Un champignon pas comme les autres - Ft Alastor

- Pitié… Non… NOON !!!!

Une voix supplémentaire s’éteignait dans le lointain de la grotte.

Et pendant ce temps, que faisaient les autres ? Les yeux écarquillés de terreur, les dents serrés et grinçant de terreurs, Kiba ainsi que ses cinq hommes restants étaient craintifs quant à la suite des évènements. Et à raison. Le pire restait à venir.

- Chef… c’était Natawa… il a vu quelque chose. Il doit être mort putain !
- Cette grotte est maudite !!!
Kiba : Silence !!! Si on réussit, on aura assez de pouvoir pour renverser le tyran et ne plus jamais manquer de rien. On va y aller coûte que coûte ! Vous avez accepté de me suivre malgré les risques. Faîtes vous pousser des couilles et bougez-vous !

La voix résonnait comme celle d’un commandant. Mais elle a eu l’effet contraire à celui qu’on aurait espéré. Surtout quand le grognement lointain se fit entendre dans le fond de la grotte sombre.

« GRROOOOOAAAAAA »

- Vous avez entendu ? Chef ! Barrons-nous d’ici ! On n’était pas assez préparé… pas pour ça…-

Le mercenaire n’avait même pas fini de cligner des yeux qu’il reçut un carreau dans le crâne. Une flèche puissante qui abattit le gusse net, laissant son cadavre giser sur le sol.

Kiba : N’oubliez jamais !!! Si vous devez avoir peur de quelque chose ici… C’est ma COLÈRE !!!! Quelqu’un d’autre veut s’en aller ???!!! Alors armez-vous et allons-nous battre…. Ou mourrons en essayant.

Cette fois, le discours aura été bien plus motivant que le précédent. Les visages déchirés par la grimace de la ferveur et de la détermination, les quatre hommes vaillants aux côtés de Kiba avancèrent. D’un pas prudent, mesuré, millimétré et certain ! La victoire était proche.

Peu à peu, ils avancèrent jusqu’à ce que l’ombre de la grotte sombre les absorbe totalement. La seule chose qu’on entendit alors était le grognement monstrueux.

« GRROOOOOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA »

Fô. Cette petite bourgade en pleine lisière de la forêt des champignons.

Elle était loin d’être ma destination favorite. Sur le chemin, j’ai eu vent d’une information qui m’a fait reconsidérer mes priorités. Dans ce trou paumé, il y avait peut-être un ingrédient qui affaiblirait l’effet du portail de téléportation. En somme… un champignon magique capable de redonner nos capacités issues de notre monde d’origine.

De l’époque de Kosaten, je n’aurais jamais cru cela possible. Les dieux ne l’auraient pas permis. Mais maintenant le monde n’a plus de sens. Kosaten est dépourvu de sa barrière ; Sul Hei s’est fait capturer et les montagnes s’inclinent devant les hommes. Dans ce nouveau monde, tout était possible.

Aujourd’hui, mes pouvoirs et compétences étaient au point mort. S’il y avait une chance, même infime de pouvoir retrouver mes capacités d’antan, j’aurais fait le nécessaire pour la saisir.

Avançant depuis les piques glaciales, je n’avais rien perdu de ma posture forte et fière. L’un pas après l’autre, mes bottes dessinaient des formes homogènes dans la boue. Doucement, mais surement, je me rapprochais de Fô. Si un marchand m’avait perçu, le premier terme auquel il aurait pensé serait : intimidant.

Une longue cape noire recouvrait l’ensemble de mon corps, formant au niveau de ma tête une capuche qui se rabattait en avant sur le sommet de mon visage. Au creux de cette capuche, on apercevrait mon masque solide. Un masque qui ne disposait que d’un seul trou, disposé à la hauteur de mon œil gauche.

Du reste, la silhouette qu’on voyait était forte. 1m80 de muscles avec un manche de katana débordant le voile noire sur la cote gauche.

Sans attirer l’attention, je m’introduis dans la bourgade traversant des ruelles jusqu’à m’introduire dans ce qui semblait être « la taverne du joyeux champignon ». Pas très innovant comme titre de taverne à mon avis.

À l’intérieur, tout le monde sembla assis sur sa chaise et la configuration de la pièce était telle que l’ensemble des chaises orientait vers un seul point : son centre. À cet endroit précis, il y avait une personne, qui semblait capturer l’attention de l’assemblée composée de plus d’une vingtaine de personnes.

Le conteur avait la tête d’un vieux marin ; Mais sa carrure laissait penser à un fort combattant. Malgré ses manières de soûlard, il dégageait une aura assez oppressante. Comme un vétéran guerrier – ou un mercenaire.

Moi, toujours debout à l’entrée, je ne bougeai pas. Mon œil scruta le conteur et je ne dis rien. Comme s’il racontait son histoire, l’homme parla à l’assemblée avec son verre de bière en main se baladant de part et d’autre de la scène. Chaque phrase suivie du geste qui l’illustrait :

- Son corps est tombé net. Le patron venait à peine de lui tirer une flèche dans le crâne. Putain que c’était moche ! J’aimais bien Kiki mais… il faisait vraiment trop le froussard. Il n’aurait pas tenu long feu, qu’on lui tire une flèche ou pas…

Il but encore une bonne gorgée, question de libérer sa gorge enraillée par la fatigue et l’enthousiasme.

- Mais quand j’ai vu ce qui s’est passé après, je me suis dit que c’était peut-être préférable pour nous de mourir avec une flèche dans le crâne. Vous allez voir…

On s’est avancé ensemble juste après. On avait notre formation de base… La même qu’on avait répété un million de fois avant d’entrer dans cette foutue grotte… Et là, on est tombé nez à nez avec ce putain de monstre.

Ses mouvements commencèrent à se faire plus ample.

- Il était difforme. Mesurait 4m de haut avec des tentacules si longs qu’elles auraient pu toucher la porte depuis là où je suis. C’était une véritable monstruosité. Elle crachait un vent si puissant qu’il aurait pu créer une tempête en mer. Bien que nos torches ont pu tenir le coup, elles s’affaiblissaient à chacun de ses souffles. C’était inhumain…

Son discours raisonnait dans la pièce pendant que je bougeai. Je cherchais une place assise, discrète et assez ouverte pour me permettre de me déplacer dès que je l’aurais voulu. En même temps, les gens commencèrent à trembler dans la pièce. L’angoisse globale montait à vue d’œil

- La bataille a rapidement commencé. On a d’abord perdu Bobo, notre ailier. Mais on a rapidement continué. Des flèches de flammes, des bombes bien comme il faut. On lui a fait la totale. Le monstre était aussi agile qu’un cerf. Rien ne l’atteignait. Mais à chaque fois qu’on le perdait de vue, un de nos compères se faisait saigner.

