Un même monde - une autre histoire [Ft Rhadamantys]

Depuis le gouffre infini de mon inconscience, des séquences répétitives d’images s’enchainent. La vision de la caverne azurée, de mon passé tortueux, de ma mort, ma défaite contre le messager des enfers et bien d’autres séquences d’images.

Ce qui était initialement sombre et vide, commençait à se remplir avec des souvenirs et de la vie. Mon esprit initialement perdu reprenait peu à peu du sens. En peu de temps, j’ai commencé à saisir le sens des images qui défilaient.

Dès ce moment, ma vie démarrait. Doucement, mais surement, je commençai à ressentir le froid qui mordait ma chair, la tremblote qui saisissait mes os et la terreur de l’incompréhension saisissant mon âme. C’en était trop !

Il fallait…
Il faut….
Il faut que….

- Il faut que je me lève !!!

Voilà.

J’avais les yeux désormais ouverts, la main tendue vers l’étendu bleuté qu’était le ciel. La neige tombait doucement, sans aucun bruit pour perturber sa chute. Le décor était d’une pureté sans égale. Le cyan de mon iris scrutait tout ouvert ce paysage alors que mon esprit encore déboussolé tentait de dessiner une logique.

D’un soudain, je me levai, observant l’ensemble de mon accoutrement. Si vous avez déjà été pris dans un long, très long sommeil, vous savez ce que j’ai ressenti au moment où je me mis sur mes deux pieds. Les articulations criaient de douleur et j’arrivais à peine à rester sur mes deux pieds.

- Que m’est-il arrivé ? Où suis-je ?

Mes paupières scrutèrent encore une fois les alentours, et je reconnus aisément les montagnes. On aurait presque dit que j’étais à….

- Fuyu ?

Non… Impossible. Les pics étaient bien trop tordus pour être celles de la nation guerrière. J’étais certainement dans un autre monde. Les dieux s’étaient-ils encore joués de moi ? Mon sharingan ne s’activait pas. Mes forces semblaient être totalement parties.

J’avais perdu ma résistance physique et peut être même mon habilité à l’épée. J’étais devenu incapable de faire quoi que ce soit. Du moins, bien trop peu de choses.

Mon corps me disait clairement que j’étais devenu un humain normal. Quelle indécence ! Long m’avait-il encore ôté mes pouvoirs ? Ou bien étais-je arrivé dans un autre monde ?

- Doucement Uchiha… Calme-toi.

Oui. Je suis un Uchiha. Et je ne dois pas me laisser aller à la panique. Paniquer, c’est le crédo des faibles et des incapables. Même si mon corps n’avait pas encore les capacités physiques que je lui connaissais, je devais garder le même esprit. Mes paupières roulèrent dans mes yeux pour fixer le sol.

Sur la neige à mes pieds, j’avais mon katana. Sur moi-même, mes épaules supportaient un grand voile noir, qui me couvre de la tête aux pieds. À l’arrière de mon pantalon, était accroché mon masque.

Mes mains étaient gantées – en cuir chaud. Mes pieds sont recouverts de bottes, assez fortes pour supporter de longs déplacements et assez souples pour ne pas encombrer mes déplacements.

Même incapable de me battre, je pouvais au moins me protéger un minimum. C’était mon principal objectif désormais. Le temps de savoir ce qui s’est passé, j’allais devoir m’adapter rapidement à mes nouvelles capacités physiques.

- Mes souvenirs ne sont plus très clairs…

Et en dépit de cela, je pouvais me souvenir de mon affrontement avec Zayro : j’ai perdu. Comme cadeau de victoire, il avait pris le soin de me déchiqueter de la tête aux pieds. Bien que le rétablissement ait été lent, j’ai pu reprendre le contrôle de mon corps. Et cela fait, j’ai revêtu ce masque et cet uniforme pour gagner en influence dans l’ombre… comme l’aurait fait le maître des ombres et troisième empereur de Fuyu – Heiwa Jigoku.

Prenant mon épée en main, je la rangeai bien vite dans son fourreau avant de remettre mon masque. Je devais en apprendre davantage sur cet endroit. J’entrepris alors une marche lente vers l’inconnu. Pour sûre, j’allais trouver une personne qui allait m’indiquer ce qui s’était passé.

Ça faisait des heures que j’avançais sans véritablement savoir où j’allais. Mais entre temps, j’ai pu noter quelques améliorations. Mon corps commençait déjà à s’habituer à l’environnement et à la nature.

