueulant que quelqu’un paye une tournée générale ? Peut être, pour dire, lui aussi avait abusé de la boisson dernièrement.

Il s’approcha de la table, laissant tomber ses armes et se tourna vers l’elfe, un petit peu tranchante sur sa façon de demander qu’il était. Il continua de sourire, et vint avec un teint chantant se présenter.

-Enchantée Eileen, mais je suis ravi de voir que mon initiative est appréciée. Sinon vous avez du nouveaux quant aux indices trouvés ici ? Perso, personne n’a rien vu, donc cela s’est bien produit la nuit. J’ai relevé aussi des traces de pas dans la boue, de nombreuses, qui vont vers la forêt.

Il regarda plus précisément les dagues, mais oui, elles étaient de mauvaises qualités. Cela le fit passer de l’enthousiame à un sourde colère. Son visage devient plus ferme et commença à se redresser les manches de son gilet.

-Après les voleurs, j’en aurai un à remettre dans le droit chemin. En plus, j’ai pas acheté, j’ai emprunté, mon manteau en cuir est en garantis, ainsi que tout mon or… Et il me donne de la camelote, ou que ça va barder…

De tout son long, il s’assit sur sa chaise, la faisant craquer sans céder. De sa main, il se frotta les yeux en marmonnant entre sa barbe inexistante. Puis, il reporta son attention sur le duo féminin et se mit vacquisser.

-Je me sens tout retourner depuis mon passage, mais j’ai la force encore… Et au pire c’est pas grave pour les dagues, je prendrais un gourdin ou un morceau de bois au passage, ça suffira, je suis plus contondant que tranchant. D’ailleurs, au niveau du plan, on essaye de s’infiltrer discrètement, on parlemente, on négocie ou on fonce dans le tas jouant sur l’effet de surprise ?

Après que le plan d’action soit établi, le renard se mit sur ses pieds et se dirigea vers la sortie, attrapant deux dagues au passage. Il les avait emprunté, c’est pour qu’elle serve...

D’ordinaire, Eileen pouvait être assez cassante. Avec une gueule de bois, les choses pouvaient être différentes. Peut-être pire en fait, mais s’ajoutait en tout cas actuellement un tempérament plus grognon qu’à l’accoutumé, mais peut-être moins explosif, vu que cela provoquerait un mal de crâne malvenu. Heureusement, elle pouvait enfouir son nez dans ses plantes afin d’oublier ceci, tourmentant ses sens et son esprit pour outrepasser ce bien malheureux mal qu’elle subissait actuellement. A croire qu’elle pourrait trouver dans la nature une réponse au moindre mal qu’il pourrait y avoir en ce monde, mais qu’elle le ferait payer une fortune s’il ne s’agissait pas d’elle.

Bref, elle roula juste des yeux pendant que Cordelia réfléchissait succinctement à la situation. D’un côté, elle n’avait pas de preuve directe de la culpabilité des bandits, mais de l’autre… Ce n’était pas comme s’ils avaient d’autres suspects potentiels, et tout indiquait dans l’immédiat que les voleurs de cette nuit provenaient de la forêt. Peut-être qu’elle cherchait trop compliqué, et que la vérité était évidente, mais qu’elle se refusait à l’admettre. Les bandits étaient nombreux, et certains n’avaient pas besoin d’un prétexte pour bruler des villages et massacrer des habitants sans défense.

‘’Quelques traces de pas, avec de la terre, de la boue, et des plantes forestières. Ils ont forcés la porte durant la nuit et s’y s’ont engouffrés.’’

‘’Mais bon, s’ils ont pas réveillés toute l’auberge en le faisant, c’est qu’ils doivent être habitués à ouvrir des serrures… Ou alors que l’aubergiste est dans le coup.’’

‘’Hum… De ce que nous savons, seules les armes et les armures ont été volées… L’endroit n’a pas l’air d’avoir subit de casse.’’

‘’C’est louche ça.’’

Cordelia ne répondit pas, pensive. Toutefois, pendant ce temps, Ban commençait à s’enflammer, visiblement bien agacé qu’il se soit fait ainsi roulé ! Probablement que le forgeron lui avait donné des armes de mauvaise facture pour pouvoir récupérer les garantis lorsqu’il viendrait ramener les armes abimées. Une méthode sournoise, et qui risquait de lui couter plus que son or. Mais il vint à s’asseoir, demandant par ailleurs quel serait leur plan d’action. Une question légitime, mais qui demeurait difficile à prendre actuellement. Toutefois, un passage fit tiquer Cordelia dans un premier temps :

‘’Votre… Passage ?’’

Une expression peu courante, et Eileen leva un sourcil, intriguée également de ce qu’il pourrait répondre. Dans tous les cas, Cordelia affichait une mine soucieuse, et annonça ultimement :

‘’Je ne sais pas encore. Cette histoire me semble… Particulièrement étrange. Si ce n’est pas dans leurs habitudes, pourquoi cette nuit ? Et pourquoi ne prendre rien d’autre que des armes et des protections ?’’

‘’Peut-être qu’ils n’aiment juste pas les voyageurs.’’

‘’C’est possible… Surtout que s’ils souhaitaient des armes, ils auraient put aller chez le forgeron. Je ne sais pas, mais j’ai le sentiment que cette histoire cache autre chose… Nous devrions aller dans la forêt, afin de voir ce qu’il en retourne.’’

‘’Toujours voir avant de choisir hum ? Très bien, remontons cette piste alors.’’