Son visage sombre commença peu à peu à s’illuminer et il expliqua avec plus d’enthousiasme :

- ET LÀ je l’ai vu !!!! Comme je vois le merdeux juste à deux pas de moi…

Il marqua une pause, posa sa bouteille avant de poursuivre

- LE CHAMPIGNON MAGIQUE. Le champignon poussait juste au-dessus le pif du monstre. Il est aussi doré que la dent en or de Fubutsuchi ! Mais il est plutôt petit, comme un petit doigt. Mais nous étions trop peu nombreux pour prendre le butin.

On a vite compris qu’on devait à tout prix battre en retraite.

Le conteur avala totalement son verre et cette fois, acheva net son histoire en quelques points :

- Dans notre retour, notre boss, Kiba n’a pas survécu. J’ai pu m’en tirer de justesse mais le trésor était là. Je l’ai vu moi-même comme je vois chaque personne dans cette pièce. Et je suis persuadé qu’avec le pouvoir qu’il renferme, on pourra renverser le tyran lui-même… les doigts dans l’nez !!!

L’histoire était habilement contée. Et à un moment donné, un étrange personnage entra dans la pièce, armée de son sourire et d’un accoutrement qui signalait ouvertement : « Hey ! Je suis là ». Cette tendance à attirer l’attention contrastait totalement avec la tendance d’un shinobi à rester le plus dissimulé possible. Simplement par nature, on n’était pas faits pour s’entendre. Mais bon… mon regard suivi le grand rouge-noir quelques instants. Mais rapidement, le conteur reprit son histoire, ce qui m’obligea à retourner chez lui

- Si je vous raconte cette histoire, c’est pour que vous compreniez bien les risques que peuvent comporter cette quête… Toutefois, en vous appropriant le pouvoir du champignon, vous allez pouvoir avoir quelque chose d’extraordinaire, votre valeur est automatiquement décuplée. Je suis décidé à y aller. Mais je ne peux le faire tout seul, sans de braves guerriers prêts à combattre pour cette puissance future…

Une voix dans l’assemblée se leva. Et quand on s’y pencha bien, on découvrit un homme assis, avec une large épée qu’il utilisait comme appui. Ses yeux d’un bleu azuréen, fixant d’un air décisif le conteur du jour. Aucun doute possible, il s’agissait bien d’un combattant :


Kenrö : C’est bien beau tout ça… Mais si ce foutu champignon est si petit, il n’aura pas grand-chose à gagner à y aller en grand nombre. Rien ne nous garantit qu’en le coupant en plusieurs morceaux, il gardera sa propriété. C’est une mission intéressante, mais elle est parfaite pour les guerriers solitaires.

Il marquait un point et toute l’assemblée en avait conscience. Les murmures commençaient à planer dans les lieux. L’assurance commune et l’enthousiasme laissait place au doute. Sans paniquer, le conteur ferma les yeux affichant un sourire. Il semblait même, attendre ce genre de réplique de la part de ses futurs partenaires. Il reprit :

- Je comprends bien votre préoccupation, mais nous avons une femme dans le village qui a une capacité incroyable. Elle est en mesure de dupliquer n’importe quel objet. Répliquant à la fois les éléments qui la composent et les effets qu’il dispose. Cela vaut aussi bien pour les objets normaux que les objets magiques. Elle va nous aider à pallier ce problème.

La foule se calma instantanément. Parce que la vielle Karla s’était fait connaître lors de la grande vague pandémique de la rougeole. Elle dupliqua à l’infini la seule herbe médicinale capable de soigner l’ensemble des habitants. On ne doutait pas de ses capacités visiblement. C’était donc une valeur sure pour l’ensemble des potentiels candidats.

Kenrö : Je vois… Dans ce cas, ma lame vous accompagnera dans votre quête. Je m’en cogne un peu de Zang mais… si je peux gagner assez de puissance pour le terrasser, je pourrais sans mal atteindre mon but.

Quelques secondes à la suite de ces paroles, un autre jeune homme aux traits presque féminins se dressa, armé de son vieux grimoire. Le grincement de sa chaise reculante, avait su attirer l’attention jusqu’à lui. Et d’une fois plus fine que la moyenne, il mentionna :

Kanda : Un projet pareil ne saurait réussir sans le soutien d’un mage soin. Je serais la personne qui soignera les guerriers du front.


D’un geste de la tête, le conteur accepta également l’aide de Kanda. Il avait une bonne réputation également dans le village. Né et grandi en plein cœur de la forêt des champignons, son savoir et sa dextérité aurait été un atout sans équivoque.

- Nous avons besoin d’être au moins au nombre de cinq pour avoir une chance. Moi, Kamina vous promet la victoire


Observant un instant l’assemblée, je sus que personne n’aurait eu le cran d’aller jusqu’au bout. Ils étaient déjà au nombre de trois, il en manquait deux. Si mes pas m’avaient conduit jusqu’ici, c’était pour découvrir ce champignon et m’en accaparer. Étant arrivé jusqu’ici, autant mieux mettre tout en œuvre pour rendre la chose possible

- Je me joins à vous – rétorquai-je depuis l’arrière de mon masque, le bras levé.

Ma carrure témoignait d’elle-même du fait que j’étais un guerrier solide et aguerrit. Nul doute que j’aurais été utile. Par contre, j’avais connaissance de mon niveau. Je n’étais pas assez puissant pour rivaliser avec un seul d’entre eux. Bien sûr, cela, ils ne pouvaient pas totalement le percevoir.

Mais au fond de moi, je savais qu’en prenant des risques de cet ordre, je pouvais recouvrir plus rapidement mon pouvoir.

Kamina acquiesça d’un simple geste de la tête. Et maintenant, on attendait qu’un cinquième se manifeste. Et malgré le temps qu’on donnait, les gens semblaient dubitatifs. Ils n’étaient pas prêts à risquer leur vie, même pour une récompense aussi intéressante qu’un grand pouvoir.

Remarquant alors immédiatement la carrure étrange de notre ami haut de plus de 2 m, on reconnut en lui quelque chose qui n’était pas propre en ce monde. Kamina démarra :

Kamina : vous là-bas !!! Vous êtes bien un élu si je ne me trompe pas. Vous devrez certainement bénéficier d’une puissance digne d’un autre monde. Joignez-vous à nous ! Nous pourrons alors entreprendre sereinement la quête.

La balle était dans le camp de notre étrange héros. Qu’allait-il faire désormais ?

Alastor…

C’était le nom qu’il fallait étiqueter sur le visage de cet étrange personnage. Il avait un air fourbe et particulièrement inquiétant. Pour sûre, c’était une personne dont il fallait se méfier. M’étant par de nombreuses fois frottées aux personnes armées d’un large sourire, je savais plus que personne comment ils fonctionnaient.

