Ce qui fait qui je suis. [Solo]

SoloCe qui fait qui je suis.Un rêve.
Un objectif.
Des projets pour son avenir, et l’avenir du monde…

Des plans, des méthodes, des pensées, de l’espoir…
Un risque, du danger, du courage…
Elle a cru, elle a espéré. Elle pensait repartir à zéro, elle pensait pouvoir, cette fois, ne plus tomber.
Mais elle avait tort.

La malchance, la vie, la destinée… Tout ceci l’a frappée si fort-
Une cruauté incompréhensible. Venue de nulle part.
Alors qu’elle pensait pouvoir se mettre à la recherche d’une certaine Jayna Tekina, la sœur de Jiro Tekina, et donc du chef du clan rebelle…
Elle s’est faite arrêter.

Une chute. Une chute infinie.
Mais avant ça, un visage. Le visage d’un homme écarlate. Au sourire sournois qu’elle ne saurait oublier.
Un nom. Yugo.
Ce démon qu’elle a défendu… Ce démon qu’elle a protégé à ses risques et périls… Ce démon dont elle a accordé sa confiance, quitte à se faire rabaisser par tout un groupe…

Cette monstruosité a osé la plonger dans un néant sans fin.
Les yeux écarquillés, c’est dans un hurlement sans bruit qu’elle a essayé de s’en échapper, en vain.
Elle a essayé, elle s’est débattue, elle a cherché une sortie, une porte, une lumière, un chemin !
Mais rien. Rien d’autre que les ténèbres.

Le temps ne semblait pas exister dans cet endroit.
Elle étouffait, elle paniquait, elle voyait déjà tous ses plans se briser sous ses yeux.
Son coeur a paniqué. Battu à la chamade.
Elle a essayé de s’en sortir, elle ne voulait pas abandonner… Pas comme ça.
Elle ne voulait pas rester ainsi. Elle ne voulait pas terminer ainsi.

Mais elle nageait dans le vide. Ce monde, si l’on pouvait appeler cela ainsi, la gardait enchainée.
Elle s’est agitée dans tous les sens, comme un poisson le ferait pour glisser des griffes d’un pêcheur…

Mais rien.
Aucun changement. Aucune voie. Aucune lumière.

Finalement, elle a baissé la tête.
Elle a fermé les yeux. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là dedans… Mais elle s’inquiétait surtout de savoir si elle pourrait sortir, un jour.
Elle aurait voulu utiliser sa magie, mais ses pouvoirs ne sont pas pleinement revenus. Toujours pas.

Elle s’est mise à réfléchir.
Elle a prié, de tout son cœur.
Elle a espéré, de tout son cœur.
Elle avait peur. Elle ne voulait pas finir ainsi.
Elle avait peur. Elle voulait continuer, espérer, se repentir !

Pourquoi ?

C’est ce qu’elle s’est demandé. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi elle subissait tant de choses, sans jamais avoir une chance de pouvoir se rattraper, et d’avoir la vie qu’elle souhaite depuis toujours.

Elle a tout perdu.
Ses enfants, sa femme, son palais, ses serviteurs…
Elle a tout perdu.
Ses pouvoirs, son honneur, son monde…
Elle a tout perdu.

Mais alors qu’elle s’apprêtait à tout simplement lâcher prise, à tout abandonner…
Une ouverture.
Le monde se déchire soudainement en deux, maintenant, sous ses yeux.
Elle voit Kosaten se redessiner, maintenant, sous ses yeux.
Ses paupières s’ouvrent grand, alors qu’elle tend la main vers cette nouvelle chance, ce nouvel espoir.

Elle sort.
Elle sort, tombant à quatre pattes sur de l’herbe.
Elle sent le vent glisser à nouveau dans ses cheveux, dans sa robe, sur sa peau…
Elle éclate en sanglots.

C’est trop.
Elle ne comprenait pas, et elle ne comprend toujours pas.
Encore et toujours, le monde, l’univers, la vie- tout ceci semble être contre son bonheur, voire contre son existence même.

