未来 · Mirai - Ft Heiwa Jigoku

Ce monde avait toujours été le théâtre de bien des évènements. Il avait vu naître, briller et sombrer des héros multiples et immémoriaux. Pourtant, de tous ceux qui existaient, il y avait tout de même une lignée particulière d’individus qui bravait le temps, héroïquement, pour instaurer leur volonté dans ce monde.

Chacun de ces héros ne jurait que par une seule chose. Certains agissaient pour le compte de leur conviction certaine en ce que ce monde est une erreur – Zayro Jinn. D’autres entendaient préparer cette dimension pour l’arrivée de leur seul et véritable maître – Rhadamantys.

Et si les deux précédents empereurs brillaient par leur propre puissance, un autre lui, semblait plus discret. Finement entremêlé au fil de la destinée de ce monde. Secrètement à l’origine de coups bas et de renversements multiples. La seule mention de son nom créait la méfiance. Cet individu était, d’une certaine façon comparable à l’ancien héros des élus incompris : Aeternam…

Il s’agissait du deuxième empereur de Fuyu. Le maître des ombres… l’homme aux yeux d’un argenté rotatif : Heiwa Jigoku.

Si Zayro Jinn m’avait marqué par sa cruauté et sa puissance, le Jigoku se démarquait par son approche et sa philosophie. Il était de loin, l’être le plus redoutable que le monde pouvait avoir en son sein. Sans disposer d’une force infinie, il avait des alliés et des accords puissants qui le mettaient bien au-dessus des trois calamités du siècle précédent.

Quelque part… il avait raison.


Il me fallut trois morts, des défaites et une hibernation sur un millénaire pour entrevoir son approche et l’adopter finalement comme le meilleur moyen de fonder le clan le plus puissant de ce monde. Le clan Uchiha.

Plus que cette philosophie, Heiwa avait à sa disposition des éléments et des capacités dont je n’avais même pas connaissance. Pour m’élever au niveau de stratège, il fallait que je m’entoure d’être tout aussi intelligent. Évidemment, rien n’était plus dangereux qu’un jeu de manipulation à l’encontre d’un manipulateur.

Mais s’il ne s’agissait en rien d’une manipulation ? Mais plutôt d’un appui sincère en contrepartie d’un rapport durable ? Alors peut-être que les choses auraient été différentes. C’était du moins ce que j’avais pensé en me rendant dans ces lieux.


Les ruines antiques.

Passage intemporel entre le passé et le futur. Refuge sempiternel de l’histoire d’une civilisation passée.

Quel endroit pouvait mieux correspondre qu’ici ? Quel lieu pouvait si bien matérialiser le passage entre le passé et la construction d’un nouvel avenir ? Il était temps d’entrer en contact avec le maître des ombres et c’était ici, que les choses pouvaient être dites sans crainte.

Pour cette occasion, je m’étais accompagné de deux ressortissants du clan. Fuji et Uroko Uchiha. Des jeunes ambitieux qui entrevoyaient le futur radieux que j’allais créer sous l’étendard du clan Uchiha.


- Nous y sommes…

Notre trajet n’avait pas été de tout repos. Trois jours de course à pied avec deux arrêts sur le chemin. Depuis la traversée du lac des montagnes, jusqu’aux crevasses des ruines dissimulées sous la puissante force des montagnes.

Un long périple qui prenait fin aux portes de l’antre du dragon. Selon mes informations, Heiwa Jigoku était un homme difficile à avoir. Cependant, j’avais réussi à faire passer un message à l’un de ses hommes pour l’inviter à échanger dans les ruines.

J’étais resté vague dans les sujets de discussions, ne mentionnant qu’une seule chose… qu’un seul terme : avenir.


Cela aurait-il suffi à le faire venir ? Se souviendrait-il de moi comme étant l’ancien véritable Uchiha ? Rien n’était moins sûr.