Le rendez-vous était donc fixé pour demain à l’aube. Et quand il fut question de se séparer, notre nouveau compagnon prit le soin de se présenter à tous avant de se planter cette fois-ci devant moi. Au moins, il avait eu la sagesse de ne pas tendre la main. Le vent qu’il se serait pris aurait été mémorable.

- Shiro.

Rétorquais-je sans autre procès. Maintenant que c’était dit, je me redressai, observant quelques instants mes compagnons du jour. Il était clair que je n’avais pas actuellement l’artillerie nécessaire pour le combat. Une préparation était nécessaire. J’allais donc faire quelques courses. Bien que mes ressources fussent limitées, je sus que je pouvais me fournir quelques broutilles utiles avec ce que j’avais à disposition.

- Si vous le permettez… j’ai des courses à faire.

Sans un mot supplémentaire, je me dirigeai vers la porte, m’enfonçant dans les ruelles de la bourgade.

Après une centaine de marches, j’arrivai en plein cœur du village. Il y avait là un commerçant particulier. Ce dernier semblait être spécialisé dans les armes et les artilleries. Flèches, armures, boucliers, il y avait de tout pour une belle aventure.

Mais à la simple vue de la grille tarifaire, je commençai à stresser. Il était bien beau de jouer aux héros, mais je n’avais plus ma force. Il fallait encore que je me protège assez et que je m’arme bien pour aller au combat en toute assurance.

Plongeant ma main dans ma bourse, je ne vis qu’une faible quantité de yens. C’était bien assez pour manger pendant quelques jours. Mais il aurait encore fallu davantage pour m’acheter des armes convenables.

Le marchand remarquant que je ne faisais que me poster devant sa boutique m’interpella en me présentant des armes qu’il avait à sa disposition.

Marchand : Ah-ha !!! Vous avez le bon œil ça, c'est sûr !!! Je sais que vous vous préparez à aller affronter un grand danger. Pour cela vous devez avoir la crème de la crème. Observez cette superbe arbalète.

Il attrapa l’arbalète en bois super résistant et aux cordes encore bien tirées sans effilochements. À l’œil nu, on pouvait clairement ressentir tout l’effort qui a été communiqué pour la réalisation de ce chef-d’œuvre.

Marchand : avec une bonne technique, vous pouvez la recharger en 2 secondes. Elle tire des flèches qui peuvent aller à 400m/s. Vous avez la certitude que le carreau va atteindre la bonne cible au bon moment.

Il ne s’arrêta pas là, continuant à présenter les merveilles de guerre les plus belles les unes que les autres. Pour sûre, j’allais avoir besoin des armes de combat à distance et à mi-distance. Il avait tout ce dont j’avais besoin.

- Combien d’armes puis-je avoir pour 140 yens ?

À l’écoute de ma question, la moue du marchand changea du tout au tout. L’enthousiasme se changea en dédain notable et perceptible. Soudainement, il glissa :

Marchand : un instant… j’ai en arrière-boutique ce qui correspond à votre… budget…

Lança-t-il avant de s’enfoncer dans sa boutique. Que me réservait-il à présent ?

Planté devant la boutique d’armes, quelques idées malsaines d’emprunt obligatoire – dans le sens où j’empruntai au marchand des armes dans son insu – me traversèrent l’esprit. Je ne pouvais me présenter demain avec des armes de mauvaise qualité. Non seulement j’aurais totalement perdu mes chances d’obtenir le champignon, mais en plus, je pourrais mourir dans le cas où les choses se complexifieraient. Devant ce dilemme, ma première idée malsaine me sembla de plus en plus plausible.

En étais-je donc réduit à ça ? Mais qu’importe. Aujourd’hui, je n’étais nullement Uchiha Rinkyu. Mais Shiro Shinigami, le gueux qui se battait pour sa survie.

Mon corps s’apprêtait encore à procéder aux mouvements qu’une main s’agrippa à mon épaule. Une main légère mais étrangement désagréable par ses griffes. Il s'ensuivit une voix que je reconnus immédiatement. Mon singulier compagnon impertinent à la carrure sans égale. Sans bouger outre mesure, j’écoutai ce qu’il avait à dire. Peut-être avait-il décelé mon intention secrète…

Heureusement il n’en était rien. MAIS ! Tristement, Alastor avait écouté toute la conversion, jusqu’au dédain du vendeur sans nul doute. Il comprit bien vite que j’étais dans le besoin. M’armer convenablement n’était plus seulement indispensable. Ça m’était aussi vital. Le seul hic ? Les armes ne se cueillaient pas sur des arbres. Elles s’achetaient à un prix bien plus élevé que les autres produits du marché.

Normal, ces dernières étaient fabriquées pour tuer. Leur prix rendait donc la chose un peu moins accessible au grand public. Il mentionna finalement le deal : 250 yens cash contre 5 services. Connaissant un peu ce dont j’étais capable, la somme ne valait même pas les services du gueux que j’étais. Et pire encore, celui d’un guerrier aguerrit comme ce que je serais.

S’il voulait me faire une bonne blague, c’était réussi.

Sans lui donner le privilège d’écouter mon ricanement, je l’interrompis net.

- Vous rêvez éveillé jeune homme… si vous pensez que vous pensez pouvoir bénéficier d’un quelconque service avec votre somme. Si vous n’avez rien d’autres à proposer, je vous prie de dégager.

Continuant mon attente du vendeur, sans tenir compte de mon interlocuteur du jour, le marchand revint bien assez vite avec des… armes ? Ces dernières avaient un état exécrable.

Les arbalètes étaient faites d’un bois vieux et léger. Il y avait partout les traces et marques d’humidité, de crasse associée aux cordes grossièrement effilochées. En termes du dégoût, on avait rarement vu des armes aussi proches du summum. Les lames, pointes de flèches étaient rougies de rouille et pour sûre, les circuits mécaniques de l’arme avaient 90% de chances de s’enrayer en plein combat.

En gros, acheter ce matériel était signé mon arrêt de mort.

Serrant les dents derrière mon masque, je fis volte-face au vendeur me retournant cette fois-ci vers Alastor. Sa proposition n’était pas si mauvaise, mais elle devait clairement être revue. Pour sûre, j’avais bien la volonté de tomber sur un accord. C’était ça ou venir cambrioler ce brave marchand dans la nuit.

- Écoutez… Fournissez-moi 300 yens et alors je pourrais vous rendre un service. Mais je vous préviens, je n’irai pas affronter un dirigeant pour sauver votre peau. Croyez-moi… d’ici peu, je serais un des plus puissants de ce monde. Un service de ma part, c’est comme avoir un service d’un demi-dieu.

