Le feu, ça brûle !

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Aujourd'hui, j'ai reçu un nouvel ordre de la part du dirigeant, Fujin Fara Zang. D'après les informations sur la missive, en endroit appelé le "Bosquet carnivore" causent d'énormes problèmes à quelques villages de Shuzâ. Ainsi donc, on me demandait de brûler êtres vivants potentiellement gênants de ce lieu, qui déborderaient un peu trop, tout en profitant pour faire des cloisons en bois suffisamment solides pour délimiter ce territoire. Lorsqu'un garde me l'a donnée [la missive], j'ai soupiré. J'ai soupiré non pas parce que cette mission me dérangeait, mais parce que, fut un temps, je craignais les flammes.

J'ai quelques souvenirs des événements à Bashô Tokai, avant les mille ans dans une sphère temporelle. Un incendie que j'ai dû éteindre, sous demande du maire de la ville, ce misérable poète barbu. D'ailleurs, j'ai entendu dire que cette ville existe toujours, mais avec un autre nom : Shuto Tokai. Il y aurait encore là bas, une statue de cet homme qui, je l'espère, ne reviendra jamais sur ces terres. Redemption ou non, j'ai encore une certaine rancœur envers cet homme sans scrupule.

Une carte en mains, j'ai dessiné un chemin en rouge, qui serait le plus rapide, en théorie, pour atteindre le bosquet que j'ai indiqué d'une énorme croix. D'après mes souvenirs, ce bosquet carnivore doit être le bosquet sacré dont j'ai replanté quelques arbres, il y a bien longtemps. Avec un peu de chance, il doit rester des ruines, au moins, de la statue qui a été construite à mon effigie, même si je ne me fais pas de grands espoirs.



Après que les préparatifs soient faits, je monte dans le véhicule, et d'un cri de soldat shuchijin, le départ est lancé. J'observe l'extérieur par la vitre en me tenant la tête. Le chemin doit prendre quelques jours... Peut-être que je demanderai qu'on fasse quelques pauses, le temps de laisser les chevaux se reposer avec les gardes ? En tout cas, en tant que Sorcière de la Cour, je peux m'estimer privilégiée. Contrairement à Adam, Velvet, Frisk ou encore Zoro, je suis bien protégée, et bien lotie. Même si... Je vis dans le palais d'un véritable despote heureux de vivre du mal des autres.

Le soleil est beau, ardent et haut dans le ciel bleu.
...Quel dommage que la capitale gâche ce magnifique tableau. Les murs grisâtres et peints à moitié d'un rouge semblant être du sang font subir à la ville une ambiance sombre et pesante. Une ambiance étouffante et cruelle. Je suis bien heureuse de pouvoir m'en échapper librement, quand je le veux. Peut-être que le bosquet serait plus accueillant que cet endroit...

Quelle tristesse que cela puisse être le cas. Je me demande quand et comment je pourrai un jour libérer cette nouvelle Minshu de son tyran... Tyran qui semble bien plus fourbe que je le suis- ou plutôt, que je l'ai été...
Je ne sais pas si je vais être aidée par des rebelles, un jour. Et puis, est-ce que je le veux vraiment ? Après tout, ce sont des terroristes... Ils tuent, eux aussi... Ils causent un chaos cruel, et même si ils le font pour une bonne cause, c'est inacceptable...

Serai-je... Seule contre tous ?


« halloween »

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Les jours passent.

Comme prévu, nous nous arrêtons souvent pour laisser les chevaux souffler un peu. Durant ce petit moment, je vais voir chaque garde pour savoir si ils vont bien. Même si ce sont des serviteurs de Zang, je peux pas m'empêcher de vouloir prendre de leurs nouvelles. Je me sens dans le besoin d'aider. Est-ce une sorte de besoin d'attention ? Un syndrome du sauveur naissant ? Je grimace à chaque fois à cette idée, mais je pense toujours à autre chose quand je laisse mes pensées se faire attraper par les beauté des horizons de Shuzâ. Bientôt, je pourrai partir plus loin. Découvrir à quoi ressemble Kosaten, entièrement. À quoi Tenshi a l'air, à quoi Seika a l'air, à quoi Fuyu a l'air... Même si ils doivent avoir d'autres noms, maintenant.

Pour le voyage, je me contente de me nourrir d'un peu de viande et de soupe. Je me lave toujours, les gardes me faisant un bain chaud dans une sorte de grand récipient, assez grand pour me laisser entrer dedans et me nettoyer tranquillement. Quant à eux, ils préfèrent se laver sous une cascade, ou dans un lac sur le chemin. Ils sont plutôt agréables avec moi, alors je le suis avec eux également. Je ne devrais peut-être pas trop m'y attacher, car nous serons probablement des ennemis dans le futur, pour le chute de cette tyrannie...