Eileen haussa les épaules en laissant les dagues à la chevalière, qui ferma la marche sans être fermement décidée sur cette affaire. Il s’agissait de criminels certes, mais cette histoire avait des zones d’ombres qu’elle souhaitait révéler. Mais bon, dans tous les cas, elle voulait récupérer les armes volées, et particulièrement sa lance. Elle se sentait à vrai dire assez vulnérable sans, et les dagues de piètres qualité qu’elle avait maintenant n’étaient pas pour la mettre en confiance. Toutefois, Eileen restait sur les aguets, et c’est ce qui la fit rapidement tiquer.

‘’Il y a des corbeaux par-là, et possiblement quelques autres charognards.’’

‘’Une carcasse ?’’

‘’Oui mais… Il y a trop de mouvement.’’

‘’Trop de mouvements ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?’’

‘’D’ordinaire il y en, toujours, mais rarement autant. Ce qui veut dire qu’il y a plus de viande à venir récupérer, et ça peut dire deux choses. Soit c’est un gros gibier, ce qui serait bizarre vu la région, soit la chose là-bas n’a pas été tuée pour être mangée.’’

Entendant cela, Cordelia fronça les sourcils alors qu’elle se mettait en garde. Cela signifiait, évidemment, qu’il y avait un danger dans cette forêt, et que cela pourrait frapper à n’importe quel mouvement. Bref, une situation très déplaisante pour celle qui avait l’habitude d’être en hauteur.

‘’Bien vu. Restez prudents. Il y a quelque chose qui attaque uniquement pour tuer dans cette forêt, et ce n’est pas quelque chose de bon.’’

L’elfette était d’une humeur massacrante, ce qui provoqua un roulement de yeux de Ban. Bon, cela s’annonce passionnant dit donc, une bonne dose de déconnade, c’était une prévision. Il toussota venant lentement reculer, laissant les autres suivirent. Il avait pris la marche sans en attendre d’amples informations et à vrai dire.

-Si des traces viennent de dehors c’est forcément notre groupe, après, ils avaient peut-être besoin d’armes pour quelque chose d’autre, surement un braquage... Mais je présume que les banques ne poussent pas dans la forêt, ni dans les villages.

La forêt commença à se dessiner ici et là, laissant place à une verdure plus importante, même si des traces de passage étaient visible au niveau d’une haie de fougère. Il n’avait plus qu’à arpenter ce chemin, pour essayer de retrouver la trace des fouinards de voleur d’armes. Il marqua une pause face aux mots passage, et se racla la gorge.

-Oui, un passage, une porte, un portail, par moment, ça rend un peu tout flasque, ça doit être surement l’alcool.

Il avait fait cela exprès pour voir si une ne serait pas une de ses élus mais à leur tête au début, il ne douta pas trop qu’il avait un quelconque espoir. Les collègues de circonstance commencèrent en sommes à déambuler dans l’humus composant le sous-bois. Les branches craquèrent sous leur poids, les oiseaux se cessèrent leur chant à leur passage. Il régnait une mauvaise ambiance dans la forêt, comme si la moindre présence était source de danger permanent. Une atmosphère angoissante, qui n’s’inspirait ni la confiance ni sureté, dans les ombres, il pouvait voir les bêtes détallaient à pleines vitesses.

-Je doute qu’il n’aime pas les voyageurs, sinon d’autres vols auraient déjà lieu. Mais alors, ils n’auraient pas pris la caisse du tavernier. Non, ils ont besoin d’armes… Et d’armures, ils veulent les utiliser, non les revendre sinon, ils n’auraient pas visé précisément quand la taverne est bondée de monde… A moins qu’ils sachent que le forgeron fait des armes de piètres qualités…

Tant de réponses, mais si peu de réponses, cela ne fit qu’inquiéter le Renard, et pourtant d’ordinaire il ne s’inquiétait pas. Cela doit être à cause de son maudit problème de pouvoir inhiber. Se retrouver sans garde de fou, sans sa légendaire régénération, cela est enquiquinant, voir même problématique si on connait sa méthode d’affrontement. Foncer dans le tas, forcer l’ennemie à s’ouvrir à créer des failles pour y glisser sa technique de détournement ou de festin. Mais pour l’heure, il devra se contenter de couteaux à beurre usagés et se cassant comme du verre. On ne peut même pas appeler cela un glass canon. Le regard de rubis de Ban se porta sur la nuée de volatiles aux noirs plumages. Ils volèrent en abondance, et l’elfe leur émit l’hypothèse la plus vraisemblable quand à leur origine.

-Ainsi, quelques choses ou des individus se trouvent là-bas… A votre avis, est-ce qu’il y a coïncidence ou alors corrélation dans notre quête ? En tout cas, personnellement, je vais aller voir. Autant avoir le cœur net après tout.

Continuant son rôle de chef de meute ou du moins de premier défenseur devant, il observa les charognards pour se diriger vers eux ou du moins, ce qui pourrait être leur quatre heures. Un délicat fumée de putréfactions, de sang séché et de viscères envahissaient d’un coup les environs. En approchant, ce qu’il redouait fit froid dans le dos. Sept humains étaient allongés au sol ou enfoncé dans un arbre pour un. Tous raide mort, comme la justice. Chacun tenait soit une arme volée, soit une armure, pour certaine complètement enfoncée. On dirait le charnier après un affrontement entre deux armées. Ban en eut quelques suées froides alors qu’il est habitué avec son propre corps à tant de massacres, mais il parvient nettement à se contrôler. D’un rapide coup d’œil, il semblait ne pas y avoir son arme.

-Vous avez vu mon tribâton, je ne le vois pas ? Et vous vos armes ?