Voilà, c’était dit. Qu’allait-donc faire le deal maker face à ma proposition qui semblait être on peut plus équitable au vu de la situation.

Le monde était divisé en deux catégories. Ceux qui vivaient par la lame et d’autres qui vivaient par les mots. Chacun armait soit son corps, soit son esprit, afin d’obtenir ce qu’il désirait. Seul Heiwa Jigoku semblait parfaitement maîtriser les deux aspects. Aujourd’hui, Shiro Shinigami ne maîtrisait pas les mots. Par contre, cet Alastor, semblait manipuler les mots comme je le ferais de ma lame assassine.

Gaillard et fièrement positionné, mon visage durcit derrière mon masque détailla celui de mon interlocuteur. S’il avait bien raison sur un point – et sur un seul – c’était la nécessité d’un bon équipement de chasse. Pour mener à bien une mission aussi périlleuse au vu de mes capacités physiques bridées par le temps et le destin, des armes étaient un must.

Sur la base de l’artillerie que m’avait présenté le marchand, j’étais convaincu que j’étais incapable avoir un équipement décent pour la modique somme que j’avais à ma disposition. Bilan de courses, j’étais dans le besoin.

Si jamais l’erreur se relève, nous y trompez pas. Mon entraînement était régulier et sans failles. Pour sure, j’allais retrouver l’ensemble de mes capacités dans un délai à peu près raisonnable. Dans l’état actuel, disposé face à cet élu en plein milieu de la voie marchande, je ne pouvais rien prouver. Ni de mon pouvoir passé, ni de mon pouvoir futur. En un mot : il avait raison.


S’il pensait pouvoir me duper sur la simple base de mon besoin, il avait mal évalué l’homme qui se tenait en face de lui.

- Vous avez l’air bien bavard et pourtant dur de la feuille… Vous n’avez visiblement aucune idée d’à qui vous avez affaire. Je ne vous rendrais pas plus d’un seul service.

Je pouvais le ressentir, il était plus puissant que moi. Essayer de prendre les sous par la force me serait fatalement tombé dessus sur la longue. Il était donc temps que je trouve une solution autre. Bien qu’ayant perdu mes capacités, j’étais encore en mesure de me faufiler dans la nuit pour prendre les biens et armes de l’armurier.

Cela me coûterait bien moins que 140 yens et un service. Si jamais l’éventualité d’un possible vol de ma part ne l’avait pas effleuré l’esprit… il avait encore beaucoup à apprendre.

- Peut-être semblez-vous moins malin que vous ne le pensiez… Si vous pensez que ma seule alternative est de serrer votre misérable main, alors vous ne devez pas connaître ce monde et ses rouages.

Je frappai sa main du dos de la mienne en un signe de refus, avant de jeter un regard intense sur le marchand d’armes. Il était incapable de voir l’expression de mon visage. Cependant, par le biais d’un « je ne sais quoi », il pouvait bien sentir la menace qui pesait désormais sur lui. J’allais revenir. Peut être pas aujourd’hui, mais très bientôt.

Tout avait été dit. Je finis par tourner la face et m’en aller un peu plus loin dans la foule.

Je savais désormais que ce… Alastor me suivait de près pour une raison qui m’échappait. Afin de le garder sous surveillance, je vérifiais mon dos à chaque tournant de rue. Si jamais il continuait de me suivre, je me serais arrêté pour le rencontrer à nouveau et cette fois chercher à connaître la nature de son problème.

Sinon, je me serais contenté de plonger dans l’ombre de la ville et trouver un endroit pour me reposer quelque peu. Plus tard, dans la nuit, j’allais procéder à quelques cambriolages, rassemblant les matériaux de plusieurs vendeurs différents.

Là, pour sûre, j’allais être armé pour combattre. Sans rendre de service à qui que ce soit.

Comme dans l’écrasante majorité des villages et bourgades que comptaient ce monde, Fô disposait d’une grande place centrale, majoritairement commerciale. Cette place enfouissait ses tentacules profonds dans les autres directions du village, pour créer donc un filet de routes qui s’étendait jusqu’à l’extérieur du village.

Cependant, si on y prêtait l’œil, on pouvait également apercevoir entre deux tentacules de ruelles, de petites galeries moins communes. Ces dernières étaient le berceau de l'ombre et de la saleté. S'y perdre - ou y mourir - était assez fréquent quand on n'était pas accoutumé à ce genre d'environnements.

La grande place ainsi que ses tentacules directs étaient toujours un fouillis difforme – et homogène –  de riverains, de marchands, de carrosses commerciaux et de temps à autre, de mercenaires. C’était la piste principale illuminée sous les feux de l’astre noble et farouche aux faisceaux dorés – le soleil.

Les galeries de l’ombre de la mort étaient moins luxueuses. Elles avaient la réputation d’être nauséabondes et surtout… le siège du rapace de la pire espèce de Fô. Le seul fatras qu’on y trouvait était constitué d’ordures, de chats de gouttières, des rats ainsi que des personnes dont le regard vous ferait régurgiter votre petit déjeuner.

Alastor…

Le mécréant à la démarche aussi noble que malsaine… Il était en mesure de me suivre facile dans les voies communes. Sous l’éclairage puissant et tendre de l’astre solaire, il n’y avait pas beaucoup d’obstacles pour lui. Mais une fois que j’abandonnai les tentacules de la grande place, pour me glisser dans les galeries sombres malodorantes, je fis volte-face. Je l’attendais de pied ferme.

Ma posture était droite, forte et stoïque ne laissait transparaître ni colère, ni tranquillité. Par contre, on pouvait percevoir dans l’air la désagréable sensation que la goutte d’eau n’était pas loin de dépasser le vase.

J’attendis de face celui qui me suivait de dos, dans un couloir qui ne permettait aucune autre fourberie. Encore que, il était difficile de qualifier sa filature comme une fourberie. Tant sa grossièreté criarde puait à des kilomètres… Il était bien loin d’être le shinobi parfait en mission d’espionnage.

- Qu’est-ce que vous voulez ?

Annonçais-je dans une voix calme et forte. On pouvait toutefois sentir l’agacement vis-à-vis de cette encombrante situation dont je me serais bien passé. Mon interlocuteur reprit sa présentation comme il en avait l’habitude. Une série d’argumentaires dont l’éloquence faisait peser chaque mot plus lourdement qu’il ne l’était vraiment.

- Vous êtes loin d’être aussi incrédule…

...

si vous vous tenez à si bonne distance…

Un bref coup de bluff ? Essayais-je de me donner plus d’importance que j’en avais réellement ? Rien n’était moins sûr. Le guignol en rouge/noir était plus puissant que moi, pour sûre.

