Un nouveau jour se lève [Eleanor]

Le duel était dantesque, la tension au maximum, plus vous échangiez de coups, plus le moine chaotique sortait ses atouts. Pour le moment, vous gériez le combat, mais dans ta tête, tu savais qu'il ne fallait pas attendre trop longtemps avant de connaître un déchaînement de puissance.

Il avait subi, beaucoup subit, mais il tenait encore bien dans ses bottes, sa rapidité lui avait permis de se soustraire à ta plus puissante attaque et il s'était dématérialisé en fumée noirâtre pour échapper aux assauts de Zoro. Qu'est-ce que c'était que ça ? Revenant peu après, il fit appel à une invocation pour corser les échanges et encore une fois, il se focalisa sur Zoro. Pourquoi ? Toi-même ne le savait pas, sans doute qu'il représentait une plus grosse menace à l'heure actuelle, mais c'était "tant mieux", ça te laissait tout le loisir d'attaquer, prévoir et agir en conséquence. Mais étant, maintenant, à deux contre deux, il fallait garder l'avantage numérique, c'est pourquoi, après avoir soutenu Zoro, bloqué les attaques t'étant destinée et ayant assisté aux derniers événements, tu posas un genou à terre ainsi qu'une main que tu avais fait saigner, puis tu récitas l'incantation.

-"Que tous les êtres ayant sacrifié leurs vies répondent à mon appel, que leurs sangs fusionnent, que leurs volontés se matérialisent à mon commandement. Par cette offrande, j'ordonne que tu franchisses les portes de l'immatériel et venir combattre sur ce plan. Viens à moi ! IPHISARIS !"

Le sol commença à trembler, ton sang se transforma en pentacle ésotérique et une lumière vive entoura le cercle d'invocation. Tel un geyser, une colonne de magma mélangé au sang sortit du sol pour s'élever haut dans le ciel, un grondement retentit avant que la colonne n'explose et que l'entité se fasse connaître de tous.


La fusion du sang des défunts, mélangé à la magie du grimoire venait de former une entité ressemblant fort à une succube, mais dont les caractéristiques étaient bien différentes. Flottant de ses ailes cramoisies, elle posa pied à terre et inclina la tête en signe de respect à l'éternelle que tu étais, sa commanditaire, sa maîtresse, pour l'heure. Tu lui renvoyas la politesse avant d'ordonner.

-"Iphisaris, Occupe-toi de l'invocation, l'espèce d'amas spectral chaotique."

Ainsi, tu pouvais te focaliser sur le moine tandis que vos arrières étaient couverts par cette nouvelle venue dans ton arsenal de combat. D'ailleurs, invoquant une magie inédite, fusion de feu et de sang, elle jeta cette matière gluante sur une large zone, tentant de toucher le plus d'adversaire possible, finalement, elle ne faisait pas dans la demi-mesure, mais bon, ce n'était pas pour te déplaire. Te concernant, tu usas de la même stratégie en utilisant tes sortilèges sur le moine et en protégeant Zoro avec ton bouclier.

C'est l'heure ! Du Staté ! :

Le duel continuait sa route, la force physique de Zoro, ta puissance magique de ton côté et un ennemi commun qui, malgré le pouvoir du chaos, encaissait toujours plus, le surplus d'attaque ne lui laissait aucun répit pour se réorganiser. Tandis que le même scénario se répétait, à quelques éléments près, Iphisaris avait débarrassé l'allié du moine, cela était donc une bonne nouvelle, vous étiez donc à 3 contre 1, un surnombre qui n'était pas négligeable.

