不羈 · Liberté - Ft Lexi

feat.Lexi Hil'Feyan

Rapport & Découverte

De nombreux jours étaient passés depuis le dernier rapport. Mais étrangement, le dossier de Lexi se remplissait à compte goûte. Elle était difficile à pister. De nombreuses fois, les Shinobis qui étaient chargés de la surveiller frôlaient la mort.

Mais jamais, pas une seule fois, elle n’éliminait totalement la cible. Quelque chose d’assez drôle, il fallait avouer. Essayait-elle de respecter le pacte de non-agression ? Pour sûre, elle avait désormais conscience que mon intérêt à son égard était assez développé. Et pour cause, ce n’était pas tous les jours qu’on se faisait réprimander un comportement en plein cœur de chez soi. Un évènement difficile à oublier.

Après avoir lu le message qui m’était attribué, le rapport, je vaquais à mes occupations.

* *
*

Quelques jours par après, un autre rapport arriva par le même canal. Contrairement aux rapports habituels, les informations étaient étranges. Hil’Feyan comme d’habitude avait réussi à semer mes émissaires. Pourtant, sa situation était quelque peu « inquiétante ». Des faits étranges avaient été dénotés. Ses traces avaient mystérieusement disparues autour du rivière antique à Reifuu. Et telle que les choses se présentaient, ça ressemblaient à une embuscade.

A la simple mention du terme embuscade, je me relevai rapidement de ma chaise, faisant basculer cette dernière en arrière. Une élue d’une telle puissance ne pouvait tout bonnement pas être prise en embuscade. Elle était bien trop puissante et donc rien de bien inquiétant.

* *
*

A moins que, l’embuscade ait été mis sur pied pour une personne de son calibre. Avec de puissantes armes anti-élus ?

Non… il n’y avait pas à paniquer. Je devais rester encore un peu patient.

Toutefois, afin de renforcer le pistage, j’envoyai en renfort deux de nos meilleurs senseurs. Ils devaient sans trop de mal retrouver la trace de Hil’feyan si jamais elle était encore dans les parages. Elle se déplaçait rapidement, certes…

Mais comme tout être humain, elle laissait des traces. Tôt ou tard, on aurait fini par la trouver.

***

Quelques heures après, je consommais mon thé chaud, l’esprit plein de doutes et d’incertitudes. Mais malgré tout, je conservais une attitude stoïque. C’est à ce moment qu’un hirondelle arriva avec à sa patte le prochain rapport qui m’était destiné.

Déroulant le message délicatement, mes yeux s’écarquillèrent à la lecture du message. Ma gorge s’assécha et mes tempes se mirent à pomper mon sang à une vitesse ahurissante.

Le message ? Il était formulé de la forme qui suit :

<< Une élue ressemblant à Lexi Hil’Feyan aurait été capturée par Akiro, un chef brigand redouté dans la région. Sa malice lui aurait permis de préparer un plan quasi parfait pour mettre en cage l’élue la plus puissante de Shintan.

Et dans les heures qui suivent la réception du message, elle aurait été livrée au village brigand.

Nous continuons notre traque et n’intervenons pas.>>

Je me dressai immédiatement, la mâchoire serrée et le ton sévère. Elle avait été capturée et était marchandée comme un simple objet ? Mon sang fit un tour, suite à quoi je m’avançai rapidement dans la cours principale.

Tel qu’expliqué, elle était en danger réel. Prisonnière dans une sorte de cage où elle n’avait pas accès à la totalité de ses capacités. Sous peu, elle devait être envoyée dans le village des voleurs pour une possible vente aux enchères.

La poitrine pompant l’air à répétition, mes yeux écarquillés et injectés de sang… Mon corps sembla à ce moment-là dominé par un instinct qui n’était pas celui qu’on connaissait d’un leader de peuple. J’avais la rage ! Et très peu de temps pour agir.

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Akiro

Gardant un semblant de calme, j’emboitai immédiatement le pas pour me rendre à ma salle d’entraînement interne. Instinctivement, ma main alla agripper mon Katana, mon armure et ma pochette où je conservais mes outils Ninjas. Je me recouvris intégralement de mon grand-voile sombre aux initiales du clan Uchiha.

La ceinture était bouclée, le katana rejoignait le fourreau dans un cliquetis net et mon sharingan activait sa forme la plus évoluée. Armée comme un soldat, j’étais prêt à aller au front.

Je démarrai immédiatement la course, abandonnant la salle d’entraînement pour le cœur de la cour principal. Et en son centre, mes jambes fléchirent pour m’envoyer le plus haut possible dans un grand bond. Une fois à une certaine hauteur, une vague d’énergie parcouru mes veines dans une course effrénée. Cette vague finit par s’exprimer sous la forme d’un manteau d’énergie bleu et elle me propulsa dans le lointain, telle une petite étoile filante transperçant les cieux en plein jour.

Le trajet aérien a été rapide et en quelques minutes à peine, je rejoignis les espions que je détectai à l’aide de mes pupilles. La forme ultime de mon Sharingan m’avait permis de les localiser à bonne distance. Baissant l’intensité de ma présence un kilomètre avant d’arriver, je rejoignis le sol, aux côtés des espions.

Le premier ordre ne tarda pas : un bilan plus détaillé de la situation. Malgré la surprise et le malaise d’être en pleine mission avec leur chef, ils ne manquèrent aucun détail dans leur explication.

Un gros convoi avec plusieurs combattants à cheval et davantage encore au sol.

Et au milieu de tout cela, la cage totalement fermée qui gardait Hil’Feyan. Les Uchihas avaient également soupçonné la présence d’équipement anti élu. Sans compter que, l’ennemi avait une excellente coordination dans le combat. Les attaquer par surprise m’aurait donné un avantage, mais aurait été loin d’être suffisant pour assurer la victoire.

Et là, sans m’attarder dans les détails, je les confiai :

- Votre mission a changé. Observez attentivement la situation et trouvez le meilleur moyen pour récupérer l’élue Hil’Feyan une fois qu’elle sera libre et mettez la en sécurité.

Ils acquiescèrent suite à quoi l’opération démarra.

* *
*

Déjà à distance, je manipulai le Doton pour enfoncer tout l’intégralité du convoi dans la terre boueuse. C’était ma technique phare – le marécage des limbes.

Le convoi a été forcé de s’arrêter ; mais l’ennemi était loin d’être stupide. Akiro devait certainement se douter qu’il y avait une entité capable de mettre à mal plusieurs centaines d’hommes.

Les chevaux hennissaient leur panique, et les hommes au sol étaient davantage paralysés

Akiro : Bon sang ! C’est quoi cette merde ?

Les techniques ninja étaient effroyablement redoutables. Elles permettaient d’entraver et perturber l’adversaire sans jamais dévoiler sa posi-

BRIGAND : Il est dans les airs !

- Comment ??!!!

Soudainement, ils manipulèrent ce qui semblait être un outil lumineux. Le rayon de lumière m’éblouit longuement, suite à quoi, sans que je ne le comprenne, mon pouvoir aérien fut bridé et j’étais soudainement contraint de revenir sur la terre ferme.

Je tombai lourdement sur le sol, comprenant brièvement qu’on avait bridé une partie de mes capacités. Le marécage s’était bien vite estompé, emprisonnant une bonne partie des hommes.

Par contre, ceux qui étaient à cheval regagnèrent la terre ferme, avant de dégainer.

Akiro : Rinkyu Uchiha, c’est bien ça ? J’ai entendu parler de toi… Décidément c’est mon jour de chance. Tomber sur un élu supplémentaire sans même avoir eu besoin de me préparer… Je me ferais un plaisir de t’enchaîner et te vendre.

Je me remis sur pieds, les poings serrés et le visage dur. Ma posture était parfaite et mes armes étaient encore rengainées. Entre Akiro et moi, se tenait une vingtaine d’individus, tous armés de boucliers, de baguettes ou de lames étranges.

Aucun doute, chacun d’entre eux avait une arme anti élu. J’allais devoir éviter la confrontation rapprochée.

- Akiro… J’ai entendu parler de vous. Vous devez vous croire puissant… Mais n’ayez crainte… Aujourd’hui, vous serez à ma merci.

Jetant un œil rapide sur la cage totalement fermée, prison de l’élu Shintajin, je fronçai les sourcils de colère, prêt à en découdre.

Et là, le combat démarra. Sans jamais rester sur place une seule seconde, j’étais une cible difficile pour les armes de mes ennemis. Et en même temps, j’avais une maîtrise parfaite de la terre qui me permettait d’engloutir les ennemis, de les élever sur un pilier de plus de 50 mètres ou même de les absorber dans le marécage.

Aucune confrontation directe ; juste le nécessaire pour les décimer sans trop s’exposer.

Pour les débuts ça marchait assez bien. Mais Akiro lança un sort de zone, qui n’affectait que les élus, réduisant encore plus mes capacités.

Mon exposition se faisait plus importante. Et quelques blessures commençaient à se dessiner sur mon visage. Je fus contraint de faire des bonds arrière pour gagner de la distance.

Après cette rapide confrontation, leur nombre avait significativement baissé. Il ne restait plus que : 5 brigands, Akiro qui préparait un autre sort… moi ; blessé et affaibli. Mais rien d’impossible à gérer.

Akiro : Tu es doué Uchiha… Mais trop impulsif. A ta prochaine attaque, tu mourras.

- Plaît-il ?

Bondissant sur l’ennemi, je dégainai mon épée et déployant les côtes de Susano’o. Les sorts de paralysie me frappaient les uns après les autres, m’affaiblissant toujours plus à chaque fois.

Cependant, mon regard peignait une détermination à en finir qu’il était rare de voir ailleurs. Je ne ralentissait pas mon avancée malgré les circonstances et après… en un coup, je tranchai les têtes des cinq gardes. A un pas de l’esclavagiste, je frappai puissamment le sol pour me donner un élan fort.

J’empoignai mon katana directement pour le planter dans le ventre de l’ennemi. L’objectif était d’en finir - ou plutôt de faire une feinte subtile.

Akiro, souriait sa victoire sachant qu’il était impossible pour mon arme de le transpercer. Il ouvrit grand ses yeux, étirant sur son visage un trop grand sourire.

Et avant qu’il ne se rende compte du piège. Le bougre se figea comme s’il était emprisonné dans un géant bloc de glace : Mon sharingan… il était sous mon emprise.

Je repris alors une position droite avant de souffler subtilement malgré la fatigue.

- Victoire… Akiro !