Il regarda derrière elle, espérant qu’une ne tournait pas de l’œil. Il n’aimerait pas devoir les porter ou devoir tapoter leur joue pour les réveiller. Il n’était jamais le don juan de groupe, encore moins le docteur. Encore une fois, c’était le boulot de Merlin, c’est toujours le boulot de Merlin. Tandis que les deux commencèrent à chercher parmi les bougres leur équipement, Ban lui, fit légèrement le tour du lieu. Peut être dans les alentours, il trouverait un autre cadavre avec son arme.

Un bruit attira son attention, les froissements de feuilles, au début quelqu’un de non entrainé aurait convenu à un souffle de vent. Mais non, pas pour le chasseur né des sept péchés capitaux. Faisant mine de partir d’un côté, il fit le plus grand tour. D’un geste rapide, il attrapa ce qu’il se trouvait dans le fourré, et en sortit attrapant le col un jeune homme d’à peine 12 ans. Il remarqua tout de suite la lance qui tenait en main. Même s’il n’aurait pas agi avec, Ban ne préférait pas prendre de risque. Le petit garçon tremblait de tout son long pour rien au monde l’immortel le lâcherait.

-J’ai un survivant on dirait, les filles, venaient.

Cordelia demeurait actuellement prudente. Cette histoire ne lui plaisait pas mais elle se retrouvait malheureusement impliquée dedans d’une manière qu’elle n’appréciait guère. Nombreux étaient les facteurs qui jouaient actuellement sur son état d’esprit, mais elle préférait garder ses doutes pour elle. A quoi bon les exprimer maintenant ? Cela ne ferait probablement qu’apporter des problèmes et, dans tous les cas, ils iraient tous au devant du danger afin de récupérer leurs affaires.

Cependant, le mot qui fit tiquer Cordelia vint à avoir un peu plus de développement. Un passage, une porte ? Peut-être bien, mais un portail… Elle avait bien quelques théories, héritées de ses précédentes rencontres sur le sujet, mais il n’en fallut pas plus pour que l’elfe ne jette dans sa direction un regard intrigué, penchant légèrement sa tête avant de regarder Cordelia. Après tout, l’apparence de Ban était assez exotique, notamment par sa taille bien impressionnante. Et dès qu’une chose un peu trop bizarre se trouvait face à elle, la clochette « élu » sonnait comme une douce justification à ses oreilles. Mais ce n’était pas la seule, et Kosaten contenait également son lot de cas bien improbables. Il lui faudrait plus pour la convaincre, même si Cordelia y croyait déjà un peu plus. Après tout, elle était dans cette même situation…

Et concernant la raison, cela demeurait obscur pour le moment. Aucune preuve, juste des théories quelques peu brouillonnes qui se basaient certes sur les faits actuels, mais sans avoir les motivations et compagnie. En tout cas, la mention du forgeron fut un peu sourire Cordelia, qui se permit de rajouter :

‘’Si l’ensemble de son travail est à l’image de ces dagues… Je crains qu’en effet, s’abstenir serait préférable.’’

Dans tous les cas, le moment était venu d’aller tâter le terrain, et d’explorer la forêt. La présence des volatiles était un indice, mais qui laissait présager de bien mauvaises choses. Restait à avancer dans tous les cas, en risquant peut-être sa vie à chaque pas. Si une créature était ici, elle pourrait très bien s’en prendre à eux, en considérant cette zone-ci comme son territoire.

‘’Aucune idée. Mais ce n’est pas normal.’’

‘’Alors allons-y. Nous en apprendrons plus sur cet endroit et les dangers qui sont présent.’’

Elle emboita ainsi le pas, demeurant sur ses gardes tout en craignant le pire. Néanmoins, une odeur de charogne et de sang commençait déjà à infester les environs, et par réflexe, elle se couvrit le nez de son coude, n’appréciait guère cette atmosphère macabre qui se dévoilait. Des corps, allongés à plusieurs endroits, assassinés sans autre forme de procès.

‘’Mais que s’est-il passé ici ?’’

‘’Un massacre, ça me paraît évident.’’ Souffla l’elfe en s’approchant, visiblement moins gênée que la chevalière à l’idée d’avancer et d’inspecter les corps. Probablement avait-elle plus d’expérience avec la mort, ou tout simplement de manière générale. Après tout, Eileen n’avait jamais annoncé son âge. ‘’A en juger par les traces, il y avait deux groupes, et celui-ci est tombé dans une embuscade.’’

‘’Le combat a dû être très bref. Je n’ai même pas l’impression qu’ils aient put riposter.’’

‘’Peut-être un peu tout de même. Il y a quelques entailles dans les buissons et les arbres… Et quelques unes de mes flèches par ailleurs.’’ Annonçait-elle alors qu’elle commençait à récupérer ses projectiles, sans aucune forme de remords envers la scène de crime.‘’Par contre, je ne crois pas qu’ils soient tous morts ici. Ils ont dû s’enfuir par là je crois.’’

Cordelia fronça néanmoins les sourcils. Si des armes avaient été utilisées ici, cela signifiait que d’autres humains étaient sur le coup. D’autres bandits qui seraient intervenus ? Une trahison de la part d’une partie du camp ? Il était encore trop tôt pour le déterminer, mais Ban vint à faire une découverte pour le moins surprenant ! Plongeant dans les fourrés, il vint à en sortir un adolescent, encore bien jeune, qui tenait dans ses mains un javelot dont le bout, ensanglanté, laissait présagé qu’il avait déjà été utilisé. Par lui ou quelqu’un d’autre.

‘’Super, un marmot. On va devoir faire garderie maintenant…’’

‘’Il sait peut-être ce qu’il s’est passé !’’ Fit Cordelia en s’approchant, lui prenant l’arme des mains par prudence avant de s’accroupir, afin de le regarder, droit dans les yeux : ‘’On ne te veut aucun mal, mais il va falloir que tu nous expliques ce qu’il s’est passé cette nuit.’’

