指輪 · Collier · Ft Rhada & Zoro

Courir après la puissance, tel était l'iconique crédo de la nation des neiges. Avec ou sans, avant ou après Sou Rei, Reifuu restait Reifuu et ne perdait pas son identité malgré son changement de dirigeant. Au contraire, l'héritage de la force se transmettait de roi en roi pour insuffler au peuple cet esprit de grandeur, de suprématie, d'ambition et de surpassement de soi. Ce fut autour de cette philosophie que les trois plus puissants élus se réunir ce jour-là, dans la salle du trône.

Roronoa Zoro était arrivé en premier, levé aux aurores, ayant eu le temps de tailler le bout de gras avec son souverain aux cheveux d'or. Il assista même à l'entrée en grande pompe de son très cher camarade avec qui il devait partager cette aventure. Il n'émit aucune émotion à sa venue et se contenta de le toiser froidement pendant qu'il s'approchait du petit cercle de discussion pour finalement le rejoindre. Il allait faire un effort pour mettre de côté sa rancoeur personnelle afin de mener à bien la mission.

Hommes d'action, ils attaquèrent directement le vif du sujet et le shinobi, de nature méfiante comme son confrère le sabreur, rappela la probable nature de ce projet : un piège anti-élus. Avec toutes les histoires sombres qui se tramaient autour des terroristes qui souhaitaient la peau des élus, cette hypothèse n'était pas à négliger. Mieux valait éviter de sauter dedans à pieds joints comme des guignoles bien que l'idée de gagner en puissance miroitait dans sa tête. Le risque était beau à prendre.

Il remarqua la note d'affection prononcée de Rinkyu à l'égard de Rhadamanthys quand ce dernier s'autorisa à nommer de "frère" son propre roi. Des familiarités que le bretteur ne se permettait pas avec son souverain et qui témoignait de l'étroit lien unissant les deux. Il repensa dés lors aux mots d'Eleanor inscrits dans sa lettre, et il était en effet possible que Zoro soit placé sur le banc de touche au détriment de Rinkyu si un choix venait à se faire. Un doute persistant qui le poussait à rester en retrait, dans une position d'observation, non totalement à l'aise avec cette idée bien qu'il souhaitait croire en une noble objectivité de la part du roi. Il garda néanmoins en tête qu'à tout moment, ces deux là pouvaient s'unir pour la lui mettre à l'envers...

Il prit la suite de son collègue :

- Il n'y a qu'une manière de le savoir, c'est d'y aller... Au moins, nous en aurons le coeur net.

Oui, l'appel de l'aventure et de la puissance remportait de peu le duel contre la méfiance...

Sur les hypothèses du piège, l’homme élu officieusement le plus beau de Kosaten, se prononça. Il donna sa royale faveur à la prise de risque au nom de la puissance. Et en tant que roi responsable, il désirait plonger dans la potentielle noirceur avec ses empereurs.
Le regret de renoncer à la puissance serait bien plus présente que celle de découvrir le piège, quelqu’il soit. Quand on avait subi le fléau du sennou comme le sabreur, plus rien n’impressionnait. Ils s’étaient sortis de situations bien plus complexes que les pauvres maléfices venus d’un grigri à la con. Au pire, ils leur pousseraient des oreilles d’ânes et ils le jetteraient dans la poubelle communale et basta.

- Reifuu ne se laisse pas impressionner par un collier.

Et maintenant, place à l’activité manuelle ouverte par le roi en personne. Chacun se mit à son aise parce que le travail dégagerait une chaleur inouïe. Le sabreur jeta un regard à Rinkyu qui en faisait bien des caisses pour un type torse nu. Et en plus, il se permit de lui adresser la parole avec insolence :

- Les insectes ne donnent pas d’ordre.