Le sol craquelé et fissuré, ce décor digne des profondeurs des enfers, je m’y sentais un peu plus confortable qu’au départ. Mes muscles aussi ne ressentaient pas autant la fatigue que je ne l’aurais imaginé. Se pourrait-il que mes forces me revenaient un peu plus vite que je ne le pensais ?

Non… je devais me faire des illu-

Un sourire s’étirait encore derrière mon masque que je perçus dans le lointain un tremblement de terre soudain, quasi explosif.

Il annonçait alors un puissant souffle qui transportait avec lui des résidus de poussière et de neige. Cette vague puissante d’énergie se rapprochait à vue d’œil. Je devais réagir – et vite !

- Qu’est-ce que-

Couvrant totalement mon corps de mon voile, je m’inclinai timidement, faisant dos à la grande vague de vent et de neige qui venait dans ma direction. Le souffle était puissant, mais bref.

Il se suivit d’une montée incroyable d’une puissance lumineuse qui perça le ciel avant de s’évanouir quelques secondes après. C’était clair ! Il y avait dans cette direction-là, une personne – ou des personnes – au pouvoir incroyable. Presque autant – sinon plus – que ce que j’avais à la même époque.

À cet instant, une lueur d’accomplissement brilla dans mon regard. J’avais la certitude de trouver l’élément qui m’aurait apporté plus amples informations sur ces lieux. Et si danger il y avait, j’allais éviter la confrontation. Malgré ma volonté, j’étais incapable de faire face à une menace capable de déployer une telle puissance.

- Allons-y.

Décidé, j’entamai la marche prudente, me déplaçant derrière les massifs que je trouvais sur le chemin. D’un mouvement furtif à un autre je me rapprochai doucement du lieu ciblé. Chaque pas était mesuré, chaque déplacement était dissimulé.

Bien évidemment, une personne extrêmement entraînée aurait pu me détecter sans grands efforts. Surtout si elle disposait d’un sens au-dessus de la moyenne. Quelques instants après mon avancée, du creux de mon masque d’argile, ma pupille localisa la cible.

Un humain. Plus encore… un guerrier – à en juger par le nombre de ses cicatrices.

Je n’avais peut-être pas mon Sharingan, mais il était clair qu’une énergie débordante entourait cet inconnu à la crinière dorée.

Il était haut dans les pierres, j’étais à une dizaine de mètres tout au plus. J’étais dans une direction qui aurait pu sembler être son angle mort. Une attaque aurait été suicidaire. Je savais déjà de quoi il était capable. Alors…

- Laissez-vous toujours des inconnus se rapprocher d’aussi prêt ?

Je me dévoilai donc, sortant de l’ombre des pierres. Un bref souffle de vent balaya alors ma cape pour présenter mon corps entier, bâti – et plus important, mon katana accroché sur ma côte droite. Sans m’approcher davantage de lui, je repris

- Je suis Shiro.

Un homme sans visage, un prénom sans nom. Je n’étais personne et ne voulais être personne à ce stade. N’être personne était la meilleure façon de préparer l’arrivée d’Uchiha Rinkyu. Peu importe le monde dans lequel j’étais.

Relevant paresseusement ma main droite gantée vers lui, je repris :

- J’ai beau essayé de comprendre pourquoi et comment je suis arrivé ici, rien n’y fait. J’ai perdu toute notion de temps et d’espace. Et maintenant, je me retrouve devant vous. Triste n’est-il pas ?

Sans quitter mon interlocuteur du regard, j’abaissai ma main la laissant rejoindre l’intérieur de ma toge. Sa jumelle – ma main gauche – vint s’accrocher à ma taille du côté gauche. Une position plutôt détendue pour rassurer mon interlocuteur. Je n’avais aucune intention hostile.

- Avez-vous vu dernièrement des personnes qui étaient dans le même cas que moi ? Pouvez-vous me dire où je suis ?

«Alea jacta est » - tout reposait désormais entre les mains de mon interlocuteur à la crinière dorée. En cas d’attaque, j’étais prêt à utiliser toutes les forces qu’il me restait pour réagir. Même si, quelque part, je n’espérais pas qu’on en arrive là.

La peur ? Le trouble ?

Peut-être avais-je mal perçu les traits du visage de mon interlocuteur. Visiblement, le guerrier me prit pour une personne que je n’étais pas. Du moins, au premier abord. Il était clair qu’une personne masquée et voilée, n’était pas totalement originale. Dommage.

