Un peu de calme [RP solo]

Un peu de calme

Solo

Le son des vagues qui venaient lécher la plage de roches et de sable, et celui de mouettes qui venaient pêcher leur nourriture quotidienne, était le doux réveil de la marchombre depuis désormais deux jours. Celle-ci s’étira avec un baîllement, interrompu par un grognement douloureux lorsque son corps se rappela à elle, lui remémorant ses dernières péripéties. Elle soupira longuement avant de sortir s'asseoir sur son matelas, posé à même le sol, et de regarder autour d’elle. Elle était dans une petite pièce poussièreuse, d’un peu moins de cinq mètres carrés, où était entreposé des filets, des rames, des cannes et autre matériel de pêche en tout genre. Elle prit un peu d’élan et se releva avec un nouveau grognement, avant de marcher doucement jusqu’à la porte et de passer de sa chambre d’invitée, à la pièce à vivre. Elle était seule dans la maison, Maru était probablement levé depuis l’aurore. Mais elle n’avait pas honte d’avoir dormi toute la moitié de la matinée, ni même de ne pas faire grand-chose depuis trois jours. Elle avait décidé qu’elle méritait du repos.

Elle avait prit cette décision le jour-même où elle avait battu le Yamakumo. Elle avait combattu jusqu’à l’épuisement, n’était pas passé loin de la mort, et avait fini blessée comme rarement elle ne l’avait été. Cela avait suivi la poursuite de la créature dans les souterrains et la mission au village des voleurs, cette dernière l’ayant beaucoup retournée. Elle aurait pu y perdre ses équipiers, ils y avaient tué des gens, elle avait découvert que peut-être Reisha n’était pas digne de confiance, elle y avait fait prendre beaucoup de risques à d’autres personnes qu’à elle-même… Beaucoup de choses. Et si vous pensiez que c’était ces derniers évènements qu’ils l’avaient mise au repos, sachez que non. Ils n’étaient que la fin d’une accumulation d’évènements qui avaient épuisé la jeune femme. D’abord, la caravane pour laquelle elle était éclaireuse avait été prise d'assaut par un groupe de voleurs important. Ensuite, elle avait combattu un géant des montagnes. Et alors même qu’elle se remettait de cette rencontre atypique, elle avait rencontré encore plus atypique qu’un géant : Zayro Jinn, l’unique. Entre la brûlure au fer rouge - mais sans barre de fer, juste la main du colosse - les quelques échanges de coups avec ce dernier, mais aussi le combat contre les deux vampires, elle avait une fois de plus frôlé la mort, et cela ne l’avait pas arrêtée, comme vous pouvez le constater avec les explications précédentes.

C’est pourquoi, dès que sa bourse avait été remplie de l’argent comptant et trébuchant du scientifique de Shintân, elle était allée voir un soigneur, et avait dormi une journée entière dans son lit d’infirmerie. Puis, elle s’était dirigée vers la mer. Pas la petite mer intérieure qui bordait le village du cratère non. L’océan. Elle avait prit un petit bâteau de pêche jusqu’à la côte continentale, puis était remontée par un fleuve sur un bateau à fond plat, avant d’arriver au bord de l’océan, tout à l’Ouest de Kosaten. Elle avait alors longé la côte d’un pas lent, pendant des heures, avant de tomber sur un phare. Elle s’y était presentée, et quelqu’un y vivait. Maru, une cinquantaine d'années, était pêcheur de père en fils. Sauf que ses fils à lui n’étaient pas pêcheurs, à son grand damn, mais enrôlés dans l’armée de Shintan. Il avait donc accepté avec plaisir de loger la marchombre, car la compagnie lui manquait, garder un phare était géographiquement contraignant. Heureusement, comme il le lui avait expliqué, il pouvait quitter son poste, et notamment il se rendait cinq fois par semaine au hameau le plus proche, vendre son poisson et faire ses achats - boire, un peu aussi, et deux fois par mois au village du cratère. Il ne descendait qu’occasionnelement à Jiban, et voyait très peu ses fils. Ils s’écrivaient évidemment, mais le vieux était despéré de laisser son héritage de pêcheur à quelqu’un.

