Rakurai no Kawagari - -黒い腕 – Kuroi Ude

Les calanques troublées...

Une zone plutôt paisible, où la vie n’était pourtant pas tant abondante. Du fait des bêtes côtières qui circulaient dans la région, il fallait avoir un soupçon de folie pour venir héberger dans cette zone. Toutefois, cela n’empêchait pas aux citadins de venir dans un endroit aussi reculé des terres de Shuzâ.

Mais malgré tout, il y avait là un foyer de paix, de joie et de sécurité. Après avoir inspecté la zone par le passé, j’avais pu dénoter plusieurs petits villages dans la région. Ces derniers communiquaient entre eux par des routes non bitumées commerciales. Des voies qui permettaient de donner un semblant de vie à cet espace pourtant bien trop calme.

La sécurité était effectivement présente. Mais bien plus faiblement que ce que l’on aurait pu trouver auprès des grandes villes. Ce qui était relativement normal, compte tenu de ce leur éloignement de Zang, la capitale. En contrepartie de cette faible sécurité, ils étaient à l’abri des désirs gourmands du despote. Il y avait donc un semblant d’équilibre dans leur approche.

Dans l’un des villages de cette zone sudiènne du pays, l’activité battait son plein. En plein midi, on entendait des enfants jouer dans les rires fous. Des voisins qui criaient à l’encontre des enfants, des jeunes femmes faisant causette dans les ruelles et la zone marchande toujours aussi pleine d’individus. Il fallait dire qu’ils avaient véritablement tout d’un petit village indépendant. Mais n’étant pas très cultivateurs, ils étaient contraints de travailler dans la construction de bâtiments et sous-industries. La charpenterie, la menuiserie, les serruriers, etc.

De véritables artisans qui vendaient leurs services aux autres villages pour également pouvoir ramener des vivres localement et ouvrir des petits commerces. Ces petits détails économiques pouvaient varier d’une saison à une autre, mais l’ensemble des éléments tournaient dans ce sens.

Concernant la hiérarchie, le village était constitué en quatuor. Chacun des représentants, disposant des plus grands complexes immobiliers du village. Mais loin d’être un village à problèmes, ils arrivaient toujours à trouver une solution à l’amiable. Ce qui, au final, permettait d’assurer la bonne croissance de leur territoire commun.

Le cœur des préoccupations de l’équipe dirigeante était les rapports qu’ils entretenaient avec les autres villages. Ils devaient maintenir une réputation intègre au risque de quoi, leurs services de bâtisseurs pourraient ne plus être sollicités sur le plan communautaire. La sécurité passait toujours en second plan. Les calanques n’avaient jamais vraiment été les cibles de brigands. La terreur de Zang amenait ces voleurs et brigands à se disperser sans véritable nuire les gens. Surtout dans les terres du Sud.

De toute façon, le village venait à peine de sortir la tête de l’eau. Ils ne voulaient plus revivre les crises et cherchaient le meilleur moyen pour augmenter leur force économique. Ce qui était on peut plus normal.

Le village que nous appellerons kawagari, était un havre de paix, préoccupé par les questions économiques et commerciales. Ils cherchaient à assurer la survie financière de ses paires et disposant d’une garde assez réduite. Sa population environnait les 300 personnes. Homme, femme et enfants.

300 personnes libres, 300 personnes paisibles… 300 personnes…

Nous étions là… j’étais là.


Notre effectif avait suffisamment grandi depuis notre dernière opération. Aujourd’hui, on s’était déplacé au nombre de dix, m’incluant moi-même à la tête. Les dix meilleurs de notre faction, que j’avais entraînée pour les opérations sensibles. En eux, j’avais une certaine confiance. Mourir ou tuer. C’était aussi simple que ça.

Au loin, dans les pierres, nous observions le petit village. La nuit était déjà tombée et nous allions encore une fois laisser notre empreinte : l’empreinte du chaos, de la mort et de la désolation. L’objectif ? Tout détruire pour reconstruire à zéro. Nous allions faire de ce monde un exemple de notre ambition.

L’heure était venue à kawagiri de subir également les leçons de la mort et de la destruction. De toute façon, que ça soit nous ou une d’autres personnes, ce village allait subir le poids de sa faiblesse un jour.

Faisant tête à cette formation de onze, je fis un bond dans le vide, amenant avec moi les dix autres qui me suivaient. L’opération Rakurai no Kawagiri…. Pouvait commencer.