Quelque temps après, il comprit vite qu’il s’agissait d’une autre personne. Chance ou coup du sort ? Nul ne saurait le dire. Mais jusqu’à présent, il ne m’attaqua pas. Au contraire, contre toute attente, il se contenta de répondre à certaines de mes questions. Se présentant également par la même occasion sous le nom de : Rhadamantys de la Wyverne.

Des éléments jusqu’ici intéressants arrivèrent à mes oreilles. « Élus », « Kosaten », « Des élus présents depuis plus de mille ans ». Des termes que je ne connaissais que trop bien, mais pourtant qu’il fallait encore que j’assimile.

Avant que je ne puisse traiter ces données, un souffle puissant vint relever la capuche qui couvrait initialement mes cheveux, brisant directement la pierre qui était dans mon dos. Je ne paniquai pas, je ne bougeai pas. Pour sûre, s’il aurait voulu me tuer, aucune résistance n’aurait été possible.

Malgré tout, le message était clair : en un geste, il pouvait mettre fin à ma vie. Je gardai donc ça tranquillement dans un coin de mon esprit.


Mais comment était-ce possible ? Je ne reconnaissais plus rien. Mais son nom, pour une raison inconnue ne m’était pas étranger. En me rappelant assez, je compris que je l’avais entendu de Zayro Jinn. Par le passé, il m’avait une fois mentionné la ressemblance avec un certain Rhadamantys. Je n’ai pas pour habitude de retenir ces éléments. Mais tout ce qui vient de Zayro est difficile à oublier.

C’était donc lui - Rhadamantys. L’ancien et peut être actuel – quatrième empereur de Fuyu comme je les avais surnommés à l’époque. À ses paroles, mon intuition me sommait de lui donner raison. Cependant, ma raison, elle, n’arrivait pas à suivre. Il fallait que j’obtienne plus d’informations.

- Je connais Kosaten.

Commençais-je solennellement avec un timbre rempli de déception.

- Mais ce que j’ai trouvé en apparaissant, n’avait rien de similaire à ce que j’ai laissé dans le temps. De plus…

Je levai mon bras gauche, observant le creux de ma main quelques instants. Cet instant était douloureux. Celui où je me rendais compte que je n’étais pas rentré chez moi. Je le savourais avec amertume avant de serrer ma main en poing

- La force que j’avais jadis accumulée a totalement disparue.

Quelque chose n’était pas clair. Et plus j’y réfléchissais, plus je m’y perdais :

- Rhadamantys… ce monde n’a plus rien de ce que j’ai connu. À en juger par la neige, nous sommes à Fuyu. Mais les montagnes n’ont jamais eu cette forme par le passé.

Avançant de quelques pas pour avaler la distance qui me séparait de mon interlocuteur, je finis par le traverser et à me tenir à quelques pas de lui, dos à dos. Je faisais face à un rocher. Une pierre dont la taille et la forme semblait être parfaite pour s’asseoir.

- Qu’est-il advenu de ce monde ? La guerre avec Seika ? Minshu ? la cité volante ?

Ma main poussa le peu de neige présente sur le sommet du rocher et sur ce dernier, je m’assis. Mon œil unique perçant l’orifice de mon masque alla s’accrocher au visage du chevalier de la Wyverne.

J’étais de retour dans un monde qui m’avait jadis accueilli. Et aujourd’hui, je n’en reconnaissais même plus les symboles. Finalement, tomber sur lui, un Fuyujin servant donc les mêmes intérêts que les miens, était un coup de chance intéressant. Du moins, en théorie.

Finalement, Rhadamantys de la Wyverne ne semblait pas être à craindre. Il était loin de ce que j’aurais imaginé.

Zayro Jinn m’aurait décapité sans autre forme de procès. Heiwa Jigoku aurait cherché à m’utiliser et à exploiter mon potentiel.

Rhadamantys lui, semblait être taillé d’une autre couture. Aucune fourberie ne se dégageait de lui. C’était un homme d’honneur et de sincérité. Une chose bien rare à l’époque de mon existence – ou plutôt ancienne existence.

Prenant finalement l’initiative de me rejoindre, il s’assit et commença son explication. Son torse dessina une posture forte et l’histoire que j’avais manquée commença à affluer. Tenshi était tombée. La fameuse cité renfermant tous les secrets d’un monde inconnu. Cette terre qui toisait le monde de par sa hauteur. Quelle ironie. Mais c’était loin d’être la nouvelle la plus surprenante.