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Liberté

Rinkyu

Les derniers jours avaient été les pires. Depuis qu’Akiro s’était mis en tête de soumettre la marchombre à ses ordres, la rouant de coups pour chacun de ses regards insolents. Mais celle-ci n’avait plus rien à perdre. Elle avait échoué deux tentatives de liberté, trois en comptant celle où elle prévoyait de transiter par le royaume des morts. Elle n’avait plus rien. Plus de force, ni de compétences. Rawen désactivée, ses armes récupérées pour la vente. Et surtout, quitte à finir comme Bashô, elle voulait partir avec panache. On ne lui prendrait pas sa liberté, sa vraie liberté. On pouvait l’enchaîner, mais elle était toujours marchombre. Elle tiendrait tête à cet enfoiré d’Akiro, surtout s’il suffisait d’un simple regard pour le frustrer si aisément.

Akiro avait alors changé de stratégie. Oh il continuait bien de passer un peu ses nerfs dessus de temps en temps, mais surtout il voulait briser son esprit. Lors du transfert de sa cellule à celle du chariot mobile, il avait volontairement laissé quelques négligences. De quoi attiser l’espoir d’une fuite pour l’élue. Mais elle était si faible, et il avait de toute façon été très tactique avec la sécurité, prévoyant exactement comment ils l’arrêteraient. tout avait fonctionné comme il l’entendait, et il ne s’était pas gêné pour “sanctionner” cette tentative de fuite. Au départ, le chef avait paru froid et calculateur, tout acte servant directement ses intérêts, mais maintenant Lexi savait qu’il était au choix cruel, ou d’un ego démesuré et fragile. Il n’avait jamais eu une personne si puissante en sa possession, et cela faisait naître des choses en lui, comme la volonté de se montrer plus fort qu’elle.

Il avait fallu qu’elle tombe une deuxième fois dans le piège de l’escapade avortée pour réaliser qu’il jouait avec elle. Il créait de l’espoir, pour pouvoir mieux la lui retirer. Cela fit vaciller la volonté de la marchombre. Si elle continuait de lui désobéir par principe, peu à peu la flamme dans ses yeux s’éteignait. Elle perdait en verve, ne répliquait plus des phrases cinglantes ou insolentes. C’était ce qu’Akiro cherchait, mais il ne comprenait pas pourquoi elle continuait de chercher les coups, plutôt que gentiment faire ce qu’il lui disait. Il décida de remédier au problème lui-même.

Alors que la faim, les coups, et le système anti-élu suffisait amplement à la garder faible, il commença à la droguer. Maintenant qu’elle n’avait plus sa puissance d’élue, son système aussi faible que celui d’un natif lambda ne traita pas le poison avec la rapidité qu’il l’aurait fait dix jours auparavant. Elle eut beau lutter, la jeune femme finit par être complètement amorphe et docile.

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Dehors, des bruits de combats. La roulotte bouge un peu. Akiro a-t-il donc encore envie de lui faire croire qu’elle peut s’échapper ? S’ennuie-t-il tant qu’il met même en scène les bruits d’épées ? Elle ne bouge pas. Est-ce parce qu’elle sait que c’est un leurre, ou parce que les plantes qu’on lui fait ingérer sapent toute sa volonté ? Le résultat est le même. Elle reste allongée, roulée en boule plutôt, sur le sol dur de sa cage.

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Lorsque l’Uchiha ouvrit le cube de métal qui contenait la marchombre, il découvrit une femme bien différente de celle qu’il avait rencontrée. La reconnaîtrait-il même ? Il ne restait plus rien de la combattante pleine d’assurance qui s’était immiscée jusqu’au cœur de son clan pour le menacer. Pour protéger les siens.

Il n’y avait qu’un bout de femme famélique, roulée en boule dans un coin, qui ne bougeait même plus. Déjà mince, bien que musclée, Lexi était devenue squelettique, et ses muscles avaient un peu fondu. Un sac d’os sur lequel se trouvait une tunique de lin, sans manche, la couvrant des épaules aux genoux. En temps normal, son corps ainsi partiellement dévoilé laissait facilement comprendre que c’était une combattante aguerrie, elle avait notamment des cicatrices de combat comme tout guerrier. Mais ici, les cicatrices disparaissaient sous une nuée d’hématomes passant par toutes les couleurs, du violacé habituel au vert étrange en passant par le jaune moutarde. Les liens à ses poignets et chevilles comportaient des pics s’enfonçant de quelques millimètres dans la chair - pour permettre à sa fonctionnalité anti-élu d’être efficace - et avait laissé de vilaines marques. Son épaule gauche, déboitée et remise de manière brutale - n’avait pas fini d’absorber l’immense hématome qui s’était répandue. Enfin, sur sa nuque on pouvait voir les traces des vaines tentatives d’extraction de son armure. La cicatrice était fraîche et boursouflée.

S’il venait à voir son visage, ce ne serait pas mieux. La faim lui donnait des traits émaciés, des immenses cernes creusaient le haut de ses joues, mais surtout, un oeil et la tempe du même côté avaient gonflé et viré au noir. Son regard était perdu, elle peinait à se connecter avec la réalité. Elle était en vie, mais pourtant ce n’était qu’une poupée de chiffon. Inerte et sans volonté.

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
"_Le Pacte des Marchombres

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Liberté

J’avais gardé le bougre éveillé. Par le pouvoir de ma pupille, il m’expliqua comment ouvrir la cage et me dévoila toutes les armes qu’il avait à sa disposition. Aussi bien les armes normales que les armes anti-élus

Ayant conscience du danger que représentait la deuxième catégorie d’armes, je fis alors appel à mes acolytes, leur commandant de monter la garde et de détruire toute arme anti élu qui était encore dans les parages. Cela fait, ils devaient retrouver toute chose pouvant appartenir à la victime de ce réseau mafieux. Pas besoin d’observer l’intérieur de cette cage, pour comprendre qu’elle ne pouvait avoir été enfermée et enchaînée avec ses armes.

Une fois que mes shinobis s’en allèrent pour réaliser leur mission, je pris les clés qui étaient fièrement accrochés à la taille du brigand immobilisé.

Akiro n’avait rien perdu de son assurance débordante. Mon immobilisation n’avait pas empêché qu’il s’exprime. De toute façon, j’avais déjà eu toutes les informations voulues. Ce qu’il avait à dire… par la suite, m’importait peu. C’est certainement pour ça qu’il commença un monologue dont le souffle du vent aurait été son seul interlocuteur.

Akiro : Vous, élus… vous vous comportez comme si ce monde vous appartenait. Vous n’êtes rien de plus que des brigands comme nous ; la seule différence est votre égo surdimensionné dû à la croissance rapide de vos pouvoirs.

Sans m’attarder sur ses paroles, je fis volte-face avant d’entamer la marche vers l’arrière du chariot. Mon pas était assuré mais quelque part, je craignais le pire pour elle.

Akiro : Mais même face à tout cela, vous ployez le genou face à notre ingéniosité. Nous… natifs de ce monde, auront toujours de l’ascendant sur vous. Et ce, peu importe ce que vous faites pour nous en dissuader.

Je m’avançai jusqu’à me tenir en face de la cage, ignorant les paroles de cet imbécile. J’enfonçai la clé dans la serrure avant de tourner le verrou pour ouvrir la porte et enfin, libérer celle que j’étais venue chercher.

Akiro : Jusqu’au dernier moment… Elle a refusé d’accepter cette réalité… Elle a retardée l’inévitable, exactement comme ce que tu fais… maintenant, Rinkyu.

La porte de la cage s’ouvrit, laissant la lumière du jour entrer dans l’espace où était enfermée la belle et énergétique Hil’Feyan.
Mais mes paupières s’ouvrirent et mon visage de déforma dans une expression de terreur. Une grosse goute de sueur abandonna mon visage et la bouche entrouverte, je ne pouvais que voir impuissant ce qui restait d’elle. De celle qui m’avait ôté la tranquillité d’un sommeil paisible depuis quelques jours.

Hil’Feyan n’avait plus rien de la jeune belle femme pleine d’assurance que j’avais vu il y avait quelques semaines. Elle était blessée, bridée et sans nul doute, brisée. Sa peau était recouverte d’hématomes et son visage était à peine reconnaissable.

Dans ses meilleurs jours, elle était déjà assez fine. Mais là… Elle pouvait être considérée comme maladive. Mon cœur était lourd.

Je devinais chacun des coups reçus à chacune de ses cicatrices. Son épaule déboitée, les marques sur sa nuque, son œil gonflé, sa tempe, ses chaines, ses poignées… les hématomes, et ce tableau global de blessure et de peur.

Mes yeux, ombrés par l’intensité de mes cheveux, ma bouche était neutre et la main tremblante… de colère.

Akiro : J’ai dû la mater suffisamment de fois pour lui faire comprendre raison.

J’utilisai le trousseau de clés pour la défaire de ses liens, prudemment. Veillant à chaque fois à ne pas lui infliger plus de dégâts qu’elle en avait déjà subi.

Akiro : A ton avis… Elle a compris la leçon ??? HEIN ??? !!! Et toi, Tu piges à présent l’étendu de mes pouvoirs ? Haaaa ha ha ha !

Une fois détachée, j’enlevai mon manteau épais Uchiha, avant de recouvrir délicatement la Hil’feyan

- Tu as bien combattu, maintenant, il faut te reposer. Je m’occupe du reste…

M’avait-elle entendue ? Aucune certitude. Néanmoins, je la reposai tranquillement sur le sol, chaudement couverte dans le manteau soigneux aux couleurs noir de jais.

Une fois sur debout, je descendis du chariot avançant lourdement vers le responsable de son malheur.

Dans mon regard, on pouvait lire l’appel de la vengeance. Et contrairement à Lexi, rien ne bridait mes capacités. Akiro voyait son heure venir et paniqua dans son for intérieur. Son visage se remplit d’une flopée de gouttes de sueur en moins d’un battement de cils.

Un fait qui n’entacha en rien ma détermination. Ma main alla empoigner mon Katana, suite à quoi, d’un coup vif et rapide, je détachai sa main de son bras ; laissant fuir continuellement un filet de sang.

Akiro d’abord surpris, ne ressenti pas la douleur de suite. Mais finalement, une brûlure agressive envahie tout son bras droit, obligeant le bougre à crier sa douleur de la plus désagréable des façons.

Sa gueule était encore ouverte que mon poing s’écrasa dans cette dernière, brisant quelques dents au passage. Le malheureux s’effondra sur le sol, retrouvant immédiatement l’usage de so corps.

Dans une danse frénétique, il sursautait et tentait tant bien que mal de bloquer l’hémorragie.

N’attendant pas qu’il se remette de son malheur, je plantai ma lame dans son mollet gauche, clouant le bougre contre le sol.

Pas une once émotion n’était visible sur mon visage. Mais c’était le feu ardent de la colère qui m’animait. Il le savait et chercha à négoicier.

Akiro : Attends… Attends… je suis désol-

Un poing s’écrasa sur son visage, rendant le brigand encore plus difficile à reconnaître. Il souffrait de toutes parts. Et entre les blessures et l’effusion de sang, il n’avait plus longtemps à vivre. Je dégageai alors mon épée de son mollet avant de pointer son tranchant sur sa gorge.