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Ainsi donc, la jeune femme s’était retrouvée sur un petit matelas somme tout confortable, dans la remise. Le pêcheur se levait à l’aube, et ne rentrait que vers une heure ou deux passées le zénith. Ainsi, Lexi avait les lieux pour elle seule toute la matinée. Elle commençait par se concocter un bon petit déjeuner : cela faisait bien longtemps qu’elle mangeait sur le pouce, au gré de sa chasse et de sa cueillette, et de ses horaires particuliers. Cela lui faisait du bien d’avoir un rythme plus sain. A ce sujet, elle enchaînait par une longue séance d’étirements et de massages, pour remettre ses muscles de son dernier combat, et s’appliquait un baume cicatrisant sur les nombreuses marques encore visibles, où les pinces de pierres avait tranché sa chair. Puis, elle montait au sommet du phare, où se trouvait une petite pièce d’observation, et restait là, à contempler l’océan. Elle passait ainsi ses matinées le plus tranquillement possible, s’assurant simplement que lorsque Maru revenait, il n’avait au moins plus rien à faire chez lui. Ainsi, bien loin de ses habitudes, la jeune femme faisait le ménage et la vaisselle, et préparait également le repas du midi. Si la première fois qu’il l’avait remarqué, le pêcheur lui avait assuré que ce n’était pas la peine, elle lui avait rétorqué que c’était la moindre des choses et il l’avait alors laissée faire.

En parlant du loup, le voilà qui rentrait de pêche. Cela tombait bien, tout était prêt, il n’y avait qu’à réchauffer le poisson qu’elle avait préparé. Le seul inconvénient de vivre chez un pêcheur en bord de mer, c’était que du poisson, elle en mangeait à tous les repas. Celui-ci, c’était un sabre commun, que Lexi avait tenté de frir et d’aissaisonner comme il se devait, mais elle n’avait jamais été une grande cuisinière. Maru n’avait pas semblé s’en incommoder, et il lui donnait même quelques conseils sur la cuisine du poisson. Mais alors que Lexi l’avait vu accoster sur la plage depuis son petit observatoire, il n’arrivait pas. Elle se décida alors à sortir, et le vit, encore sur la rive, en train de faire on se savait quoi, mais cela avait l’air physique. Elle s’approcha donc jusqu’à ce qu’ils se saluent, et lui demanda:

Vous avez besoin d’un coup de main ?

Si tu proposes, je ne vais pas dire non ! Regarde la belle prise ! Il faut que je la ramène avec le reste du matériel.

En effet, dans la barque se tenait un énorme poisson - flétan, vous préciserait Maru - qui devait peser environ une demie-Lexi, et le pêcheur n’avait pas réussi à le charger sur ses épaules tout en portant son matériel. Comme il avait néanmoins plus l’habitude de porter tout son fratras de manière efficace et sans s’emmêler les pinceaux, elle lui proposa de se charger du poisson.

Mais il fait la moitié de ton poids gamine !

Bien que Lexi ait vingt quatre ans, elle ne s’offenssait jamais du surnom donné par son hôte, qui était d’une part adorable, et de l’autre suffisamment plus âgé pour que ce n’ait rien de vexant. Elle insista cependant.

Si je devais à la place porter tout votre fourbi jusqu’au phare je m’y prendrai les pieds. Et même si vous ne me voyez que larver depuis deux jours, sachez que je suis plus forte que j’en ai l’air. Laissez-moi le poisson vous dis-je, termina-t-elle avec un sourire.

Si tu insistes, conclut le pêcheur en lui passant sa prise.

Ils rentrèrent alors tous deux au phare, où ils mangèrent ensembles autour d’une discussion toute banale, mais néanmoins agréable.

Comment était la pêche ce matin?

Au début vraiment pas fameuse, je n’ai eu que quelques harengs que je vais mettre en boîte cette après-midi. J’allais rentrer complètement las jusqu’à ce que ce magnifique flétan ne morde à l’hameçon ! Il a refait ma matinée celui-là. Et toi, ta matinée ?

Rien de spécial, vous savez, je me donne une pause, je me suis rendue compte qu’elles étaient trop rares.

Tu n’as pas à te justifier, mais laisse moi faire ce commentaire : il ne faut jamais être trop dur avec son corps, il finit par nous le faire payer, et puis un jour, on regrette.

L’homme était en effet plein d’arthrose et de douleurs articulaires, que plus rien ne pourrait désormais corriger. Lexi songea rapidement à son combat contre l’araignée de pierre. Il était clair que son corps subissait ses excès également, cela faisait depuis le combat qu’elle avait un affreux mal de dos qu’elle ne parvenait pas à faire passer.

Et sinon ce sabre, il aurait mérité un filet d’huile de riz, et une pincée de poivre en plus.

Je note, je note, sourit la jeune femme.

Mais ! reprit le pêcheur avec une mine satisfaite, la cuisson est très bien.

Et bien je prends le compliment !

Et le duo menait ainsi une existence relativement paisible.