Par contre… si confrontation il devait y avoir, on était dans l’endroit parfait – un couloir fermé – pour mon style de combat. Peu importe ce qu’il allait me délivrer comme performance, j’allais m’assurer de lui donner un coup de poing en plus.

Immuable et silencieux, j’écoutai les paroles et la nouvelle proposition venant à moi. Et quand le spectacle s’acheva, mon regard insistant derrière mon masque alla se planter dans les yeux vitrés de mon interlocuteur. Sans dire un mot pendant un long moment, je prolongeai l’espace d’un instant le malaise.

Il dominait par la parole. Je régnais par le silence.

- Soit…

J’acceptai. Mais compte tenu des conditions qu’il me donnait, j’allais finalement lui en fixer trois. Exactement comme le nombre de ses souhaits. Relevant légèrement le menton, je me réjouis intérieurement de ce qu’il avait compris que j’étais capable de prouver mes dires.

- Premièrement, ces services ont une validité de six mois. Pas une seconde de plus. Deuxièmement, aucun d’entre eux ne m’obligera à agir contre mes intérêts. Si l’enjeu peut mettre ma vie en danger, je ne vous aiderai pas. Et finalement… ils devront vous servir vous et non pas un tiers. Jamais.

Si cela convenait donc au deal maker, on aurait pu dire qu’on avait un deal.

Oui, il avait une parfaite conscience de mes intentions.

Oui, il était possible que dans les opérations, je mette en péril l’ensemble des opérations.

Mais contrairement à lui, ça m’importait peu. Ce n’était que par un lien intéressé que je m’associais à ces bougres armés pour aller à la recherche de ce champignon. Si jamais je n’étais pas en mesure de l’avoir, personne d’autres ne devait l’obtenir.

Comme dans les nombreuses allées ténébreuses de ce petit village, il y avait quelques mouches crasseuses voltigeant de part et d’autres. Et alors même que mon visage fermé couplé à ma mandibule, se manifestait à répétition à la suite de longs et lents resserrements de la mâchoire, le sourire de mon interlocuteur s’étirait sans cesse. Derrière son monocle, brillait dans son regard la lueur malsaine d’un démon.

À mieux s’y pencher, il y avait également dans son regard, une malice profonde qui se murait derrière un sourire aussi innocent que celui d’un savant fou. Sa posture transparaissait une impression continuelle qu’il y avait des choses qu’il savait que le commun des mortels ignorait. Une sorte de suffisance intellectuelle qui se dessinait dans chacune de ses belles paroles et ses bonnes manières.

Une telle arrogance et une telle prétention m’énervaient d’autant plus qu’elle était déguisée sous une forme grossière de politesse. C’était peut-être pour cela que j’éprouvais une certaine répréhension à l’égard de cet espiègle individu.

Tous deux couverts de l’ombre de la ruelle, encadrés d’une part par les piaillements des oiseaux sur les toits ; et d’autre part par les craquellements des rats qui circulaient dans le coin, j’écoutai.

Le confiant deal maker commença par accepter, sans broncher, la totalité de mes conditions. Ça en était même presque trop simple. Il devait certainement cacher quelque chose. Sans l’interrompre, je détaillai mon compagnon de fortune dégageant encore plus de méfiance par ma posture.

Son sourire s’étira encore plus et une main, longue, aussi griffue que la patte du diable lui-même, se tendit dans ma direction.

Un individu normal se serait bien vite retenu de serrer cette main. Surtout au vu du personnage. Mais il n’en était rien de Shiro Shinigami. Aujourd’hui, je voulais mes armes. Et je n’étais plus qu’à une poignée de main de l’avoir.

Laissant mon besoin criard d’armes de qualité prendre le dessus sur l’instinct de survie, je pressai la main de l’homme. Fermement, défiant le bougre d’un retard fort et soutenu.

Le spectacle qui s’ensuivit fut des plus étranges. Dans cet écosystème déjà glauque par sa nature, des ombres murmurant de sombres incantations jaillirent d’une luminosité d’un vert nauséabond. Dans ce spectacle quasi inhumain, Alastor parût pour une fois, sous ce que je pouvais considérer comme sa véritable apparence : un diable humanoïde.

- Marché conclu… Alastor. – glissai-je pour achever.

Finalement, la lumière s’estompa précédant un étrange fourmillement dans mon dos, directement entre mes deux omoplates. Glissant ma tête pour jeter mon œil par-dessus mon épaule, j’analysai la situation pour tenter de comprendre ce qu’il se passait.

Les explications ne tardèrent pas à venir à la suite. Le symbole du pacte qui venait d’être signé était un œil continuel qui veillerait sur chacun d’entre nous. Encore une information qu’il avait omis de me confier. Le misérable s’était bien gardé de mentionner la présence d’un surveillant venu droit des enfers pour veiller sur la bonne tenue du pacte.

- Combien de choses encore me cachez-vous, Alastor ?

Mon visage dessina des traits de colère, qui se manifestaient également dans mon langage corporel qui semblait être un brin plus agressif. Attention par contre ! Je n’allais pas agir sans retenue. Surtout au vu de ce qu’il se passait.

La bourse apparue, je l’arrachai de ses mains, avant de m’avancer à nouveau pour le traverser et gagner l’extérieur. Aucun au revoir. Rien n’était dit. J’avais mon argent. Désormais, j’allais simplement m’armer comme il le fallait.


Le lendemain

Le brun barbu observa quelques instants l’horloge dans la pièce peu éclairée avant de se lever de son banc, satisfait. Il cracha la paille qui s’était calé volontairement entre ses deux dents supérieures. Après s’être parfaitement remis sur pied, il avança d’un pas lourd, mais assuré vers la sortie. Chacun de ses pas s’accompagnaient d’une série discontinue de cliquetis métalliques. L’homme était prêt à batailler.

Arrivé juste en face, l’ivrogne d’hier avait laissé place à un guerrier aguerrit. Il avait à sa disposition, deux épées lourdes croisées dans son dos, ainsi que plusieurs pochettes sur les côtés de son pantalon. Sa main droite était armée d’une longue arbalète sophistiquée et il avait une sacoche qu’il avait laissé pendre sur son flanc droit. Le support de cette sacoche, tranchant en une raie diagonale, son plastron puissant. Au creux de son bras, se démarquait un vieux casque de guerre. L’homme était prêt à mener les opérations.

Il balada son regard dans la cours pour essayer d’identifier l’ensemble des personnes présentent. Et une fois que son iris bleuté s’accrocha sur les premiers, il glissa d’une voix de stentor :


Kamina : Alors… vous êtes tous là ?