Nos regards se croisèrent : Le mien était empreint d’une détermination assassine. Quand l’œil mi-clos de la victime était teint par la peur mêlé au sang des blessures qu’il avait encaissé.
Sa mâchoire était déboitée. De ce fait, tout ce qu’il pouvait faire, c’était pester sa bave sanglante, sans pouvoir aligner deux à trois mots.
Sans plus de cérémonie, en un mouvement de croissant de lune, la vie lui avait été ôté. Ça en était terminé.

Les armes de Lexi avaient été trouvées et j’ordonnai de faire le ménage et ne laisser aucune trace de ce qui s’était passé. Pour ma part, je pris personnellement la plus puissante élue de Shintan, avant de la ramener au clan.

* *
*

Les meilleurs médecins ont veillé à ses soins et à son rétablissement. Et si en matinée, j’étais surtout en train de m’occuper des affaires du clan, en soirée, je lui rendais visite, ponctuellement.

Observant à chaque fois son évolution. Il lui aura fallu quelques jours de repos encore avant d’espérer pouvoir regagner la surface de conscience.

Ce matin-là, j’avais changé ma routine et j’étais surtout venu m’enquérir de la situation de l’élue. Assis en tailleur à la droite de sa chambre, j’observai la jeune femme allongée sur un fin matelas apposé sur le sol. Elle était couverte et au contact de l’air frais et naturel du clan.

-…

J’attendais calmement, réfléchissant de ce fait à ce que je devais faire à présent…

Contextuelles:

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Liberté

Rinkyu

La prisonnière était mal en point, toujours à osciller entre divers états de conscience et d’éveil peu avancés. Néanmoins, elle vit la porte de sa cellule s’ouvrir, et ferma les yeux quand la lumière s’engouffra dedans. D’abord, parce que ses yeux étaient habitués à l’obscurité de sa boîte, mais aussi parce qu’elle était certaine d’apercevoir Akiro devant la roulotte. Il venait de mettre en place un scénario qui la pousserait à se jeter dans l’ouverture, tenter de fuir… Pour mieux lui ôter tout espoir ensuite. Mais elle n’avait déjà plus d’espoir. Un bruit la fit frissonner, pourtant elle ne l’avait même pas identifié. Il s’agissait du manteau que Rinkyu manipulait, avant de le déposer sur elle. Le contact du tissu était agréable, puis la voix de l’Uchiha indiqua à l’élue qu’il ne s’agissait pas de son geôlier. Pourtant elle ne bougea pas. Elle avait appris qu’elle ne pouvait sortir d’ici. Akrio le lui avait enseigné suffisamment durement pour qu’elle en soit convaincue. Soit elle hallucinait, à cause de son état et des drogues qui couraient dans son sang, soit il manipulait son esprit grâce à sa vile magie. Elle ne pouvait plus lutter contre ce genre de choses, mais elle pouvait refuser de lui donner ce qu’il voulait. Elle ne se ferait pas de faux-espoirs. Elle resta immobile, et bascula une fois de plus dans un sommeil sans rêve.

Grâce à l’absence de matériel anti-élu, son corps commença à guérir de lui-même, bientôt aidé par les médecins Uchiha et le temps de la patience. Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de douter de la situation, et de rester enfermée dans sa volonté de ne pas céder aux fourberies d’Akiro. Elle avait passé en revue les situations possibles dans son esprit.

La première, était que le mage ou quelqu’un d’autre se jouait de son esprit. Pouvaient-ils faire passer plusieurs jours dans sa tête sans que ce soit le cas dans la réalité ? Une fois arrivée au village des voleurs - comme ce devait être le cas après plusieurs jours - Iggir et Kaneko n’auraient-ils pas voulu lui parler ? L’insulter peut-être, la menacer ou se targuer de l’avoir attrapée ? Ou encore obtenir d’elle des informations pour capturer ses comparses de l’attaque contre eux. Si c’était donc bien une illusion destinée à lui faire croire qu’elle était sauve, Akiro se trompait lourdement. C’était Alathea et Reisha, accompagnée de Frisk et sa joie de vivre, qu’il aurait fallu imposer comme vision. Cela aurait été plus crédible. Akiro ignorait que l’Uchiha et Lexi étaient loin d’être en bons termes. Elle s’était infiltrée au cœur de chez lui pour le menacer, pire, menacer les siens.

Cela amenait à la deuxième possibilité. Akiro n’avait aucune raison de croire que Rinkyu et Lexi se connaissaient tout court. En revanche, Rinkyu l’avait fait suivre, c’était quelque chose dont elle était sûre. Peut-être avait-il profité de sa capture pour la récupérer, et lui faire payer ses menaces, ou simplement la contrôler et éviter qu’elle les mette à exécutions. Il n’avait peut-être pas l’argent suffisant pour faire une meilleure offre que Tenkasuru ou Iggir, malgré la puissance de son clan, néanmoins il avait la force nécessaire pour s’emparer d’elle de force. Ce qui collait aux bruits de combats autour du convoi.

Une autre possibilité, plus proche de la première, était que ce n’était pas réel, mais pas à cause d’Akiro. Peut-être délirait-elle. Peut-être tout ça n’était que dans son esprit. Mais dans ce cas là, son esprit était tout aussi stupide qu’Akiro dans la première hypothétique situation.

Quoi qu’il en était, elle se sentait de mieux en mieux. Si son corps était toujours meurtri, son esprit s’était repris ces derniers jours, et ses capacités d’observation et de réflexion étaient revenues. Son sommeil s’était fait plus léger, adapté à la routine passée de la voyageuse solitaire. Elle n’osait pas demander des informations aux médecins qui parfois venaient la soigner. Elle ne voulait pas donner le moindre signe d’intérêt si ce n’était pas réel. Mais peut-être l’était-ce. Il fallait qu’elle sache. Un jour que Rinkyu était venu la voir, elle se tourna vers lui et s’assit sur le matelas, les genoux remontés contre sa poitrine. Elle serra les dents, se décida à parler, priant de toutes ses forces pour que derrière l’image de l’Uchiha, il n’y ait pas en réalité les manipulations d’Akiro.

Est-ce que…

Sa voix s’étrangla sur les premiers mots, avant qu’une quinte de toux ne la secoue. Elle n’avait pas parlé depuis près d’une semaine. Elle se racla la gorge, prit un verre d’eau - on lui laissait toujours de quoi boire - et tâcha de reprendre.

Est-ce que c’est réel ?

Une phrase courte, simple. Elle retint tous les mots qui suivirent et qui avaient jailli avec force dans son esprit. Elle avait désespérément besoin que ça le soit. Mais elle avait aussi besoin de beaucoup plus qu’un simple “oui” pour être convaincue. Et si ce n’était pas réel, c’était déjà suffisamment honteux d’y croire pour ne pas ajouter toutes ses pensées torturées à voix haute.

Et si ça l’était, elle avait besoin d’une justification. Comment diable était-ce Rinkyu Uchiha, l’homme qu’elle avait menacé avec brio, qui pouvait être à l’origine de sa libération ? Était-ce donc pour ses propres intérêts ? Était-ce justement à cause des menaces de la marchombre ? Cette pièce était-elle gardée de manière à l’empêcher de se sauver ?

Pourquoi ? demanda-t-elle d’une voix rauque.

Peut-être avait-elle eu tort de se permettre d’espérer finalement. Peut-être avait-elle seulement quitté un enfer pour un autre? Un frisson la parcourut à cette idée.

A cause de mes menaces ?

Elle reprit à boire pour calmer sa gorge irritée, hocha lentement la tête, comme auto-convaincue par sa dernière question.

Vous allez vous assurer… Que jamais je ne les mette à exécution.

Elle serra les dents, et posa son verre par terre, avant d’entourer ses jambes de ses bras, assise presque en boule sur son matelas. Elle posa son menton sur les genoux, commença à se balancer doucement d’avant en arrière. Lexi songea qu’elle n’était pas au bout de ses peines.

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
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Réalité

Sans qu’aucune pensée ne traverse mon esprit, mes pupilles fixaient religieusement l’inconsciente.

Par le soin des médecins et son corps qui se régénérait facilement, elle était hors de danger. Sa respiration était devenue plus légère et il n’y avait plus à s’inquiéter de grand-chose. Tout ce qu’il fallait, c’était la patience. Laisser à l’élue de Shintan le soin de revenir à elle… d’elle-même.

Si en théorie ce n’était qu’une question d’heures, dans les faits, ça pourrait être bien plus long. Selon les dégâts mentaux qu’elle aurait pu subir. Après tout… son corps et son esprit avaient été soumis à des formes peu communes de torture et de maltraitance.

En dépit de notre statut d’élus, nous restons des humains. Vulnérables et sensibles aux évènements qui s’imposaient à nous avec cruauté et fatalité.

Depuis combien de temps étais-je plongé dans mes réflexions ? Depuis combien de temps, scrutais-je chacune de ses micro expressions pour identifier une quelconque forme d’émergence ?

Des minutes ? Des heures ? Peut-être était-il temps que je retourne à mes activités habituelles. Mon dos fléchit en avant pour donner à mon corps l’élan de se relever.

Mais là, quelque chose arriva : ses yeux frémirent. Immédiatement, ma pupille scintilla d’une lueur vivace et je me rassis.

Elle ouvrit les pupilles avec une expression profonde de lassitude, comme pris dans une illusion ou dépourvue de sa conscience. Sans bouger, j’analysai en silence ses mouvements. Elle se mit en position sécuritaire, vérifiant si elle vivait bien un évènement… réel ?

Sa voix peinait à sortir mais à chaque fois, une gorgée d’eau adoucissait l’effort pour faciliter l’expression. Mais ses questions laissaient supposer qu’elle avait des doutes sur ce qu’elle vivait actuellement.

Oui… C’était compréhensible.

Selon ce que les médecins m’avaient confié, elle avait très souvent drogué. Peut-être alors pensait-elle que j’étais derrière toute cette scène, elle était dans un monde irréel. Pire, que j’avais profité de la situation pour manipuler son corps et son esprit.

Mais… en y repensant…

La raison de mes agissements, n’était pas claire…

Même pour moi.

J’avais réagi à l’instinct, incapable de donner une raison logique derrière des actions aussi imprévisibles. Mais au vu de ses nombreux doutes, je ne pouvais rester silencieux. Ça n’allait que confirmer davantage sa mauvaise perception des choses.

- Tu… Non. Vous n’êtes pas sous l’effet de stupéfiants ou de quelconques substances hallucinogènes. C’est bien la réalité. Si vous avez une quelconque capacité de détection, perception, vous pourrez scanner les environs. Il n’y a que des énergies moyennes – celles des membres du clan.