Elle se relève. Elle ne sait pas combien de temps il s’est passé avant qu’elle arrive à sortir de cet… Enfer.
Mais en avançant, en marchant pendant plusieurs heures…
Mais en se renseignant, en parlant à plusieurs habitants, plusieurs natifs… Elle comprend.
Elle comprend que son malheur n’est pas fini.

Un village.
Un nouveau village, “Zouhan”, et un soi-disant retour de Jayna Tekina, qui aurait pris la place de Jiro Tekina.
L’ancien village rebelle aurait brûlé pour une raison qui lui échappe.
Mais… Rien que savoir tout ceci a le don d’empaler le Diable.
Alors que les soldats de Shuzâ, serviteurs du tyran Zang, la regardent avec beaucoup d’intérêt, complètement confus face à son comportement… Celle que l’on connaissait autrefois comme l’Impératrice des Enfers… Se met à pleurer.

Elle éclate en sanglots.
Elle pleure et ne peut pas se retenir.
Elle voit un avenir d’horreur.
Elle voit une fin qu’elle ne pensait pas avoir.
Elle voit une punition inévitable.
Elle ne peut pas fuir- elle ne le veut pas.
Elle doit garder la tête haute, et faire face aux conséquences.

Alors elle serre les poings, elle avale sa salive, elle sèche ses larmes.
Elle ne dit rien, elle n’explique rien, elle retourne simplement à la capitale.
Elle reste silencieuse, elle n’arrive même pas à penser.
Elle n’arrive pas à réfléchir. Elle reste vide, meurtrie. Elle sait que le futur ne lui sera pas juste.

Elle sait qu’elle doit subir ce qui l’attend.
Elle ne sait pas si elle pourra “sortir” cette fois.
Elle avance vers les flammes, les yeux foncés, le faciès stoïque.

Elle arrive au palais, on lui ouvre les portes, elle approche Zang.
Elle n’a pas peur de lui.
Elle lui explique. Elle lui dit ce qu’elle a vécu, elle essaie de se défendre en montrant tout ceci comme un imprévu, en toute sincérité…
Elle ne pense pas réussir à le convaincre, à le persuader.
Et elle a bien raison…

Un sourire mesquin…
Et, bien sûr, le châtiment est prononcé.

Elle ne dit rien, elle l’accepte.
Elle ne hurle pas, elle ne fuit pas, elle ne pleure pas.
Elle accepte, et elle se fait guider vers ce qui l’attend.

La prison.

Elle s’engouffre à l’intérieur.
Elle plonge dans les profondeurs de cet endroit qu’elle connaissait déjà.
Elle a réussi à faire sortir Kuri d’ici. Elle ne sait même pas ce qu’elle est devenue.
Elle espère simplement qu’elle aille bien.

Jetée dans une cellule, elle demeure silencieuse alors que les gardes semblent fiers de ne plus subir ses menaces, son autorité.
Ils raillent, ils jouissent de sa condition.
Tandis qu’elle reste muette, menottée, enchaînée à un mur, les prunelles rivées sur le sol froid et humide.

Pour combien de temps ?

:copyright:️️ DABEILLE

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SoloCe qui fait qui je suis.Le silence.
La solitude.
Le temps qui passe sans qu’elle le sache, sans qu’elle puisse le voir…
Les rêves, les objectifs, les plans brisés…
Un espoir ruiné, volé.
Elle n’arrive même pas à ressentir de la haine, de la colère, ou même de la rancœur envers ce démon rouge.
Elle n’en a même plus la force.
Elle est affaiblie, détruite. Elle ne voit même plus l’intérêt de penser, de réfléchir.
Elle veut simplement abandonner, accepter son destin, voir ce qui se passe, se livrer à sa fatalité.
La vie est cruelle envers elle depuis le jour où elle a accepté d’être une sorcière.
Elle a fait un pacte avec le Diable, à quoi pensait-elle ?