Néanmoins, l’enfant était encore trop tétanisé. Visiblement, le fait d’être prit sur le vif, désarmé s’ajoutait à d’autres choses. S’il avait été témoin des affrontements de la nuit, et si, pire encore, il connaissait les victimes étendues sur le sol et contre les arbres, il était normal qu’il soit quelque peu troublé.

‘’Ban, pouvez-vous le lâcher ? Je ne pense pas qu’il pourra nous répondre dans cet état.’’

‘’Pas de signe de nos armes par contre. Elles devaient être avec d’autres types. Ou bien elles ont été emportées, mais pourquoi en laisser sur eux dans ce cas ?’’

‘’Je l’ignore pour le moment, mais… J’espère que nous allons bientôt le découvrir.’’

Un gosse, un marmot, au beau milieu d’un carnage sans nom, en voilà une surprise des plus intriguant. Ban se demandait bien ce qu’il pourrait faire de lui. Et mine de rien, il se méfiait du gosse. Ouais, il a l’air sans défense, mais depuis qu’il connait le capitaine il se doute de tout être de petite taille. Bon, les cochons, ça c’est autre chose, il faut bien les taquiner, surtout ceux qui parle. Après que Cordelia lui demandait de le redéposer, il se fit violence et ouvrit la main, le laissant retomber au sol. Ban, lui était sur le qui vive toisait le gamin de tout son immense hauteur.

Le gamin, quant à lui, était complètement tremblant, complètement bouleversé non pas par les aventurier mais par ce qu’il a dû voir. Il tremblait comme une feuille, et tenait fermement sa lance. Dès qu’elle lui fut arrachée, il trembla de plus belles, ses mains à l’identique de son corps. Il regardait le groupe de femme, n’osant pas regarder le titan qui était derrière lui.

-Je… Je n’ai pas le droit de… parler à… personne que je ne connais. ; Grand-frère, où est grand frère, il était là, il m’a dit… il m’a dit qu’il reviendrait…

Le garçon s’accroupit au sol, plaquant ses mains contre ses oreilles. Il commençait à comprendre, la dame à la faux était passée sur son groupe de proche. Il ne restait plus rien, il était le seul survivant. Il se mit à crier de tous ses poumons, voyant les corps sans vie de ses camarades. Un cri, une lamentation, une incompréhension devant le destin, voilà ce qu’il ressentait. En soupirant, Ban vint s’agenouiller au côté du gosse, oubliant momentanément ses armes volés et posa sa main sur le crâne du gosse. Il lui ébouriffa la tête, cherchant à l’apaiser. Il se souvient avoir fait cela pour Jericho il y a longtemps, cela l’avait calmé. Il resta quelques temps ainsi, avant de lentement se redresser. Les armes laissés semblaient être celle des autres voyageurs, mais d’assez mauvaise facture, quelqu’un ou quelques choses les avaient pris. Il retourna son visage vers le garçon.

-Je sais que c’est dur mais il faut que tu nous dises ce qu’il s’est passé. Ne t’en fait pas, c’est terminé nous allons te protéger, n’est pas les filles ?

Il jeta un regard vers Cornelia qui semblait être plus compréhensive mais s’attarda un peu plus sur Eillen. Tandis qu’il regardait les filles, le jeune home vient dans un sanglot dire les mots qu’il devait dire. Il lâcha le morceau.

-Ils… Ils nous ont attaqué, ils… voulaient nous tuer, on… on voulait pas vous voler… Mais on devait, sinon… On allait mourir… Et ils sont morts… Je ne voulais pas qu’ils meurent… Pourquoi ils nous ont attaqué lors qu’on est comme eux, pourquoi ?!

Après la lamentation, le gamin passait à l’étape de la rage, et cela était normal. Ban ne sait pas ce qu’ils devraient faire de lui. Il s’approcha des deux jeune femmes, perplexe.

-Vous pensez qu’il pourrait venir avec nous en le mettant à l’écart ? Je doute qu’il puisse survivre seul et l’envoyer vers le village ce serait le meilleur moyen pour que les autres le passent à tabac vous en pensez quoi ?

Trouver un survivant à ce massacre était une chose inespérée, clairement. Avec la mort qui s’était abattue ici, le sang qui avait été versé et le fracas des armes, l’espoir de trouver quelqu’un n’avait pas été présent. Toutefois, étant donné que l’embuscade avait dû se dérouler durant la nuit, il était possible que certains aient réussis à se dissimuler, mais… C’était prendre un audacieux pari sur la vie, chose qu’elle ne préférait pas faire tant qu’elle n’était pas certaine. Mais bon… Il s’agissait d’un traumatisé, d’un rescapé et à ce titre, elle ne comptait pas lui faire le moindre mal.

‘’Evidemment. Tout va bien maintenant, tu es en sécurité.’’ Fit la chevalière, tentant de sourire pour rassurer comme elle pouvait le jeune garçon. Eileen, de son côté, restait un peu plus en arrière. Visiblement, elle n’avait pas d’atome crochu avec les marmots dans ce genre, mais au moins ne le menaçait-elle pas directement. Elle croisa juste les bras avant de s’occuper des basses besognes, c'est-à-dire récupérer les armes et les armures. Elle n’irait pas non plus s’encombrer de leur creuser une tombe ou de leur accorder leurs derniers rites, les coutumes des hommes et des elfes ayant tendance à diverger à ce sujet là.

Et donc l’histoire prenait forme. Une attaque, dont des personnes, « comme eux », avaient été les agresseurs. Cela n’était pas plaisant à entendre, surtout de la bouche d’un jeune adolescent comme lui. Il avait de la chance d’être encore en vie, mais… Il allait devoir affronter bien des cauchemars s’il souhaitait pouvoir sourire à nouveau. Cependant, il ne fallait pas crier victoire trop vite, et malheureusement, cela allait amener bien des difficultés.