Mon corps était totalement recouvert. Une capuche qui ne laissait percevoir que l’ombre en son sein, coupée au niveau de mon visage par un surplis d’un noir de jais fait en peau de biche des montagnes. Mes mains étaient invisibles, mais on pouvait tout au moins percevoir par la large carrure que j’étais, un homme fort et bien bâti. Le gonflement sur la zone de la hanche gauche dénonçait clairement une épée. Plus précisément, un Katana nippon tel qu’étaient armés nos guerriers dans mon monde d’origine.

Mes deux autres compères étaient vêtus de la même façon. Difficile à distinguer au préalable. Entre nous, et assez proches l’un de l’autre, nous savions parfaitement qui était qui. J’ouvrai la marche d’une formation triangulaire, suivi de part et d’autre par mes compères du jour.

Arrivé à proximité de cette cave qui faisait office d’entrée, je fis volte-face pour observer mes jeunes apprentis.

- Restez ici… Et n’intervenez pas. Quoi qu’il arrive.

Je ne voyais que partiellement leurs visages, mais l’expression d’inquiétude était plus que perceptible. Malgré leur entraînement, ils n’étaient pas sûrs que cette visite amicale à un vieil ami – comme j’ai pris le soin de le leur présenter – soit une excellente idée.

Posant chaque main sur les épaules de mes gardiens du jour, je repris.

- Quoi qu’il arrive.

Sur ces mots, j’abandonnai mes compagnons pour m’enfoncer dans la pénombre des montagnes avant de disparaître dans la pénombre comme une goutte d’eau se fondrait dans l’océan.

Mon pas calme, confiant et un brin lugubre me guida finalement dans un temple en ruine, où quelques flèches lumineuses éclairaient timidement des bouts de pierres par endroits. L’espace au sol était grand, et les murs encerclaient une superficie de quinze mètres de longueur sur une trentaine de mètres de largeur.

Une fois arrivé au centre, j’activai mon œil couleur sang – vestige héréditaire du clan le plus puissant de Kosaten – mon Sharingan.

- Heiwa Jigoku… Quelle vérité percevez-vous maintenant ? Quel avenir entrevoyez-vous avec vos pupilles ?

Était-il présent ? Je n’étais pas assez crédule pour parler sans au moins m’y attendre un peu. Toutefois, tout restait à faire. Et pour le reste, c’était à notre héros immémorial, de jouer sa partition.

Il n’avait pas changé malgré les âges.

Je ne pouvais le reconnaître – lui qui trouvait toujours le moyen de terrer son visage dans les ténèbres. Toutefois, sa tonalité, sa voix qui se perdait dans la pièce en un écho continuel… Cette manœuvre qui lui donnait toujours cette incroyable ascendance sur les évènements. Il était plutôt similaire à l’ancien général de Fuyu – aeternam.

Immobile, les cliquetis des chaines se firent entendre dans les cieux, suite à quoi, il déposa tranquillement mes acolytes sur le sol, à mes côtés. Uroko, Fuji, avaient du mal à comprendre ce qu’il se passait. À peine arrivés, ils tentèrent de m’expliquer ce qui s’était passé, voulant piètrement s’excuser de leur impuissance.

- Cessez…

Un mot calme et mesuré ; un regard empreint de sang, luisant ténébreusement dans l’ombre de la pièce, et mes compères comprirent qu’ils devaient surtout garder le silence. Effectivement, je n’avais pas besoin d’eux ici. Toutefois, Heiwa marquait un point. Ils étaient trop faibles pour être laissés seuls à l’horizon.

À ses multiples questions, je me contentai d’écouter, stoïque et dénoué de toute émotion inutile, ce qui m’était rapporté. Détaillant finalement les zones ombreuses de la pièce, je pus déceler quelques silhouettes, sans véritablement en déterminer le nombre exact. Non seulement n’étions-nous pas seulement quatre – mais en plus, nous étions certainement encerclés des émissaires du divin.

Mon regard alla par la suite s’accrocher sur mon interlocuteur avant que je ne commence :

- Votre définition de l’avenir importe, Empereur ! Dans un monde dominé par un chaos perpétuel, la lumière de l’espoir ne peut venir que de ce que nos pupilles entrevoient au-delà des limites du temps.