Adossé contre le tronc d’un arbre mousseux, j’observai sans un bruit la petite scène qui n’en devenu qu’une lors de l’arrivée de notre atypique collaborateur. Pour moi, les armes étaient préparées. Sous ma forte cape noire, j’avais dans mon dos une corde, ainsi que des lames épaisses croisées. J’avais posé sur le côté du tronc au sol, un bouclier d’acier. Sur ma ceinture en interne, deux puissantes arbalètes avec des recharges accrochées à une pochette arrière. Et finalement, mon katana faisant tâche dans le décor, accroché à ma hanche droite.

Je n’avais pas besoin de répondre. Tout était clair ! Même si, les seuls éléments visibles étaient mon bouclier lourd ainsi que mon katana qui débordait légèrement hors de mon voile. À la question d’Alastor, je ne répliquai que par un long silence. S’il pensait qu’on était devenu amis, il se mettait bien le doigt dans l’œil. En plus que, sa réponse de la veille me forçait à me méfier encore plus du bonhomme…

Kamina : Bon bah si tout le monde est là… Mettons-nous en route. Sur le chemin, chacun me donnera sa spécialité afin qu’on puisse définir la bonne formation à adopter à l’intérieur.

Le brun barbu ouvrit la marche, suivit par après de Kenrö dont le regard demeurait toujours aussi sévère. Par la suite, je me mis en marche, laissant finalement Kanda en arrière avec Alastor. Nous nous enfonçâmes finalement dans les bois, traversant par endroits des briques de bois qui étaient entreposés grossièrement sur le chemin.

L’atmosphère était plutôt calme et tendue, en dépit du sourire continuellement présent du géant rouge-noir du voyage. À quelques minutes de marche, Kamina commença :

Kamina : Personnellement, je suis un bon guerrier. Je dispose du pouvoir de « la garde » grâce auquel je peux créer une épaisse surface magique qui protège des offensives ennemies et peut être utilisé comme attaque. Malheureusement, je ne peux l’utiliser que deux fois. C’est pour ça que je cumule cette réserve avec une bonne maîtrise combative rapprochée. Je vais donc ouvrir la marche à chaque fois.

Comme alarmé d’un ennemi fictif, il cessa immédiatement sa marche, évitant de justesse une marre de boue mêlée au purin. Se retournant pour faire face à la bande à quatre qui le suivait dans le dos, il nous fixait intensément un à un avant d’étirer son visage dans un signe de questionnement. Comme s’il attendait qu’on suive son exemple.

Kenrö fut quelque peu gêné au début, mais après s’être raclé convenablement la gorge, il reprit à son tour :

Kenrö : Mon épée est forgée à partir des phalanges sanglantes de l’orgre Berserker. Il a été oint dans le sang des chevaucheuses et forgé dans les entrailles des Kazanns volcaniques. C’est Bazär ! Elle dispose de la capacité de pourfendre la magie et d’annihiler la vie. J’ai forgé mon corps et mon sang afin d’être compatible avec cette arme. Aujourd’hui, elle peut servir à combattre n’importe quel monstre. En plus de cela, je suis un incroyable guerrier. Plus puissant à la charge et invincible dans les mêlées. Je n’ai pas d’égal en termes de puissance sur les terres sudiennes de la forêt des champignons.

Un puissant chargeur il fallait retenir. Il ne restait donc plus qu’à savoir quelles étaient les capacités de Shiro, Alastor et finalement Kanda. Sans attendre, comprenant que j'etais désormais le suivant, je commençai :

- Parlons-en en faisant route vers la grotte.

Marquant un instant de silence, je repris la marche, sans attendre qu’ils me suivent avant de dire :

- Je n’ai aucune capacité particulière. Par contre, je suis incroyablement flexible. Mon style combatif est furtif. Plus adéquat pour les luttes contre les humains plutôt que les bêtes. Néanmoins, pour l’occasion je peux davantage aider en tant dans le soutien ou dans les confrontations à mi-distance. Sans plus.

Il ne restait plus que deux. Mais pour sûre, au terme de leur explications, on aurait facilement pu trouver la meilleure formation à adopter et enfin, nous serions arrivés devant la grotte.

Kanda le soigneur et Alastor capable d’utiliser des moyens pour surprendre et donner un avantage certain au monstre. Pour sure, l’espiègle cachait encore quelque chose. Mais je n’allais plus m’encombrer à chercher à deviner ce qu’il mijotait sous le masque de son sourire.

Face à la stratégie mise en place, tout semblait me correspondre. Je pouvais parfaitement rester dans mon rôle de cavalier. Prêt à frapper quand le besoin se ferait sentir, entre les tranchées. Ma puissance était faible, et ma rapidité moindre. Cependant, avec une bonne approche, je pouvais faire des choses incroyables.

La question de la proximité à la grotte s’éleva et finalement, Kamina répondit avec un visage plus dur :

Kamina : nous y serons dans dix minutes, tout au plus.

La marche reprit son cours normalement, comme si de rien n’était et en peu de temps, sans grand discours sur le chemin, nous y étions.

La bouche du rocher était immense. Comparable à la gueule d’un titan. Il fallait bien dire que la grotte n’avait rien de timide. Cependant, il y avait autour de l’entrée des arbres nombreux. Ces derniers tatouèrent les roches de la bouche d’entrée de leur mousse épaisse et envahissante. Et à la sonorité paisible des écureuils et les couinements des oiseaux de la forêt, on semblait davantage être face à une grotte aux mille merveilles ; plutôt que l’antre de la terreur et de la mort.

Kamina : que chacun prenne une tige épaisse de bois ! Nous en aurons besoin pour l’éclairage à l’intérieur…

Sur ces mots, tout le monde se mit en mouvement, exception faite des personnes qui y étaient déjà préparées : Comme c'était le cas pour moi.

Le cérémonial achevé, il était temps d’entrer en formation. Kamina se tint puissamment devant la porte et commença :

Kamina : La grotte n’est qu’un long tunnel qui dispose d’un seul croisement à près de 800m de profondeur. Un croisement qui conduit sur trois possibles galeries. La voie qui s’allonge sur les premiers 800 m est remplie de petites bêtes mineures qui se battent facilement à la mêlée. Il y a quelque part un gros fossé qui devrait être traversé essentiellement par un bon grand saut. Mais une fois traversé, on arrive au croisement et c’est là où ça se complique.

Son regard était à présent un peu plus dur, comme pour préparer une annonce plus complexe…

Kamina : Le croisement mène à trois galeries. Et une seule d’entre elles détient le monstre. Si on se plante ici, et qu’on choisit la mauvaise galerie, le monstre pourrait nous attaquer dans le dos et briser notre formation. Ça sera donc une question de vie ou de…-

Sa phrase ne s’achevait même pas qu’un gigantesque tentacule à l’épaisseur aussi grande qu’une tête humaine, fusa de l’ombre de la grotte pour s’agripper autour de la taille du leader. La scène fut extrêmement rapide, et finalement, la bête tira Kamina dans son ombre, sous la stupéfaction du plus grand nombre.