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
"_Le Pacte des Marchombres

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A partir du troisième jour, la marchombre décida qu’il était temps de reprendre l’entraînement. Si le repos était bon pour ce qu’elle avait, il était hors de question de molir. Ainsi, elle ne modifia pas ses programmes du matin : grasse matinée, étirements et tenir en ordre la maison où elle était gracieusement logée, mais ses après-midis devinrent plus sportives. Elle sortait du phare et allait courir trente minutes sur la plage. Heureusement pour elle, celle-ci était faite de roches et non de sable. Passé ce petit échauffement, elle s’étirait doucement une nouvelle fois et reprenait son souffle, buvait un peu, et reprenait l’exercice en allant nager dans la mer. Bien que sportive, elle n’était pas très bonne nageuse, comparativement à ses autres capacités physiques, et n’avait jamais nagé dans la mer. C’était donc un tout nouvel exercice qui lui apporta beaucoup, et permettait aussi à son corps de rester musclée tout en épargnant ses articulations, et notamment son dos qui avait particulièrement souffert de son combat contre les araignées de pierre. Nager lui soulageait la colonne et la remettait en mouvement en douceur, et faisait une excellente rééducation. Elle prenait une nouvelle pause, où elle s’étirait encore une fois de plus, avant de rentrer. Il fallait en effet reprendre doucement, c’est pourquoi elle se contentait de ces deux heures d’exercices.

Pendant ces quelques jours, Maru remarqua que son invitée n’était pas une femme tout à fait ordinaire, de celles qui se mariaient et pondaient des gosses, ou tenaient un petit commerce, ou encore une exploitation agricole. Elle était svelte et musclée, et visiblement plutôt sportive. Mais aussi il avait remarqué les affaires qu’elle avait amenées avec elle, parmi lesquelles un arc magnifique, probablement d’une valeur inestimable. Cependant, l’arme s’était soustrait à sa vue et sa connaissance dès la première matinée qui avait été témoin du réveil de la marchombre. Rien d’étonnant à cela, car bien que Maru la logeait gratuitement, rien ne disait qu’il ne serait pas intéressé par un tel objet. Il ne lui en voulait pas de sa méfiance, et trouvait au contraire que c’était intelligent. Cependant, s’il décidait de remettre la main dessus, nul ne doutait qu’il y parviendrait : il était chez lui, et connaissait les caches de sa maison tout de même. Pourtant cela ne lui traversa pas l’esprit. Il n’avait jamais envié les riches. Sa vie de pêcheur lui avait toujours été, du moins jusqu’à ce que ses fils s’en aillent à la capitale. Désormais, il se sentait bien seul…

Lorsque Maru vit la petite blonde revenir de son entraînement, il lui proposa des sardines cuisinées de sa main.

Un petit creux ?

Bien volontiers ! Je n’ai pas l’habitude de nager et je réalise seulement à quel point ça me donne faim !

Elle s’installa alors à la petite table de la pièce à vivre face au vieil homme, qui se montra - pour la première fois depuis le début du séjour - curieux au sujet de son invitée.

Je suis curieux mad’moiselle, d’où tu viens ?

D’un peu partout. Je voyage, même si en ce moment je fais beaucoup d’aller-retour en direction de la capitale.

Et comment vis-tu ?

Je chasse et je cueille pour me nourrir, et je chasse et je réalise des missions pour l’argent.

Tu m’as l’air débrouillarde.

J’espère pouvoir dire que je le suis, répondit-elle avec un léger sourire.

Elle termina les petits poissons et retourna dans la remise qui lui servait de chambre, dormir un peu. Depuis qu’elle était ici, elle dormait beaucoup. La pierre qui l’entourait et la présence d’un homme à priori de confiance dans la pièce d’à côté lui permettait de dormir avec tranquillité, d’un sommeil profond qu’elle ne connaissait pas beaucoup. De fait, elle rattrappait le sommeil dont elle avait fait l’économie depuis des semaines. Lorsqu’elle se réveilla, le soleil descendait à l’horizon : il ne restait probablement qu’une petite demi-heure avant le coucher. Elle eut alors l’idée de le regarder depuis le sommet du phare. Il y avait bien des escaliers intérieurs pour y monter, mais cela lui ferait du bien de grimper un peu. Elle sortit donc dans la fraîcheur du soir et commença son ascension de la tour de pierre. Ce phare n’était pas parmi les plus grands : il tutoyait les vingt-cinq mètres, pas bien plus. De plus, la pierre qui avait été utilisée avait une surface inégale et les joints entre les briques offraient des prises confortables. Bien que pas pressée, la jeune femme mis largement moins d’une minute pour atteindre la couronne d’observation du phare. Cependant, elle ne resta pas là, et d’un bond, attrappa le bord du toit de ses deux mains, avant de s’y hisser d’une traction. Elle grimpa ainsi au point le plus haut de la construction, avant de s’y asseoir et de regarder le soleil s’enfoncer dans l’océan, à l’horizon.