Avait-elle ses capacités là ? Possible. Elle avait été en mesure de détecter les espions qui la suivaient à plusieurs reprises. Et même, de les semer tout aussi vite sur plusieurs jours. A défaut de pouvoir précisément détecter, elle pouvait au moins ressentir les présences.

Je lui laissai le temps d’absorber l’information, de l’analyser et de juger de sa pertinence. Mais avant qu’elle ne réplique, j’ajoutai :

- Je ne suis pas votre ennemi Hil’Feyan.

Commençai-je solennellement. Ma tête scruta la jeune femme, avant de fixer plus loin, par une fenêtre qui était accrochée au sommet du mur sur la droite. Une fenêtre qui donnait sur le décor montagneux.

- Suite à notre bouleversante conversation, j’ai eu un doute sur vos intentions. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi avoir fait tout ce chemin juste pour me souligner cet… avertissement. Peut-être que quelque chose se cachait derrière tout cela. Je n’avais aucune piste, mais je voulais en avoir le cœur net.

Elle prenait tout de même un risque considérable à s’introduire ici. De plus, si elle m’avait en horreur, elle aurait pu me pister et m’attaquer lors de mes voyages. Mais elle n’en fit rien. Juste s’introduire jusqu’au cœur du village pour me donner un avertissement de face. Sans plus.

Ou bien… avais-je été marqué par la folie qui animait ses actions et la dévotion étrange qu’elle témoignait aux siens. Il était clair que nous avions nos différences d’opinions, mais on se retrouvait peut être sur le soin et la sécurité des nôtres.

Mais… ce n’était pas le sujet du jour. Ma justification devait être suffisante. Je m’étais consciemment refusé de chercher plus loin… Et j’étais convaincu que personne ne le ferait.

- C’est ainsi que j’ai mis des espions pour observer vos actions. Et malgré tout, vous ne les avez ôté la vie. Même s’il n’était pas explicitement une nécessité, vous avez agi selon les valeurs qui vous caractérisent bien. C’est grâce à un mélange de mon initiative mêlé à votre réserve pour le meurtre… que nous avons pu retrouver votre trace.

Ramenant ma main à mon menton, dessinant un sourire sur mon visage assuré, je répliquai :

- Finalement, je n’ai pas eu tort de vouloir en savoir plus sur vos intentions.

Soudainement, l'expression de mon visage se transforma, changeant mon sourire en une expression plus sobre et moins enjouée :

- Mais j’ai eu vent un peu trop tard de ce qui vous est arrivé. Connaissant à peu près l’étendu de vos capacités, j’ai compris qu’il n’y avait pas à s’inquiéter. Mais quand je suis arrivé surplace… j’ai compris que ce n’était pas si simple que ça.

Voilà… Elle avait toute la version des choses. Comment réagirait-elle ? Elle avait toute mon attention et comme toujours, j’observai le moindre signe d’action et de réaction de sa part. Ce matin était loin d’être comme les autres. Et pourtant, la nature resplendissait comme à son habitude sous la multitude de couleurs de vie, de bleu ciel et de vert herbe ; les paiements apaisants des hirondelles et le ruissellement continuel de l’eau dans la cour.

Si quelque chose devait être réel, c’était bien cet endroit.

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Liberté

Rinkyu

Piégée désormais uniquement par des craintes, la marchombre avait besoin de se raccrocher à des certitudes. Elle observait donc tout, analysait et réfléchissait. C’est pourquoi le rapidement tutoiement dont fit preuve le ninja ne lui échappa pas. Étrange, ils s’étaient déjà vouvoyés auparavant, pourquoi aurait-il eu un réflexe différemment ce jour-là ? Mais bientôt il fallut se concentrer sur la suite. Rinkyu l’informa pour commencer que non, aucune drogue n’était en train d’embrumer son corps et son esprit. Il l’encouragea même à utiliser d’éventuelles capacités pour ressentir les énergies « moyennes » autour d’eux. D’une part, elle n’avait pas de don de cette sorte, et même si cela avait été le cas, cela n’aurait pas prouvé quoi que ce soit. Après ce qu’elle avait vécu, comment être sûre que ce n’était juste un nouveau jeu cruel d’Akiro ? Elle s’apprêtait à répliquer, mais déjà le shinobi reprenait.

Je ne suis pas votre ennemi Hil’Feyan.

La réplique vint immédiatement. Elle se voulait cinglante, elle ne fut que chuchotée entre deux cordes vocales abîmées.

Vous devriez

Mais elle attendait la suite des explications. Si cela était réel, il était certain qu’il tirait avantage de la situation. Maintenant qu’il l’avait récupérée il allait s’assurer qu’elle ne soit plus une menace pour son clan. Cela voulait il dire qu’il projetait quelque chose contre Shintân prochainement ? En récupérant Lexi sous son contrôle, il évitait forcément qu’elle ne puisse appliquer les sanctions promises dans le cas où il s’en prenait à sa nation. Il avoua alors qu’il l’avait bien fait suivre.

Si vous vouliez qu’on ne sache pas qui…

Cette dernière avait voulu commenter, mais la phrase était bien trop longue, elle mourut dans sa gorge, et alors qu’elle toussait un peu elle fit un signe de la main pour qu’il continue.

La jeune femme allait mieux, mais elle avait perdu de sa superbe. Incapable de jeter des répliques cinglantes au visage des gens, maigre et faible, doutant de la réalité de ce qu’elle vivait … ce n’était vraiment pas glorieux. Le chef de clan poursuivit, narrant les faits les plus anciens d’abord. Lorsqu’il souligna qu’elle avait épargné ses espions, elle haussa les épaules, elle ne pouvait pas se lancer dans une tirade expliquant que, d’une part elle ne prenait aucun plaisir à tuer, d’autre part il était peu malin de s’attaquer aux hommes de Rinkyu si elle voulait qu’il se garde de nuire à ceux de Shintân. Puis il narra la suite, se contentant des faits dans les grandes lignes. Il allait falloir plus que ça pour Lexi. Celle-ci dut se résoudre à parler. Elle se lança donc, dans quelques phrases qu’elle espérait concises et qui étaient prononcées d’une voix rauque, parfois avec des pauses.

Vous avez raconté les faits. Pas la raison. Pourquoi m’avez vous récupérée ?

Le terme était fort. Elle ne se considérait pas comme libre puisqu’elle pensait qu’il comptait tirer avantage de la situation. « Récupérée » comme la marchandise qu’elle était dans les yeux d’Akiro. Elle avait l’intime conviction que sa présence dans ce bâtiment Uchiha allait servir les intérêts du chef de clan.

Si vous avez un tant soi peu d’estime pour mon intelligence, n’essayez pas de me mentir.

Peu à peu, l’idée que c’était bien réel faisait son chemin dans l’esprit de Lexi. De toute façon elle devait bien prendre le risque, elle n’allait pas rester indéfiniment inerte à se demander si elle passait à côté de sa vie ou résistait à un piège tendu par Akiro. Cela appelait à des questions philosophiques avec lesquelles elle refusait de se tourmenter.

Elle remarqua que sa tenue avait changé. Elle était habillée d’un long tissu blanc, qui prit forme lorsqu'elle se leva et effectua quelques pas dans la pièce. Elle s’approcha d’un miroir, observa son reflet. La robe ample cachait habilement sa maigreur, et son teint semblait moins pâle à côté du tissu blanc. Elle observa ses poignets. Les marques des chaînes avaient presque fini de disparaître. Elle hésita à invoquer son armure. Le problème était que ses derniers ordres étaient “étouffe-moi jusqu’à ce que je canne”. Elle devrait trouver un moyen de la réactiver en évitant le problème. Cela attendrait. Elle se tourna, et vit pour la première fois ses armes rangées dans un coin. Elle fronça les sourcils. Était-elle vraiment dans la même pièce que ses armes ? Qu’est-ce qu’il se passait dans la tête de l’Uchiha ? A quoi tout ça rimait-il ? Peut-être allait-il trouver une explication.

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
"_Le Pacte des Marchombres

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Doutes

La jeune blessée était méfiante. Elle ne manquait pas de le faire savoir. C’était presque à croire que sa fragilité et sa faiblesse n’étaient que physique. Son esprit lui, n’avait rien perdu de son tranchant habituel. Toujours assis, sans me mouvoir, j’observai Lexi. Je la voyais nier et douter. Elle pensait certainement que j’avais joué un rôle sur sa capture, ou même que j’aurais tiré un quelconque avantage à la reprendre dans sa position la plus fragile.

— Vous avez été soignée. Nous avons veillé sur votre guérison. Ne pouvez-vous pas nous accorder le bénéfice du doute ? Quel bourreau soignerait sa victime ?

Je soupirai un long moment avant d’écraser ma main sur ma face, dépité. Dans un geste lent et expressif, je me relevai également, sans faire de geste brusque.

Comme cherchant une force qui ne m’habitait pas, je pris une bonne grosse inspiration – avant de soupirer tout aussi longuement à la suite.

Le visage déterminé, je m’avançai tranquillement, lentement vers elle. Mon visage était assez expressif pour dénoter que je ne voulais rien faire de dangereux.

C’est les mains en l’air, que j’avançai à pas comptés, espaçant un pas du suivant de quelques millisecondes. Le pas avait continué jusqu’à ce que je me tienne devant elle, les pieds bien ancrés dans le sol.

Cette fois, j’étais bien plus près que d’accoutumé. Clairement, elle avait perdu de sa superbe. Nettement moins captivant qu’auparavant – un détail qui se réglait au fil des heures avec sa reprise. Mais je n’étais pas là pour détailler son faciès.

Pourquoi tout ce spectacle ? Pour le peu de temps passés avec elle, j’avais bien compris qu’elle accordait bien peu d’importance aux mots. Davantage aux actions et aux explications claires.

Elle voulait une réponse, elle allait en avoir une.

J’élevai doucement mes mains pour les présenter sans rien. Je n’étais pas armé et ma posture était ouverte sans rien dissimuler. Dans un schéma lent mes mains allèrent se poser sur les épaules frêles de la jeune demoiselle. Sans plus de pression qu’il ne le fait. Peut-être aurait-elle évité que je la touche – par crainte d’un énième coup en traitre imaginaire.

Dans ce cas, je serais juste resté immobile, les bras tendus dans le vide, à la fixer avec une intensité claire.

— Lexi… J’ai fait ça pour que vous puissiez continuer à vivre. Et finir le thé que nous avions commencé dans des conditions plus houleuses. C’est tout. Rien à voir avec Shintan, ni avec Tenkasuru ou même avec un quelconque plan de développement du clan…

Cela fait, je reculai de quelques pas avant de fixer ses armes qui étaient dans un coin de la pièce.