Les yeux vidés de sentiment, elle a le corps penché vers l’avant, alors que ses cheveux violets sont abaissés avec le mouvement.
Elle essaie de ne plus utiliser son esprit. Elle ne veut pas le remplir, elle ne veut plus songer à quoi que ce soit.
Et pourtant, elle ne peut pas s’en empêcher.
Elle se rappelle de son passé, elle se rappelle de ses origines, elle se rappelle de sa maladie, elle se rappelle de ses parents, elle se rappelle d’Akuma, de ces roses, de Viola, de son manoir, de Travis…
Elle se rappelle de Kosaten, il y a mille ans. Elle se rappelle de Natsume, elle se rappelle de Frisk, ce qu’elle lui a fait.
Elle se rappelle de Miho et de ses amies.
Elle se rappelle de tous ces gens qu’elle a pu torturer. Dévorer. Tuer.
Elle se rappelle de toutes ses atrocités, elle se rappelle de ses bienfaits, elle se souvient de tout.

Va-t-elle penser, réfléchir, comme dans cette bulle, avant qu’elle ne devienne Sorcière de la Cour ?

Elle n’en sait rien, elle ne pense pas qu’elle pourrait sortir un jour.
Elle est condamnée, elle ne voit plus aucun futur.

Les jours passent. Mais elle ne voit pas le soleil.
Les nuits passent. Mais elle ne voit pas la lune.
La notion du temps ne semble pas exister dans cet endroit.

Parfois, des gardes arrivent. Ils viennent avec leurs grands sourires.
Ils l’insultent, ils se moquent, ils se vengent de l’irrespect qu’elle leur a offerts.
Ils l’insultent, ils se moquent, ils se vengent, ils la frappent.
Elle gémit, mais elle ne dit rien. Elle ne les regarde même pas.
Elle subit, des marques rouges naissant sur son corps maigre et ivoire.
Ils la frappent, et osent parfois lui cracher au visage.
Sa fierté tombe en ruines, mais elle ne dit rien. Elle subit, elle accepte.

Que peut-elle faire, de toute manière ?
Elle est menottée, et sa magie est bloquée par ses chaînes.
Elle ne sortira probablement jamais. Est-ce un châtiment pire que la mort ?
Elle qui sait à quoi elle peut ressembler ?
Elle qui a connu plusieurs fois ce que nous appelons “Royaume des Morts” ?

Elle est silencieuse. C’est presque comme si on lui avait arraché les cordes vocales.
Au fil du temps, elle ne gémit plus aux coups.
Elle se tait, elle se laisse frapper, elle ne se débat même pas.
Poings au visage, au ventre.
Des coups de pieds dans les côtes, à la mâchoire…
La douleur devient si habituelle qu’elle n’arrive plus à la ressentir.

Cependant…

Cependant, la faim naît petit à petit.
Une faim qu’elle connaît très bien et qu’elle a si longtemps essayé de rejeter depuis sa sortie de la bulle temporelle.
Elle a faim.
Et Zang l’a prévu.

Il l’a prévu, car ses gardes viennent avec ses assiettes remplies de viande.
Des mains en sortent, des mains d’enfants.
La sauce ressemble à du sang, par son odeur, par sa couleur.
Ses pupilles se dilatent, alors que son ventre gargouille désespérément.
Mais elle se retient. Elle doit se retenir. Elle ne veut plus recommencer. Elle doit dompter cette malédiction. Elle ne veut plus être un monstre. Et si elle doit périr ici, elle doit périr sans être un monstre !

Elle essaie donc d’oublier.
Elle détourne le regard, les gardes lui crachent encore au visage.
De la salive. De la salive sur sa peau.
Répugnant. Répugnant.
Mais elle s'y est habituée maintenant.

Ils laissent l’assiette devant elle.
L’odeur parcourt la pièce, l’envahissant pleinement et fièrement.
Elle passe sous son nez, entrant dans ses narines pour faire brûler ses entrailles.
Elle a faim. Si faim.

Elle ne veut pas succomber.

Le temps passe. Les gardes passent de moins en moins pour la “torture quotidienne”.
Ils ont probablement fini par s’en lasser.
Ils viennent surtout pour la surveiller, probablement pour vérifier si elle mange. Mais elle se retient.
Elle salive, mais elle se retient.
Son estomac grogne, mais elle se retient.

Elle n’a plus envie.
Elle ne veut plus faire ça.
Quitte à périr, elle ne finira pas comme un monstre.
C’est ce qu’elle se dit, c’est ce qu’elle se répète.