Kamina : Par les cieux !!!

Il planta immédiatement son épée dans le sol, pour freiner la traction puissante, mais il n’allait pas tenir longtemps. Le combat commençait peut-être plus tôt que prévu. Il fallait réagir et vite !


{Choose Your Destiny}

Choose Your Destiny:

La lame lourde et épaisse de Kenrö s’abattit brutalement sur le tentacule offensif, tranchant net la tentative d’enlèvement. La lame alla puissamment heurter la pierre dans un retentissement métallique et grinçant. Le visage empreint d’une violence criarde, Kenrö observait encore le bout blessé de tentacule rentrer dans l’ombre de la grotte.

Au même moment, j’extirpai Kamina du cœur du piège, laissant alors Kanda soigner les blessures générées sur les côtes de la victime. Aucun doute, cet endroit aux airs de paradis était la porte de l’enfer, dissimulée sous les belles couleurs de la nature.

Finalement, il y a eu une altercation entre Alastor – encore ce misérable – et Kenrö. Kamina intervint rapidement et nous pûmes reprendre le chemin pour s’introduire dans la grotte et enfin, démarrer la mission.

La formation était maintenue. Kamina était bien en tête, suivit de Kenrö pour toute attaque au corps. De mon côté, j’étais quelque part au milieu, suivit de Kanda et finalement d’Alastor, qui fermait la file.

Les torches éclairaient jusqu’à une certaine zone autour de nous, laissant la majorité de la grotte dans l’obscurité la plus totale. Dans ce spectacle macabre, le regard démoniaque de cet Alastor, se faisait plus oppressant que jamais.

Par la chance la plus élevée, on pouvait entendre un combat rude entre une bête dont un tentacule était tranché et plusieurs autres bestioles. Les cognements, les roulements et les sonorités agaçantes de succion.

Notre traversée des huit cents premiers mètres se fit dans la discrétion, sans véritables problèmes. On discutait par les gestes, suivant des sillons tracés en avance dans la forme d’un chemin. Incapable d’utiliser mon Sharingan, je ne pouvais que me déplacer sans vraiment savoir ce qui m’entourait.

Soudainement, Kamina leva la main en un poing serré, comme pour faire cesser notre marche. La file indienne s’arrêta immédiatement pour se changer en un groupe aussi plat qu’une crêpe.

Le chef de la mission froissa son pantalon dans un accroupissement avant de pointer le sol de sa torche. Nous pûmes alors admirer, jusqu’aux demi-mètres de profondeur, l’intrépidité de la crevasse qui se trouvait en face de nous.

Le regard lourd du guerrier blond alla détailler le visage du groupe de quatre qui était derrière lui.

Kamina : Nous y sommes. Il nous faut sauter pour arriver de l’autre côté.

Il ramassa un caillou à ses pieds et le jeta dans le fossé. Après que ce dernier ait retentit à trois reprises contre les parois en dessous, il fallut attendre quelques minutes pour entendre l’écho progressif du choc d’atterrissage final.

En somme… Une simple erreur aurait été fatale.

Kamina : Nous y voilà… Il s’agit du gouffre. Nous allons devoir sauter un à un. Aucune idée de la distance qui nous sépare du point d’atterrissage. Comme vous l’aurez remarqué, nos torches n’arrivent pas à illuminer jusque-là.

Soudainement, je m’avançai pour me dresser fièrement sur le rebord avant de pointer l’arbalète droit dans le vide. L’arme était grande, mais aussi fine. Elle portait en son sein un carreau spécial. Lui-même étant fermement unifié à une corde épaisse.

Appuyant sur la détente, une flèche fusa de l’arbalète, tirant avec elle une corde qui devait normalement aller s’accrocher au lointain.

Je répétai l’opération pour avoir une deuxième corde avant de tirer fermement ces dernières pour les attacher à des piliers de pierre qui étaient de notre côté.

- Ainsi au moins, on sera certain qu’on pourrait arriver de l’autre côté.

Kamina serra son visage dans une expression méfiante avant de dire :

Kamina : En effet, ça réduit nos risques de chute… Mais ça ne les annule pas non plus. Bon, allez tout le monde saute un à un… Je m’avance…

Sans tenir compte de la corde, le titan recula de quelques pas avant de marteler le sol de ses pas puissants. Un élan qui atteint son summum au moment où il se propulsa dans les airs, aussi loin que ses jambes étaient capables de le porter. Finalement, après quelques secondes de vol, il atterrit accroupi avant de rouler agressivement sur le sol et amortir sa chute en une position accroupie.

Il se dressa alors vivant, avant d’illuminer les bordures de son côté. C’était un bien maigre indice, mais le seul moyen d’aller plus loin.

Kamina cria alors dans le lointain, balayant les cieux de gauche à droite avec sa torche.

Kamina : Allez-y ! Au suivant.

Un jeu de hasard bien risqué. Mais au moins, on avait des chances de réussite plus développées qu’il y avait encore peu.



{Choose Your Destiny}

Choose Your Destiny:

Mon assistance avait démontré plus qu’à raison, son évidente utilité. Les membres de notre petit groupe s’agrippèrent à la liane pour rejoindre l’autre côté de la falaise de pierres. Une réussite qui a été naturellement, bien vue par les personnes qui étaient dans le coin. Il ne faisait aucun doute alors, que contrairement à un certain démon, ma côte était en constante évolution. Ce qui pourrait s’avérer utile pour la suite des évènements en cas de situation critique.

Après quelques marches, nous arrivâmes finalement au cœur de la salle du monstre. Nous avions trouvé la voie parfaite et maintenant, par le grognement qui résonnait partout, on savait qu’il était temps de se battre.

Les deux guerriers en avant avaient déjà les armes dégainées et le dos voûté. Prêt à faire tinter leurs glaives. Pendant ce temps, mon masque détaillait la scène. Je n’arrivais pas à identifier la cible. Mon Sharingan n’était pas encore activé. Pff…

Dégainant mon katana et m’armant de mes multiples kunais et parchemins explosifs, je m’accroupis légèrement, préparé à réagir à la moindre occasion.

Kanda avait sorti son livre, prêt au combat. Il était évident que la confrontation était extrêmement proche. C’est là que… Contre toute attente… des voix se mirent à résonner dans la vaste pièce rocailleuse. La particularité de ces voix… était que c’était les nôtres !

Kenrö pesta sa rage vers Kamina :

Kenrö : Qu’est-ce que ça veut dire, Kamina ???!!!!

Kamina : J’en sais rien…

Il tira ses narines dans une expression de dégoût, avant de pianoter le manche de son épée dans une ferme étreinte. C’était la confusion la plus totale. Une sorte d’annonce macabre d’un spectacle sanglant.