Les Genchijins, ennemis d’élus se sont rassemblés pour détruire Kosaten et les élus en leur sein. À cette information, mon visage se froissa de colère derrière mon masque. Comment des individus venus de nulle part avaient-ils pu oser attaquer notre terre ? Certes, je n’étais pas dans mon monde d’origine, mais les années passées à Kosaten fit naître en moi un sentiment d’appartenance. Leur affront devait être payé au prix fort.

- Les mécréants… murmurais-je sous l’impulsion de ma colère.

Par leurs actions, le monde a été totalement détruit et les élus ont été figés hors du temps pendant mille ans. Mille ans hors du temps. Soudainement, je commençai à comprendre. Le monde avait changé, l’écosystème était à peine reconnaissable. Et nous, élus, avions été frappés par un sort.

- Ces genchijins étaient assez forts pour éliminer les dieux que nous ne pouvions même pas rencontrer. Comment diable avaient-ils faits pour puiser une telle puissance ? Eux, qui n’étaient même pas des élus ? Quel a été leur outil de frappe ? Les élus ont-ils été trahis ?

Il mentionna par la suite les changements au niveau des territoires. Fuyu était devenu Reïfuu et Sul Hei avait survécu aux mille années pour encore régner aujourd’hui sous le nom de Sou Rei. Il ne faisait aucun doute qu’il était bien plus redoutable que je ne l’aurais imaginé. Aurais-je été en mesure de l’écraser cette fois ? Pas dans mon état actuel en tout cas. J’allais devoir reprendre à zéro.

- Vous avez défié Long ? Demandais-je avec étonnement.

Normal qu’il ait disparu. Quand on défie un dieu alors qu’on est un élu… le résultat n’est pas de l’ordre d’une science avancée. De mon côté, j’avais fait un pacte avec Long. Il devait me rendre puissant et me sauver de la mort suite à mon combat contre Zayro. En contrepartie, je devais le servir. Si aujourd’hui Long n’était plus présent, ma promesse ne tenait plus véritablement.

Il y avait toutefois un moyen de revenir et servir Fuyu. Ou du moins, Reïfuu. Prononcer des mots pour lier son destin à celui de la nation. Mais cette formule agissait-elle comme un sceau ? Son effet se dissiperait-il également au fil de notre évolution en puissance ?

- Le sceau du dragon avait la particularité d’affaiblir son influence avec le temps. Plus nous devenions puissants, moins nous étions sous son emprise. Est-ce toujours le cas avec la formule ?

Je voulais être certain de comprendre comment fonctionnait cette « formule » avant de m’y engager. Toutefois, parce qu’une attaque se préparait, je devais en faire partie. Je n’ai jamais vraiment porté Fuyu dans mon cœur. Mais il était clair que j’étais décidé à gagner de l’influence en me démarquant sur le champ de bataille par des hauts-faits. Ainsi, j’aurais pu créer, sous la protection de la nation, un village et donc, un clan qui aurait pu opérer sans crainte. Reïfuu était donc clairement dans ma ligne de mire.

Le chevalier alluma finalement un feu d’une façon plus originale que la moyenne. Mais au moins, il me précisa que je n’avais que deux options : avancer libre ou bien suivre les pas de Reïfuu. J’avais la ferme sensation que peu importe ma réponse, Rhadamantys allait l’accepter.

Toutefois, je ne tenais pas à avoir une personne comme lui en ennemi. Je maîtrisais la mentalité et les priorités de la nation glaciale. De plus, c’était le meilleur endroit pour devenir plus puissant et augmenter mon influence. Le choix avait déjà été fait.

- Reïfuu m’a accueilli par le passé. Il m’a forgé et m’a permis de devenir un grand guerrier. Aujourd’hui, je ne pourrais me détourner de ma nation. Je vais rejoindre les rangs de Reïfuu. Et améliorer mes compétences pour briller plus fort que par le passé.

Une fois cela dit, je repris plus calmement cette fois :

- Sur la question militaire. Quelle est l’ordre de puissance entre les contrées ? Minshu est-elle la cité la plus faible ? Kaen est-elle en deuxième rang ? Quels sont les élus les plus influents ?

Un soupçon de courage et une bonne dose de folie. C’était là ce qui caractérisait cet élu de la wyverne. Aucun doute possible, il était bien un être doté d’un cran qui surpassait le mien, même avant les 1000 ans. En cela, il gagna directement mon estime. Par contre, la facture a été salée. Il subit pendant mille ans le courroux de sa folie. Certainement de quoi le dissuader de s’y reprendre.