Ma pupille écarlate, scintillant comme le regard du diable lui-même, tourna légèrement sur lui-même pour dénoncer des courbes parfaites d’un Sharingan à trois tomoes. Cela dit, je continuai :

- De plus, je pense fortement qu’il y a des choses qui ne nécessitent pas toujours d’avoir beaucoup de témoins. N’êtes-vous pas du même avis… Jigoku ?

Mais qu’importe. Je vous ferais part de ce que mes pupilles entrevoient pour ce monde. La réalité à laquelle j’aspire… à laquelle nous pourrons aspirer ensemble.

En plein cœur des faisceaux lumineux qui parvenaient par endroits dans la pièce, laissant la plus grande partie de cet endroit dans l’ombre, des fines perles scintillantes se mouvaient le long des rayons ; comme pour dénoncer les micro-organismes que transportait l’air ambient. Pourtant, dans l’ombre de ma capuche, qui laissait scintiller mon œil gauche, je repris calmement :

- Kaen n’est plus que l’ombre de Seika. Un pays aujourd’hui en ruine qui se meurt doucement sous l’impulsion des tribulations internes. Shuzâ subit la monstrueuse domination du despote Zang face à une rébellion effacée. Sou Rei reste le seul à garder sa nation sous sa coupe. Mais avec une armée désorganisée et affaiblie. Kosaten est plongé dans un chaos sans précédent avec des chances de survie amoindries par la menace de l’Est…

Mes sourcils se froncèrent un peu plus à la seule mention de cette terre inconnue aux capacités incongrues :

- Tenkasuru.

Le présent était bien misérable. C’est pour cela qu’il fallait repeindre ce dernier aux couleurs d’un avenir plus prospère. Levant alors le bras droit pour l’extirper de mon voile noire, lentement mais surement, mes paroles continuèrent à s’échapper de mes fines lèvres avant la même tranquillité. Suivant le mouvement de levée de mon bras dans un rythme incroyablement précis.

- En tout temps, un clan a réussi a surmonté les difficultés les plus titanesques pour rétablir, par la force ou par la bonté, le calme et la paix. Dans son histoire, il a été si puissant qu’il a contraint son opposant direct à signer un traité de paix pour bâtir le plus puissant pays de son époque. Un clan qui, dans le chaos, brille plus fort que la lumière du jour.

Ma main finit par se positionner horizontalement, quand ma main gantée tourna sa face vers le ciel, comme pour saisir le monde, dans le creux de ma seule main.

- Ce clan… n’est autre que le clan Uchiha.

Je marquai un instant de silence, laissant l’auditoire s’interroger sur la nature de ce clan qui n’avait aucune marque dans ce monde. Mais Uroko et Fuji, restaient forts, leurs yeux plantés vers l’homme ombré aux yeux d’argents.

- Mes pupilles entrevoient un avenir chaotique. Mais par-delà ce dernier, un radieux destin de paix et d’allégresse. Tous unis sous la terreur ou la protection du clan guerrier et de son étrange puissance divin. Le clan Uchiha n’a pas la prétention d’une incrédule neutralité comme Shutô Tokai – qui finira tôt ou tard englouti par la cruelle réalité de ce monde. Toutefois, il n’a pas non plus l’intention guerrière d’agir contre les nations. Nous ne sommes pas non plus incrédules à ce point. Le Clan Uchiha est une arme destinée à servir les intérêts des plus puissants jusqu’à ce que le monde soit dépendant de cette force qui est la nôtre. Et là…

Mon poing levé se froissa dans une agressive friction, rependant le son du cuir tiré dans les lieux en ruine qui nous entouraient.

- Nous serons suprême !