C’est alors que, le bruit de la bête se fit entendre soudainement dans toute la pièce. Elle se faisait plus précise, comme si…. Comme si elle se déplaçait ! Le monstre entrait en mouvement.

Kenrö : Elle approche…. Dans… la mauvaise direction ?

Soudainement, je lançai un kunai explosif dans la direction qui semblait être à proximité de la bête. Et une explosion soudaine présenta alors… pour la première fois… le monstre géant de la grotte. L’inhumain qui fit trembler immédiatement les jambes de notre mage, contraignant ce dernier à se poser sur ses fesses, saisit par la peur.

Le monstre dominait… écrasait et intimidait… son cri puissant était assourdissant et faisait trembler les pierres et rochers. Le monstre était là… Tous les regards étant accrochés à son apparition

- Je vois…

Kamina : Je vous présente…. La bête !!!!


Kamina : En avant combattants ! Nous avons l’avantage de la surprise !

Kamina se jeta en premier dans un grand bond, décollant à plusieurs mètres du sol. Les crocs acérés, le fil de la lame braquée au-dessus de sa tête, il envoya la première attaque pour perforer la joue de l’ennemi.

Comme dansant sur la même musique, Kenrö lui-même glissa sur une pente légère au sol, avant de fuser également entre les stalagmites, les pieds écrasant lourdement la terre dans la direction de l’ennemi.

Dans un puissant cri guerrier assourdissant, il se débarrassa en un balayage des bras, d’une des pattes de la bête, tentant à présent d’en attaquer la suivante. Les gestes se suivaient en même temps.

En retrait, j’observais, me demandant quel aurait été le bon moment pour intervenir. La bête était puissante. Un mauvais coup et j’étais sûr de mourir. Froissant la mâchoire derrière mon masque, mes tempes pompaient le sang alors que je me mis à courir autour de la bête pour lui envoyer plusieurs flèches enflammées, gardant toujours à proximité mon bouclier pour me protéger du plus grand mal.
J’évitai de m’approcher plus que nécessaire.

La bataille commençait et s’annonçait critique.


{Choose Your Destiny}

Choose Your Destiny:

Notre combat s’était soldé par une victoire. Et il fallait le reconnaître, Alastor avait joué un rôle important. Kenrö se releva péniblement de la roche dans laquelle il était encastré, mais en peu de temps, on était tous devant le corps sans vie de la bête, une seule torche en main, pour éclairer convenablement la carcasse de la bête.

Alastor avait raison, nous avions finalement obtenu le trésor. Mais Kamina devait déjà faire un discours bien senti :

Kamina : Je vous remercie, Kenrö, Rinkyu, je vous remercie tous. Grâce à vos efforts, non seulement avons-nous survécu, mais nous avons triomphés. Il est maintenant temps pour nous de prendre ce précieux champignon.

Tirant un couteau de sa ceinture arrière, Kamina bondit sur le corps sans vie de la bête, s’accroupit pour arriver à la hauteur du butin et trancha net la base pour avoir finalement l’objet de tant de sacrifices et d’efforts.

Kamina : Nous y Voilà ! Le champignon magique !

Ça sonnait un peu idiot quand on le disait, mais il ne pouvait l’appeler autrement. Il était temps de prendre le large. Et là… dans un roulement de pierre suivi d’un bref effondrement, la grotte de pierre fut percée par des rayons lumineux lointains. C’était une sortie qui venait de se dessiner à nous. Le butin toujours en main, finalement tout le monde marcha pour rejoindre la sortie.

Kenrö : Alastor… On vous attendait au front… Vous ne vous ennuyiez pas trop au fond à vous tourner les pouces ? J’y crois pas… Même ce connard de Kanda a été plus utile. Heureusement qu’on peut compter sur toi pour déstabiliser l’ennemi avec ton sourire et tes bonnes manières… ha ha ha !

La bande se lança dans un éclat de rire agaçant suite à quoi, Kanda tenta d’agripper le démon par l’épaule comme on le ferait d’un vieil ami :

Kanda : Alors… Tu veux que je t’apprenne ma magie ? Ça pourrait t’être utile à l’avenir.

Kamina jeta un œil par-dessus son épaule avant de lancer :

Kamina : On approche de la sortie.

Finalement, nous arrivâmes à la sortie, et aux premières lueurs du soleil, quelque chose arriva. D’un coup, le champignon fondit comme une glace au soleil. Les rayons solaires semblaient détruire son existence, son essence et sa magie. On comprenait alors rapidement pourquoi le monstre restait toujours dans l’ombre.

La main de Kamina brûla intensément, l’obligeant à lâcher le butin sur le sol, observant alors impuissant ce dernier se dissiper en une sorte de pourriture infecte et répugnante.

Les efforts… étaient soudainement, devenus bien inutiles. Le visage de Kamina s’empourpra rapidement.

Kamina : Noon…

Tombant sur ses genoux et observant le sol sous ses pieds, il serra vigoureusement sa mâchoire sous la colère, laissant finalement cette dernière s’évacuer en un puissant coup de poing sur le sol.

Kamina : Merde !!!

Ni une ni deux, Kenrö envoyait son pied s’encastrer puissamment dans la mâchoire du chef de groupe, qui roula dans la poussière quelques mètres plus loin. Sur le visage du guerrier assaillant, on pouvait y lire une colère noire, meurtrière :

Kenrö : KAMINA !!! TU T’ES FOUTU DE MOI ??!!!

Le mage blond tenta de s’interposer entre les deux en ouvrant les bras entre Kenrö et Kamina :

Kanda : Arrêtes… Tu vois bien qu’il n’y était pour rien.

Kenrö : dégage de mon chemin petit…

Kanda : On peut-

Il n’avait pas fini sa phrase que sa tête fut propulsé à quelques mètres de là, dans l’herbe désormais sanglante. Le corps sans vie de Kanda s’affala sur le sol.

Kenrö : Je t’ai dit de dégager de mon chemin.

Voyant la tendance des choses… Il devenait clair qu’on n’aurait rien pu tirer de cette situation.

J’adressai un dernier regard à Alastor, avant de m’en aller de mon côté, laissant le trio à ses activités.

Kamina se releva légèrement, une lueur assassine perlant dans son regard. Sa barbe était maculée de sang et ses tempes veineuses matérialisaient son ressentiment vis-à-vis de cette situation.

Kamina : On s’est tous fait avoir Kenrö… Tu viens de tuer un des nôtres.

Kenrö : La ferme ! Soit tu me donnes l’équivalent en yens de mes services de mercenaire, soit je t’abats sur le champ et revends tes objets.

Qu’allait faire Alastor ? Un nouveau deal en vue ?