Pour ne pas abandonner.
Elle veut tout abandonner, sauf ça.
Se convaincre, au moins à elle-même, quitte à être la seule à le penser-
...De ne pas être un monstre.

Alors le temps passe. Les gardes qui passent commencent à s’impatienter.
Ils agitent parfois l’assiette sous son nez.

“Alors, la Sorcière de la Cour n’a pas envie de ces DÉLICIEUX mets que lui offre généreusement son dirigeant ?”

Des rires.

“Tu devrais te sentir RECONNAISSANTE ! Après tout, les autres prisonniers n’ont pas l’honneur de recevoir un plat aussi grand !”

Son estomac n’arrête pas de se tordre dans tous les sens. L’odeur est insupportable, mais elle essaie de tenir.
Quand les gardes s’en aillent, Ellen hésite plusieurs fois.
Elle se penche vers l’assiette, mais elle tourne vite la tête et parfois… Ferme les yeux.

Ignorer, elle doit ignorer.
Elle ne doit pas succomber à la folie.
Elle tiendra bon.

Elle doit vider son esprit, plonger dans le néant mental, comme se sentir tel un automate, un corps sans conscience.
Mais l’odeur… L’odeur est atroce.
Atrocément bonne.
Elle est si tentante.
Si hypnotisante à son nez.
La chair l’attend.
Le sang l’attend.
Elle n’a pas mangé depuis plusieurs heures.

Non… Jours ?
Semaines ?
Mois ?

Elle ne sait plus.

:copyright:️️ DABEILLE

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Ce qui fait qui je suis

Solo

Ellen -Désespoir -Autre

L’odeur de la folie. L’odeur du désespoir. L’odeur du rouge, du sang.
L’odeur de ses instincts, l’odeur des ténèbres… Tout est si répugnant, tout est si attirant… L’odeur parcourt ses pensées, titillant ses pulsions, enchaînant tous ses sens… Une odeur qu’elle ne peut pas rejeter. Une odeur qui lui indique un chemin unique, un chemin vers l’obscurité ineffable, vers tous ces yeux rouges qui la regardent, vers ces bouches pleines de dents pointues et salies par le sadisme et la gourmandise…

Pourquoi trouve-t-elle tout cela si beau ? Pourquoi se sent-elle tirée, et pourquoi a-t-elle tant de mal à repousser cette force inconnue ? Ses instincts… Elle ne peut pas les suivre. Ses instincts, elle ne veut pas les écouter, elle ne veut pas revenir sur ses pas et continuer cette voie destructrice…
Elle ne veut pas, mais elle ne peut pas s’empêcher de se pencher vers elle. Elle s’agenouille face à ses ténèbres, face à la Reine des Démons qu’elle est. Elle doit embrasser, épouser cette destinée… Car elle ne peut pas y résister…

Ce monde… Ce monde doit être détruit.
Ce monde… Ce monde doit être entre ses griffes…
Tous… Tous sous sa corruption…
Pourquoi… Pourquoi toutes ces idées lui plaisent ? Pourquoi sourit-elle en y songeant ? Pourquoi… Est-elle ainsi ?

Oublie-t-elle qu’elle a été humaine ?

Tu es un monstre.

Ses yeux s’écarquillent, alors que ses bras lui font mal. En face d’elle, du rouge. Encore, encore. Cette maudite couleur qu’elle adore tant et qu’elle a pourtant refusé de porter sur elle- hormis ce nœud, ce nœud rouge…
Une femme. Une silhouette féminine, debout devant elle. La silhouette de ses doutes, la silhouette de son passé, la silhouette de son désespoir… La silhouette de ses pulsions, de ses instincts, de ce qu’elle est véritablement.

Une femme qui n’est d’autre qu’elle-même.

Une robe rouge, des talons rouges, des lèvres rouges, des yeux d’or et un sourire jusqu’aux oreilles.
Ce n’est pas ce qu’elle veut être… Et pourtant, elle ne peut pas s’empêcher de la trouver magnifique. Elle la trouve si belle, si élégante, si charmante, si… Délicieuse.
Elle s’aime.
Elle s’aime à la folie.
Elle veut embrasser cette femme qu’elle est, au plus profond d’elle.
Elle veut l’embrasser, se lier à elle pour l’éternité.