— Si je voulais vous neutraliser, je l’aurais fait. Si je voulais profiter de votre état pour les intérêts du clan… je l’aurais déjà fait. Si j’avais l’ambition de vous confier aux ennemis ou à Reifuu… il y a plusieurs jours que je l’aurais déjà fait.

Mon regard revint maintenant vers la jeune femme. Un peu plus dur cette fois. Comment pouvais-je dire plus que cela ?

— Au lieu de ça… Je… Le clan vous a gardé, soigné et protégé. Nous continuons à veiller sur votre santé jusqu’à ce que vous soyez en état de retourner là où vous voudrez. Vos armes sont à vous. La porte est ouverte et il n’y a aucun garde qui vous retient… Vous n’êtes pas dans une cage… vous êtes dans une bâtisse de repos et de remise sur pied. C’est tout.

Je laissai quelques secondes passer suite à ce que j’avais dit. Il fallait qu’elle intègre chaque parole. Ce temps-là, je reculai avant de me diriger vers la porte qui donnait sur le jardin. De là, je fixai la cour, son naturel et les oiseaux qui y étaient.

— Lexi… Il n’y a pas d’ennemis ici… On n’est pas sur un champ de bataille.

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Liberté

Rinkyu

La shinobi mettait en avant le fait qu’elle ait été soignée, qu’on ait pris soin d’elle. C’était bien ce qui clochait. Evidemment, le point de vue de Rinkyu se défendait : c’était difficile de le faire passer pour un bourreau alors qu’elle était si bien traitée. Mais ne comprenait-il pas à quel point l’attitude de sauveur sonnait bizarre pour quelqu’un que l’on avait menacé quelques temps auparavant ? Elle ne répondit pas. Si elle avait dû répondre, cela aurait été quelque chose comme “justement, pourquoi est-ce que vous me venez en aide?”, mais c’était un peu long et elle avait déjà posé cette question deux fois. Il allait reprendre son discours, et elle espérait qu’il finisse par répondre à la question.

Puis l’élu sembla vouloir se donner du courage, et s’avança lentement vers elle. Il s’avança beaucoup. La seule fois où ils avaient été physiquement proches, c’était lorsqu’elle s’était penché vers lui avec un expression dure pour expliciter en quoi son petit passage chez le chef de quartier était une vraie menace. Elle le fixait, les yeux dans les yeux, et attendit. Il ne se montrait pas dangereux, et si il l’avait été, elle n’aurait de toute façon rien pu y faire. Il posa ses mains sur ses épaules, si près qu’elle pouvait sentir son souffle, et retint le sien.

Il prétendait vouloir finir la discussion commencée des semaines plus tôt, autour d’un thé qui avait refroidi sans qu’aucun des deux n’y touche. Cela n’avait aucun rapport avec de quelconques plans qui la concernaient. Elle souffla quelques mots.

Il était pourtant clair, et compréhensible, que vous vouliez que je parte.

Il s’éloigna, rompant le léger contact physique établi et reprit la parole, calmement. Il jeta un œil à ses armes, toujours à leur place, avant de préciser que s’il avait souhaité lui nuire et l’utiliser, ce serait déjà fait. C’était vrai. C’était vrai sauf dans le cas où il avait besoin qu’elle soit en pleine forme pour ses plans, mais aucun plan logique ne collait à la situation actuelle, où l’avait tranquillement soignée.

Il s’éloigna, laissa passer un instant sur ce qu’il avait dit, repris. Il semblait las de lui répéter qu’elle n’était pas en terrain. Ne comprenait-il pas que la capture mais aussi les menaces qu’elle était venues déposer sous son toit étaient autant de raison de penser le contraire.

La petite marchombre resta silencieuse. Elle n’obtiendrait pas mieux de la part du ninja. Elle avait demandé, répétitivement, pourquoi il l’avait sauvée et soignée. Répondre “continuer notre discussion” c’était surtout éluder la question, car alors il revenait à Lexi de demander pourquoi il pouvait bien vouloir une telle chose. Pour le reste, il avait fait le tour de la question. Elle savait donc qu’il était temps qu’elle se décide, puisqu’elle avait autant d’informations qu’elle pouvait en espérer. Elle le regarda, tourné de trois-quarts vers le jardin, et songea à comment s’était passée son infiltration dans le clan. Elle était venue avec une idée fixe, un plan, qui permettrait à la Shintanjin de s’assurer à ce que Rinkyu ne nuise plus à son peuple. L’opinion qu’elle avait de lui était alors fondée sur les deux actes à l’encontre des Shintajins qu’il avait fait, et elle avait alors découvert le clan Uchiha. Ses valeurs, son ambiance. Une première rencontre qui avait fait vaciller l’opinion préfaite. Puis la seconde rencontre, celle avec le chef de clan lui-même. Ils avaient eu une agréable discussion, jusqu’à ce que, presque à regret, elle ne doive passer à l'exécution de la fin de son plan.

Elle décida de le croire. Du moins sur le fait qu’elle n’était pas en danger ici, et libre de partir quand elle le souhaitait. Pour la motivation de sa libération, elle devrait attendre. Elle s’approcha alors, assez près pour que, côte à côte, la différence de stature entre les élues soit marquante. Elle suivit son regard dans les jardins, et, libérée par son choix de ses inquiétudes, profita de la vue. Malgré tout, elle venait de passer une semaine atroce et ce moment lui parut un instant béni. Puis elle reprit la parole, avec plus de sérénité dans la voix cette fois-ci, mais toujours avec la fragilité pathétique de ses cordes vocales engourdies.

J’espère qu’un jour j’aurais une vraie réponse à votre motivation à me libérer.

Le concept de libération était venu remplacer celui de récupération. Elle poursuivit.

Malgré la menace que j’ai choisi d’incarner, pour votre clan.

Elle esquissa un sourire, remonta son regard vers le visage de Rinkyu, et tenta une boutade.

Maintenant je n’incarne plus grand chose n’est-ce pas ? Une crevette famélique et brisée, ça ne menace pas qui que ce soit.

Puis elle se tourna à nouveau vers les jardins qu’ils voyaient, et décida d’ouvrir la porte devant laquelle ils se tenaient, et de sortir. Puisqu’elle était libre, elle voulait profiter du soleil, des odeurs de la nature, du vent et des oiseaux, de tout ce dont ses sens avaient été privés, et que désormais elle percevait de manière décuplée puisque ses capacités de perception étaient redevenues aussi puissantes qu’auparavant. L’air vivifiant la surprit. Avec le beau temps et le fait qu’elle était en intérieur, elle avait mis de côté le fait que le clan était tout de même localisé en pleine montagne. Légèrement habillée, elle frissonna, mais resta dehors, à profiter de ce qui l’entourait. Puis elle se tourna à nouveau vers l’élu qui l’accompagnait. Elle lui devait la vie. Elle comptait bien suivre le code d’honneur marchombre.

Vous m’avez sauvé la vie, commença-t-elle. J’ai une dette d’honneur, et je n’aurais de cesse de la rembourser à la manière marchombre. En sauvant trois fois la votre.

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友

Lexi s’était montrée réceptive. Elle accepta mes explications. Explications qui, somme toutes, demeuraient les plus explicites possibles. Mais à ce moment-là, suite à l’énonciation de la raison de mon intervention, elle répliqua. Elle rappela que j’avais moi-même décidé qu’elle ne devait plus s’introduire FRAUDULEUSEMENT dans le clan.

En effet, sur le moment et à contrecœur, j’avais besoin de prendre du recul. Après un tel évènement, reprendre une discussion posée, n’était tout bonnement pas possible.

Mais pour l’heure, je continuai de parler selon les mots qui venaient à mon esprit. Son attitude était d’apparence moins prudente, moins méfiante. Après tout, la décision lui appartenait. Elle pouvait me croire, ne pas le faire, s’en aller, rester, c’était son choix.

N’était-elle pas libre de décider et d’agir comme elle le souhaitait ? C’est peut-être dans cette volonté de liberté qu’elle se rapprocha de la porte, jusqu’à se tenir à proximité. Instinctivement, ma pupille roula dans mon œil pour observer l’élue.

Pour la première fois, son expression était plus apaisée, comme si, elle voyait la nature montagneuse pour la première fois. Là, elle mentionna avec plus de sérénité, mais toujours aussi peu d’éloquence, son espoir en ce qu’elle obtiendrait la vraie raison de sa libération… Malgré la menace qu’elle avait choisi d’incarner.

Un sourire se dessina en réponse au sien, suite à quoi je glissai :

— C’était choix comme un autre… Même s’il en existe de meilleurs

Elle avait bien raison. Elle n’était pas vraiment une menace dans son état actuel. Mais qui avait besoin d’être une menace ? L’air était bien plus agréable dans une ambiance légère. Et la nature était plus belle en absence de méfiances, de doutes ou de craintes. C’est pour cela que je répliquai avec un ton peut être moins enjoué, mais toujours aussi léger :

— Je suis persuadé… que ce n’est pas plus mal ainsi.

Elle s’empressa de sortir pour profiter alors de la nature. Sa force lui apportait une meilleure résistance certes. Néanmoins, elle n’en demeurait pas moins affaiblie, frissonnant facilement sous le souffle du vent des hauteurs.

Et là… Hil’Feyan mentionna un code d’honneur des marchombres. Maintenant que j’y prêtais attention, ce n’était pas la première fois qu’elle s’identifiait comme tel. Il aurait fallu que je sache ce qu’était une marchombre et pourquoi elle était tant attachée à ce concept.

Mais avant, j’écoutai Lexi qui tenait à me remercier en me sauvant la vie trois fois. Une remarque qui m’interpella assez pour qu’une expression de surprise se dessine sur mon visage.

Je m’avançai vers elle, ôtant mon survêtement bleu à la forme d’un ample kimono. Ce dernier recouvrait mon kimono blanc plus léger que j’avais toujours sur moi. J’enroulai alors le kimono sur ses épaules, avant de la fixer quelques instants encore. Elle ne ressemblait pas vraiment à une Kunoïchi… mais au moins, la marchombre avait une prestance un peu plus nippone.

— Me sauver la vie par trois fois ? Voilà un défi impressionnant. Je ne connais pas grand-chose au code d’honneur marchombre, cependant, l’honneur Uchiha exige que je protège tous ceux qui tiennent à me protéger.

Je la traversai pour me mettre dans son dos, m’enfonçant un peu plus dans l’herbe verte et douce. L’air n’avait jamais été aussi léger et l’eau du lac, reflétant le ciel bleu nuagé, n’avait jamais été aussi saisissant.

— Vous et tout ce que vous représentez… pouvez compter sur mon aide et mon assistance. Aussi bien personnelle que celle du clan.

Je saisis une pierre grise qui pouvait tenir dans le creux de la main. Je manipulai sa forme et sa structure pour y graver un message. Je me tournai à la suite vers Lexi avant d’annoncer avec un sourire plus chaleureux que les précédents

— C’est ça que j’appelle un bien meilleur choix… Ne croyez-vous pas ?