Mère attentionnée à son jeune fils : allez ! Ouvre grand la bouche… aahh…

Comme mimant les grimaces de sa mère, le jeune garçon ouvra la bouche, laissant alors la cuillère de soupe s’enfoncer dans ses joues épaisses. La nourriture était bonne et il le savait. Le père lui, traficotait des papiers sur sa table dans le fond, sans non plus sembler agacé par son ouvrage. Il se préparait pour une présentation qu’il ferait au conseil pour un plan de construction qui devait assurer une bonne rentrée de fonds pour les prochaines semaines.

Mais disons qu’à cet instant précis, quand il voyait sa femme et son jeune fils, il ne put s’empêcher d’interrompre son travail et de les observer tendrement.


D’un soudain, il entendit des bruits de pas arriver dans son dos. Et avant qu’il n’ait le temps de parler, sa tête s’écrasa violemment sur sa table, le sang déferlant depuis la base de sa tête pour tâcher ses papiers et schémas. Un coup de couteau net sur la tête, et il était mort.

La jeune femme se leva soudainement pour observer la situation. Et avant qu’elle ne pus placer cri, un couteau alla se planter dans sa gorge, laissant le sang fuir pour atterrir sur le visage et dans le plat délicieux de son jeune garçon.

Finalement, il ne restait que le jeune enfant traumatisé, qui manquait de comprendre pourquoi le destin s’abattait si violemment sur lui.

Otobe, troisième plus puissant du groupe de dix, n’avait pas de temps pour savoir s’il devait le laisser vivre ou mourir. L’opération passait avant tout. Si on arrivait à prendre les membres du quatuor, et à saisir le trésor du village, on gagnait.

Brigand : Ta vie prend fin ici…

Une lame alla se planter dans le crâne du jeune enfant qui lâcha son dernier souffle.



Les lumières dans les maisons s’assombrirent les unes après les autres. Et quand un cri se levait, il s’éteignait directement la seconde d’après. Ce n’était qu’un massacre pur et simple. Dans le silence, et la crainte.

Si mes dix compères s’occupaient des maisons simples, à la recherche des membres suprêmes, je prenais en charge les gardes, les tuant en combat direct ou furtivement. Après avoir neutralisé près d’un quart de la population et l’ensemble des gardes, les gens se mirent à se douter de quelque chose.

Les portent se fermaient à clé et les plus chanceux se cachaient dans le sous-sol de leurs maisons. Finalement, nous arrivâmes à localiser la position de tous les membres quatuor, prenant avec nous également leur famille.

Entourés de quatre de mes compères, les membres du conseil étaient placés à genoux sur la grande place. Le sang ruisselait sur les murs et dans les maisons. Et moi-même, masqué, était recouvert de sang de la guerre qui avait été menée. On arracha le ruban d’entrave à la parole de celui qui semblait être le plus influent des quatre et là… je m’approchai de lui :

- Où est votre trésor ?

Membre éminent du quatuor : C’est donc pour ça… C’est pour quelques pièces de yens que vous avez réduit au silence la quasi-totalité de notre village… Seigneur…

Le membre était aux bords des larmes. Il semblait n’avoir jamais connu la guerre. Et de ce fait, je ne pouvais que le comprendre. Quelque part, lui et moi partagions les mêmes buts. Protéger les nôtres. Mais à cette étape, on avait besoin d’argent. Et si pour cela je devais réduire son monde en cendres, je le ferais. Le plan était bien plus grand qu’il ne le pensait.

- Votre jeune garçon va perdre son bras dans dix secondes… votre seul moyen d’arrêter ça, c’est de dire où se trouve le trésor.

À ces mots, on tira le jeune garçon dans la fleur de l’âge. Seize ans tout au plus. Le futur condamné se débattait au mieux. Mais il ne pouvait rivaliser avec la force de son oppresseur qui envoya un coup de genou dans le ventre pour le calmer un peu.

Peu de temps après, il était à genou, faisant face à son père.

Jeune garçon : père… ne cédez pas à leur demande folle. Ils vont nous tuer de toute façon… Mourrons avec dignité…

Sa phrase s’achevait à peine que je levai mon épée, son bras posé et maintenu par un de mes compères. Il ne restait plus que trois secondes.