Après un certain temps, nous arrivons enfin au lieu où nous devons être. Le Bosquet Carnivore, anciennement le Bosquet Sacré. Il n'a plus rien de commun avec ce qu'il était autrefois... Maintenant, il y a... Une nature agressive, dense, dangereuse. Les plantes sont gargantuesques, et des créatures féroces y vivent. Les gardes shuchijins me protègent de leurs lances, et me dégagent le chemin avec bravoure. Sans aucun doute, ils sont bien plus puissants que je le suis actuellement. J'espère pouvoir retrouver mes pouvoirs bien plus vite, histoire d'utiliser à nouveau ma magie plus librement, bien que l'idée de retrouver ma malédiction me dérange beaucoup.

Je n'ai pas envie de dévorer des humains à nouveau...

À la frontière du lieu, nous trouvons un village non loin. Et, en effet, les plantes commencent à se rapprocher bien trop près des habitations. Le maire du village arrive, entouré de quelques paysans, et me salue.




Le maire ne me répond que par un acquiescement nerveux, avant d'ordonner ce qu'il me faut. En attendant, j'observe, traçant sur le sol, avec un bâton, plusieurs idées de limitation qui pourrait correspondre, tout en calculant un peu près la différence de distance, en me basant sur l'emplacement du village, et sur celui du bosquet. Cela promet de prendre quelques temps pour brûler tout ce qui est "en trop", en plus de la construction de la cloison.

« halloween »

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Après quelques temps à poser les plans et à planter des pieux pour voir jusqu'où nous allons couper et brûler, je décide de enfin à commander les paysans et les gardes pour qu'ils amènent les torches. Nous allons brûler les plantes et nous tuerons les créatures qui ne fuient guère. C'est aussi simple que ça. Pourtant... Pourtant, étrangement, l'idée d'user des flammes sur une nature sauvage me perturbe. Cela me rappelle de sombres souvenirs, mais je dois m'y faire. C'est du passé, cela date de plus de mille ans maintenant. Et puis, je ne crains plus les flammes, alors pourquoi perdre mon temps à m'inquiéter ? À me sentir gênée ?

En face du Bosquet Carnivore, je tiens une torche et je m'avance après avoir nerveusement avalé ma salive, demandant à mes hommes de me suivre d'un geste de la main. J'approche les flammes des plantes, et je les laisse brûler et disparaître en particules dans l'air. Nous aurions pu tirer simplement des flèches enflammées pour gérer ce problème, mais je préfère que la distance soit bien respectée, strictement respectée.

Alors le mieux est de brûler ainsi ce qui est en trop. Les gardes coupent et brûlent en compagnie des paysans shuchijins, tandis que je me faufile pour effrayer les bêtes environnantes. Il y en a de toutes sortes, des bêtes que je ne connais pas. Des bêtes semblant féeriques. Pour l'instant, aucune de bien agressive, bien que je m'attends à très vite croiser une paire d'yeux enragés dans quelques minutes, si ce n'est pas quelques heures.

Nous prenons notre temps. On laisse brûler une partie en prenant une pause pour manger tous ensemble. Le maire me parle des problèmes que ce Bosquet a bien pu causer, le plus souvent. Mais ce que je me souviens surtout de lui, c'est une histoire de ruines d'une statue, enfouie quelque part dans cette nature dangereuse. Il doit probablement parler de la statue qu'on avait faite pour mon honneur, il y a plus de mille ans. On ne doit plus me reconnaître depuis. Le cataclysme a visiblement été cruel envers les élus de manière générale. Et maintenant, nous avons l'Empire-Royaume Tenkasuru qui souhaite notre disparition. Kosaten n'a visiblement pas perdu en problèmes...

Je suis bien nourrie, bien traitée, mais je sens chez ces paysans une certaine peur, une certaine méfiance envers ma personne. Le fait que je sois la Sorcière de la Cour, et donc proche de Zang, doit beaucoup jouer. C'est un tyran, un grossier personnage qui ne donne aucune importance à la douleur de son peuple. Ils doivent certainement me prendre comme quelqu'un comme lui, même si je sens qu'ils doutent un peu, en voyant mon comportement plutôt docile.

Après plusieurs avancées...

Nous faisons enfin face à des yeux de prédateur.

