Un docteur pas comme les autre - Ft Morgan

- Êtes-vous seulement certain de ce que vous affirmez ?

- Aussi sûre que je m’appelle toki.

Suite à ces simples phrases, je plongeai une main dans le fond de ma poche avant de reverser les piécettes dans les mains de mon interlocuteur. Le jeune homme trapu au visage large, s’en alla agrippant sa ceinture fièrement. Le pas gaillard, il s’extirpa du couloir sombre dans lequel on était dissimulé.

Mon visage était toujours recouvert de mon masque. Et mon masque recouvert de ma cape. Je me contentai d’observer, l’œil mi-clos, Toki s’en aller dans la lumière de la vie ordinaire avant de se fondre dans la masse qui circulait dans les ruelles du village.

J’étais assis sur une caisse, une jambe repliée et l’autre étalée sur le sol. Comme un roi installé sur un trône à deux sous. Une fois encore, Toki s’était rendu utile. Il me coûtait cher, mais ses informations me faisaient gagner un temps important.

Cette fois, l’information était aussi ronde que son porteur : il avait trouvé les artéfacts. Il savait où ils étaient, qui les utilisait et pourquoi.

Il y a 1000 ans, les artéfacts étaient les vestiges des dieux. Des armes et messages disséminés dans le monde qui pouvaient permettre de dominer les dieux eux-mêmes. Entrer en possession de ces artéfacts, s’ils existaient à cette époque, devait être une priorité ultime.

D’un coup, je me levai. Mes jambes rejoignirent la terre ferme et ma main gantée alla saisir mon katana appuyé sur le mur. Ce n’est qu’une fois équipé comme il fallait, que j’entrepris de sortir de là, par un autre chemin. La destination avait déjà été désignée : Shûto Tokai. La cible était connue : Dr kô.


- Ah… Dr Kô ?! Le génie du futur ? Vous le trouverez dans son établissement comme d’habitude. Allez simplement tout droit sur 200 m et demandez la clinique mécanique. Vous l’aurez.

- Merci

- C’est normal m’sieur. Bonne chance pour votre opération.

Le bougre pensait que j’avais été défiguré et que je cherchais un moyen de recouvrer ma dignité avec un visage décent. Il n’en était rien. Tout ce que je voulais, c’était lui faire vomir toutes les informations qu’il avait sur ce fameux Dr Kô. Heureusement, je n’ai pas eu besoin de beaucoup d’efforts pour arriver à mes fins.

Il semblerait qu’en plus de disposer des artéfacts, le génie du futur les utilisait pour animer des objets technologiques et pratiquait la médecine. À en juger par la réaction de la personne que je venais d’interroger, le Docteur avait bonne réputation et son travail n’avait que des commentaires positifs.

Mais à un moment donné, il m’a dit quelque chose qui m’a inquiété


- Vous savez, le succès a son versant. La célébrité du Docteur l’a mis en avant de la majorité des autres qui exercent dans le métier. Il y a beaucoup qui envient son succès et d’autres même qui ne font que médire sur ses actions.


Ce genre de détails ne m’intéressait jamais. Mais sans véritablement comprendre pourquoi, j’avais un mauvais pressentiment.

Suivant les indications du jeune homme, il ne fallut pas longtemps pour que je me retrouve devant la demeure du docteur Kô. Une sorte de cabane d’habitation, rien de plus normal. Immédiatement après mon arrivée, un détail attira mon attention : le poignet était ouvert.

- Hum ?

Sans dire un mot, je montai les escaliers les unes après les autres jusqu’à ce que j’entre dans la salle. Et ce que je trouvai, me perturba hautement. Sans doute, cela vous perturbera également…

- Qu’est-ce que ?

Jet de dé - Choose your Destiny:

Tout était totalement chamboulé. La pièce était sens dessus dessous. Un coup d’œil rapide suffit pour me faire comprendre qu’il y avait eu combat dans cette salle et que, malheureusement, le ou les ravisseurs avaient remporté la longue bataille.

Du creux de mon masque, je décelai des choses étranges. Des boulons, des schémas mécaniques accrochés ci et là entre quelques livres mal rangés sur les étagères. Mais un autre élément semblait briller trop fort dans un lieu aussi sombre. Il faisait autant tâche dans le décor que le ferait un mouton noir dans un troupeau.

Sous une cage de verre hermétique, une sorte de métal quasi-futuriste était disposé sur un petit coussin. Peut-être provenait-il de Shintân, l’ancienne cité volante. Si c’était vraiment de là qu’il venait, alors il y avait des chances que Shutô Tokai entretienne des rapports fraternels avec l’ancienne cité volante. Ou, seconde hypothèse, le médecin était le seul à avoir sorti ce trésor de la cité et à travailler dessus. Aurait-il un espoir pour les élus aux pouvoirs qui dépassaient le temps de ce monde ?

Lâchant le trésor du regard, mon regard alla s’accrocher cette fois sur ce qui semblait être le bureau du médecin. Je n’avais aucune intention de trainer dans les parages. La seule chose dont j’avais besoin, c’était les artéfacts.

Donnant totalement le dos à la porte pour m’approcher du bureau, j’ai été victime d’une attaque surprise. Dans mon dos, un balayage me fit perdre mon équilibre et en moins de deux, j’étais plaqué contre le sol, le bras relevé dans le dos pour m’empêcher de bouger.

Mais sans un seul gémissement de douleur, sans même diriger mon regard vers mon soudain ennemi, je restai immobile. Il fallait déjà savoir s’il était seul ou nombreux. Pour sure, Dr Kô avait été victime d’un coup. Si les auteurs de cette attaque n’avaient pas trouvé ce qu’ils voulaient – les artéfacts – il n’était que normal de revenir pour ces trésors inestimables. Je devais donc avoir affaire à eux.

Quand il – ou plutôt elle – commença à s’exprimer, je compris qu’il n’en était rien. Elle semblait être seule. Aucune autre voix n’était présente. De même, comme moi, mon ennemi semblait être en quête de réponses. Voilà donc des informations utiles. Il n’était donc plus nécessaire que je reste sous son emprise.

Coup de chance ou bien défaillance volontaire, mon agresseur semblait ne pas communiquer autant de force qu’il le croyait. C’était suffisant pour que j’agisse.

En réponse à sa question, je gardai le silence quelques instants. Une dizaine de secondes plus tard, la discussion prit un tournant totalement différent de ce qu’aurait pu imaginer mon interlocutrice.

- Pour quelqu’un qui n’aime pas perdre son temps… Vous devriez prendre le temps de faire les choses convenablement…. FEMME !

Mon intonation changea sur la fin, se montrant plus agressif. D’un soudain, ma main abandonna mon gant laissant à la jeune guerrière un bout de cuir sans contenance. Libre ! Je frappai violemment le sol de mes deux mains – provoquant ainsi un bruit puissant de choc – afin de me propulser sur le toit en une fraction de seconde. Dans mon ascension, je dégageai tout ce qui aurait pu gêner pour arriver au sommet.