Mais ton adversaire n'en avait pas fini, il réussissait à drainer la vie par-ci, par-là pour continuer le combat et vous rendre la tâche plus ardue. Comme à son habitude, il préféra se focaliser sur le sabreur et ne pas s'occuper de toi, erreur monumentale ! Tu voyais dans ses râles de douleurs, ses blessures sanguinolentes, qu'il avait pris la foudre et qu'il était au point le plus vulnérable de cet affrontement. Une aubaine pour toi qui, stratégiquement, avait le champ libre pour user d'un tout nouvel arsenal et puissance de feu avec ton "bébé", ton sniper magique. Longtemps, tu l'avais "laissé" pour user de la magie du sang, mais maintenant, il était tout aussi précieux et efficace pour renverser ou accentuer un duel. Ainsi, après avoir défendu et attaqué de manière "classique", après avoir usé de ta rapidité pour tirer plusieurs munitions, tu t'arrêtas un court instant avant de faire apparaître, dans tes doigts, une balle plus claire, plus sculptée, à la couleur argentée. Tu rechargeas ton sniper et incrustas cette balle avant que ton être ne s'entoure d'une aura verdoyante, signe de ton appartenance au dieu Manshe et de ses capacités légendaires. Les techniques de camp étaient la manifestation de la volonté de Shuzâ et de son dieu, la fourberie, la rapidité, l'assassinat. Physiquement, tes crocs grandissaient un peu plus, tes mouvements et ta vision plus fluides et attendant le bon moment pour tirer cette cartouche unique, tu laissas entendre.

-"C'est terminé ! Sous-fifre !"

Un bruit de détonation retentit, et normalement, l'attaque avait dû réussir, marquant au plus profond de la chair du moine, une bombe à retardement. Révoquant ton arme, tu avanças de quelques pas et souris malicieusement, d'une manière ou d'une autre, il était vaincu, en espérant qu'il n'ait pas d'atout secret dans sa manche, mais si c'était bien le cas, tu te permis de répondre à une des phrases du moine, avant que le combat ne commence.

-"Tu me parlais de notre race tout à l'heure, n'est-ce pas ? Du fait que nous soyons "presque parfaits" ? Cela sous-entend que toi, tu es parfait... Ahhh... L'"être" parfait, tu dis, eh bien, je dois te dire la vérité telle que je la vois. Dans ce monde ou dans l'autre, il n'y a rien de parfait. C'est peut-être un cliché, après tout... Mais, c'est la vérité. C'est précisément la raison pour laquelle les êtres ordinaires poursuivent le concept de perfection et cherchent à l'obtenir.

Mais en fin de compte, je dois me demander : quel est le vrai sens d'être parfaite ? Et la réponse que j'ai trouvée durant ma longue existence est : aucun ! Rien du tout ! La vérité est que je méprise la perfection, si quelque chose est parfait, il n'y a rien de mieux ! Or, il ne reste plus de place pour l'imagination, pour l'intelligence, les compétences ou l'amélioration. Est-ce que tu comprends ?

Pour des êtres de "science" tels que nous, la perfection est une impasse, une fin de route, une condition amenant au désespoir. Il faut s'efforcer d'être meilleur que tous ceux qui nous ont précédés, mais jamais être parfait. Des sages et savants agonisent en essayant d'atteindre la perfection. C'est le genre de créatures, que nous, vampires, sommes. Nous nous réjouissons d'essayer de dépasser notre portée et de tenter de trouver quelque chose, qui, en fin de compte, je dois l'admettre, est peut-être inaccessible.

En d'autres termes... Tu pensais qu'on opérait au même niveau que toi, mais tu as tort. Au moment où tu as parlé de perfection, tu embrassais déjà un concept impossible et avais déjà perdu contre moi.

C'est, bien sûr, si tu es vraiment un homme de savoir..."

Tout en pointant du doigt le moine, tu laissas apparaître un large sourire victorieux, l'heure était à l'avenir ou à la fin du combat, si une surprise devait faire son apparition.

C'est l'heure ! Du Staté ! :

 Quel rustre ! Ce moine aurait pu t'écouter, au moins ! Non, il fallait qu'il crève avant ça, enfin, peu importe. Tu l'avais vaincu avec Zoro, c'était un danger en moins pour Kosaten. Le sabreur allait lui donner une sépulture décente, tu te disais que c'était inutile, il était crevé, c'était tout, juste un corps de chair et d'os qui allait retourner à la poussière tôt ou tard. Ton allié te proposa de te nourrir de la carcasse de façon très directe, ce à quoi tu répondis.

