猟師 · Youseï Shokuchu

Un pas après l’autre, mes pieds avançaient dans cette forêt sans chemins. Ma maîtrise de l’art Shinobi camouflait immédiatement les sons habituels émis par les pas. Dissimulé par les ombres oppressantes et ténébreuses de la forêt boisée, je me déplaçai dans le plus grand des calmes. Avec l’assurance d’un roi qui se baladait dans son prestigieux château, et la prudence d’un brigand en chasse.

Les rayons lunaires qui arrivaient à perforer le feuillage des arbres, pourraient dénoncer ma masse masculine de muscles, entièrement recouvert d’un voile sombre. De la tête aux pieds, le voile épais ne laissait aucune zone découverte – à l’exception du visage bien trop dissimulé pour le reconnaître à plus de quelques centimètres. Il aurait été très difficile de manquer le symbole Uchiha clairement et fièrement bradé sur le dos du voile. Dans la zone située entre les omoplates.

Pour ceux qui en avaient entendu parler, ils savaient qu’un ressortissant du clan guerrier, n’était pas un gusse dont il fallait s’approcher impunément. Même sans encore savoir qui se cachait derrière l’ombre du voile, on pouvait déjà savoir qu’on avait huit chances sur dix d’y laisser la vie.

Aujourd’hui, je n’étais pas accompagné de Fuji, ni même d’Uruko. Ils géraient les missions importantes du village, en plus d’assurer sa croissance. Non… suite à mon départ pour cette longue mission, je me déplaçai seul et observai le monde depuis l’ombre des ténèbres.

Quelque chose menaçait ce monde. Quelque chose de dangereux, de puissant… Je n’aurais pas été capable de l’arrêter seul. Toutefois, impliquer le clan signifiait livrer les miens à une éradication pur et simple. Cette quête vers l’inconnu, c’était à moi et à moi seul de la mener.

Un jet frais fuyait mes lèvres à chaque expiration, annonçant déjà la température glaciale de Reïfuu… C’était ma destination. Je savais que je n’étais plus très loin. Encore deux ou trois jours de marche, sans nul doute.

Dans cette tranquille obscurité perturbé par endroits par des faisceaux lumineux lunaires ; quelque chose me perturba : une voix, un cri, un gémissement…

Il était d’abord lointain, mais au fil de mon avancée, il se fit de plus en plus clair. Quand mon tympan put capter précisément le son ainsi que la direction de laquelle elle venait, mon visage tourna rapidement dans la direction en question. Un danger… peut être.

Bondissant de branches en branches, il ne me fallut pas bien longtemps pour observer depuis le sommet d’un arbre, une jeune fille qui se faisait lentement engloutir par une plante carnivore géante. Heureusement, elle ne m’avait pas encore vu. Ni elle, ni la plante. De ce fait, j’allais pouvoir passer à l’action.

Dans l’ombre de ma capuche, une pupille rougeâtre s’illumina, comme pour annoncer l’éveil d’un démon. Avec mon sharingan, j’analysai la situation, découvrant alors une trop grande uniformité énergétique entre la plante et la jeune femme. C’était comme si, la femme était l’extension du corps de la plante.

Plongeant ma main dans ma pochette, j’extirpai deux kunais (contextuel) avant de les jeter respectivement sur le bras de la femme – de sorte à juste l’égratigner – et sur la base de la plante. L’objectif, voir la couleur du sang des deux entités avant de passer à l’action.

Mais nul doute que, mon action allait dénoncer ma position. Un risque je me sentais obligé de prendre pour sauver cette jeune femme.

Je ne m'étais pas trompé... Il s'agissait d'un leur. Et pourtant, j'avais réagi bien trop tard.

En quelques secondes, la plante me balança un liquide étrange incroyablement dangereux. Mon corps s'alourdissait sous la pression de son pouvoir, qui semblait traverser jusqu'à mes gênes. Si la puissance était grande, mon sharingan lui, l'était plus encore, me permettait de comprendre la texture et la manipulation nécessaire pour reproduire une technique parfaitement similaire, mais issu cette fois de mon chakra.

Je n'eus pas le temps de me réjouir, qu'une salve d'attaque s'abattit agressivement vers moi. J'employai parfois les pouvoirs de Long, et mon bouclier. Rien n'y faire, les attaques étaient bien trop nombreuses pour me laisser indemne. Mes vêtements étaient les premiers à subir la fureur de la plante, m'obligeant immédiatement à reculer le plus loin possible pour m'abriter.

Le corps plein de blessures, je fis encore appel aux pouvoirs guérrisseurs divins pour refermer les blessures les plus légères. Cela fait, il était temps de passer à l'action.

D'abord, tentant de reproduire une version plus shinobi de l'attaque que j'avais reçue, j'envoyai un puissant souffle humide, qui aurait les mêmes dangers que le liquide hormonal que j'avais encaissé de plein fouet.