C’était du moins, l’illusion que je voulais créer. Parce qu’en suivant ma silhouette sombre du regard, on se rendrait compte à la fin du mouvement qu’il ne s’agissait que de ma cape noire portée par le fourreau de mon katana, tous deux vides, les éléments retombaient sans personne en son sein.

Non, je n’avais pas disparu. Je m’étais juste déplacé rapidement dans le dos de mon ennemi. À bonne distance, j’avais mon katana pointé sur sa nuque. Un mouvement trop brusque dans ma direction et je l’aurais sectionné le tendon du con d’un geste.

- Il est plus poli de discuter quand les deux interlocuteurs sont debouts, ne pensez-vous pas ?

Relevant légèrement le menton de fierté, je savourai cette victoire. De son côté, la guerrière pouvait alors contempler les 1m80 enveloppés dans un vêtement noir à longue manches ; ainsi que d’un pantalon auquel était accroché des plaques métalliques de protection autour. Si main sur deux disposait d’un gant en cuir, mon katana lui était parfait. Son tranchant reflétait les légers faisceaux lumineux qui parvenaient par la seule fenêtre de la pièce.

- Je suis Shiro.

Un prénom sans noms. Un individu sans visages. Mais visiblement un guerrier aguerrit assez calme pour réaliser des feintes. Et dangereux pour passer dans son dos avec une belle diversion. L’expérience pouvait se faire ressentir. Continuer le combat ne m’intéressait pas. Mais si elle souhaitait, j’allais m’adonner à cœur joie.

- Je suis arrivé comme vous dans ces lieux il y a peu. J’étais à la recherche de la même chose que vous visiblement. Mais j’ai trouvé l’endroit dans cet état pitoyable – sans aucun Kô à l’horizon.

Baissant mon arme, sans baisser ma garde, je continuai

- Il est certain que quelque chose se trame… Je vous conseillerai, jeune femme, de rester en dehors de ça. Je vais me charger de le retrouver et il me permettra d’atteindre mes objectifs. Pour le reste, allez voir ailleurs.

Fin de la discussion. Rangeant mon épée dans mon fourreau, je repris ma marche lente et assurée vers le bureau du disparu, ignorant presque mon interlocutrice. Tout avait été dit. J’allais moi-même creuser davantage. Si elle voulait m’y aider, grand bien lui fasse. Mais je n’allais pas demander son aide. Elle devait prouver son utilité maintenant.

Arrivant sur son bureau, je vis une note intéressante. Une sorte de lettre. Elle n’était pas achevée.

Une femme oui, mais certainement pas humaine. Son corps était organisé de façon bien trop étrange pour qu’elle puisse être une personne comme les autres. C’était ce que laissait transparaître son bras gauche du moins. Mais peu importe à quel point elle se pensait spéciale, le fait était qu’elle n’avait pas pu m’immobiliser avec un avantage certain :la surprise.

Et maintenant, elle devait faire ses preuves pour remonter dans mon estime. Une fois que je me présentai, elle s’exclama bien vite, annonçant non pas son nom mais la raison de sa présence. Il semblerait que Kô ait la capacité de la sauver de son mal. Maintenant que j’y pensais, avec les artefacts, il était possible de réaliser des choses quasiment impossibles pour le commun des mortels.

S’il utilisait bien des artefacts, il ne devait pas être impossible pour lui de la guérir de son mal.

Quand je lui annonçai d’aller voir ailleurs, elle rétorqua immédiatement mentionnant qu’on allait devoir travailler ensemble. Elle avait déjà entrepris de prendre entre mes mains la seule pièce que j’avais pour retrouver la piste de Kô : la lettre

La Lettre:

– En effet, pour une boîte de conserve féminine, vous avez une bouche bien grande et un sens accru de l’insolence. J’espère au moins que vous valez plus que ça.

Elle scruta la lettre continuellement suite à quoi j’allai reprendre mes cape et fourreau. Pendant que je bouclais ma cape et mes équipements, j’écoutai les hypothèses de la combattante. Elle ne semblait pas être si inutile que ça. Toutefois, je n’étais pas totalement en accord avec son hypothèse.

- Si effectivement le métal en question était la découverte dont il parlait… les ravisseurs ne l’auraient pas laissé là. Il s’agit d’autre chose. D’encore plus puissant et plus extraordinaire. Ils ont pris la peine de fouiller et de tout chambouler… Ils ne l’ont pas. N’empêche que vous avez raison sur un point. Cette fameuse Lin doit avoir des informations sur ce qui se trame. Pire même, il se pourrait que les ravisseurs soient déjà à ses trousses.

Quant à la question de faire équipe avec elle, j’avais déjà mes idées bien fixées.

- Faire équipe avec vous ? Tant que Kô est retrouvé, ça serait parfait. Mais pour le reste…

Je rabattis finalement le tissu-capuche sur mon masque pour me remettre à mon état initial, prêt à prendre le chemin.

- Ne pensez pas une seule seconde que nous sommes alliés. Trouvons Kô et par la suite, séparons-nous !

Une belle amitié qui commençait là n’est-ce pas ? Mais au moins, nous savions où nous devions aller : la taverne.


Après quelques échanges, nous prîmes la route. Vêtu de couleurs sombres de la tête aux pieds, j’arrivais à passer facilement inaperçu dans la masse. De même, ma partenaire du jour avait une apparence et une silhouette qui empêchaient d’attirer l’attention. C’était donc la parfaite équipe de reconnaissance à la recherche d’un scientifique fou. En quelques minutes de marche, nous arrivâmes.

Morgan : C’est ici

- Bien. Je reste en retrait, me contentant d’observer. Je n’interviendrai que si ça s’avère nécessaire.

Morgan : ben voyons, un coup faut que j'aille voir ailleurs, et la fois d'après c'est à moi d'faire tout l'boulot…

Ensemble, nous entrons dans la taverne. Furtivement, je suis la jeune femme sans dire un mot. Mon visage légèrement incliné vers le sol empêchait toute personne aux alentours de voir mon visage. En moins de quelques secondes, nous étions devant le tavernier, il était temps de passer aux choses sérieuses. Le tavernier reconnût facilement le visage amical de la guerrière mi-homme mi-arme. Un élément qui allait faciliter les choses.

Tavernier : Ha ! On s’est vus ce matin hein… ?

Morgan :Oui, encore moi. Dites-moi, vous ne sauriez pas où je pourrais trouver une certaine Lin par hasard ? Apparemment elle serait avec Kô.

Comme toujours, le tavernier lui faisait confiance. Et il était même prêt à répondre. Du moins, jusqu’à ce qu’une perle de sueur se dessina sur son front. À cet instant, il douta. Sa pupille venait à peine de s’accrocher à ma cape sombre. En somme, dès qu’il me vit, la langue se noua et il commença à se méfier.

Donner un renseignement pour un médecin public, ça passait. Mais il savait qu’il risquait d’entrer dans des soucis s’il révélait les informations sur Lin. Surtout que, je n’inspirais clairement pas confiance. Résolu à sauver sa peau, il roula les yeux vers le haut en esquissant un sourire hébété.