Une lueur plus puissante brûlait mon regard aux couleurs de feu. Finalement, ma main regagna mon voile noire, et je recommençai à glisser l’intérêt clair de ma présence en ce lieu :

- Mener à bien un tel projet est impossible sans l’appui d’une personne comme vous… Jigoku. Selon les rumeurs, vous avez été impliqué dans bien des actions, pour la construction de Shutô… ou plutôt Bâsho Tokai. J’attends que l’on agisse ensemble, dans les intérêts de cette nouvelle puissance armée. Que notre vision de l’avenir converge en ce point-là.

Si effectivement les rumeurs disaient vrais et qu’il disposait d’autant d’influence, peut être fallait-il lever un doute qui me taraudait l’esprit.

- D’ailleurs… La mort de ce cher Bâsho, dénué d’honneur et de chances de retour a été l’un des évènements les plus tragiques de ce nouveau millénaire. Votre prudence aurait donc failli au point où le pauvre homme se retrouve aussi loin de sa ville ?

Sans tourner davantage autour du sujet, je m’énonçai clairement :

- Heiwa Jigoku… Êtes-vous impliqué dans la disparition définitive de votre ancien allié ? Le plus grand rebelle que le monde n’ait jamais connu ?

Finalement les mots avaient été dits. Et les regards du trio allèrent dans le sens et la direction de celui qui les surplombait de sa hauteur.

Mes pupilles ne parvenaient pas à voir le visage ombré de mon interlocuteur au fil de mes paroles. Mais sans aucun doute, j’avais la ferme certitude qu’il se contentait d’observer stoïque les éléments et évènements que je lui rapportais. Oui, à Fuyu – ou désormais Reïfuu – les plus puissants n’étaient pas du genre à se laisser emporter par un discours bien serré, aussi subtile qu’il puisse être.

Le Jigoku ne supportait clairement pas le fait d’être détaillé trop longtemps. Je pouvais le sentir légèrement, juste avant que ça n’arrive. Cette bourrasque qui leva violemment ma cape sombre qui me recouvrait de la tête aux pieds – dévoilant alors ma tenue de combat. L’attache du tissu lourd avait été assez ferme, pour que le vent ne l’emporte pas. Toutefois, le souffle fut assez puissant pour me décoiffer et faire danser violemment ma couverture – avant que cette dernière ne reprenne sa position initiale.

J’avais résisté. Mais mon duo avait eu un peu plus de mal que moi. Ils manquaient véritablement d’entraînement, j’en avais bien conscience. Mais leur frayeur ou leur courage vis-à-vis de cette situation était le cadet de mes soucis. Si jamais Uroko et Fuji semblaient perdus, ils n’avaient qu’à me regarder, fort et fier et suivre la tendance.

Plus que leur leader, j’étais leur lumière, l’exemple parfait de ce à quoi ils aspiraient tous. La personnification du désir de tout un peuple.

Finalement, à la mention de Basho, la réaction fut bien loin d’être celle à laquelle je pouvais m’attendre. Heiwa Jigoku, pour la première fois depuis plusieurs milliers d’années, laissait transparaître ses émotions. Et ce, en mémoire d’une personne autre que lui.

Le sol se mit alors à trembler sous l’impulsion du puissant chakra du deuxième empereur du Fuyu. Comptait-il m’attaquer ? Moi, qui venais en allié ?

Le duo dans mon dos semblait se préparer au combat. Percevant quelque peu la situation, chacun jeta dans son dos sa cape pour découvrir son katana rangé. Dans un mouvement traduisant d’une certaine expérience, chacune de leur main alla écraser puissamment le manche de leurs katanas – générant à l’impact un cliquetis guerrier. Le regard empreint d’une certaine terreur qui se convertissait mal en violence, l’un deux s’écria :

Uruko : Rinkyu-dônô…

Fuji : Quels sont vos ordres ?

La pression était à son compte et moi, je restais immobile, détaillant le maître des ombres. Une altercation maintenant, signait notre arrêt de mort. Je n’étais pas assez puissant, nous n’étions pas assez nombreux. Un regard sévère alla se planter vers mes deux compères que j’y perçus un soupçon de terreur et de panique.