Père et fils se regardèrent droit dans les yeux, tous deux en larmes face à l’impuissance et la désolation face à laquelle ils se trouvaient. Et finalement, le membre éminent passa à table une seconde avant que la lame ne s’abattit

Membre éminent du quatuor : Sous la bâtisse derrière la salle du conseil. Il y a un sous-sol qui conduit directement au trésor. Par pitié, lâchez mon fils.

Ma tête tourna vers l’un de mes compères qui alla vérifier l’information immédiatement. Le reste des membres fouillaient les maisons pour tuer les personnes susceptibles de causer des problèmes et ligoter les plus faibles. Les larmes et la détresse planait. Mais chaque cri était immédiatement réduit au silence.


Peu de temps après, nous apprîmes que le trésor était effectivement présent. Il fallait donc que nous prenions l’ensemble.

- Bien. Passons à la suite du plan. Quant à vous… on va vous laisser… pour le moment.

La logistique était déjà bien préparée. Il fallait simplement charger les chariots avec les pièces, les billets, l’or et les métaux précieux qu’ils conservaient dans le trésor de leur village. Malgré les temps difficiles, le village avait véritablement réussi à amasser une petite fortune. De quoi, du moins, faire tenir notre groupe pour un bon moment.

Par contre, ils n’avaient quasiment aucune arme. De ce fait, on a se contenter des armes peu prometteuses des gardes qui avaient été tuées. Une fois les chargements et les cargaisons achevées. Nous rassemblâmes l’ensemble du reste de la population dans la salle du trésor. Oui, exactement là où se trouvait l’argent.

En les laissant à l’air libre, nous n’aurions pas eu assez de temps pour partir tranquillement sans s’inquiéter des représailles. C’était du moins ce qu’on leur avait dit pour les amener à totalement coopérer.

Une fois qu’on s’assura qu’il n’y avait plus aucune trace de vie dans le village, je m’approchai de l’assemblée pour m’exprimer. Ils devaient certainement ressentir entre la peur, la crainte ou le mépris. Mais qu’importe. Nous n’étions pas ici pour nous faire aimer.

- Vous avez vu quelle est notre puissance. Nous sommes en mesure de renverser ce monde, de le détruire complètement et d’en recréer un nouveau où la véritable justice existera. Nous sommes les agents et les émissaires du chaos. Les instigateurs de la destruction. Et moi, Shiro, maître de la mort et du chaos, vais continuer mon action jusqu’à la purification totale de ce monde

Je gardai un instant de silence, avant de reprendre. Je ne prenais pas en compte ce que les autres auraient dit. Et de toute façon, personne n’aurait eu le courage de s’opposer à nous. Au risque d’être abattu, lui et ses proches.

- Aujourd’hui vous pouvez participer à la création de ce monde nouveau. Vous pouvez impacter le monde dans son action et potentiellement changer les choses. Mais pour cela, vous devez oublier tout ce que vous avez été jusqu’à présent et être prêt à recouvrir l’entité de 黒い腕 – Kuroi ude. C’est votre seule et unique chance de le faire. Alors nous attendons les volontaires.

Cela dit, nous attendîmes quelques secondes que ces personnes supposées volontaires se manifestent. Il était certain, qu’il y aurait eu parmi eux, des gens voulant simplement se venger dans un futur proche, ou même des gens qui voulaient juste survivre pour le moment et trouver une occasion pour fuir plus tard. Néanmoins, il y avait des gens qui venaient à nous.

Quelle tristesse… j’étais loin de me douter que le monde était aussi sombre. Que les gens étaient autant prêts à semer le chaos et la destruction. Mais qu’importe, ça arrangeait nos affaires de toute façon.

Finalement, le nouveau sang frais fut conduit à la surface après quoi, je soufflai au reste :

- Vous resterez enfermé ici, jusqu’à ce que vous trouviez un moyen d’en réchapper. Adieu… Kawagiri.

Sur ses mots, on s’en alla. Fermant la trappe du sous-sol du trésor. Dès ma sortie, les larmes et les cris de détresse commencèrent alors à s’élever. Aucun ne pouvait se permettre de pleurer en notre présence. Au risque de se faire tuer à la seconde. Alors c’était une libération de toutes les émotions que ces victimes avaient pu emmagasiner. Et le spectacle était à glacer le sang.

Une fois à la sortie, j’observais si les choses suivaient bien leur cours normal. Effectivement, tout se passait bien. Sous mes instructions, mes agents du chaos rassemblent les buches de bois secs autour du sous-sol de la réserve. Après notre sortie, ils placèrent également le bois sec sur l’entrée, enterrant totalement le trésor sous une pile de bûches.