Tavernier : Lin… Lin… Lin…. Désolé mais… ça ne me dit rien du tout. Elle était avec Kô vous dites ?

Morgan et moi-même le savions. Le Tavernier cachait quelque chose. Mais comme convenu, je n’allais pas intervenir.

Morgan:J'ai vraiment l'air de quelqu'un que vous pouvez vous permettre de prendre pour une conne ?

Tavernier : Je… Je ne vois pas de quoi vous parlez mam’zelle…

Morgan : D’accord… C’est bon, j’ai pigé. Envoya-t-elle dépité.

Glissant un œil discret autour, la guerrière mécanique s’empressa de prendre son interlocuteur par le col pour le soulever quelques instants.

Tavernier: Mais qu’est-ce que ?!!

Elle tira le gusse loin des regards avant de le plaquer puissamment contre le mur.

Morgan  :Maintenant ça suffit, j'suis vraiment pas d'bon poil aujourd’hui alors c'est pas l'moment de m'emmerder avec ce genre de conneries. Maintenant tu vas me dire c'que j'veux savoir, sinon j'te garantis que tu n'vas pas apprécier de découvrir mon vrai visage. Alors ?

En sueur et totalement stressé, le gars ne pût s’empêcher de parler.

Tavernier :ok, ok, ne me faites pas d’mal je vous prie. Lin, c’est la femme du médecin. Elle habite juste à deux pattés d’ici. Vous ne pouvez pas la manquer. C’est la blonde dans la maison à la porte rouge.

Finalement, il vida son sac. Et à en juger par la finesse dont la jeune femme avait fait preuve, ce n’était pas la première fois qu’elle était confrontée à ce genre de situation. S’agissait-elle d’une élue ? Si oui, quelle était sa faction ?

Quoi qu’il en soit, nous n’avions plus rien à faire ici. Nouvelle direction, la demeure à la porte rouge. Certainement, nous aurions réponse à tout ce mystère.

Jusqu’ici, la femme machine semblait assez efficace pour mener les opérations sans avoir besoin de mon aide. Son indicateur lui avait tout avoué, même si, ce dernier n’était pas tout à fait d’accord avec la méthode.

L’information à disposition, je suivis sans dire un mot les indications du tavernier. En quelques minutes seulement, nous arrivâmes chez la femme.

Dès le pas de la porte, ma partenaire du jour commença avec des affirmations fortes. Elle ne fut pas difficile à nous donner l’accès à sa demeure. La conversation se poursuivit sans encombre et moi, adossé sur une poutre en retrait, j’écoutai la boite de conserve se donner à cœur joie dans son interrogatoire.

Les bras croisés et les yeux fermés sous le masque, je me contentai de percevoir calmement ce qui se passait par l’écoute.

Visiblement, Lin ignorait qui aurait pu être les ennemis de Kô. Et quand elle mentionna la formule, je me demandais s’il y avait encore un rapport avec les artefacts que je recherchais. Si effectivement ce qu’elle disait était vrai, il n’y avait rien de bien extraordinaire dans cette affaire. Donc tout ce qu’on avait fait jusqu’ici n’avait servi à rien ?

Avant de désister immédiatement par manque d’intérêt, il fallait que j’en aie le cœur net.

- Impossible ! Les coupais-je soudainement.

Décroisant les bras pour me redresser de toute ma taille, je scrutai de mon œil azuré les traits de visage de l’épouse du docteur. Ça ne pouvait pas s’arrêter là. Il devait y avoir autre chose.

- À en croire ce que vous dites, tout ce que vous pouvez faire c’est animer des objets pour quelques secondes seulement ? Pensez-vous vraiment qu’on puisse lui faire du mal pour quelques secondes d’animation ? La situation est critique et vous trouvez encore judicieux de nous dissimuler des choses… Vous finirez par le faire tuer si vous persistez dans cette voie.

La femme m’observa quelques secondes la bouche entre-ouverte. La surprise et le choc se lisait clairement sur son visage. Repliant ses doigts sur la table en signe de frustration, elle fronça ses sourcils. Quand elle comprit que je ne changerai pas de positions, son visage céda, laissant place à une moue plus attristée et un soupir d’exaspération.

Lin : je… je lui avais dit que cette histoire finirait mal. Il a refusé de m’écouter. Il y avait un objet particulier. Il ne m’a jamais dit comment il est entré en possession de ce dernier. C’est grâce à lui qu’il a gagné son influence dernièrement. Il semblait l’utiliser pour soigner même les blessures les plus graves.

Elle s’arrêta un instant avant de reprendre, la gorge plus lourde et le cœur plein de regrets :

Lin : Il y a une semaine, lors de la foire médicale que nous organisons à deux chaque année, il a fait une expérience publique de ses compétences au corps médical à l’assemblée. Il a utilisé cet objet bizarre et a été capable de donner vie à l’objet que vous avez entre les mains.

Relevant son regard quelques secondes, elle reprit

Lin : Non pas pendant quelques secondes… mais pendant près d’une heure non-stop.

Nous y voilà… l’artefact !

Lin : Mais je savais que cette chose l’avait changé. Il n’était plus le même. Il a finalement entreprit de dissimuler son objet magico-technique loin des regards. Moi seule, sait où il se trouve. Cet objet associé à la formule, pourrait développer un autre pan de la recherche encore jamais exploité dans l’histoire. Mais je ne recommanderai cette chose à personne.

S’exclamant de plus belle, elle s’écria :

Lin : Il est malsain !!! Il corrompt l’esprit et le cœur !!! Tous ces problèmes, c’est à cause de son soudain désir de gloire et de richesse… Un désir qu’il n’avait jamais eu par le passé.

À peine avait-elle achevée sa phrase, que ma chère compagne attaqua un individu à l’extérieur que je n’avais même pas remarqué. Un espion ? Il fallait que la jeune Lin se mette à l’abri.

Approchant de l’épouse, je dégainai mon épée, prêt à frapper pour tuer.

- Nous allons devoir vous protéger. Si vous êtes bien la seule en mesure de nous guider, nous n’avons pas d’autres choix.


Du côté de la femme machine, elle avait déjà une personne qui était à ses bottes. Ce qu’elle ne savait pas, c’était qu’ils n’étaient pas seuls. En réalité, on était déjà encerclés et on l’ignorait même.


Avant qu’on ne le remarque, trois individus descendirent des toits pour se poster autour de Morgan. Tandis qu’à l’intérieur, on avait quatre personnes qui entrèrent dans la pièce principale, passant par les diverses portes qui donnaient au salon.

J’étais piégé.

- Il est trop tard…

Soudainement, la porte s’ouvrit et un individu masqué entra dans la pièce, dominant les lieux par sa présence lugubre.


Dans mon état actuel, il m’était impossible de se battre. Mais je n’allais pas non plus laisser passer l’occasion de retrouver l’artefact aussi facilement.

Finalement, la femme-machine fut contrainte à retourner à l’intérieur. Et ensemble, au milieu de la pièce, nous étions au nombre de trois. Moi, la machine et Lin. Face à nous – ou bien autour de nous - Ils étaient sept personnes sans compter l’homme masqué.