Un point important qu’il mentionna alors… fut la mort des dieux.

D’accord, les élus avaient été balayés par le genchijins… mais les dieux ?! Rhadamantys m’avait dit que les dieux avaient disparus, mais j’étais loin de me douter qu’il s’agissait d’une mise à mort. Des hommes tuant des dieux. Voilà de quoi surprendre Heiwa Jigoku… si jamais il existait encore d’ailleurs. Ces êtres, les genchijins devaient donc avoir une puissance supérieure à tout ce que le monde avait connu par le passé.

Ce que ces êtres utilisèrent c’était une bombe puissante alimentée par l’énergie des élus eux-mêmes. Une bombe dévastatrice qui requerra l’association immédiate des plus grandes puissances pour contrer cette offensive. Et concernant la formule, il me présenta les mots qui devaient être prononcés pour être soumis à l’ancienne Fuyu. Mais contrairement au sceau, l’impact de ces paroles, n’était pas très clair.

- Donc des paroles qui n’ont aucun impact ? Est-ce une mauvaise blague ou une supercherie de Sou Reï ? Je vais essayer de tirer cela au clair.

Ayant retenu les paroles, j’allais les prononcer un peu plus tard. Pour l’heure, les affaires militaires étaient plus urgentes. Contre toute attente, ce n’était ni Reifuu, ni Shuzâ, ni Kaen ou encore Shintan qui disposait de la plus grande puissance militaire. Il s’agissait surtout de Tenkasuru, empire du soleil, régime dominant de l’île de Mukaï. C’était eux qui avaient réussi l’impossible. Capturer Sul Hei sur des années privant la plus grande cité guerrière de son chef.

- C’est une menace réelle.

Plus que du bluff, ils avaient mis à mal la cité des glaces. Ils concoctaient actuellement les méthodes pour tuer définitivement les élus. Pour plus d’informations, il me recommanda alors de me rendre simplement à la bibliothèque de Fuyu. Pour sûre, j’allais trouver de quoi apprendre et de quoi comprendre le fonctionnement de ce nouveau monde. Je notai quelque part dans mon esprit, la puissance de ces êtres… et la menace qu’ils représentaient.

Changeant totalement d’approche, j’étais finalement devenu le sujet de conversation. Fixant d’un air strict mon interlocuteur, je compris qu’il voulait en savoir plus sur moi. Et à l’heure actuelle, je ne voulais pas faire renaître Rinkyu Uchiha. Alors j’allais plutôt lui parler de Shiro Shinigami… le nom et visage d’emprunt que j’utilisai un peu avant ma disparition de ce monde.

- Je suis un guerrier. Un ancien guerrier maîtrisant l’art de l’épée. Dirais-je que je suis de votre trempe ? J’ai bien peur que non. Mais pour sûre, j’ai été par le passé assez puissant pour faire pencher la guerre en la faveur de mon camp allié.

S’il marquait un gros point quelque part, c’était bien sur un fait simple. Pour être confortable avec le degré d’énergie qu’il dégageait dans ses entraînements, il fallait avoir été exposé à quelque chose de similaire par le passé. Elle était bien loin derrière cette époque où j’avais une capacité assez puissante pour tenir tête aux géants de ce monde. Pestant intérieurement sur mon impuissance, je continuai :

- Dans mon monde d’origine, j’étais doté de grands pouvoirs. J’ai affronté des monstres incroyables, qui aujourd’hui pourraient m’écraser du revers de la main. Et une fois arrivé sur les terres glaciales de Fuyu, je me suis retrouvé dans cette situation. Sans pouvoirs.

Reprenant de plus belle mes explications, j’ajoutai :

- Mes hauts-faits par contre, sont loin d’être impressionnants j’en ai bien peur. Je n’ai rien accompli de notable il y a mille ans, n’ayant pas eu l’occasion de faire mes preuves avant de disparaître. Et si je suis de retour aujourd’hui, je pense que ce n’est pas anodin. J’ai encore une mission à accomplir.

Maintenant, il était temps de parler des autres élus, les plus puissants que j’avais pu rencontrer dans ma précédente vie.

- Au millénaire dernier, il eût des grands noms qu’il fut impossible d’ignorer. Ellen, Roronoa Zoro, Zayro Jinn, Heiwa Jigoku, Natsume… Combien sont encore présents ? Quels sont les élus majeurs de ce monde, en ce temps actuel ?