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Après cinq jours de cohabitation tranquilles et reposants, la jeune femme annonça au pêcheur qu’elle partait.

Déjà ? Mais cela ne fait que quelques jours que tu es ici, je te vois encore souffrir de ton dos le soir.

C’est vrai mon corps n’est encore pas vraiment remis, mais j’en ai déjà marre de ce calme et de cette existence tranquille. Je n’apporte aucun jugement à ce qu’elle vous convienne, mais elle n’est pas faite pour moi.

Je ne te retiens pas alors. Ce fut un plaisir de te rencontrer gamine.

La marchombre sourit avant de s’incliner, comme cela se faisait en Kosaten.

Je vous remercie infiniment pour votre accueil et votre bienveillance. J’aimerais que vous acceptiez que je vous dédommage au moins pour m’avoir nourrie pendant tout ce temps.

Tu plaisantes ? Je ne suis pas en manque, et avoir de la compagnie m’a fait le plus grand bien. Je ne mérite pas ton argent, garde-le pour tes voyages et tes aventures, qui m’ont l’air trépidants !

J’ai une chance incroyable de vous avoir rencontré.

Ainsi, elle passa une dernière nuit dans la remise, une dernière nuit de confort et de sommeil profond, avant de reprendre en effet ses aventures et ses missions. Le lendemain matin, elle se réveilla aux aurores, en même temps que Maru. Ils prirent ainsi un dernier repas ensemble avant de se dire au-revoir, puis la marchombre cala son sac de voyage sur son dos, y cala son arc en onyx magnifique qui était resté caché pendant des jours, et prit la route après de sobres adieux.

Sur la route, elle prit son temps. Elle longea ainsi l’océan le plus longtemps possibles, avant de tomber sur une route qui s’éloignait un temps de la côte, le temps de revenir sur un petit port. Là, elle trouva un homme qui accepta de la transporter - pour un prix raisonnable - jusqu’à l’île centrale de la mer intérieure, partie visible de l’iceberg qu’était Shintân. Celui-ci n’était pas bavard, et cela arrangea l’élue, qui passa la totalité du voyage les yeux rivés sur les paysages, profitant en silence de la nature autour d’elle. Elle ne lui parla à nouveau que pour le remercier de l’avoir déposée sur l’île, puis elle marcha tranquillement jusqu’au village du cratère. Là, elle jeta un œil aux différentes nouvelles, et prêta une oreille attentive aux ragots le temps de son repas du midi. Puis elle reprit son chemin et se rendit à l’entrée des souterrains qui menaient à la capitale. Là, elle descendit prudemment dans les entrailles de l’île, jusqu’à ce que le chemin ne devienne trop difficile pour les transports de marchandises et que des bateaux de transports ne commencent à proposer leur service pour rejoindre Jiban par le fleuve. Elle se paya un trajet sur une petite embarcation, où elle fut rejointe par un couple avant le départ. Si elle le salua, elle n’engagea pas la conversation et resta plongée dans ses pensées, les yeux fixés sur les minerais qui formaient la voûte des souterrains. Elle tendit une pièce à l’homme qui possédait l’embarcation et rejoignit la pierre ferme, avant de marcher encore un peu jusqu’à la porte principale de la cité. Là, des gardes filtraient l’entrée, mais elle donna son identité et on vérifia rapidement qu’elle ne portait rien de (trop) dangereux - elle avait après tout le droit de rentrer avec ses affaires, lesquelles étaient principalement des armes. Elle se dirigea ensuite vers le palais, sans faire de détour mais sans être pressée non plus, observant les rues et les gens, écoutant les dires et les rumeurs que ses tympans aiguisés parvenaient à capter.

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Une bonne heure plus tard, elle arrivait devant le palais où elle demanda aux gardes le droit de visiter l’historien de renom Dom Illys. Les hommes en faction devant l’entrée principale du palais se regardèrent un instant, hésitants, puis l’un d’eux demanda à la marchombre :

Il nous faut vos armes. Vous acceptez une escorte ?

Evidemment, ce n’était pas une escorte dans le sens sécuritaire du terme, c’était plutôt du chaperonnage. La jeune femme se garda bien de leur dire qu’elle n’avait pas besoin de ses armes pour se débarasser de l’escorte si l’envie lui prenait, et leur tendit son arc, ses deux poignards, et deux trois dagues et aiguilles.