Homme masqué : On peut régler toute cette histoire sans effusion de sang. Donnez-nous la blonde et on fera comme si on ne vous a pas vu. Toutefois, si vous vous opposez, nous nous montrerons sans pitié.

Maintenant la situation se corsait. Il fallait faire un choix : se battre ou fuir. Jetant un œil à la femme-casserole, je cherchai à savoir ce qu’elle avait décidé. Mais pour sûre, son acte, serait le mien.

Choose your destiny:

Un simple mouvement d’acceptation de la tête et les dés étaient jetés. Après une réplique – peut être trop longue – de la femme casserole, il était temps de passer à l’action. Je ramassai le vase qui était à proximité de la table. Immédiatement, je le fis virevolter droit sur le visage de l’homme qui retenait la blonde.

Le choc provoqua la libération de Lin. Mais à peine reprenait-il ses esprits  que mon katana rangé dans mon fourreau s’abattit avec une puissance sans pareille sur sa jugulaire. Le son de fracture était si puissant qu’on aurait cru qu’un os s’était instantanément brisé. Pour sûre, le premier était K.O.

Je me retournai alors pour attaquer le deuxième quand un coup de pied puissant se planta dans ma figure qui m’envoyer contre le mur. Le choc était si violent que j’eus de la peine à relever. Les esprits repris, j’observai attentivement mes ennemis. Ils étaient au nombre de deux, un armé de deux petits couteaux finement aiguisés et un d’une chaine au bout de laquelle pendait une lame.

Le deuxième attaqua à distance, et je parai avec mon fourreau. Sans le savoir, je tombai dans son piège. La chaîne s’enroula rapidement immobilisant immédiatement mon arme. Le premier en profita alors pour lancer une offensive combinée pour une attaque avec ses doubles lames. L’offensive a été rapide et je ne pus éviter le coup de couteau envoyé dans le ventre. Un son de chair et de sang se fit immédiatement entendre…

- Hugh !!!

Le sourire se dessinait encore sur le visage de l’homme aux couteaux qu’il se mangea mon katana dans sa clavicule. La lame pénétra verticalement et profondément l’ennemi jusqu’à ce qu’il perfore son cœur. L’individu qui mourut sur le coup. Et de deux.

Afin de réussir cette attaque, je m’étais débarrassé de mon fourreau enchainé, libérant ainsi mon katana de ses mouvements.

Avant que le corps inerte ne tombe, je rattrapai sa main pour prendre son couteau que je lançai directement sur le torse de mon ennemi. L’objectif fut atteint avec succès, mais le coup n’avait pas été mortel. Profitant de la distance qui jouait en faveur de mon dernier ennemi, il m’envoya plusieurs coups de lame à la suite. J’en parai certain mais me prit une bonne partie qui dessina des jets fins de sang sur le sol autour de moi.

Comprenant que je n’allais pas pouvoir tenir ainsi, je saisis sa lame par le creux de ma main. Me trancha-t-elle légèrement ? Oui… Mais au moins, je la tenais. Son arme entre les mains, je me jetai rapidement sur lui, avant de lui planter ma lame dans la gorge, juste au-dessus des pectoraux. Le pauvre vomit ses entrailles ensanglantées, mais au moins, j’avais vaincu. Et de trois.

Bilan de la confrontation : une côte ouverte à coup de couteaux, de nombreuses écorchures sur le corps et la main droite ensanglantée. Il fallait dire que j’étais loin d’être au mieux de ma forme.

Heureusement, Lin était en sécurité. On pouvait donc s’occuper finalement de l’homme masqué. Tout au long du combat, cet homme s’était débrouillé pour rester en retrait, cherchant la moindre occasion pour saisir Lin et s’en aller avec. Malheureusement, cet instant n’arriva pas et maintenant il était la seule proie de deux fauves prêts à le dévorer tout cru pour le petit déjeuner.

Homme masqué : vous êtes certes puissants… Mais vous n’allez pouvoir mettre fin à cette-


Tirant sur la dernière ficèle pour ligoter l’ancien homme masqué qui laissa place à un jeune homme aux cheveux bruns, la confrontation s’était achevée. Tous avaient été prisonniers. Par contre, si certains avaient perdus la vie, le reste avait été gardé au chaud pour les réponses.

L’homme masqué au visage rempli de bosses, était l’un d’entre eux. Il semblait que le bougre était même le plus faible, le moins rapide et le moins habile du groupe de sept.

Je ne pouvais pas dire ce qu’il en était pour la boîte de conserve désormais défigurée, mais pour ma part, j’étais sacrément amoché. Lin bandait mes blessures et utilisa plusieurs pommades artisanales pour accélérer le processus de guérison.

Une fois bien installés, et pendant qu’elle prodiguait les soins à ma partenaire du jour, je m’aventurai à poser des questions :

- Pour qui travaillez-vous ? Donnez-moi son nom…

L’homme masqué me fixa un instant avec une intention claire de résistance. Mais quand je m’avançai dans sa direction, il paniqua au premier pas que je fis. Soudainement, il devint bien docile et décida de nous répondre… Il en avait déjà trop subi pour la faible paie qu’il a eu.

Homme masqué défiguré : Vous ble connaissez trlès bien… Le doctbleur Kirishima.

Lin fronça immédiatement les sourcils. Au plus profond d’elle, elle sentait que Kirishima aurait pu être derrière tout ça. Mais elle se refusait de le croire capable d’en arriver là.

Lin : Non… s’exclama-t-elle la voix lourde.

Mon visage se retourna un instant vers Lin. Je sus alors qu’elle connaissait le docteur dont il était question. Mais sans perdre le sens des priorités, je repris

- Pourquoi ?

L’homme ricana quelque peu du mieux qu’il pouvait avant de répondre d’une voix toujours aussi faible :

Homme masqué défiguré : À voble avis ? Kô sbe reposait un peu tlo sur ses acquis…. Il avait démontrbé qu’il…

À la simple écoute de sa voix, mes sourcils se froncèrent si bien que je ne pus retenir mon pied bien longtemps. Répétant le geste mémorable d’un caporal du bataillon d’exploration sur le visage d’un jeune détenteur de titan à genoux, je clôturai la discussion.

- Lin… réparez sa mâchoire… Ordonnais-je

Lin : Ou---Oui…


Quelques secondes après, nous pûmes reprendre les choses sereinement, cette fois-ci, avec la capacité de comprendre facilement ce qu’il disait. Attention, seule sa mâchoire était réparée. Il n’avait droit à rien d’autres.

Homme masqué retapé : vous êtes sans cœurs… Pire que des monstres… pourquoi m’avoir frappé ?

- Si vous ne vous ne voulez pas vous retrouver sans mâchoire, vous avez intérêt à répondre à la question : pourquoi ?

Ricanant de plus belle, il reprit légèrement là où il s’était arrêté avec un brin d’ironie.

Homme masqué retapé : À votre avis ? Kô se reposait un peu trop sur ses acquis… Il avait déjà démontré qu’il était le médecin le plus compétent de la cité. On n’avait plus besoin des autres, son savoir avait dépassé le commun des mortels et il savait l’utiliser pour sa gloire.