Tu ne pourras pas fuir longtemps ce que tu es véritablement, Ellen.

Elle grimace… Fuit-elle réellement ?
La silhouette rit, ses iris brillant dans l’obscurité tout autour.
La cellule est envahie de ténèbres. Des ténèbres remplies d’yeux, remplies de bouches, de langues, de sourires hypocrites et gourmands… La Diablesse est dévorée par ses pulsions, et elle fait face à ce qu’elle est vraiment.

Pourquoi fais-tu tous ces efforts, alors que tu as tout perdu ? Que reste-t-il donc ? Où est Natsume ? Ce garçon… Il aurait très bien pu sortir du Royaume des Morts… Mais il ne l’a pas fait. Il a tout abandonné, alors qu’il avait toi, sa “grande soeur”. Vois-tu, très chère ? Tout le monde t’abandonne.

Sa voix est suave.
Elle est si belle. Si voluptueuse. Si douce…

Une belle musique, une belle musique au piano se joue. D’où vient-elle ? Elle ne sait pas, mais elle l’entend. Des violons s’y ajoutent, accompagnant cet instrument qu’elle aime tant.
“Le désespoir” se penche vers elle, sa main caressant son visage. Le contact est doux.
Elle sent bon. Elle sent si bon. Elle est si maternelle. Elle l’aime. Elle l’adore. Elle veut l’enlacer.

N-Non… Natsume… Natsume est-

Où est Miho ? Où sont toutes ses amies ? N’aviez-vous pas réussi à être proches ? Regarde. Elles ne sont plus là, et tu le sais. Elles ont disparu, elles aussi. Elles ne reviendront pas. Tu as essayé d’être “humaine”, et regarde. Tu sais aussi bien que moi que tout ceci ne t’apporte rien. Que cherches-tu à faire ? Retenir tes pulsions ? Renier ta malédiction, au prix d’aider les humains ? Aider le “bien” ? Aurais-tu oublié que le “bien” n’existe pas ? Que crois-tu faire ? Regarde. Tu es auprès de Zang. Il t’a offert une chambre dans son palais. Tu es autorisée à tuer qui tu souhaites, quand tu souhaites. Tu as du pouvoir, et pourtant tu doutes ? Tu désires t’en aller ? Tu désires tout abandonner, et tout ça pour de pathétiques mortels qui ne te font pas confiance ?

Ellen grimace encore.
Elle est terrifiée, et pourtant fascinée. Elle a les yeux ouverts en grand, effrayée, pétrifiée par ces instincts qui se moquent d’elle.
A-t-elle raison ? A-t-elle tort ? Elle ne sait plus. L’odeur est si bonne, elle-

Que se passera-t-il lorsque tu les rejoindras ? Que se passera-t-il, hm ? Ils te rejetteront. Ils diront que tu es un monstre. Ils te torturont sûrement. Ils te feront payer ce que tu leur as fait. Ils sont cruels, ils ne peuvent pas comprendre, et ils ne pourront jamais te comprendre, sauf si tu les forces. Et tu le sais. Akuma a raison, tu le sais, tu as grandi avec lui. Il t’a élevée avec la vérité. Aucune personne n’est bonne… On est dans un monde condamné. Peu importe tes efforts, ils ne te feront jamais confiance. Et ceux qui te suivront auront pitié de toi. Ils n’auront pas d’empathie. Ils te prendront pour un vulgaire petit chaton sans valeur, qu’ils chercheront à aider simplement pour gonfler leurs égos. Souhaites-tu réellement te diriger vers cette voie ? Zang… Ce porc… Il comprend ce que tu es. Il voit ce que tu es. Profite de ses pouvoirs, profite de ce qu’il te donne… Et dévore-le lorsque tu pourras. Lui, comme tous les autres, ne sont que de vulgaires insectes que tu peux écraser et dominer. Tu es le Diable, tu es Satan, tu as les pouvoirs pour les forcer à t’aimer, c’est ce que Akuma t’a dit.