‘’Ce serait plus prudent qu’il se tienne à l’écart en effet, mais… Comme vous le dites, je ne suis pas certaine de la disposition qu’auront les autres clients de l’auberge à son égard s’ils apprennent qu’il fait partie d’une bande de voleur.’’

‘’Surtout que là, ça m’étonnerai qu’il cherche à rester en retrait. Au moins, on peut l’utiliser pour savoir où se trouve le campement et probablement le reste des armes.’’

‘’C’est une idée… Cependant, il risque d’être en danger.’’

‘’Eh bien on l’attache à un arbre en attendant.’’

‘’Eileen !’’

‘’Quoi ?! Je ne fais que proposer des solutions pour le protéger de lui-même !’’

‘’Vous vous doutez bien que ce n’est pas un plan convenable pour un enfant. Surtout avec ce qu’il a vu !’’

‘’Pas convenable, pas convenable… Hey, c’est Kosaten ici ! Si vous vouliez un monde sans danger, fallait en choisir un autre.’’

‘’Ce n’est comme si j’avais choisi ce monde !’’

‘’Eh bien fermez là alors !’’

Une dispute. En plein milieu de la forêt. Probablement que les deux garçons actuellement pourraient s’en aller à un « Ah, les femmes » qui pourrait être mérité. Un malheureux spectacle certes, dû à leur différences à la fragilité de leur duo, qui se basait initialement sur un simple quiproquo en terme d’identité. Néanmoins, l’elfe souffla lourdement, avant de faire un geste qui lui était inhabituel.

‘’Oui bon, désolé. Je fais que proposer ce qui me passe par ma tête. Et les gamins qui chialent, ça m’insupporte.’’

‘’Essayer d’avoir un peu de compassion… Surtout face à ce qu’il traverse.’’

‘’Ouais, je… Vais essayer.’’ Souffla-t-elle une nouvelle fois, en haussant les épaules sur ce qui s’apparentait probablement à un échec annoncé.

‘’Bon… L’emmenons-nous avec nous ? Le choix vous reviens.’’

Le jeune homme continuait à regarder le massacre de ses yeux pures, ne pouvant se détacher de cette vision d'horreur. Sa main se serrait de plus en plus, empli d'une rage soudaine, d'une envie d'en découdre. Repérant cela, le renarde se plaça entre lui et l'horreur, toujours agenouillé, il le regarda fixement dans les yeux. Le jeune Bandit quant à lui se mit à fixer les prunelles rouges qui dansaient devant lui, comme hypnotisé. Râlant sa gorge un moment, Ban prit un visage dur en continuant de l'observer.

-Je sais ce dont tu penses et la dame aux grandes oreilles n'a pas tort. Tu veux les venger non ? La vengeance n'appelle que la souffrance mais je doute que tu me crois alors je vais te montrer ce que tu risques.

Sur ses mots, il s'éloigna de quelques pas histoire qu'il le voit dans son ensemble. Il enleva les bouton de son haut et défit son gilet. Il devoila une musculature finement dessiné, les muscles bien bombes. Ce n'était pas de la musculation pour le paraître, non c'était une musculature dessinée pour le combat. Mais ce qui ressortait c'est son énorme cicatrice au niveau du cou. Il y avait aussi une belle cicatrise le long du bras que la manche cachait.

-Tu vois mon corps, il est fait pour combattre. Mais je suis couvert de cicatrices tu sais ce que c'est des cicatrices? Des vestiges de blessures, de graves blessures et cela est très douloureux. Trop douloureux. Tu penses qu'avec ton poids plume tu réussisses à faire quoi que ce soit ? Ce n'est pas pour te discréditer, loin de là, mais je ne veux pas que tu souffres. Ta vengeance ne doit pas impliquer que tu mettes ta propre vie en jeu. Ne fait pas les mêmes erreurs que moi.

Sur ses mots il vint mettre sur le dos son gilet, le laissant choire sur ses frêles épaules. Il se replaça devant lui, toujours en fixant. Le petit bout de choux, lui, avait baissé les yeux. C'était dur ce qu'avait dit Ban mais il fallait accepter. Il voulait tellement l'accomplir qu'il n'avait pas vu les dangers qui l'attendait.

-Peux-tu me promettre que tu ne feras rien de stupide ?

-Je... Je n'ai pas envie de... D'avoir mal... Encore...

-Bien maintenant, tu resteras à l'écart d'accord ? Et tu t'appeles comment petit?

-Bar... Bariil

Pendant ce temps, l'immortel avait entendu les deux femmes s'engueuler mutuellement. Elles avaient toutes les deux raisons, car elles défendaient chacune leur version de ce que pourrait être un combat dans l'avenir. Et surtout, il se peut qu'il soit aussi sombre donc prendre un combat avec ne sera pas simple. Après avoir ébouriffé la tignasse ondulée du jeune garçon, Ban s'approcha des deux pies qui pourraient se taper dans les plumes si elles en avaient.

-Vous avez toutes les deux raisons, Eilenn, il est vrai que son plus grand danger c’est lui-même. Mais Cordelia, tu as aussi raison dans le sens qu’il faut le protéger, ne pas le laisser seul. Ce monde n’est pas le notre, nous ne l’avons pas choisis, mais est-ce que cela veut dire qu’on va tout laisser se passer en disant, Ce n’est pas notre monde, on s’en fiche. Non… Et dire que c’est pas moi l’intello de base de mon groupe. Alors même si le monde est d’une noirceur, autant qu’on le rende moins sombre, ça promet de bonne tranche de rigolade.