Kirishima a toujours travaillé dur pour avancer. Mais il n’a jamais eu le talent fou de Kô. C’est pour ça qu’il a décidé de ne plus laisser davantage d’écarts entre eux. Il nous a donc contactés, nous demandant de s’occuper de ses petites affaires. Et le reste… c’est l’histoire…

- Que veut-il précisément à Kô ?

Homme masqué retapé : Aucune espèce d’idées. Et pour tout vous dire, je m’en fous pas mal. Vous n’aurez qu’à lui demander lui-même. Depuis que vous vous êtes mêlé de cette affaire, il avait déjà perdu. Mais vous… pour qui travaillez-vous ? Vous devez certainement avoir été payé pour retrouver ce docteur.

- Je n’ai pas souvenance de vous avoir autorisé à poser des questions…. Votre mâchoire est peut-être bien trop en place pour vous…

Souriant en coin, le mécréant ferma son clapet en laissant perler au coin de son front une goutte de sueur.

Nous avions les éléments importants. Maintenant, il ne restait plus qu’à localiser Kirishima et à ramener Kô chez lui pour nous offrir son artefact.

Lin : Kirishima… Non… dit-elle en éclatant en sanglots.

- Où trouves-t'on Kô ? Et ce Kirishima ?

Le malotru se permit encore de ricaner avec sa mine continuellement sombre. À croire qu’il avait oublié ses fractures ainsi que son état actuel.

Homme masqué retapé : Vous le trouverez en périphérie de Shuto Tokai. Il dispose d’un laboratoire plus vaste à 50 m de la ville, à l’Est. Il est imbriqué dans une grotte. Au fond, vous trouverez son laboratoire et Kô. Mais…

Son sourire s’étira davantage, laissant luire toutes ses dents jaunies par le sang :

Homme masqué retapé : il n’est plus… très humain si vous voyez ce que je veux dire. Il a fait des choses à son corps pour améliorer sa productivité. Vous aurez un peu de mal pour vous en débarrasser.

Pour la suite, je laissai ma partenaire casserole du jour s’en occuper.

Nous étions désormais en face de la grotte d’entrée et effectivement, il semblait qu’il n’y avait pas de gardes. C’était du moins ce qu’on pouvait avoir en apparence. Mais rien n’était moins sûr. Il fallut donc mettre en place un plan pour accéder à l’intérieur. Et la compagne casserole avait une idée. Après l’avoir écouté de bout en bout, la conclusion était claire : c’était une idée foireuse.

MAIS ! N’ayant pas véritablement mes capacités combatives, je ne pouvais prendre des risques inconsidérés. Si elle se proposait d’avoir le rôle de chair à canon, cela ne pouvait qu’arranger nos affaires et nous donner plus de chances. Alors, pour sûre, je ne fis aucun signe de résistance.

- Comme vous voulez… Je resterai donc en retrait…

Maintenant, tout était entre ses mains. Je m’abritai à l’extérieur, dans le feuillage, assez proche pour tendre l’oreille, mais assez loin pour ne pas me faire remarquer. Un vrai travail de shinobi professionnel. Rien qui n’était impossible pour moi.

Maintenant, dans l’attente de ce qui allait se passer, je prêtai une attention aux évènements futurs.

Choose your destiny:

Observant de loin la femme déguisée, je l'aperçus discuter avec deux gardes. Finalement, la grotte était gardée, mais par des personnes qui étaient bien trop profondes pour être visibles au premier coup. Finalement, je n'avais pas grand-chose à faire. Après quelques instants d'échange, il traversa les gardes.

Les choses ne se passaient pas comme je l'avais prévu. Je ne pouvais pas non plus laisser cette machine prendre le contrôle de l'artefact. Je devais réagir également.

Prenant une pierre à mes pieds, je la lançai contre un arbre à quelques mètres des gardes, question de détourner leur attention. De mon côté aussi, j'allais entrer... je le devais...



« oh là là… je n’arrive pas à extraire la formule… il n’y a pas à dire, il est fort ce Kô… très fort »

Une fois entré dans la grotte, on tombe directement sur une pièce large et spacieuse. En son sein, sont empilées les unes sur les autres des multiples cages de souris vivantes. Il y avait au fond de la pièce, une grande table sur laquelle plusieurs machines et câbles étaient liées. Juste devant la table, un homme, vêtu d’une blouse blanche, gribouillant les papiers pour essayer de comprendre ce qui semblait être quelque chose d’incompréhensible.

Entre la porte et la table, il y avait une distance d’environs 10 m. Et de part et d’autres de la salle, s’alignaient des colonnes de cages de souris hautes jusqu’au toit. Une odeur de paperasse et de moisie dominait la pièce, et sur le sol, on trouvait bien quelques bouts de papiers froissés.

L’homme était seul dans la pièce. À le voir, on pouvait le croire déstabiliser. Mais dès qu’il entendit la présence d’une autre personne dans la pièce, il figea quelques secondes. Quand le son des pas se répéta à nouveau, le docteur à la blouse blanche et à une étiquette accrochée à son torse se retourna. En main, il avait sa paire de lunettes qu’il venait à peine d’enlever avec une raie de sang visible sur son visage.

« Tiens tiens… voilà un bien étrange individu… Que me vaut l’honneur de votre visite dans notre Huuummble laboratoire ?! »

Comme méfiant, il s’arma de ses scalpels qu’il avait en grande quantité dans les poches. Il cherchait sans nul doute à tuer son invité à la moindre occasion. D’ici là, il était prêt à écouter ce que l’intrus allait lui dire. Doucement, mais surement, le sombre médecin avalait la distance qui le séparait de l’homme voilé.

À l’écoute de sa voix… il ne s’agissait donc pas d’un homme, mais d’une femme… Dans ce monde, on comprenait bien vite que le genre n’avait pas d’importance. Amaïa Hiou était bien une femme mais avait tenu l’ensemble des terres de Fuyu d’une main de fer pendant des années. Reisha pareillement, mais en plus, disposait de l’arme la plus puissante de tout le continent. Plus même qu’on ne le concevait, la gent féminine était peut-être même plus à redouter.

Soudainement, la main du docteur palpa quelque chose de difficilement perceptible dans sa poche. Un sourire en coin, il était rassuré d’être prêt à en découdre. Si les choses tournaient au vinaigre, il allait en faire une belle sauce vinaigrette.

Le sourire malsain du médecin laissa place à une mine neutre à l’écoute de la mort de ses émissaires. Maintenant, pour sure, il devait se méfier à mort. Il cessa immédiatement son avancée.

« Ces mercenaires n’étaient pas faibles… qui les as tué ? Comment saviez-vous ce qu’ils cherchaient ? Où est Lin en ce moment ? »

Oui, il parlait pendant que son interlocutrice parlait également, sans tenir compte des règles de bien séance. Sincèrement, après l’écoute de l’échec de ses partenaires, il n’était plus très stable. Ce qui changea quand la demoiselle mentionna l’objet de sa convoitise… le minerai précieux aux effets incroyables.