Utilisant le liquide inflammable qu’on avait à disposition, on préparait le bois pour un feu de joie de grande ampleur. Certains sangs neufs n’arrivèrent pas à tenir le spectacle. Ils vomirent en prévision de ce qu’ils savaient. Bientôt, nous allions brûler tous les survivants sans exception. Laissant le village marchand vide. On n’avait pas besoin de survivants. Juste de leurs richesses.

Un des nouveaux se jeta même sur un garde l’agrippant par le col, demandant pourquoi ils font ça. Tous ceux dont la réaction était quelque peu étrange furent tués immédiatement, leur corps balancé dans les buches de bois.

Finalement, tout était prêt. Prenant une torche, on donnait à chaque nouvelle recrue de quoi allumer le feu. Chacun d’entre eux devait l’allumer dans une direction différente pour assurer de carboniser les gens dessous sous leur zone.

Les bras croisés, j’observais calmement les nouvelles recrues mourir l’une après l’autre, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des véritables agents du chaos.

Le feu avait été mis en place. Et les populations qui étaient en dessous ne purent que profiter des dernières secondes qu’ils leur restaient en famille. Oui… tout serait bientôt terminé par les flammes.

- Nous levons le camp. Mission réussie.

La mission s’était achevée sur une note enflammée. Une opération qui prit en tout et pour tout, cinq heures de temps. Depuis l’introduction dans le village, jusqu’au feu qui s’élevait dans les cieux. Finalement, on avait gagné pas mal de choses dans cette courte aventure. Des chevaux, des charrettes, de l’or, un peu d’armes. Il y avait même désormais la possibilité de venir habiter ce village abandonné quand le besoin se ferait sentir.

Les jeunes recrues elles, avaient un visage déterminé affiché sur leur visage. J’ignorais si cela était une bonne ou une mauvaise chose. Mais qu’importe. J’allais offrir le monde à mes agents du chaos. Les amener à la victoire et répandre le mal afin de maintenir la balance du mal dans ce monde.

Prenant le large, tous à cheval, notre cavalerie s’effaçait dans le lointain, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien.

En revenant peu à peu sur la cité, on ne trouvait sur les murs que les traces de sang. Des cadavres de familles, hommes femmes et enfants.

Et en plein cœur de la ville, un feu puissant, qui s’élevait très haut dans les cieux avec, juste en dessous, des cris stridents, déchirant les cieux par leur désespoir. L’odeur putride de la chair qui se consumait, la douleur sourde de la vie qui s’arrachait du corps des villageois. Tous furent tués. Sans exception.


Le lendemain, à l’aube, un commerçant natif de Kawagiri, revint de son voyage. Il était allé la veille, marchander dans les villages à proximité. Son visage s’horrifia quand il perçût son village natal à sang. Ainsi que l’odeur putride de la chaire brulée qui s’élevait depuis l’arrière du siège du conseil.

Marchand : Par tous les dieux… !

Il abandonna son cheval, courant à toute vitesse pour retrouver sa demeure. Dès l’ouverture de la porte d’entrée, il vit sa gouvernante étalée sur le sol, la gorge tranchée et la larme coulant au coin de l’œil. L’odeur qui se dégageait était si forte qu’il ne put s’empêcher de plaquer son bras sur ses narines.

Son cœur battait la chamade et il craignait déjà pour sa famille. Il courut rapidement dans sa chambre et découvrit là, fils, fille et femme…


Marchand : Noon…

Tombant sur ses jambes en larmes, il poussa un cri puissant de colère. De rage. Mais surtout… de regret.

Quelque temps après, ceux qui avaient pu se réfugier dans les sous-sols de leurs maisons sortirent de leurs cachettes, racontant au malheureux ce qui s’était passé :

« Shiro – maître de la mort et du chaos, ainsi que les agents du chaos, ont massacré la population et dépouillé le village »

C’était peut-être le début d’une époque plus sombre pour le monde. Mais Shiro – Maître de la mort et du Chaos, allait être traqué désormais. Il ne pouvait plus agir comme il le voulait. Maintenant, il devenait une menace dont le nom serait murmuré ci-et-là. Pour faire peur aux enfants, mais aussi comme un élément qui montait en force dans le tableau des primes.