Quatre têtes, et des dents fines et acérées. La bête est grande et musclée, et nous laisse pas le temps de réagir.
Elle hurle de toutes ses forces. Son cri suraigu résonne dans ma tête.



Je reste silencieuse, choisissant de brûler un œil de l'animal avant de me changer en ombre dans le sol, et reculer un peu plus loin. Cela fait, je vois la créature foncer vers moi en agitant ses longs cou furieusement, poussant les hommes qui se jettent sur elle avec des lances et des épées. Le sang gicle, mais le prédateur n'abandonne pas, et court vers moi. Plissant des yeux, je transforme mes mains en griffes et je bondis sur elle pour lui trancher deux têtes. Une cascade de liquide rouge s'échappe, et salit le sol comme mes vêtements et mon visage. La bête hurle de ses deux autres têtes, et me mord avec l'une d'elles.

Douleur.

Je tire mon bras en frappant ses yeux, mais elle me mord avec son autre tête. Bientôt, mon sang se mélange au sien, mais les gardes viennent m'aider pour assommer les têtes et les couper ensuite. Déjà épuisée, je m'écroule au sol, en voyant les flammes consommer la nature autour de moi...

« halloween »

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Les flammes dévorent mon palais. Des flammes rouges qui respirent un air étouffant et toxique. Des flammes rouges qu'il a provoqué.

Je vais le tuer. Je le tuerai. Je le tuerai. Je tuerai Zoro Roronoa !

Je sens mes membres se transformer, mes muscles gonfler... Je sens mes crocs grandir, je sens ma colère monter et me perdre. Je transpire d'une rage intense. Je ne peux pas le laisser s'échapper ! Je veux... Je veux le dévorer ! Je veux le tuer ! Pour tout ce qu'il m'a fait !

Alors je prends les traits d'un serpent. Un serpent géant, un serpent qui entoure ce palais de son gigantesque corps écailleux. Les flammes ne me font rien. Leurs brûlures ne me font rien. Ce n'est rien face à la douleur intérieure que j'ai ! La douleur qu'il m'a fait subir !

Je vais le tuer. Je le tuerai. Je le tuerai. Je tuerai Zoro Roronoa !

Je le tuerai, et je lui ferai payer pour tout ce qu'il m'a fait ! Je veux voir le visage de Viola se décomposer en le voyant entre mes crocs ! Je veux l'avaler, je veux le digérer dans mon corps de reptile !

À cause de lui, mon château... Mon amour...

Je le tuerai, je le tuerai !


Haha. La nuit est si belle... M'être réveillée n'est pas si mal finalement.
Mes instincts n'ont pas disparu, ma haine non plus... Et pourtant, je veux que tout cela change. Je veux le pardonner. Je veux qu'il me pardonne. Je veux qu'on recommence à zéro.
Après tout, le processus a déjà commencé. Il m'a déjà probablement oubliée. Il a certainement déjà oublié notre combat, il y a mille ans de cela...

JE TE FERAI PAYER ! ZORO RORONOA !

Haha. Je n'aurais jamais pensé que cette histoire de Bosquet Carnivore me rappellerait tout ça. Voir des flammes et une créature comme ça... Ça n'a rien arrangé.
Pleine de bandages, je me souviens qu'on a chuchotté, pendant mon sommeil, "Aspic forestier". Cela doit être le nom de la bête qu'on a tué.
Haha. Je ressens encore la chaleur des flammes. Je transpire encore. Mon corps est vraiment devenu si fragile ? Eh bien... Quelle chute de puissance... Je n'arrive même pas à faire apparaître des mains ténébreuses... Je ne vaux plus rien...

Je suis... Je suis faible...

Je ne peux plus me transformer en serpent géant... Je ne peux plus invoquer de tornade ténébreuse... Je ne peux plus invoquer de démons... Je ne peux plus rien faire... Je ne sers plus à rien... Je n'ai que ma tête pour être utile. Et encore, quel pauvre idiot prendrait le risque de s'allier à Zang pour aider les rebelles dans l'ombre ? S'allier à un homme que l'on surnomme la "Frayeur des Dieux"... Haha...

Ai-je vraiment fait le bon choix de sortir du Royaume des Morts ?

Oh et puis, ai-je eu vraiment le choix...?

Je pose mes yeux sur le côté... Les gardes restent éveillés pour me surveiller, moi qui suis sur une couverture, à côté de la cloison bellement construite pendant que j'étais inconsciente...

Haha...

Natsume... Miho... Viola... Je suis si... Pathétique.

Je tends le bras vers le ciel noir et tacheté de blanc.

Serai-je... Vraiment assez forte... Pour changer le monde ?

« halloween »