« Vraiment ? Et qu’est-ce que vous voulez en échange ? Comment être sûre que vous avez la bonne information ?»

Attendez… Ce n’était pas clair tout ça. C’était une chose de capturer Lin, ça en était une autre d’améliorer les effets de la formule de Kô. Cette femme en savait beaucoup trop pour simplement être une passante. Transpirant en coin, il tourna la tête fixant intensément un bouton rouge présent sur son bureau. Sans aucun doute, il s’agissait du bouton des renforts.

Son regard revenant un instant vers la jeune femme, il reprit doucement

« Rappelez-moi votre nom demoiselle… Et surtout, comment vous êtes arrivés ici… »

Envoya-t-il en reculant doucement cette fois. L’objectif était clair. Il devait atteindre le bouton rouge qui était sur le bureau. Sans lâcher la femelle du regard, il recula petit à petit. La tension montait rapidement. Qu’allait-elle faire ? Convaincre le savant ? Combattre ? Il fallait vite choisir !

Choose your destiny:

[De retour à l’extérieur]

Ma pierre ne fit rien. Les gardes étaient toujours figés devant l’entrée, riant à cœur joie. Si la jeune robotte était entrée, pour sûre, ces gardes ne devaient pas être très malins. Il fallait que j’essaie de jouer cela à mon avantage.

Me montrant sous la lumière du jour, totalement couvert de mon voile et de mon masque en plein centre de ma tête couverte, j’avançai un pas après l’autre vers les gardes. De ma précédente quête, j’avais à disposition une belle arbalète que j’avais accrochée dans mon dos. Maintenant, elle allait me servir pour me faire passer.

Garde : Hey !! N’avance pas !

Sans tenir compte de leurs avertissements, je continuai à avancer un pas après l’autre, doucement mais surement. Les gardes se relevèrent alors et se mirent à courir dans ma direction. Pour sûre, je n’allais pas pouvoir interpeller deux gardes armés à moi seul. Mais c’était ma seule chance d’y arriver. La bonne nouvelle par contre, c’est que mon arbalète me donnerait un bien meilleur avantage de réussir.

Si j’arrivais à en capturer un… je gagnais ! J’allais entrer… coute que coute.

Choose your destiny:

C'était le moment de vérité !

Choose your destiny:

Saisissant mon arbalète accrochée dans mon dos, je lâchai un carreau entre les deux yeux de l’un des gardes, le tuant immédiatement sur le coup. Le deuxième bondit alors dans ma direction, avec la volonté de me trancher en deux en un large coup d’épée. Je pivotai sur le côté, avant de braquer finalement l’arbalète chargée juste sur la tempe du dernier garde.

- Adieu !

La flèche perfora son crâne et finalement les deux gardes s’allongèrent à même le sol. Le combat était fini rapidement. Je jetai rapidement un regard à gauche et à droite, vérifiant bien qu’il n’y avait aucun passant. Cela fait, je m’insérai dans la grotte, furtivement.

Derrière la porte, il n’y avait qu’une pièce vide. Aucune trace de sang ou de combats. Se pourrait-il que la femme casserole n’ait également trouvée personne dans ces lieux ? Je n’avais pas beaucoup de temps pour enquêter. Il fallait bouger. À la vue d’une porte menant dans une autre pièce, je m’enfonçai dans cette dernière aussi furtivement que possible. L’idée était d’avancer rapidement, mais à l’insu de toute potentielle personne habitant les lieux.

En peu de temps, mon regard tomba sur une pièce lumineuse, qui était la suite logique du long couloir sombre dans lequel j’étais plongé. M’approchant furtivement, je glissai un bout de ma tête pour apercevoir ce qu’il s’y passait.



Le souffle chaud reflétant à peu près sur son masque, l’individu aux teintes rougeâtres et difforme observa de près les personnes qui venaient d’entrer. L’endroit avait une ambiance était morose. Encore plus sombre que la pièce d’au-dessus. La configuration de la pièce était la même que la précédente. À la seule exception qu’ici, il y avait plus d’équipements techniques. Par exemple, les tubes plus amples avec des membres de corps sectionnés et conservés dans des liquides verdâtres. Celui qui semblait être le médecin était pétri de câbles, mais étrangement à l’écoute de ses paroles, on entendait bien ce qu’il disait :

Kirishima : Que faites-vous ici et qui est cette femme ? Lança le médecin d’une voix rauque et essoufflée

La sueur perlant sur le front, le médecin sourit et expliqua :

« Kirishima-sama, il s’agit d’une jeune femme qui a réussi à nous rapporter ce que nous voulions. Nos émissaires ont échoué. Son seul souhait est de recouvrer la forme de son visage et de son bras »

Voltigeant presque sans toucher le sol, Kirishima se rapprocha du médecin aux lunettes et saisit l’objet qu’il avait entre les mains. Il observa un instant, après quoi un craquement se fit entendre dans une cage crasseuse au coin.

Kô dans sa cage, s’agrippa aux barreaux, frappant ces derniers avec son crâne pour s’écrier :

Kô : Bon dieu non !!! Qu’avez-vous fait à ma femme ? Envoya-t-il à la femme casserole dans un élan de panique et de terreur…

Kirishima l’interrompit net sans même lui adresser un quelconque regard.

Kirishima : Tu as toujours été talentueux Kô… mais bien trop sentimental…

Cela fait combien de temps maintenant ? Dix ans ? Vingt ans ? Trente ? Je ne m’en souviens même plus. Nous avions grandi ensemble et partagé les mêmes instructions. Mais tu as été plus brillant. Et malgré mes efforts, mon talent n’a jamais été reconnu. Qui aurait cru que tu t’enfoncerais soudainement après la rencontre de cette Lin ?...

Kô : Et toi donc jeune frère ? As-tu seulement vu à quel point tu t’es dénaturé… Pourquoi avoir associé tout ton corps, ton âme et même ton esprit à la technologie ? Juste pour me dépasser ?

Légèrement agacé, Kirishima l’interrompit

Kirishima : SILENCE !!! Tu ne comprends rien et ne comprendras jamais rien misérable. Alors maintenant fais-moi plaisir et donne-moi la formule.

Une énième dispute entre les deux docteurs. Un, qui avait à sa disposition un savoir que son jeune frère voulait désespérément. L’autre qui avait tout vendu, jusqu’à son âme pour obtenir un savoir qui surpasserait son frère.

Kô : Je ne peux pas te laisser faire ça… Non seulement c’est trop dangereux pour toi, mais en plus tu vas rependre le mal et la malice avec cette dernière

Kirishima : Tu ne sais rien de ce que je ferais de cette formule. Mais soit ! Même si tu refuses de parler, j’ai déjà le secret de la longue durée de ton procédé entre mes mains. Je te ferais vomir la formule, même si je dois la prendre dans ta gorge… acheva-t-il avec un ton colérique bien perceptible.

Il se retourna finalement vers la jeune intruse qui était dans la pièce

Kirishima : je vais faire un essai sur cet objet. Et s’il s’avère que vous m’avez menti, je vous tuerai ici même.