Zoro, Natsume et Ellen ont disparu de ce monde…

Mais Jinn était bien vivant. Froissant mon visage dans une colère noire derrière mon masque, je ne pus rester de marbre à l’écoute de ce nom. Zayro Jinn, même les millénaires n’avaient pas raison de cette enflure. Il semblait avoir coopéré avec Rhadamantys…

Je connaissais bien le colosse assassin. Il ne coopérerait avec personne si cela ne concourrait pas à l’atteinte de ses objectifs personnels. Il avait donc confiance en la puissance de Rhadamantys… rien de bien étonnant au vu de ce qu’il causait quand il s’entraînait.

Peu après, mon interlocuteur parla d’une mission qui déboucha sur une découverte intéressante : le royaume des morts allait ouvrir à nouveau ses portes. Si la mort elle-même comptait revenir sur Kosaten, il fallait que j’ai force et informations pour me préparer convenablement. Je notai cet élément quelque part au coin de mon esprit.

Sur la question des élus, le chevalier de la wyverne mentionna d’office qu’il était le plus gradé de la nation de Reïfuu… mais cela en faisait-il le plus puissant ? Dans sa position actuelle, il n’était pas étonnant que Jinn s’associe avec lui. Rhadamantys n’était autre que le garde royal de Sou reï lui-même… rien que ça.

Kaen est plus faible, disposant d’un guerrier plaqué or de niveau certainement bien plus faible que celui de Rhadamantys. Du côté de Shuzâ, il n’y a aucun élu phare qui se démarque. Mais il serait prudent de se méfier d’une certaine femme vampire du nom d’Eleanor. Associé à Ellen qui avait disparue et Frisk, il y avait là des puissances surprenantes qu’il fallait à tout prix garder à l’œil.

- Je connais bien Ellen ainsi que sa puissance. Frisk, je l'ai rencontré dans le temps. Une personne avec une détermination qui peut s'avérer redoutable. Par contre, je n'ai pas souvenir de cette Eleanor. Peut-être existait-elle jadis sans toutefois être une personne qui méritait une quelconque attention.

Le processus d’ingestion des élus n’avait pas changé. Le monde avait peut-être évolué, mais les principes de base étaient les mêmes. Les élus continueraient de venir, les guerres continueront d’exister et la course vers la puissance ne s’arrêtera pas. Le seul ingrédient amer dans cette douce et belle recette était tenkasuru – ou plutôt genchijins. Ces individus venus d’outre-mer disposant d’une puissance difficilement quantifiable et capables de définitivement radier les élus de la carte.

Cela mis de côté, Rhadamantys fit une remarque qui m’interpella. Entre guerriers expérimentés, il était difficile de dissimuler ses capacités réelles. Certes je n’avais pas ma puissance, mais Rhadamantys s’est bien douté de quelque chose. Il savait quelque part que je n’étais pas simplement ce que je présentais. Mais ne sachant pas les secrets et les mystères que je renfermais, il me lança juste un défi…

Les combattants de Fuyu et même de l’actuel Reïfuu ont toujours été bercés par une vague invisible mais trouble de combats et de défis. C’est au travers de ces challenges et de ces difficultés que ces derniers se faisaient un nom, une place et une renommée. La vague était bien trop terrifiante pour les mécréants de Seika et bien trop imprévisible pour les fourbes de Minshu. Depuis les temps immémoriaux, cette vague a toujours été très confortable pour les Reïfuujins.

Aujourd’hui, je renaissais de l’oubli. Et Rhadamantys me défia de me jeter à plein corps dans cette vague, de survivre et peut être même d’arriver à son île pour le détrôner. Un sourire s’étira sur mes lèvres et je me redressai finalement avant de prendre mon épée plantée juste à proximité.

- Rhadamantys, juge de wyverne de l’étoile céleste de la férocité… j’ai tant à apprendre en ce monde que je ne peux pas encore prétendre pouvoir vous détrôner. Quand bien même ça serait le cas, je ne le ferais pas.

J’entrepris finalement une marche dans le lointain. Il était temps de passer aux choses sérieuses désormais.

- J’ai encore besoin de comprendre davantage cette nouvelle dynamique. Mais pour sûre, votre puissance est telle qu’on sera contraint de se retrouver dans un avenir proche. Peut-être alors à ce moment-là, je vous dirai ce que j’ai décidé. En fonction de ce que j’aurais découvert d’ici là.

M’enfonçant dans la neige sombre, je m’éclipsai doucement jusqu’à ce que ma silhouette s’évanouisse dans le lointain. Pas besoin d’au revoir…. Nous allions nous retrouver très bientôt.