Je lui lançai alors la pierre dans un lancer en cloche. Même dans son état actuel, elle n’aurait eu aucun mal à l’arrêter. Sur cette pierre, était gravé un Kanji

友

Il symbolisait la fraternité, l’union des sentiments, l’association, l’amitié.

Comptant naturellement sur le traducteur automatique du monde, je savais qu’elle aurait perçu la profondeur du message qui se cachait derrière un seul signe.

Contextuelle:

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Liberté

Rinkyu

Bien que ce n’était pas la vraie raison du sauvetage de Lexi, il fallait dire que cela avait bien eu pour effet que les deux élus reprennent une conversation, et de manière plus aimable que la dernière ne s’était terminée. Au fur et à mesure, la jeune femme acceptait de se montrer moins méfiante. Moins tranchante aussi. C’est pour ça que lorsque son interlocuteur indiqua maladroitement que “c’était mieux ainsi” en parlant du fait qu’on ne pouvait pas vraiment prendre sa menace au sérieux dans son état, elle ravala la réplique cinglante qui lui était montée aux lèvres. Elle aurait préféré infiniment ne pas subir les ambitions d’Akiro. Continuer d’être la combattante mortelle qu’elle était, et qu’elle allait redevenir, sans passer par l’état physique - et mental - pathétique de ces derniers jours. Mais si, comme elle avait choisi de le croire, l’Uchiha l’avait vraiment tirée de ce mauvais pas, il ne méritait pas qu’elle l’envoie bouler à la première maladresse. Elle posa néanmoins une question, venue à son esprit par le chemin de pensées précédent.

Que sont devenus Akiro et ses hommes ? Quand vous … êtes intervenu.

Après qu’elle lui ait expliqué qu’elle avait une dette envers lui, Rinkyu parla de son propre code d’honneur, qui le poussait à protéger ceux qui veillaient sur lui. Elle fit une moue.

Si vous continuez de sauver ma peau, ma dette va croître plus vite que je ne la rembourse.

Et puis la jeune femme n’avait pas pour habitude qu’on veille sur elle. La Voie des marchombres était belle, mais solitaire, et pavée de l’individualité et de l’indépendance de ses membres. Quelques exemples, comme celui d’Ellana ou de Salim, auraient pu lui montrer que la Voie n’était pas incompatible avec l’amitié, l’amour, une famille. Mais elle ne les avait pas connus.

Ce fut donc l’élu Uchiha qui lui donna un indice à ce sujet. Une pierre, gravée d’un symbole. D’un mot, d’un concept, une notion. Une pierre lancée vers elle qu’elle attrapa et observa un instant en silence. “ Il n’y a pas de dette d’honneur entre un maître et son élève. Si tu devais en contracter une chaque fois que je te sauve les miches, alors que c’est moi qui te mets en danger pour ta formation, on ne serait pas sortis du sable. C’est comme entre amis, ou compagnons de voyage. Ou encore deux individus liés par un contrat, ou une mission en commun.” Mais ici cela ne s’appliquait pas. Bien au contraire. Au moment où Rinkyu avait choisi d’intervenir sur la route qui menait aux Terres Neutres, Lexi était surtout une jeune femme qui l’avait menacé sous son propre toit, qu’il croyait capable de tuer pour faire peser une pression sur ceux qui la dérangeait. Elle joua un instant avec la pierre, l’observant sous plusieurs angles, avant de regarder à nouveau son interlocuteur, un air déçu sur le visage. La déception de ce qu’elle s’apprêtait à dire.

J’aimerais. Mais je ne peux pas. Ne vous méprenez pas, je m'acquitterais de ma dette, et pour cela j’ai besoin de rester dans le coin. Mais je ne vous connais pas vraiment.

Elle songea à son entrevue avec Alastor, dans les terres froides de Reïfuu.

Par exemple, je ne savais pas il y a encore peu que vous aviez des prétentions d’extension. Et pas seulement sur les Terres Neutres.

Elle songea à ce que cela impliquait. “Quelle est la nation qui a le plus de chances de tomber actuellement ?” avait demandé le shinobi. C’était les mots d’un homme ambitieux, et prêt à la guerre. Que se passerait-il s’il décidait d’annexer une partie de Shintân ? Pourrait-elle alors réellement le considérer comme un ami ? Probablement pas. Et son parti pris à elle, pourquoi est-ce qu’il fallait considérer que seule une guerre contre Shintân était regrettable ? Personne n’avait besoin d’une guerre.

La marchombre songea à ce qu’elle était devenue. Sur ce monde, et ces dernières semaines. Elle avait voulu partir en voyage, seule, s’éloigner de la politique. Un lien avec le chef de clan ne vous éloignait pas de la politique, bien au contraire. Cela voulait aussi dire qu’elle ne devait pas lui demander de se justifier, ce n’était pas ses affaires. Pourtant, il aurait été faux de dire qu’elle ne souhaitait pas l’entendre s’expliquer. Elle savait qu’elle devait simplement rembourser sa dette, considérer cela comme une tâche à accomplir, mais ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle poussa un léger soupir. Elle avait l’impression d’être déchirée entre deux modes de vie ces derniers temps, ses liens avec Shintân le lui avaient déjà montré, et lorsqu’elle avait choisi de privilégier à nouveau le second, voilà qu’on lui jetait une pierre hautement symbolique. Que le destin pouvait s’amuser de manière tordue...

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Mission

Finalement, il n’y avait plus ou presque plus de pression dans l’air. Du moins, ça ne fut que de courte durée. Effectivement, malgré tout ce qu’on voulait prétendre, c’était plus de deux millénaires d’histoires, d’ambitions, de passés et de potentiels futurs qui se tenaient dans cet espace. Il était inconcevable de fixer des choses avec légèreté.

Et c’était parfaitement compréhensible. La marchombre et moi-même avions des points de vue différents. Le premier était sans doute son affection pour les contre-arguments dont elle seule avait le secret. Néanmoins, je le sentais, elle avançait dans un sens plus collaboratif.

Quant à la question de savoir ce qui était arrivé à Akiro et sa bande, mon regard se fit plus dur :

— Ils ne seront plus jamais un problème… pour qui que ce soit.

Quand à ma formule de protection, elle fut toute aussi surprise que je ne le fusse moi-même. Mais avec plus de calme, elle annonça que sa dette ne ferait qu’augmenter. Peut-être que derrière chaque coup de main qu’elle recevait, sa voie marchombre l’obligeait à rendre la pareille. Ou pire, trois fois plus comme elle venait de l’expliquer.

Dans ce cas, on pouvait facilement voir la spirale infernale se dessiner. Seulement, ça ne me dérangeait pas plus que cela.

Après avoir repris ma pierre dans son envol, Hil’Feyan fixa cette dernière avec une moue moins enjouée que je ne l’aurais imaginé. Elle commença par dire qu’elle serait là pour couvrir sa « dette » mais sans plus. Elle ne me connaissait pas.

Après quoi, elle m’annonça dans le plus grand des calmes, un projet sous-jacent que j’avais eu initialement. Ses mots tonnèrent comme un coup de foudre agressif sur ma peau.

Je tentai de garder mon calme sur le moment. Me demandant alors jusqu’où elle a creusé. Que pouvait-elle bien savoir au sujet de mes desseins ? Jusqu’où était-elle partie ? Au vu de son espionnage dans le clan, il était parfaitement possible qu’elle ait pu récolter des informations que seuls Uruko et Fuji pouvaient avoir.

Avait-elle des capacités similaires au Eien no Omoide ? Lire l’esprit ?

Mes sourcils se froncèrent l’espace d’un millième de seconde, avant de retrouver son expression de base. Á ce stade, il aurait été inutile de lui cacher quoi que ce soit d’autres.

— Jusqu’où êtes-vous allée dans vos recherches, Lexi ? Même Kata, n’était pas informé de ces perspectives.

Laissant quelques secondes pour répondre, je fis une poignée de pas jusqu’à l’étang d’eau aux bordures pleines de roches claires. L’eau y était aussi bleue que le ciel et en son sein, on pouvait y voir les nuages.

Ce que je voyais, c’était mon reflet. Mes traits durs, dessinant mon malaise. J’étais contraint d’énoncer des choses qui s’étaient dites dans le silence.

— Dans le monde qui m’a fait voir le jour, le clan Uchiha est un clan conquérant. Pas très différent de ce qu’est Reifuu ici. La différence réelle est que derrière le nom Uchiha se cache une profonde affection, un respect et une dévotion pour la cause générale sans égale. En tant qu’Uchiha, il était de mon devoir de ramener cette réalité à Kosaten.

C’était la première fois que j’entrais aussi loin dans l’histoire du clan, de mes raisons et de mes objectifs. Et c’était nécessaire pour qu’elle cerne la totalité de la situation. J’avais bien conscience que chaque mot que j’énonçais était passé au peigne fin. C’est pour ça que je veillais à bien les sélectionner.

— Le clan Uchiha tel que je le vois aurait été différent. Nous n’allions pas conquérir par la guerre… mais plutôt par la mission communautaire. Juste à titre de rappel, chacun des membres du clan actuel est venu de son plein grès. Aucun n’a été contraint. Et c’est cette dynamique que nous avons voulu implémenter. Mon ambition était donc d’étendre le clan pour constituer un royaume où nos valeurs humaines étaient respectées. Un havre de paix, protégé par la force du clan Uchiha. Et les territoires neutres étaient l’endroit parfait pour mener cette ambition.

Etait-ce la politique ? Etait-ce la guerre ? Etait-ce encore l’ambition d’un seul homme ? Tant de choses paraissaient dans une seule mission. Parce qu’au final, rien n’était vraiment indissociable.

Les territoires neutres étaient vastes. Aucune sécurité n’était présente pour les petits villages. Seul Shutô Tokai pouvait espérer avoir une possible tranquillité. Et encore, ça pouvait vaciller à tout moment sur décision express d’une nation comme Reifuu ou Shuzâ. Au final, personne n’était vraiment en sécurité.

Je voulais protéger ces territoires neutres et donner une mission plus large au clan que j’ai créé avec l’aide de Madara, Rhadamantys et tous mes partenaires de l’ombre qui ne souhaitaient pas être cités.

— Et ça va plus loin que les territoires neutres… Reifuu est dirigé par un tyran qui asservi son peuple. Pourquoi pensez-vous que je me sois installé dans les territoires neutres ? Zang quant à lui est un monstre qui dévore vivant son peuple comme on le ferait du bétail. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai prêté main forte à Zouhan suite à ce qui s’y est passé.