À ces paroles, le médecin peu amical de l’étage d’au-dessus s’aligna dans le dos de la femme casserole. Maintenant, elle était coincée. Le plan se reposait majoritairement sur le bluff. Et sans ce dernier, on n’avait rien de concret à disposition. Il était à présent temps pour moi d’intervenir. L’opération sauvetage devait être menée à bien. Peu importe les risques que ça allait générer.

Orientant l’arbalète dans la direction du médecin aux lunettes. Je lâchai un carreau rapide droit sur lui. Pour sûre, j’avais de bonnes chances de réussir. J’étais à l’ombre et bien dissimulé.

La flèche alla directement se planter sur le pied du bougre, qui s’écria directement. J’avais manqué mon coup, mais maintenant au moins, la femme casserole avait une véritable ouverture. Sortant rapidement de l’ombre, je m’écriai :

- Kô !!! Lui envoyais-je en lui indiquant la cage. En signe de : occupes-t'en.

Soudainement, je dégainai mon épée et apprêtai mon arbalète en la rechargeant de sa dernière cartouche. Les choses se corsaient… peut être un peu trop

Ma course m’orientait vers Kirishima, alors que je laissai à la casserole du jour faire ce qu’elle devait faire. Pour commencer, je tirai une flèche droit sur le crâne de mon ennemi, ce dernier leva un câble métallique pour dévier sa trajectoire. N’ayant plus d’autres munitions, je jetai l’arbalète même sur l’ennemi avant de faire un grand bond pour tenter de l’attaquer à la tête.

Le médecin robot avait rapidement compris que je faisais diversion pour la libération de Kô. C’est pour cela qu’il utilisa ses tentacules métalliques pour nous balayer mon arbalète et moi dans le lointain.

Par la suite, balaya mon associée en un coup puissant, mais également électrisant. Sa décharge était telle qu’elle grilla également le circuit défensif de la cage où était fermée Kô. Le prisonnier était désormais libre de ses actions.

Kô : ah… enfin libre.

L’homme-robot était bien concentré avec les deux protagonistes du jour. Et voyant notre tentative d’acte de bravoure, il reprit :

Kirishima : Vous êtes misérables… Oser vous introduire ici et espérer pouvoir me prendre mes trésors ? Je vais vous anéantir.

Rétractant alors ses câbles, il les étira net dans notre direction jusqu’à ce qu’on soit totalement immobilisé. Par nous, je parlais ici des protagonistes. Ses tentacules électroniques s’enroulèrent autour de nous avant de nous soulever jusqu’à quelques centimètres au-dessus du sol. L’étreinte était forte et difficile à supporter. À rester dans cette situation longtemps, on aurait finit par se faire briser les os ou les métaux.

Kô s’interposa alors en se ruant entre son jeune frère et nous. Son regard était ferme et il était clair qu’il était agacé par la situation. Son plan n’intégrait certes pas les deux individus attachés, mais il n’avait pas d’autres choix. Il ne pouvait les laisser mourir.

Kô : Kirishima… arrête ! Tu as déjà fait bien trop de mal. Je vais te donner la formule.

L’homme métal écouta sans grand intérêt ce que lui soufflait l’intervenant. Encore un coup de bluff pour faire gagner du temps. Il ne libéra aucun de nous, soufflant calmement à son ainé.

Kirishima : Où est la formule et où est le catalyseur qui booste ses effets ?

Serrant les dents de rage, le médecin eut quelques secondes d’hésitation avant de mentionner avec une voix forte et ferme :

Kô : Je suis… la formule.

Il retira alors ses vêtements du torse, laissant voir les insignes anciens gravés de part et d’autres de son corps. Il lui suffit de tendre la main vers le visage de casserole et quelque chose se mis en place soudainement.

Le corps du médecin s’illumina d’une teinte rosée et alors même qu’il saignait un peu du nez, le visage de la casserole se reconstitua faiblement jusqu’à ce qu’il soit totalement en place.

Après cette belle démonstration, le médecin ainé s’affala sur le sol épuisé. Afin de donner vie à un objet, il sacrifiait sa vitalité et sa résistance physique. C’était en réalité ça… le danger. À la vue de ce spectacle, Kirishima nous balança finalement contre le mur avec violence avant de se rapprocher de Kô.

Kirishima : finalement, c’était donc là que ça se cachait tout ce temps… Sous mon nez.

Kô essoufflé, reprit en affirmant :

Kô : Je… Je ne peux pas transférer cette puissance. (souffle) Mais elle peut normalement tout faire. Il s’agit d’une sorte de variante des pouvoirs d’anciens dieux à une échelle plus réduite (souffle). C’est parce que je suis un scientifique passionné par la science…. (souffle) que je l’applique aux machines… (souffle)

Allongé plus loin avec les os en compote, je me levai alors avec peine, constatant la situation.

- C’est donc lui qui dispose de l’artefact…

Kirishima : Je vois… Mais à l’utiliser trop, tu finiras par mourir. Alors… Où est le catalyseur ? Sans lui, tu n’as aucune réelle valeur.

Kô : Si je ne me trompe pas… ta condition physique actuelle dégrade ta mémoire et tes organes. À en juger par le stade actuel dans lequel tu es… tu n’as vraiment plus beaucoup de temps à vivre. Tu as poussé la technologie bien au-delà de ce que tu ne le devais. Je n’ai jamais voulu qu’on en arrive là… je suis désolé Kirishima.

Les deux dernières phrases de Kô étaient empreintes de regret. La situation n’était pas très claire pour l’homme-robot. Kirishima resta silencieux un petit instant. Il était perturbé parce qu’il venait d’entendre. Mais cette perturbation ne dura que quelques secondes :

Kirishima : Garde tes excuses et tes observations pour toi-même. À l’heure actuelle… Tout ce que je veux faire… c’est prendre ta formule.

Kô : À l’heure actuelle, tu ne le peux plus. Il faut impérativement qu’il soit greffé au corps d’un être humain pour être utilisé. Et ton corps justement… n’est plus qu’un lointain souvenir à présent.

Et contre toute attente, comme si la pièce n’était pas assez remplie, un bruit de pas se fit entendre du fond du couloir. Et plus le son s’approchait, plus Kô affichait un sourire fier. Un de ces sourires là qu’il avait quand tout se passait comme prévu. Tout l’entourage de Kô lui connaissait ce sourire. Il n’annonçait généralement qu’une seule chose : sa victoire. Même kirishima fut quelque peu déboussolé à la vue d’une simple expression de visage. Il ne put retenir son inquiétude face à ce qui approchait.

Mais quand la lumière découvrit ses pieds jusqu’à la tête, la silhouette prit corps et s’incarna en un visage très familier : Lin. En une seconde, Kirishima quitta de l’anxiété pour une expression de surprise amusante. Il éclata de rire.

Kirishima : ha ha ha ha !!! Je ne pouvais imaginer que tu serais aussi fier de mourir aux côtés de ton épouse.

Kô : détrompe-toi, Kirishima… celle que tu vois ici présent… est le catalyseur.