N-Non… Il y a un autre moyen, il y a-

C’est l’unique moyen. Et tu le sais. Imaginons que tu réussis… À quel prix ? Qui sont les personnes que tu aimes, qui restent encore ? Tu es morte tellement de fois pour ces êtres stupides. Personne n’a réellement reconnu tes bienfaits. On ne cite que les horreurs que tu as commises… Et sais-tu pourquoi ? Parce que peu importe si tu es un héros, peu importe le nombre de bonnes actions que tu as commises… Il ne faut qu’un meurtre, qu’une simple erreur pour tout anéantir. Un simple acte qui ne plaît pas… Et ta destinée change de voie. Il y a tant de facilités à être vu comme mauvais…

La… La rédemption…

La rédemption n’existe pas, Ellen. Et certainement pas pour quelqu’un qui prend le titre de Diable. Certainement pas pour une personne maudite. Ils sauront que tu pourras à tout moment partir dans un sens qui ne leur plaisent pas. Ils auront bien trop peur de toi, de tes pulsions. Pourquoi se retenir ? Pourquoi se plier face à ces imbéciles ? Oublies-tu qui tu es ? Tu es Ellen, la Reine des Démons ! Ce n’est pas le comportement d’une Reine… De se laisser ainsi flageller par de tels pécores ! Tu cherches uniquement à être aimée, alors utilise tes pouvoirs ! Tu sais très bien que c’est la seule solution, tu sais très bien que tu ne seras pas aimée de tout le monde, si tu ne le fais pas ! Tu as la magie pour… Akuma te l’a offerte pour une raison.

Je… Je ne veux pas de…

Retenir tes pulsions ne fera que repousser une destinée que tu ne saurais pas changer. Tu connais très bien la fin de ces choses-là. Tu espères bien trop de la part de ces idiots. Tu sais très bien que la malédiction te rattrapera. Ce sont tes instincts, tes pulsions ! Tu les as déjà embrassées, tu… Tu m’as déjà embrassée ! Alors pourquoi me fuis-tu ? Je serai toujours là, et tu le sais ! Tu ne peux pas m’éloigner indéfiniment ! Car… Car je suis toi, Ellen. Je suis ce que tu es véritablement ! Tu as besoin de moi ! Pourquoi te préoccuper de tels êtres ? Tu es le Diable, tu dévores comme un humain pourrait dévorer un porc ! Ils élèvent bien des animaux en masse, pour les massacrer et les manger ensuite ! Tu ne leur fais subir que ce qu’ils font déjà subir à d’autres êtres ! Ce ne sont que des hypocrites qui ne valent pas mieux que des animaux ! Alors élève-les ! Force-les à t’aimer ! Dévore ceux que tu souhaites dévorer ! Amuse-toi, profite de tes pulsions, de tes désirs ! Sois libre ! Pourquoi se livrer en esclave de ces moins que rien ?!

Des larmes.
Ellen pleure, alors que la silhouette s’agenouille devant elle. Le désespoir l’enlace, elle qui ne sait pas. Elle qui ne sait plus et qui ne sait rien. Que doit-elle faire ? Pourquoi continue-t-elle ? Pourquoi se retient-elle ?
Cette odeur… Cette douceur… Il n’y a qu’elle, qu’elle seule pour se comprendre… Alors pourquoi ne se fait-elle pas confiance ? Pourquoi ne plonge-t-elle pas dans ses bras ? Pourquoi ne se libère-t-elle pas de ses chaînes ?