J’abandonnai le lac des yeux avant de fixer une fois encore Lexi :

— Le monde a besoin d’un lieu où les êtres pouvaient être libres de partager des valeurs saines et constructives. Il a besoin de ne plus craindre la morsure du froid, la douleur de la faim ou le courroux d’un tyran. Le village Uchiha voulait symboliser cet endroit. Pour veiller sur ce monde. J’étais persuadé être le seul à y penser sérieusement et à avoir la capacité de mener à bien cette folle ambition.

Ça devenait long. Mais elle devait comprendre. Savoir tout. Son intelligence… ne devait PLUS être insultée, n’est-ce pas ?

— Suite à ce qui s’est passé à Zouhan, tout était plus clair. Il fallait que je passe à l’action. Que je trouve un moyen pour tirer avantage des nations souffrantes. Comme Kaen dont un tiers de la population était victime des éruptions sanglantes et de la bataille des oubliés. C’est de là que Jujiro, mon bras gauche vient. Sa famille a été victime de ce désastre.

Comme les déchirures de Shuzâ, entre le camp rebelle affaibli et le tyran qui prive son peuple de toute vie décente. Fuji, mon bras droit est un ressortissant de ces terres là.

Les terres du Nord, Reifuu, sont tellement vastes que bon nombre de villages sont abandonnés à leur sort et incapables de se défendre des brigands.

Le monde entier est victime d’injustices perpétuelles et le peuple… subit le contrecoup des tyrans avares de pouvoir et de richesses.

Face à ça, je devais mettre en œuvre les actions nécessaires pour rendre les nations actuelles dépendantes au pouvoir Uchiha et finalement, les renverser pour restaurer un monde libre, où l’équité et la juste règnerait. Mais… tout a changé au Mukai

Oui… j’ai rencontré un jeune homme qui semblait avoir le courage fou de m’enlever cette tâche ardue. Il y avait un homme assez dingue pour croire que sans la force que j’avais, sans l’influence qui était mienne, il pouvait mener à bien son ambition. Et le pire, c’était qu’il avait réussi.

— Une personne semblait assez folle pour faire à lui seul quelque chose que je prévoyais mettre des années à implémenter. Et je l’ai même reçu en ce lieu, il y a peu. Il n’a pas les capacités que nous, anciens élus avons, mais ses hauts-faits s’engrangent. Il est alors le cheval sur lequel je choisis de fonder mes espoirs.

Gilgamesh le premier héros des héros et roi des héros. Il me permettait, par son ambition lumineuse, de rester dans l’ombre et dans la petitesse de ce que je voulais être. Un village shinobi dont les branches s’étendraient dans le monde entier.

— Peu importe ce que vous avez entendu… je vous l’ai dit à notre premier échange. Je suis différent. Je n’ai jamais voulu asservir le monde. Ni même contraindre qui que ce soit à accepter la supériorité du clan. J’ai toujours agi pour l’intérêt du grand monde, en mettant le clan comme le meilleur canal pour y arriver. Mais aujourd’hui, ce n’est que derrière une lumière plus forte, que le clan agira. Je me dois de préparer son arrivée. C’est tout.

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Liberté

Rinkyu

Lorque le ninja avait laissé entendre qu’Akiro et ses hommes étaient morts, les sentiments de la jeune femme avaient été mitigés. D’un côté, si Rinkyu les avait laissé vivre, elle aurait certainement cherché à les retrouver et leur faire payer ce qu’elle avait vécu. Peut-être qu’emportée par sa colère et sa douleur, elle aurait même pu se montrer cruelle à son tour. D’un autre côté, elle se rappelait la fille d’Akiro. Celle-ci avait perdu un père aimant qu’elle aimait en retour, et souhaitait rendre fier. Elle grandirait probablement en sachant qu’un élu était responsable de sa mort, et nourrirait alors une haine grandissante pour eux. Le cercle du mal en marche, sans origine ni fin. Elle avait donc simplement hoché la tête, seul signe qu’elle avait entendu, et décidé de ne pas porter de jugement. Rien n’était si simple dans ce monde.

Le sujet avait donc seulement été balayé, mais celui qui suivit demandait une part importante de la conversation. Et c’est à la réaction du Shinobi que Lexi se rappela comment pouvait être perçu ce qu’elle venait de faire : révéler qu’elle possédait des informations délicates au sujet du chef de clan. Venant de quelqu’un qui s’était infiltré dans la cité à des buts de pression et de menace, l’interprétation était automatique. C’est pourquoi elle répondit immédiatement.

- Vous vous leurrez. Ce n’est pas une information que j’ai cherché à avoir particulièrement, on pourrait parler de hasard. Après vous avoir croisé aux marécages, je n’ai plus cherché quoi que ce soit au sujet du clan Uchiha. J’avais entamé un voyage que je prévoyais long et solitaire quand Akiro a croisé mon chemin.

Espérant l’avoir rassuré quant à ses nouvelles intentions, la marchombre le laissa poursuivre. Et c’est ce qu’il fit, pendant un très long moment. Mais la marchombre était patiente, elle écouta tout avec une réelle attention, se rendant compte qu’elle pouvait cerner peu à peu le clan Uchiha et son fondateur grâce à ses paroles, dont il ne fut pas avare. Elle resta muette pendant toute la tirade, écoutant avec respect tout ce qu’on prenait la peine de lui expliquer. Les mots sont des armes, les mots sont des dons, les mots ne se gaspillent pas. Ceux que l’Uchiha prenaient soin de choisir étaient reçus de manière ouverte, par la marchombre prête à apprendre. Si elle n’approuvait pas tout, elle comprenait et avait de la considération pour les opinions de Rinkyu et les objectifs qu’il s’était fixés.

A la fin du discours, Lexi laissa planer un moment de silence s’assurant qu’il avait dit tout ce qu’il avait à dire. Puis elle répondit.

Merci. Pour la patience de ces explications. Je n’attendais pas que vous justifiez ce que j’avais entendu de vous - et d’ailleurs je sais que je n’avais pas le droit d’exiger quoi que ce soit de votre part - néanmoins je suis heureuse que vous l’ayez fait.

Elle laissa couler un instant, hésitant entre commenter les ambitions de l’Uchiha et de l’anonyme de “la lumière plus forte” ou non, choisit de ne pas le faire. Puis elle tourna le dos au jardin et décida de retourner dans la pièce qui lui servait de chambre, car elle commençait à avoir franchement froid. Elle n’aurait plus le problème quand elle aurait réactivé Rawen - en évitant de se tuer au passage de préférence.

Une fois au chaud, elle relança la discussion avec le shinobi.

Il va me falloir un moment pour reprendre des forces, ne mourrez pas pendant ce laps de temps, j’aurais l’air finaude. Et puis, je me doute que vous ne souhaitez pas d’un pot de colle en continue sous prétexte que je vous dois la vie.

Plus elle parlait, plus sa voix devenait claire et forte, néanmoins ce n’était pas encore parfait. Elle prit donc une pause pour déglutir et respirer un peu avant de reprendre.

Pour être honnête, j’évite en général d’être dans cette situation, donc pour le côté logistique de la chose, et bien je suis complètement inexpérimentée. Une option serait que vous m’appeliez si vous avez un truc assez dangereux à faire. Je viendrai vous filer un coup de main. Attention, hein, je ne suis pas un mercenaire à votre service, je suis libre de refuser de faire quoi que ce soit.

Elle réfléchit un instant, reprit

Pendant ce temps, je resterai dans la région j’imagine, histoire d’être joignable.

Maintenant qu’elle était en forme, il aurait été indécent de profiter plus longtemps de l’hospitalité de l’Uchiha. La marchombre avait continuellement en tête le fait qu’elle avait menacé la vie de ses plus proches conseillers. A ce sujet…

Qui parmi les vôtres sait que je suis ici ? Et … Qui sait ce qu’il s’est passé exactement la première fois que je suis venue dans votre clan ?

Elle se demandait si ses menaces avaient été ébruitées ou transmises à l'extérieur du temple où elle les avait prononcées. Si c’était le cas, est-ce que le chef de quartier chez lequel elle s’était introduite était-il au courant ? La détestait-il pour avoir menacé la vie de sa famille ? Et de manière plus générale, les proches de Rinkyu savait-il qu’il avait secourue et recueilli au sein du clan une femme qui n’avait pas hésité à marchander leurs vies ?

"Un combat est un seul geste. Qu’il dure une seconde ou une heure. Qu’il t’oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
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Lexi Hil'Feyan

L’information n’avait pas été volontairement recherchée. De quoi être encore plus inquiétant. Une personne, homme ou femme, à l’extérieur des murs Uchiha se baladait avec les informations sensibles à mon sujet. Bien que cela pouvait ne pas être important, je devais faire une revue profonde de qui, pouvait être informé de cela. Et surtout, comment. Mais au-delà de toutes les formes de recherche, en ce jour, Hil’Feyan détenait les informations sur la taupe. Ou des indices qui auraient pu me guider jusqu’à elle.

Après mon long monologue, un souffle léger se leva, laissant nos esprits se sonder par la fenêtre de nos yeux. Elle avait compris ce que j’avais expliqué et maintenant, c’était à elle d’en faire l’analyse. Ses premiers mots furent minutieux. Elle remercia mon explication. Il était vrai, que j’étais peut-être en train de me mettre en danger.

Même l’insouciance avait ses limites. Il était possible que je me sois exposé trop vite. Allais-je le regretter ? Seul l’avenir nous le dirait. Mais si cette erreur devait être commise, alors qu’elle soit faite auprès d’une personne qui a un minimum d’estime pour les valeurs du clan.

Quand vint le moment de s’exprimer, elle ne fit… Aucun commentaire, soupirant avant de finalement faire volteface pour se diriger à nouveau dans la pièce qui l’avait gardé initialement. En son sein, la marchombre mentionna sa volonté de retrouver ses forces au préalable. Afin de lui faciliter la diction, je m’approchai aussi d’elle, jusqu’à me tenir au pas de la porte.

Sauver la vie trois fois, était en effet très facile à énoncer de vive voix. Dans les faits, par contre, c’était une autre paire de manches. On ne savait jamais vraiment quand le danger pointait le bout de son nez. Mais il était en effet étrange de considérer Lexi, que je voulais surtout garder, comme étant une option de sauvetage. Mais après tout, n’était-elle pas la plus puissante élue de Shintan ?

Sa protection avait bien plus de poids que celle de Gilgamesh en tout cas.

Puis vint le temps des questions. Qui savait qu’elle était là ? Elle était en effet consciente des répercussions que pouvaient avoir sa présence. Surtout quand on avait une idée de ses capacités combatives. Néanmoins, tout avait été gardé dans le plus stricte secret.

Mirataka, responsable de la formation de l’élite ainsi que quelques-uns de ses plus fidèles et loyaux espions, étaient les seuls à avoir eu vent du danger que représentait Lexi Hil’Feyan. Encore que, sous mes ordres express, ils n’avaient pas le droit de divulguer une quelconque information.