À ces mots, le corps de Lin se mit à briller d’une teinte violacée. Ses cheveux s’élevaient dans le ciel et derrière la barrière énergétique qui se dessinait autour de son corps, elle affichait un visage profondément attristé. Quand il vit ce qui se passait, elle comprit rapidement les plans de Kô. Et cela se passait en quelques petites étapes :

1 – faire une apparition publique en faisant savoir sa grandeur. Ainsi, il pourrait attirer l’attention de Kirishima.

2 – Contacter anonymement kirishima pour lui faire savoir qu’il y avait un secret à cette grandeur. Et que seul Kô savait exactement où ça se situerait.

3 – Rédiger une lettre pour orienter Kirishima à Lin

4 – Finalement, Kô et Lin seraient réunis ensemble face à Kirishima dans son antre. Et c’était l’objectif final de toute l’opération.

Kirishima avait disparu dans la nature depuis quelques mois et il ne faisait que se déshumaniser pour améliorer ses performances scientifiques. Kô voulait donc le retrouver. Et maintenant, il allait passer à la cinquième et dernière étape de son plan.

Lin : Kô… tu n’es pas obligé de faire ça…

Sans tenir compte des paroles de Lin, Kô observa son jeune frère qui le surplombait de toute sa hauteur. Kô n’avait pas perdu sa luminosité. Bien au contraire, en présence de Lin, il illuminait encore plus les lieux :

Kô : J’ai attendu ce jour depuis si longtemps Kirishima…

Le sol tremblait et un peu de poussière tombait du plafond. Le médecin fou, blessé à la jambe n’était pas mort. Comprenant que son maître était en danger, il se jeta sur Lin, armé de ses scalpels pour la déchirer en lambeaux.

« Meurs salle garce !!! »

Mais dès qu’il toucha le rayon énergétique qui entourait sa cible, son corps changea totalement de couleur, et il se consuma jusqu’à la désintégration en une seconde. Pour sûre, l’aura airait été similaire autour de Kô.

De mon côté, il était difficile de me lever avec les dégâts que j’avais reçu du choc. Mais rassemblant mes forces, je me redressai. Finalement, nous y étions. J’avais sous mes yeux l’artefact que je ne pouvais pas atteindre, au risque de me faire désintégrer. Et son maître qui devait sacrifier de sa vie pour exploiter ce pouvoir.

- Merde !

Je m’étais bien agacé pour rien dans cette histoire. Soudainement la grotte craqua encore… il fallait que je quitte cet endroit. Je n’avais plus rien à faire.


Kirishima : Crois-tu que tu m’impressionnes avec tes jeux de lumière ?

Kô : écoute-moi bien, Kirishima… je n’ai jamais voulu que tu prennes cette voix et qu’on se retrouve ainsi. Je ne peux pas revenir en arrière… Mais au moins, je peux te donner une seconde chance. Je t’en prie, cette fois-ci, vis pour nous deux. Aime la science, trouve une véritable passion, l’amour et une raison de vivre…

Kirishima étonné, se questionna plus sérieusement sur ce qui se passait. Mais il ne pouvait pas le savoir. Kô tendit la main gauche dans la direction de Lin, créant un filet énergétique qui les reliait désormais ensemble. À l’extérieur, à plusieurs kilomètres dans les cieux, les nuages sombres se formaient. Les éclairs tonnaient au-dessus de la grotte, et le vent se levait doucement. Un pouvoir incroyable allait être utilisé.

Sachant que ça allait barder, je me précipitai en courant pour sortir de là, évitant les débris qui tombaient sur le chemin. Quant à la femme casserole ? On était clair sur le fait qu’on n’était pas allié. Donc… ce n’était pas du tout mon souci.

Dans la grotte, après que Kô ait créé un lien avec Lin, il tendit finalement sa main droite vers Kirishima. La cible de la potentielle attaque rassembla directement ses tentacules de fer devant lui pour faire office de barrière.

Lin : Kô… je-

Kô : Lin… prend soin des enfants… Désolé de t’avoir embarqué là-dedans

Les veines se dessinèrent alors sur le crâne du médecin et dans un cri de rage, il dégagea une énergie impressionnante qui illumina toute la pièce.

Kô : oooooOOOOOOOOOOAAAAAAARRRRRGGGGHHHH !!!!


Une colonne lumineuse fut générée dans une déflagration énergétique puissante. Je venais à peine de sortir de la grotte en courant qu’une explosion énergétique fut générée en son sein. Le vent fut assez puissant pour repousser tout ce qui était dans les 5m autour de l’entrée de la grotte.

Une fois en sécurité dans l’abri d’un arbre, je m’assieds à même le sol, frappant mon poing serré sur l’écorce de mon bouclier naturel. J’avais échoué. Et l’artefact m’avait glissé entre les mains. Je n’avais plus rien à faire ici

Remettant mon voile sur le dos, je fis à nouveau route vers Shutô Tokai… je devais encore régler quelques histoires avant de m’en aller.



Kirishima n’arrivait pas à y croire. Il était en possession de ses bras et jambes. Humaines. Par un mécanisme qu’il n’avait pas compris, il avait retrouvé sa totale humanité.

Kô n’avait pas tort. En continuant sa transformation en homme-métal, il aurait fini par mourir totalement, laissant place à une machine qui servirait un but qui ne le passionnait pas.

Kô quant à lui, ou du moins ce qu’il en restait, était couché sur le sol, gravé comme une marque sombre sur le sol. L’énergie déployée l’a tellement consumé qu’il n’en restait même plus des cendres. Dans cet ultime sacrifice, il débarrassa Lin de ses marques et la protégea de la déflagration.

L’objectif de Kô – sauver son jeune frère Kirishima – avait été atteint. Au prix fort de sa vie.

Kirishima s’effondra sur ses genoux faisant face à ce qu’il restait de son frère dont il avait tant voulu l’attention et l’affection.

Kirishima : tout ce que je voulais, c’est que tu prêtes aussi attention à moi…

La tête baissée et fondu en larmes, il ne lui restait plus que des regrets et des souvenirs. Lin comprenait les motivations de son époux. C’est pour cela qu’elle essaya de conseiller Kirishima du mieux qu’elle le pouvait.

Lin : Tout ce qu’il a fait ces dernières semaines… il l’avait orchestré pour en arriver à ce dénouement. Je ne l’ai compris que quand je l’ai vu. À son sourire de fierté qu’il affichait lorsqu’il avait fait une découverte.

Se rapprochant de lui, la blonde posa une main délicate sur son épaule avant de reprendre :

Lin : Kô t’aimait plus que tout. Et il voulait trouver le meilleur moyen de revenir sur de bonnes bases. La science lui a offert cette opportunité. Au prix fort de sa vie. Respecte sa dernière volonté… je t’en prie… Kirishima…

Des larmes, de la destruction… il ne fallut pas longtemps pour que les autorités interviennent sur les lieux en essayant de mettre au clair les éléments qui s’étaient produits. Shiro et femme casserole n’ont jamais été mentionnés dans les rapports.