Le gamin présent dans la scène avait envie d’en découdre. Probablement trouvait-il en la vengeance la seule chose qui allait le guider. Qu’allait-il devenir autrement s’il ne se donnait pas un objectif, s’il n’essayait pas d’avancer à la seule lumière d’une vengeance terne, mais qui était là le seul phare qu’il pouvait trouver. A ses yeux, tout avait basculé, le monde ne tournait plus sur lui-même et cela ne prendrait fin que lorsqu’il accomplirait quelque chose. Seulement, cela n’allait pas l’emmener vers un havre de paix, mais vers une spirale assassine qui conduirait à la mort de nombreuses personnes, dont lui. Toutefois, Ban vint à tenter de le raisonner, montrant plusieurs cicatrices qu’il avait hérité d’un passé agité visiblement.

Et cela eut un effet. Il semblait être intimidé, apeuré par ce qu’il voyait et les explications qui en découlaient. La douleur, la souffrance… Des choses qu’il connaissait et qu’il traversait actuellement, dont il prenait conscience à trop grande échelle. A quoi bon tomber dans des orties lorsque, à côté, un tel massacre s’était déroulé sous ses yeux ? Une innocence perdue, un pas malheureux dans le monde des grands. Une invitation qu’il aurait probablement décliné s’il en savait tous les tenants.

Bref, les deux demoiselles quand à elles eurent une divergence d’opinion, ce qui mena à une légère dispute, rapidement estompée, d’autant que Ban approchait pour tenter de jouer le médiateur. Cependant, un consentement avait déjà été plus ou moins trouvé, et des excuses présentées. Il arrivait un peu après la bataille. Il expliquait par ailleurs qu’il se moquait que ce soit son monde ou non, et que cela ne comptait pas l’empêcher d’agir.

‘’C’est ce que je pense aussi. Le fait d’être dans un autre monde ne m’empêche pas de prendre la défense de ceux qui en ont besoin, même si mes engagements se retrouvent être quelques peu… Délicat à tenir actuellement.’’

Après tout, le sujet de leur dispute avait été le fait qu’Eileen avait proposée une solution certes efficace, mais peut-être trop brute par rapport à l’état de la personne concernée. S’en était suivit un commentaire sur le fait qu’elle ne venait pas de ce monde, mais il s’agissait de l’éléphant dans la pièce vu les manières si particulières de Cordelia. Trop noble pour des zones neutres en perpétuelles indépendance.

‘’Je m’embête pas de telles causes.’’ Répondit l’elfe en croisant les bras : ‘’Au moins, je n’ai pas à répondre de ça. La morale et l’honneur ne remplissent pas un estomac. Un peu d’opportunisme par contre…’’

Cordelia leva les yeux en soupirant. Comment avait-elle pu se retrouver avec une telle personne, aux mœurs si terre à terre qu’elle volerait le jouet d’un enfant pour le revendre une bouchée de pain ? Elle se le demandait encore, mais l’heure n’était pas à la division. Ils avaient encore tous une mission à accomplir, et celle-ci prenait maintenant une toute autre tournure.

‘’Bon… Si ce groupe de bandit à décider d’attaquer, ils ont surement dû passer par le campement proche d’ici. Selon l’aubergiste, il s’agit d’un ensemble de cabane en hauteur, dans les arbres.’’

‘’Après les combats, ils ont dû se poser là-bas pour la nuit, histoire de pouvoir piller tout ce qu’il y avait d’intéressant. Ils devraient encore y être.’’

‘’C’était ce que je pensais oui. Mais, vu cette position… Je crois qu’attaquer serait très difficile. Ils auraient l’avantage de la hauteur, sans compter qu’ils doivent avec des arcs, des flèches ou d’autres projectiles. Si un affrontement doit avoir lieu, il faut que nous soyons déjà dans le camp lorsqu’il débutera.’’

‘’Hum… S’il y a un arbre assez gros et pas trop loin, je devrais pouvoir faire une sorte de pont. Ça sera pas très solide ni très beau, mais au moins ça devrait faire l’affaire. Et puis, je pense qu’ils doivent surveiller les accès « habituels » du camp. Donc on pourrait les prendre par surprise en passant comme ça.’’

‘’Ça m’a l’air d’être un début. Cependant… Cela fait beaucoup de bandit à affronter pour notre seul groupe. Je pense qu’il faudrait au préalable élaborer une sorte de tactique pour les affaiblir. Peut-être en divisant leurs forces par une ruse ou un appât… Vous avez une idée ?’’

La dispute entre les deux femmes semblait avoir pris fin avant même que l’immortel ne puisse dire ce qu’il voulait pour calmer le jeu. Mais lui, il s’en fichait, il pouvait bien dire ce qu’il voulait car après tout la parole peut être avare. Mais il avait aussi choisi ses mots pour ne pas remettre de l’huile sur le feu. Surtout que les braises semblaient lentement mais surement commencer à s’éteindre. Il délaissa quelques instants le gamin pour regarder tour à tour les deux jeunes femmes. Car oui, une femme avec le longue oreilles ça reste une femme. Il n’allait pas s’embêter pour le nom d’elfe qui comprenait pas du tout.

-Il faut savoir quand le moment opportun est pour l’opportunisme est présent, mais sinon, rendre les gens heureux ça peut s’aider à se sentir un peu mieux dans la tête. Les deux mentalités se valent je pense dans ce cruel monde… Bordel depuis quand je parle comme ça… Merlin… Tu m’as fait quoi…

Finalement, les directives pour un nouveau plan arrivèrent sur la table de discussion. IL était vrai qu’un assaut frontal ne serait pas la bonne approche. Même si cela était la spécialité de notre très cher Ban le renard, cela ne marcherait pas. Passer par les arbres, assez risqué mais pas dénudé de sans pour autant cela dit. >Il se gratta la tête, un brin en retrait par rapport au plan avant de venir se gratter le menton plus frénétiquement.