Mais une fois que je suis arrivée au clan avec une Lexi ensanglantée, les personnes vivantes dans le temple avaient conscience qu’il s’agissait d’une alliée proche de Rinkyu Uchiha. Sans plus. De ce fait, ils devaient le soigner. Néanmoins, l’information étant chose délicate, j’avais dû mettre en place des méthodes de vérification et surtout de contrôle.

Ruminant tout ça dans mon esprit, je pris la parole en ajoutant simplement :

— Très peu de personnes sont informées. Rien de bien important. Les personnes chargées de la surveillance des murs et les espions qui ont été affectés à votre surveillance… Pour le reste du clan, vous n’êtes qu’une proche de Rinkyu Uchiha. Et leur devoir, en lien à nos valeurs, était de vous soigner et veiller à votre prompt rétablissement.

Je m’avançai alors de quelques pas encore, pour relever le kimono bleu qui pendait sur ses épaules. Dans le geste, subtilement, mon pouce glissa le long de son cou…

.
.
.

Et à ce moment-là… Á cet instant précis… L’Eiein no Omoide se mit en marche. Je naviguai en moins d’un millième de secondes dans son esprit, pour dénicher une scène claire. Celle qui suivait notre rencontre dans les marécages, en lien avec l’information qu’elle détenait. Et là, j’eus l’information cruciale qu’il me fallait.

En réalité, elle n’aurait rien senti. Mais dans mon esprit, l’équivalent d’une heure entière avait été consumée dans la recherche et l’analyse. Mon œil s’illumina brièvement de la découverte que je venais de faire, avant que l’ajustement du kimono ne s’achève comme il le devait.

Je glissai affectivement mes mains sous ses oreilles avant de dire :

— Vous… Non. Tu n’as pas à t’en faire Lexi… Tu n’as pas d’ennemis ici. Je ne saurais encore définir notre statut, mais pour l’heure, tu es ici, dans le temple, le clan ou le village, comme chez toi.

Mes mains abandonnèrent finalement son cou et c’est un sourire franc que j’affichai à son encontre. Mon regard alla s’accrocher à sa main suite à quoi je susurrai :

— Garde cette pierre auprès de toi. Pendant ton repos, médite sur notre échange. Nous avons encore du temps devant nous. Je ne te laisserai pas mourir et je suis convaincu que toi non plus.

Je reculai de quelques pas, pour observer ce qu’elle avait encore à dire. Si tout était clair, j’allais la laisser se reposer :

— Oh ! Une personne viendra te voir de temps en temps pour vérifier si tu as besoin de quoi que ce soit. Tu auras ton propre assistant Uchiha. Lançai-je avec une pique d’humour.

Fixant une dernière fois les pupilles de la marchombre, je clôturai :

— Aurais-tu besoin d’autre chose, en particulier, Lexi ?

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Rinkyu

Lexi fut soulagée d’apprendre qu’en réalité les gens n’étaient pas vraiment au courant de sa petite infiltration. Elle avait simplement été ramenée ici, blessée, et que Rinkyu voulait voir se faire soigner. Cela suffisait visiblement à expliquer sa présence, qu’elle ne comptait initialement pas prolonger. Pourtant, si elle espérait un jour s’être acquittée de sa dette envers le ninja, elle allait devoir rester dans les parages. Après cette courte explication, l’élu s’approcha d’elle, et elle ne bougea pas. Cela faisait un moment qu’elle avait décidé de cesser de se méfier - enfin, du moins de beaucoup se méfier, parce qu’il était dans sa nature d’être méfiante - de lui, et il avait montré que ses intentions envers elle étaient nobles. Il remonta le kimono dont il l’avait couverte dans les jardins, puis posa sa main sur son cou, juste sous l’oreille ; et si le contact était agréable, la combattante en elle constata également la taille de sa main, tout à fait apte à la saisir à la gorge sans le moindre mal. Elle n’avait aucun mal à le fixer dans les yeux, pas vraiment gênée par ce contact, bien que la manière dont il était franchement assumé par Rinkyu était inattendue. Celui passa dans le même temps au tutoiement, marquant sa volonté inchangée d’établir une relation au minimum amicale avec elle.

Elle répondit avec un sourire assuré.

Je n’ai pas besoin d’endroit où me sentir chez moi. Chez moi c’est partout où je décide d’aller. Néanmoins je note l’invitation dans un coin de ma tête.

Il l’avait lâchée, mais cela n’enlevait rien à sa proximité. Il parla de la pierre, qu’elle avait gardé discrètement au creux de ses mains, et lui suggéra de méditer “pendant son repos”. Elle faillit répliquer avec un rire qu’alors elle ne méditerait pas grand chose, mais se reprit. Avouer à l’Uchiha qu’elle comptait sortir se remettre au boulot dès qu’il aurait le dos tourné n’était pas la meilleure chose à faire. Il la pousserait à rester dans cette pièce et ces jardins. Mais maintenant qu’elle avait quitté le cauchemar de la bande d’Akiro, rien ne l’empêcherait de vivre. Pas même la sollicitude d’un ami. Ou pas ami. Elle verrait le qualificatif qui convenait à Rinkyu plus tard.

Ce dernier avait reculé et s’apprêtait visiblement à la laisser tranquille. Il lui proposa néanmoins un assistant Uchiha, qu’elle déclina avec bonne humeur, tout en lui confirmant qu’elle n’avait besoin de rien.

Je n’ai pas besoin d’un assistant, et je compte bien me débrouiller, dès aujourd’hui. C’était assez pathétique jusque-là pour que ça ne dure pas plus. Je n’ai besoin de rien, merci.

Elle le laissa ensuite quitter la pièce, et se retrouva seule.

Premier problème : réactiver Rawen. Elle ferma les portes, tira les rideaux devant les fenêtres, et se déshabilla. Les habits Uchiha qu’elle avait sur le dos n’étaient pas mal, mais ils n’étaient pas son armure, et celle-ci fonctionnait de manière optimisée uniquement si elle se déployait à même la peau nue de sa porteuse. Celle-ci prit une profonde inspiration, et activa sa greffe. Sans surprise, cette dernière se déploya avec le même casque étouffant qu’elle avait au moment où les chaînes anti-élu l’avaient désactivée. Immédiatement, elle parla à Rawen. Annulation ! Analyse de l’environnement !. Aux débuts qui avaient suivis l’apparition de la greffe, cela n’aurait pas marché. La synergie trop faible du couple n’aurait pas permis à Rawen de faire autre chose que de suivre les ordres stricts de Lexi (dont les derniers disaient “étouffe moi, ignore les ordres suivants”) et elle l’aurait peut-être donc tuée. Mais Rawen avait énormément évolué, et on pouvait souvent se demander si elle n’était pas même consciente. Elle analysa la situation, remis en perspective les précédentes directives, enleva le casque. La petite marchombre expira brusquement et inspira à nouveau. Maintenant, elle pouvait être vêtue de vêtements de voyage, comme à son habitude, tout en étant protégée par son armure. Cette dernière se permit un commentaire dans l’esprit de la marchombre. “ Waw. T’as pris cher pendant mon absence.” La concernée roula les yeux au ciel, puis s’approcha de ses armes. Elle glissa ses deux poignards à sa ceinture, passa l’anneau magique à son index, et rangea son arc dans son dos. Elle se sentit mieux. Elle jeta un dernier regard à la pièce, puis quitta le temple, puis la cité. Devant les grandes portes de celle-ci, elle se retrouvait face à la nature.” Parfait” songea-t-elle en se dirigeant vers la montagne en amont.

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Nouvelles Bases

Visiblement, l’élue de Shintan reprenait bien des forces. Sans grand efforts, elle était parvenue à se relever et à se déplacer malgré son état. Nous avions même pris le temps d’échanger sur de nombreux points. Certains étant nettement plus agréables que d’autres. C’était la preuve qu’une discussion était possible quand le contexte était favorable.

Au bout d’un moment, tout était dit. Et quelque part, c’était plaisant de la retrouver prendre de l’assurance. Lexi n’était pas si dangereuse dans le fond. elle était surtout très prudente. Sa nature l’obligeait à être extrêmement méfiante, mais certainement pas dangereuse quand on prenait le temps d’échanger avec elle.

Par contre, chacune de mes invitations : à prolonger son séjour, à avoir une assistante, à accepter ce début de relation, et même à accepter ma protection – a été directement refusée. A croire qu’elle se refusait volontairement de recevoir toute forme de soutien supplémentaire… Sa voie du marchombre devait jouer important dans ses choix et ses réflexions.

En fait, elle semblait être plutôt satisfaite d’une vie solitaire, où sa demeure était le monde. Néanmoins, dans ce monde vaste et large, le clan serait un autre checkpoint qu’elle pourrait désormais avoir sur sa carte.

Face à toutes ses réponses et réflexions, je compris que je ne pouvais pas faire davantage à ce stade.

Je me contentai d’acquiescer de la tête, avant de la laisser désormais. Je lui avais pris peut-être trop de temps. Elle devait reprendre des forces et se remettre sur pied.

— Bien Lexi… Fais comme il te semblera juste. Je ne peux que te souhaiter bon recouvrement.

Je fermai les paupières, avant croiser mes bras sous les manches de mon kimono. Tout était dit à présent. Pour le moment…

Je fis volteface, avant de faire quelques pas pour m’éloigner de la pièce que je ne fermai pas. J’étais satisfait, assez… d’avoir pu avancer dans une dynamique peut être meilleure que celle de notre dernière rencontre.

Pour sûre, elle avait décliné quasiment l’intégralité de ce que je lui offrais. En fait, elle n’avait accepté que ce qu’elle n’eut d’autre choix que d’accepter. Mais c’était déjà bien assez. Pour le moment. Pour sûre, je saurais, dans le temps, ce qui pourrait lui plaire. Quelque part, mon torse se gonfla de fierté à l’idée selon laquelle je ne m’étais peut-être pas trompé.

Mais dans mon avancée, alors que les pas s’enchainèrent les uns après les autres, mon visage s’obscurcit et mon torse reprit sa posture droite. Dans l’ombre de mes cheveux, mes yeux dissimulés brillaient d’un rouge démoniaque.

Il y avait, quelque part dans le monde une petite souris qui rongeait les fondations solides de mon clan. Cet individu démoniaque que j’avais eu le malheur de rencontrer à mes débuts constituait une menace pour ma tranquillité. Par une capacité que je ne saurais expliquer, il avait beaucoup trop d’informations à mon sujet. Peut-être était-ce dû à cette étrange poignée qui nous avait lié pour quelques mois seulement.

Mon action allait être lente mais décisive. Pour lui, j’allais prendre les mesures…. Et lui faire payer son affront. D’une manière ou d’une autre.

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