Cette expression incongrue qui nous habitait quand on se confrontait à quelque chose de dangereux, qu’on savait ne pas être humain…

- J’ai cru vous avoir demandé… de cesser !

Serrant leurs mâchoires, ils eurent un peu de peine à lâcher du lest. Mais au bout de quelques secondes, ils finirent par se calmer et se remettre en position droite. De la même façon, la salle avait cessé de trembler.

Voilà donc, le genre de situation que pouvait engendrer la colère du deuxième empereur. J’avais bien fait de mettre mes deux compères hors de cette pièce. Leur présence gênait plus qu’elle ne m’aidait dans mes échanges.

Finalement, il approcha, depuis les tréfonds de la pénombre avant de donner un avertissement clair sur la manœuvre à suivre. Encore une fois, j’avais fauté. Je manquais donc de savoir, malgré toutes mes enquêtes ? Jusqu’où devrais-je seulement creuser ?

Il s’ensuivit un long monologue sur les rapports qu’il entretenait avec Basho. Une relation inconnue de tous. Et si véritablement il masquait bien ses traces comme il le faisait si bien, il devait savoir que je ne pouvais en aucun cas être informé. Même avec les déductions les plus incongrues, je n’avais jamais connu cette facette de sa personnalité. Heiwa était-il donc capable d’affection ? Mais si j’étais bien d’accord avec lui sur un point, c’était au sujet de la menace que représentait Tenkasuru.

Le résumé de la situation était plutôt impressionnant. Il avait plus d’informations que j’avais pu rassembler ces derniers temps pendant mes voyages. Et au sujet de Sou Rei, je n’en savais rien. Mais il devenait évident que je devais vérifier cette information auprès de Rhadamantys. Lui, qui chuchotait à l’oreille du roi.

Finalement, il parla des dieux. Bien que je soupçonnai quelque peu la présence de nouveaux dieux, notamment celui du fameux père des dieux. Sa théorie faisait également sens. Finalement, il était temps pour moi de reprendre la parole et de faire également un argumentaire serré sur ce que j’avais :

- Rendez-vous à l’Ouest de Kaen, voyez les cadavres sans vies et les terres dépouillées qui y sont.

Rendez-vous au Sud de Shuzâ, dans les calanques… Vous y trouverez des âmes abandonnées à elles-mêmes, sans espoir d’un avenir futur.

J’ai eu vent des plans de restructuration qui sont mis au point par le triumvirat – ou du moins ce qu’il en reste. Sans être plus clair que cela, il ne s’agit que d’une stupide réallocation des ressources. Mais est-ce que ça rendra au peuple brûlé et meurtri sa dignité ? Absolument pas.

Shuzâ souffre des mêmes maux avec la déchirure interne qui se fait entre Zang le despote et la rébellion. D’un côté, la population diminue machinalement pour finir dans la gueule de son dirigeant ; et de l’autre, un manque cruel de pouvoir militaire n’assurant aucun avenir à leur tentative de coup-d’état.

Je parlais en connaissance de cause. Mes deux compères venaient chacun d’une de ces régions. Et en aucun cas, ils n’avaient émis la volonté de retourner chez eux. Ils avaient tout perdus par les flammes et les cérémonies du despote. Le monde souffrait ardemment. Et j’étais là, pour les recueillir.

- Chaque faux pas que le système fera, enrichira les rangs du clan et développera une lignée forte et solidaire, unis par les valeurs que le clan a toujours communiquées. Les faibles y seront forgés pour devenir forts. Et les forts seront changés en légendaires. Uchiha redonnera fierté et dignité à tous ceux qui en ont été dépouillés par le monde et sa cruelle réalité. Là où les faibles seront rejetés, ils viendront chez nous pour devenir plus puissants et confiants. Le clan Uchiha est donc le nouveau monde issu des défaillances de l’ancien.