-"Sans-façon, je n'ai pas envie d'attraper des effets néfastes si je me repais de cet être du chaos, je préfère chasser à ma façon."

Le temps d'après, vint la question importante, celle que le sabreur avait formulée quelques jours auparavant, savoir quoi faire de la suite. Levant la tête vers le ciel pour réfléchir un instant, tu repensas à tout ce qui s'était passé, tout ce qui s'était dit entre Zoro et toi. L'alliance des élus, les humiliations, les non-dits, les trahisons ainsi que le fait de te recentrer sur toi-même, rebondir pour frapper un grand coup, montrer les crocs, cette fois-ci, en compagnie du samouraï puisqu'il ne pouvait pas blairer l'alliance, aussi. Prenant une longue respiration, tu te décidas à répondre.

-"Je dois avouer que de t'avoir côtoyé durant cette mission m'a permis de relâcher un peu la pression. Je n'ai pas arrêté de penser à ce que tu m'as dit et puisqu'on partage la même vision concernant l'alliance des élus et d'autres choses, cela ne peut qu'amener à une conclusion simple. Tu as raison, je ne devrais pas m'écraser pour plaire aux autres, je n'ai pas construit ma réputation sur de la gentillesse, mais sur de la crainte. Je dois reprendre le rôle que je me suis attribué, il y a fort longtemps, je dois dominer, quitte à tuer ceux qui se mettront en travers de mon chemin, ou du moins leur apprendre le respect dû à mon rang.

Concernant Gilgamesh, c'est une âme plus humble, plus honnête, d'un certain point de vue. Il est vrai qu'une simple étincelle peut faire naître l'espoir et raviver la flamme des cœurs d'hommes épuisés. L'humanité tire sa force de l'espoir, et c'est indiscutablement son plus grand atout. C'est d'ailleurs pour ça que j'emploierai toute mon énergie... À écraser cet espoir.

Qu'est-ce que cela lui fera, Zoro, de savoir que tous ses efforts seront réduits à néant ? Que ses gardiens et élus échoueront ? Que tout ce qu'il a bâti sera détruit sous ses yeux ? Il a raison de faire confiance aux hommes. Unis face à un même ennemi, ils deviennent une menace non-négligeable. Mais divise-les... Instille le doute dans leurs esprits... Et ils perdront la moindre once de leur pouvoir. Ils ne s'en rendront pas compte au début. Ils s'accrocheront comme lui à un espoir éphémère, à leurs aspirations. Mais tout ceci n'est que la première étape. Alors, il enverra ses gardiens, ses élus et soldats. Et quand, après leur échec, il se tournera vers sa noble âme, sache qu'il se destine au même pathétique trépas.

La fin débute aujourd'hui, Zoro. Et j'ai grande hâte, de le voir brûler."

Une lumière rougeoyante traversa l'iris de tes yeux, un sourire malsain au coin de tes lèvres, tu étais prête à redémarrer une nouvelle page de ton histoire, plus question de te laisser faire, plus de rédemption, non. Des heures sombres s'annonçaient au loin, celles de la nuit éternelle, avec à sa tête, la race vampirique à son sommet. Tu tournas le regard en direction de Zoro et lui dit, pour finir.

-"Je vais rentrer à Shuzâ, je dois faire mes rapports à Zang avant d'envisager la suite des événements. J'ai aussi des travaux personnels à faire. Tu peux m'accompagner le temps du trajet retour, mais nos chemins se sépareront après, dans les terres du serpent. Je te laisserais un moyen de prendre contact avec moi, autre qu'un simple courrier classique, si tu le souhaites. Allez, finissons-en ici avant de partir."

 Avant d'enterrer le moine, tu fouillas le corps en quête de babioles intéressantes, hormis un artefact et un parchemin ésotérique, il n'y avait rien de spécial. Prenant le parchemin et son pinceau, tu lanças l'autre objet à Zoro, un échange de bon procédé, chacun avait sa récompense, en plus de la prime sur sa tête que tu récolteras en temps et en heure. Quand le sabreur aura fini, tu te dirigeras à Xalao, la nouvelle capitale zanguienne.

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