Embrasse-moi, Ellen. Je t’aime. Je t’aime à la folie. Je veux être avec toi, pour toujours. Je veux être en toi, m’unir à toi. Car je suis tes instincts, je suis tes sentiments, je suis ce que tu es vraiment. Alors embrasse ce que tu es. Accepte ce que tu es. Accepte-moi… Je ne te veux que du bien. Tous ces gens, ce monde tout entier… Ils ne te comprendront jamais ! Ils te trahiront, à coup sûr ! Comme mère… Ils feront probablement semblant. Ils diront qu’ils t’aiment avant de t’abandonner ! Ou alors ils prendront directement les fourches et chercheront à te vaincre, et ce même si tu leur dis que tu viens en paix, pour eux ! Regarde, Ellen. Souviens-toi de tout ce que tu as fait. Souviens-toi de ces fois où tu as essayé d’être pacifique ! Ils t’ont rejetée, ils ont eu peur de toi ! Parfois, ils étaient pires que toi ! Ils osaient vouloir de la violence, alors que toi tu préférais la sagesse. Même en essayant de faire les choses bien, ils t’en veulent et te rejettent ! Ils n’auront ce qu’ils méritent… Tu ne fais que les punir, tous. Tu es le Diable, Maître des Enfers. Tu châties ce qui est mauvais, et tout ce monde… Est corrompu. Aucun n’est bon, AUCUN !

Ellen tremble.
Elle ne sait pas si elle doit se faire confiance, mais…
Non… Elle ne doit pas… Quelque chose… Quelque chose ne va pas. Ces mille années de réflexion… Était-ce une erreur ? Une perte de temps ?
La silhouette du désespoir la caresse. Elle la touche. Ses mains parcourent son corps frêle et battu. Chaque contact tache la robe de rouge. Sa robe blanche… Devient rouge. Elle… Devient rouge…

Je veux… Être aimée… Être sincèrement aimée…

Le désespoir écarquille les yeux avec un mouvement de recul.
C’est ce qu’elle veut. C’est ce qu’elle a toujours voulu. Pourquoi est-ce si difficile ? Pourquoi cette simple chose… Semble inatteignable ? Cette chose qui semble si banale, si normale… N’est jamais venue à elle. Pourquoi ? Elle ne comprend pas.

Ellen… Je…

Le désespoir grimace, une main sur la poitrine.

Je sais ce que tu souhaites. Je le sens car je suis toi. Mais cette chose… Cette chose est perdue depuis ta naissance, et tu le sais bien. Personne ne te donnera ça. Dieu l’a refusé. Tu dois accepter ta destinée, même si elle est horrible vue comme ça. Tu peux… Tu peux toujours trouver le moyen de te rapprocher de cette “perfection”, tu sais ! Tu peux… Tu peux vraiment pousser les gens à t’aimer avec ta magie ! Tu peux suivre tes envies, profiter d’une pleine liberté de tes émotions ! Tu peux être heureuse ainsi, j’en suis certaine ! Tu peux me faire confiance… Car…

Elle sourit.
Elle sourit d’un air séducteur.

Car je suis tes désirs. Tu dois me faire confiance, car je suis ce que tu souhaites. Pourquoi fuir ce que tu veux ? Souhaites-tu plonger dans l’hypocrisie ? Te laisser dompter par les autres, qui se fichent bien des efforts que tu fais ? C’est un chemin stupide, Ellen. Tu ne peux pas changer ce que tu es, car j’existe et j’existerai toujours à l’intérieur de toi. Tu es un monstre Ellen, alors accepte d’en être un.

Non…
Elle ne peut pas. Elle ne doit pas accepter cette destinée. Quelque chose, un signe ! Il… Il le faut… Elle ne peut pas tout simplement plonger dans le désespoir et ne plus s’en sortir maintenant ! Elle s’est promis de changer ! Elle commençait déjà une sérieuse rédemption ! Elle y croyait presque !

Embrasse-moi. Touche-moi. Touche-moi où tu souhaites. Caresse-moi. Lèche-moi. Goûte-moi. Laisse-moi m’unir à toi. Soyons ensemble… Pour l’éternité.

Ses lèvres se rapprochent des siennes, alors que ses mains se baladent plus suggestivement sur ses courbes. Le contact est particulier. Ellen ressent à la fois du dégoût et du plaisir.
Que fait-elle ? A quoi joue-t-elle ? A quoi pense-t-elle ? Où va-t-elle ? La Diablesse ne comprend rien face à ses pulsions. Elle est émerveillée comme terrifiée, alors qu’elle se laisse faire.