-Nous avons le désavantage du monde, c’est un fait et qui plus est, on aussi le désavantage de l’armement. Cependant, ils doivent commencer à se saouler peut-être, festonnant sur leur victoire… Ou alors je peux me tromper, mais il est vrai que ton pont semble être une bonne idée Eileen, cependant, il ne nous faut pas se faire remarquer tandis qu’on le traverse… Le feu, serait une possibilité mais incontrôlable donc c’est niette…

Prenant son air un peu plus studieux, il commença à réfléchir un peu plus, essayant de trouver ce dont il pourrait faire. Puis, il exposa une réflexion.

-Il faut compter sur l’effet de surprise c’est un fait, mais également, nous devons prendre la hauteur, cela nous donnera un avantage certain… Dans ce cas-là, il faut une diversion, quelques choses qui les attirent d’un côté… Quelqu’un a de quoi faire des fumigènes ou des pouvoirs permettant de créer quelques choses d’utile à la diversion ?

Les deux jeunes femmes se contentaient finallement d’hausser les épaules. Chacune d’entre elle avait ses méthodes et ses manières de fonctionner, et un semblant de terrain d’entente avait été trouvé. De toute façon, l’efnant était sous la protection de Ban, ce qui rendait cette discussion caduque dès les premiers instants. Cependant, il y avait un certain nombre de points qui devaient être réglés avant de monter à l’assaut, dagues dans les mains. Elle n’était pas stratège malheureusement, juste quelques notions obtenues dans des livres et autres manuels quelle avait dévoré durant son temps libre, qui s’appliquait quelque peu bancalement à leur situation.

‘’Ouais, évitons de mettre le feu à la forêt. Ça ne ferait qu’empirer les choses.’’

‘’Mais en effet, il n’est pas impossible qu’ils aient cherchés à profiter de leur victoire. J’ignore dans quel état ils se trouvent actuellement, mais tous ne devraient pas être pleinement capables de se battre.’’

Restait donc à trouver comment une diversion pourrait être créé sans être trop dangereuse, et cela était le cœur du problème. Après, de là à faire des fumigènes ou autre chose… C’était assez délicat, d’autant que Cordelia n’avait pas particulièrement de pouvoir actuellement. Avec un cheval et quelques casseroles, cela pourrait créer un bazar considérable, mais elle devait faire sans.

‘’Une diversion hum…’’

‘’J’ai bien une idée qui pourrait passer… Avec mes pouvoirs, je devrais pouvoir faire apparaître une  fleur, une Raflesia plus particulièrement. Pas une trop grande par contre, mais si je peux la placer juste sous leur campement, l’effet sera garantie.’’

‘’Comment cette fleur pourrait nous aider ?’’ Demanda Cordelia. Non pas qu’elle pensait que c’était impossible, autrement l’elfe n’aurait pas proposé cette idée si… Particulière ?

‘’Ça se voit que vous n’en avez jamais vu, ou plutôt… Senti. Elle a l’odeur d’un corps en décomposition. Avec ça, s’ils ne vomissent pas leurs boyaux, c’est qu’il sont déjà mort.’’

‘’En effet, cela pourrait fonctionner… Par contre, cela risque de nous affecter également non ?’’

‘’En effet, mais je connais une autre plante. En l’inspirant durant quelques minutes, ça devrait nous neutraliser l’odorat suffisamment longtemps pour qu’on puisse agir.’’

‘’Eh bien, vous débordez de ressource !’’

‘’Et je ne terminais jamais mes herbiers quand j’étais gamine.’’ Fit-elle, un sourire carnassier sur ses lèvres pendant qu’elle posait un peu fièrement, se trouvant être la clé de la situation grâce au pouvoir des plantes. Seulement, avant d’utiliser la bombe puante, il allait falloir au moins l’aval des autres. ‘’Bon, on part dessus ? Juste qu’après ces quelques plantes et le pont de bois, je serais à plat pour quelques heures.’’

‘’Je n’ai pas d’objection en tout cas. Et vous ?’’ Demanda-t-elle poliment à Ban, qui aurait donc le mot final pour cette histoire. S’il voyait une meilleure diversion qui n’incluait pas le fait de mettre le feu à la forêt, comme cela pouvait se faire classiquement, alors il pouvait se prononcer, ou bien se taire à jamais. A croire qu’il s’agissait du plan grand engagement de tous les temps, mais hey, ils jouaient tous leur vie dans cette histoire !

L’attaque semblait plus qu’imminente mais pour autant, les trois compères de mésaventures s’étaient retournés les uns en face des autres. Le plan avait plusieurs partie qui était pour autant à régler et surtout à trouver. En premier lieu, c’était de régler le soucis de la différence de nombre. Les bandits avaient un avantage certain, cela était aussi sûr que l’eau de roche. Ban prit une dague accrochée à sa cuisse et se mit à se curer les ongles en réfléchissant. Pour une fois, il fit attention à ne pas se couper car il n’avait plus accès à son magnifique et utile pouvoir.

-D’accord, alors, pas de feu, ni d’incendie, cela me semblait aussi être une idée à la con. Bon, il faut trouver quelques choses… Personne n’a d’armée sous le coude, non ?

Une petite plaisanterie, comme à son habitude, garder son sérieux longtemps n’était pas une mince à faire pour l’immortel. Après, cela peut réussir à les détendre et à ne pas trop se concentrer sur un point et voir un ensemble de possibilité. Mais il fallait bien voir ce qu’ils pourraient faire en tant que diversion. Ce qui semblait le meilleur moyen de réduire un nombre assez important.