Cela fait, j'envoyai ma technique secrète la plus puissante. J'avais pu la perfectionner dans le passé... Maintenant, elle était plus sauvage. Mes poumons se pompèrent de façon quasi inhumaine, avant de relâcher la puissance enflammée sur la cible. Mais malgré tout, je restai sur mes gardes. Le pire restait encore à venir.

Rien.

J'avais déferlé vers mon adversaire mes attaques les plus puissantes, mais elles n'eut aucun effet. Même copier la puissance étrange de ses capacités ne m'avait avancé à rien. À croire que j'étais en plein cœur d'un piège duquel je ne pouvais que danser vainement jusqu'à épuisement.

Et pourtant, je ne me laissai pas abattre. J'avais encore de la ressource. Les attaques suivirent le même schéma. J'évitai certaines, encaissai d'autres, stratégiquement, pour minimiser mes blessures. La bête était redoutable en plus d'être tenace. Mes jambes s'alourdissaient à chacune de ces attaques.

La confrontation venait à peine de débuter que je sentais ne pas être en mesure de continuer longtemps en restant acculé d'attaques. Quoi qu'il en soit, il était temps de réagir. En plus de mes techniques puissantes, je m'assurai d'engouffrer la plante ou ses lianes dans une boue béante. L'objectif ? La neutraliser suffisamment longtemps pour l'avoir à ma merci.

La tentative était minuscule, mais je gagnais du terrain. En continuant dans cette voix... La victoire allait être mienne. Je le savais !

Ma pupille rougeoyante lisant les mouvements de mon adversaire, je restai en garde, en préparation de ce qui allait suivre.

L'étreinte et la puissance de ses attaques avait significativement diminué. Toutefois, j'étais loin d'être confronté à des attaques inoffensives. Malgré la présence de mon Susano'o, j'étais incapable d'échapper à sa plus puissante attaque. Le plus dangereux n'était pas l'attaque en elle-même. Mais l'effet corrosif qu'elle dégageait une fois qu'elle avait atteint la cible.

Peut être était-ce inefficace parce que c'était aussi naturel pour la plante, que l'aurait été un rayon trop lumineux pour les yeux humains. Ils agaçaient, sans pourtant blesser. Pour vaincre, j'allais cette fois multiplier mes puissantes offensives. La plante devait sans nul doute avoir une limite.

J'allais la trouver coûte que coûte.

La donne changeait au fil de mes offensives, sans pour autant que je ne comprenne la raison. Je dirais même, qu'une part de moi ne souhaitait pas comprendre ce qui se passait. Tout ce qui m'arrivait était soi de la bonne fortune, soit un agréable concours de circonstances. Ils étaient si rares que, quand j'en avais un sous les yeux, je n'allais pas m'en plaindre.

Bondissant de branches en branches pour trancher le plus vigoureusement possible l'ennemi avec mon katana, j'enchainai sans relâche mon offensive, multipliant mes sorts les plus destructeurs. Dans le lointain de la forêt, on aurait pu apercevoir les luminosités vives et rouges et brillaient succinctement à chacune de mes attaques.

Je pensais mourir, mais peut être allais-je survivre et triompher.... Quoi qu'il advienne, je savais désormais que je n'avais pas résolu l'ensemble de mes problèmes. Mes coups étaient bien trop faibles et ma défense bien trop basse... Je devais continuer à me renforcer, toujours... Comme au premier jour, quand je n'avais pas un deux centième de ma force actuelle.

Finalement, j’avais réussi ! Mon attaque et mon acharnement avait eu raison de la bête. J’observais accroché à une branche d’arbre, le corps sans vie de mon ennemi du jour. Le combat a été rude, long, incroyablement difficile mais j’avais vaincu.

C’était mon deuxième affrontement sur ces terres depuis mon retour. J’avais même déjà retrouvé mes capacités, mais pourtant, j’avais encore cet arrière-goût d’incapacité. J’aurais dû recommencer encore. Mais cette fois, bien loin du niveau de mon arrivée dans le monde. Tout m’était possible, à condition d’y dédier suffisamment de temps.

M’enfin. Je me remis sur pied, remis la capuche sur ma tête avant de m’enfoncer dans la pénombre. Mon chemin allait être long. Pour rejoindre Reïfuu, la rive la plus au nord, je devais encore traverser plusieurs kilomètres.

Si mes pressentiments étaient exacts, il ne me suffirait qu’à longer le chemin jusqu’à ce que j’arrive à bon port. La ligne qui sépare ce monde du monde des morts… allait bientôt céder. J’allais être présent quand ça se produira.

Et j’espère… j’aurais assez de force pour empêcher le pire de s’abattre sur le monde.