Je t’aime. L’amour que j’ai pour toi est le plus sincère qu’il soit. Je serai la seule, l’unique être qui sera avec toi, pour toujours. La seule qui t’aimera, malgré tous tes vices. La seule qui t’accompagnera jusqu’au bout. Je t’aime et je t’aimerai… Pour toujours, Ellen. Tu souhaites de l’amour… Alors que tu l’as, devant toi. Tu cherches, alors qu’il est évident, sous tes yeux. Mais je te pardonne et je te pardonnerai toujours. Tu n’as qu’à faire un simple geste… M’accepter. M’aimer.

Un petit rire, alors qu’elle plisse des yeux. Elle rit, alors qu’elle caresse sa proie.
Proie qui l’observe, vidée par les coups et les doutes. Proie qui ne bouge plus… Alors qu’elle l’embrasse. Elle ne fait rien pour la repousser… Elle reste simplement là, immobile. Elle ne rejette pas, mais elle ne se laisse pas plonger dans la passion de ces pulsions non plus.

Je veux te dévorer. Je veux que tu sois en moi, que tu t’endormes en moi… Paisiblement. Je te protégerai. Je te garderai en sécurité. Tu seras ma Reine, et je ferai en sorte que tout le monde te considérera ainsi. Je te guiderai pour devenir la Reine que tu as toujours été. Tu ne seras plus timide, tu n’auras plus peur… Tu seras libre. La belle Ellen… La magnifique Reine des Démons… La Femme en Rouge. N’aimes-tu pas le rouge ? Où est passée ta robe ? Ta si… Splendide… Robe rouge…

Ses mots sont prononcés dans la longueur… Comme si chacun était dit avec un soupir lascif et amoureux. Un souffle insisté, charmeur. Des murmures séducteurs, des murmures pleins de douceur… Et pourtant si malicieux…
Il y a quelque chose qui ne va pas. Elle le sent, au plus profond d’elle. Quelque chose ne va pas, au fond, elle n’a pas envie de suivre cette voie, n’est-ce pas ? Elle doute, ses chaînes tremblent et craquellent… Les chaînes de la rédemption.

Elle rêve d’être aimée… Mais cet amour qu’on lui propose… Il est différent. Ce n’est pas ce qu’elle recherche. Ce n’est pas ce pourquoi elle a choisi d’être une sorcière, dans son monde. Ce pourquoi elle a tué ses parents, ce pourquoi elle a accepté de faire un pacte avec l’ancien Diable… Non, ce n’est pas ce qu’elle souhaite… Ce nœud en elle… Il fait barrière et lui dit tout. Il grogne qu’elle ne doit pas l’embrasser. Qu’elle ne doit pas embrasser la silhouette de ses désirs enfouis… La silhouette de ses pulsions et de son désespoir…
Elle grimace. Que lui reste-t-il ? Elle se sent si seule. Frisk n’est qu’une pauvre fille qu’elle a manipulée ! Viola est morte… En étant une fausse ! Une pure création née d’une obsession honteuse ! Sa famille… Sa famille a disparu dans le cataclysme ! Elle n’a plus rien… Plus personne. Alors quel est l’intérêt de continuer ? De se repentir ? Pour qui ferait-elle tous ces efforts ?

Elle réfléchit. Elle réfléchit alors que les lèvres de la malédiction lui caressent les siennes. Sa robe prend une teinte vermillon, petit à petit, alors que les bouches infinies ricanent dans ce monde qui n’existe que dans son esprit tourmenté…

Que faire ?
Que dire ?
Que croire ?
Où voir ?
Où… Aller ?

La musique continue de se jouer...
Alors que le goût de la chair glisse sur sa langue.
Le goût de la chair humaine.
Un goût qu'elle ne voulait pas retrouver.

Elle ne peut pas se retenir.
Elle mange.
Elle mange mais elle ne le voit pas.
Elle mange et elle pleure en le sachant.
Elle sait qu'elle mange ce qu'elle s'est refusée de manger.
Mais elle le fait.
Ce n'est pas de sa faute.
Elle a tout fait.
ELLE A TOUT FAIT POUR EVITER CELA...

Ce qui fait qui je suis. [Solo] Rose_b10

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