-Par ailleurs, cela ne va pas vous plaire Cordelia, mais nous allons devoir être sans pitié. Ils ont massacré un autre groupe de bandit, ce ne sont pas des enfants de cœur… Et encore, ça arrive dans trouver en tant qu’inquisiteur mais bon…

Il les laissa parler botanie quelques temps, mais il était vrai que cela pourrait tenir la route. Même si bon, ce genre de méthode écologique plantaire, cela relève plus de ce satanée King. D’ailleurs, il doit jubiler à l’idée qu’il n’était plus présent. Peut-être bien qu’il dût jubiler à cette idée. La lance dans le bide, cela, le renard de l’avarice s’en souvenait plus que bien, il ne l’avait pas fait payer pour ce coup. Surement, il ne le fera jamais.

-Si cette Raflesia les affaiblit, en plus de l’alcool, on aura un bon avantage, il faut cependant essayer d’éliminer ceux en hauteur qui seront moins affectés. Des guetteurs, Eileen et moi pouvons nous en charger. Si j’arrive à chopper un arc. Après, il suffira de garder la position et de viser ceux qui ont des armes à distance.

Terminant sa manucure, il remit à sa dague à sa place, et tapa dans ses mains. Un bref échauffement des épaules, un craquement de nuque, il était prêt à affronter les dangers. Il se tourna vers Baril, qui était posé contre un arbre, ne sachant pas où se mettre. Ban s’approcha de lui.

-Durant l’opération, tu partiras en sens inverse et tu te cacheras dès que tu entendras la phrase « King est un abruti » tu indiques ta position ok ?

Pour finir, il lui tapota la tête, le laissant pousser quelques petits aies et repartit vers les filles.

-Le plan me convient, si vous voulez, nous pouvons partir de ce pas. Enfin si cela vous convient parfaitement, personnellement, ce coup de mettre me va. Cela étant, je peux aussi rester en bas pour m’attaquer aux éventuelles fuyard, vous en pensez quoi ?

Avoir une armée sous le coude aurait été une chose particulièrement pratique dans cette situation. Même un régiment, une escouade ou une compagnie. Mais rien. Nombreux étaient ceux qui avaient perdus de l’équipement sur cette terrible affaire, mais de là à se mouiller le maillot, il ne fallait pas trop pousser. Certains étaient bien plus enjoués à l’idée de tout mettre sur le dos du tenancier, comme ça ce dernier devrait payer les réparations, ou fermer boutique. Bref, il s’agissait donc de sauver les petits commerces dans le même mouvement.

‘’Si j’avais de quoi payer une armée, qu’est-ce que je ferais… Surement d’autres trucs, clairement.’’

Pour ne pas dire qu’elle enchainerait beuverie sur beuverie, mais c’était une autre histoire ça, bien loin de celle de la forêt actuellement. Cordelia avait fait d’un point d’honneur de régler cette sombre et sanglante affaire, et elle comptait bien faire ce qui était en son pouvoir, quand bien même ses possibilités lui semblaient être, actuellement, bien maigres. Il allait falloir ruser et que le plan réussise à la perfection sans avoir la moindre hésitation. Et concernant ce dernier point…

‘’Je le sais bien, et ce n’était pas mon intention. Je ne compte pas me battre pour les épargner.’’

‘’Et dire que je pensais que vous étiez pacifiste…’’

‘’Avec une formation militaire ? Cela serait étrange.’’

Haussant les épaules, l’elfe vint à préparer les plantes nécessaire, donnant au groupe une plante qui allait brider leur odorat. Une chose indispensable, surtout avec l’apparition à venir de la Raflesia. Mais toujours était-il que renifler avec ardeur une plante avant d’aller au combat semblait être une méthode quelque peu tribale, voir même complètement interdite dans des épreuves sportives. Mais ils n’étaient pas là pour faire une démonstration devant public, juste pour faire ce qui devait être fait, qu’importe le reste.

Et ce fut un peu près ainsi que le plan s’engagea. Quelques confirmations, une autre diversion si c’était nécessaire et restait à gagner les hauteurs en escaladant un arbre. Heureusement que l’armure de la chevalière était légère, autrement cela aurait été bien handicapant. Mais bon, restait que de grimper dans les arbres apparaissait presque plus comme un jeu d’enfant que comme une véritable stratégie, même si aujourd’hui donnait tort à cette idée.

Eileen, en tête, étendit ainsi un réseau de banche entre plusieurs arbres proches, s’entrelaçant pour donner lieu à une plateforme assez instable, faite de bois, de feuilles et de lierre, mais qui pourrait tenir. Dans tous les cas, c’était ce qu’elle espérait, et l’instant d’après elle se retrouvait dessus, sautant pour arriver dans les branches juste au dessus des criminels, suivit de près de Cordelia. Seulement, juste en dessous, deux hommes sortaient du camp.

‘’Hey, t’as pas entendu quelque chose ?’’

‘’Des oiseaux sans doute. Et vu l’odeur, des charognards. Pouah, quelle infection !’’

Il se mit à tousser, mettant sa main devant son nez pour se protéger de cette puanteur.

‘’Tain ça empeste la mort ! Ils gardaient quoi ici ? Des cadavres ?!’’

‘’Aucune idée. Raison de plus pour qu’on s’en soit débarrassés ! Je dis pas que l’hygiène c’est le truc le plus important, mais y’a des limites tout de même !’’

Une nouvelle quinte de toux, accompagnée d’une nausée.

‘’Tain c’est vraiment affreux !’’