Il s’agissait juste d’un buste blanc comme un cul avec des formes carrées et des tétons, pas de quoi péter des paillettes. Heureusement, la musculature encore plus travaillée du guerrier vint faire pâle figure à côté de celle de son collègue, relayé directement en seconde zone. Les fruits de son intense entraînement se payait et il était incontestablement l’homme le plus épais dans cette salle. Il se contenta d’abaisser son kimono à sa taille pour faire apparaître son chef d’oeuvre et s’arma de ses mains et du marteau pour modeler son collier.

Comme un élève  perturbateur en classe d’arts plastiques, il jeta quelques fois certains coups d’oeil au travail de ses camarades. Rhadamanthys se débrouillait pas si mal mais Rinkyu... Ce n’était ni fait ni à faire, un vrai travail de primate.

- Y’en a plus à côté que dedans, vieux sagouin...

Lui fit-il remarquer en nommant les boulettes d’argiles éparpillées au pied de Rinkyu sur le carrelage scintillant. Alors que de son côté, Zoro n’était pas un artiste plus performant...

Il se focalisa sur son argile et modela ce qu’il put avant d’écouter les sages paroles du nain qui les déconseillait plus ou moins explicitement. Mais Rhadamanthys tint tête et encouragea ses hommes à persévérer dans leur oeuvre. Le marteau en main, il donna à la matière la forme choisie, ou du moins approximativement espérée...

Il détourna le regard vers son autre voisin, le roi en personne, qui s’appliquait à frapper avec toute sa force brute sa matière, le marteau vêtu d’une aura colorée. Il avait l’air de bien se démerder.. Incontestablement mieux que les deux couillons en tout cas, qui savaient davantage manier leur sabre que le marteau.

Dans la même continuité que ses collègues d'atelier métallurgie, le sabreur grava les formules magiques sur son collier hasardeux. Entre les distractions Uchihuaesques et son désintérêt total pour ce type d'art, le jeune homme obtint un résultat bien... particulier.


Le nain forgeron finit de passer dans les rangs tel un professeur surveillant l'avancée des travaux de ses élèves et vint le tour de Zoro de passer à la casserole, très clairement le cancre de la classe. Son oeuvre minimaliste reçut pour unique commentaire un regard appuyé, que le sabreur défia avec la même intensité. Qu'est-ce qu'il avait ce nain de jardin ? Que signifiait cette manière de le dévisager avec tant de jugements ? Un échange silencieux et non verbal bien plus éloquent que n'importe quel son prononcé. Cependant, il lui fallait valider officiellement alors il déclara :

- C'est.. Fonctionnel. Même chose, évitez de porter ce collier autour de votre cou tant que vous n'en voyez pas l'utilité.

De toute manière, vu la tronche du bidule, ça ne risquait pas. Il ne le porterait même pas pour un gala de charité au nom des Uchihas dans le besoin. Par ailleurs, s'il atteignait un aussi piètre résultat, c'était à cause de l'autre bigorneau, il l'avait déconcentré avec ses conneries.

Au moins, la corvée effectuée, il était temps pour le samouraï de mettre les voiles. Il était hors de question de rester une minute de plus à respirer l'air pollué par la présence de ce virus nommé Uchiha Rinkyu. C'était un coup à attraper une pneumonie doublée d'une luxure du myocarde de l'aorte obstruée. Tandis qu'il passait ses bras dans les manches de son kimono pour le renfiler sur ses larges épaules, il empoigna son bijou magique et exprima allègrement :

- Si jamais ce collier fait des siennes, je saurai le rentabiliser. Il me servira à étrangler ce morpion.

Déclara-t-il à l'encontre de Rinkyu, entre vanne et sérieux, la barrière semblait mince. Une taquinerie teintée d'une arrière pensée plus que sincère. S'ensuivit un départ précipité de la part du bretteur, hors de cet endroit toxique. Il prit tout de même la peine d'adresser un bref regard respectueux à son roi pour le saluer tandis que le shinobi se contenta d'une bousculade dans la plus grande des indifférences quand le guerrier en vert circula à son niveau pour regagner l'impériale porte de la salle du trône.