Je vous préviens, si je ne récupère pas tout à l’aiguille près, je viendrais me plaindre de vol.

Ils récupérèrent tout ce fratras avec un regard abasourdi - elle comptait vraiment rentrer dans le palais avec tout ce matériel ? - et appelèrent deux collègues afin qu’ils viennent escorter la demoiselle jusqu’au bureau du Shintanji. Un fois arrivés devant celui-ci, la marchombre toqua, et apprécia d’entendre le vieil homme répondre de l’autre côté de la porte. Elle poussa le battant de celle-ci et le salua.

Bonjour Dom Illys, je ne vous dérange pas j’espère ?

Disons que je travaillais, mais peu importe. Entrez entrez.

Les deux gardes firent mine de suivre l’élue avec le vieil homme, mais ce dernier les arrêta.

Pas vous, je peux rester seul avec elle, ne vous inquiétez pas.

Mais ne repartez pas pour autant ! ajouta la concernée. Je ne voudrais pas me perdre sur le chemin du retour.

Il n’y avait bien sûr aucun risque pour cela, mais cela lui permettait d’être officiellement chaperonnée au sein de cet endroit si important, et ainsi personne ne viendrait l’embêter.

J’aurais un service à vous demander, confessa alors la jeune femme.

Je vais vous écouter mais attendez, je crois que j’ai une consigne vous concernant… Voilà il me semblait. Vous avez un message classé important et confidentiel qui vous attend ici. Tenez je vous note le bureau auquel vous adresser quand vous repartirez...

Il joignit le geste à la parole, griffonant quelques mots sur un papier qu’il lui tendit.

Je vous écoute, dites-moi tout.

Bien. Un habitant de Shintan m’a rendu service, et je sais que ce n’est pas habituel pour la nation de rendre service au premier pêcheur venu, mais… mais c’est moi qui vous le demande.

J’espère que vous ne demandez pas la Lune alors.

Non ne vous inquiétez pas. Je voudrais juste que ses deux fils arrivent à avoir quelques jours de congés consécutifs et ensembles, en leur faisant passer le mot de passer voir leur père…

Ca ne doit pas être si compliqué. Ce n’est pas trop mon domaine mais je vais demander à mes connaissances, il faut bien que cela serve d’avoir un réseau. Donnez-moi leurs noms...

La marchombre s’exécuta, inscrivant les prénoms des fils de Maru et leur nom de famille.

Merci, ce sera parfait.

C’était tout ?

Oui ! Je vous laisse travailler !

Elle sortit de la pièce, et avant qu’elle ne puisse refermer la porte derrière elle, les gardes bloquèrent celle-ci une seconde pour vérifier que l’homme était toujours … en vie ? Bien portant ? Lexi ne comprit pas une telle insistance. Elle n’allait pourtant pas tarder. En effet, elle demanda à ses accompagnateurs de ne pas sortir du bâtiment immédiatement, puisqu’elle devait d’abord récupérer un courrier confidentiel. Ceux-ci acceptèrent, car l’endroit indiqué par Dom Illys n’avait rien de sensible. Elle récupéra le parchemin scellé, et demanda aux gardes avec elle de s’écarte un peu, qu’elle puisse lire le papier dos au mur et face à eux.

Il y avait eut un meurtre au sein même du palais, à quelques pas de la salle du conseil - et de la salle de téléportation mais dont l’existence devait être tenue secrète. Cela expliquait la paranoïa ambiante. D’autant plus qu’elle était apparemment sur la liste des suspects - mais ça, pas sûr que des soldats lambda soient au courant. Elle parcourut la lettre et les documents, avant de les ranger dans ses affaires et de faire signe aux soldats en armure qu’ils pouvaient la ramener à la sortie. Une fois devant les portes principales, elle récupéra ses armes - toutes sans exception - et se rendit dans une auberge, où elle prit une chambre pour la nuit. Là, elle y relut une dernière fois les documents, et demanda à Rawen de sauvegarder les données, avant de brûler la lettre et les pièces qui y avaient été jointes. Elle se posa un instant sur le modeste lit de sa chambre, avant de descendre demander du papier et de l’encre à la tenancière, afin de répondre au courrier reçu. Elle réfléchit un peu avant de rédiger sa lettre, ne voulant pas que le coup de l’émotion ne lui fasse dire des bêtises. Elle n’était certes pas inquiète de sa situation, mais ne souhaitait tout de même pas la compliquer. Lorsque elle écrivit finalement sa lettre et la relut, elle savait que ce n’était pas parfait mais cela ferait l’affaire.

Reisha et le Conseil étaient la source de bien des histoires...