Même si la situation semblait reprendre un peu, le monde était malade. Et le clan allait être le remède parfait pour rétablir l’ordre. Le chaos me profitait foncièrement. Parce qu’il me permettait de faire grandir les rangs du clan et d’accroître notre influence militaire dans les conflits mondiaux. Et afin de le mener à bien, rien n’était plus effrayant que le courroux d’une nation.

- Mais pour le moment, nous sommes faibles, seuls et impuissants. Nous n’avons que notre compétence guerrière et la puissance de nos pupilles qui sera bientôt transmise aux plus fidèles du clan.

Comme vous avez solidifié Bashô Tokai lors de sa création… Comme vous avez su faire pencher les évènements dans le sens de sa protection et de sa croissance, je voudrais que vous assuriez la facilitation de certains accords politiques avec les nations ou les continents. Bien que guerriers, nous ne voulons pas avoir de partis pris. Nous voulons être une arme, sans plus. Une arme au sujet du peuple.

Et en échange ? Ce que nous pourrions offrir ? C’était d’autant plus évident qu’il était même inadéquat de se poser la question :

- Comme je vous l’ai dit, le clan Uchiha est une arme. En nous accompagnant, vous deviendrez automatiquement un de ses membres fondateurs. Que ça soit de manière officielle que de façon officieuse. Et en combinant votre stratégie à notre puissance militaire, vous pourrez atteindre vos objectifs en temps voulu. Nous vendrons nos services aux organisations et aux individuels. Mais vous aurez le privilège de lever une armée instantanément si le besoin se fait vraiment sentir. Pour peu que notre sacrifice ne soit pas vain.

Bien sûr, c’était juste la phase introductive. Parce que le plus important allait arriver :

- Aidez le clan à survivre et à briller pour les générations à venir et comptez-moi, Rinkyu Uchiha, parmi vos armes de guerre. Vous êtes sans ignorer que ma puissance me reviendra bientôt. Ça sera toujours un atout pour vous, de pouvoir compter sur ma force dans les moments décisifs.

Glissant finalement mon œil droit vers le possesseur du Rinnegan, je clôturai :

- Que décidez-vous… Heiwa Jigoku ?

Depuis les premières paroles, mes pieds ne se sont encombrés d’aucun mouvement. J’étais puissant dans ma faiblesse, fort dans mon infériorité, impérieux dans ma faiblesse numérique. Il était clair que je ne pouvais pas égaler Heiwa. Ses hommes étaient plus nombreux, certainement plus entraînés, et lui-même, disposait d’une approche stratégique qui était bien plus avancé que la mienne. Sur un plan théorique, je n’avais rien que je pouvais véritablement lui apporter. Pourtant – et il devait certainement le savoir – la vie était loin d’être un long fleuve tranquille.

De par son principe, il était riche en imprévus. Et la seule chose pouvant nous permettre d’avancer droit, quand on avait quasiment tout perdu, était les alliés puissants qui nous entouraient. J’avais fait un bout de chemin assez long, mais même après un millénaire, l’ancienneté de mon interlocuteur sur ce monde n’était plus à remettre en question.

D’une certaine façon, j’avais une certaine admiration pour sa prudence. Il avait les capacités d’un leader. Mais un leader de l’ombre. Une version plus sombre de ce que je voulais être comme personne et comme entité.

À ma proposition, la première réponse fut un long et agaçant silence. S’en suivi un monologue qui précisa qu’il était effectivement en mesure de m’aider dans mes plans et ma volonté de croissance du clan. Le Jigoku pouvait depuis toujours, tirer les ficelles dans le sens de ses intérêts. Et aujourd’hui encore, il pouvait le faire, pour le clan que je voulais servir. Mais bien sûr, dans cette première phase, il ne mentionna même pas les termes que j’avais énoncés.

Il engagea par la suite une marche lente dans ma direction, avant de critiquer déjà mon approche. En brillant bien trop fort, j’allais être écrasé, sans autre forme de procès. Les nations étaient avares. Ne se suffisant jamais à elles-mêmes, prêtes à évincer tout étrange individu qui voudrait prendre une partie de leurs territoires, même non conquises. En sommes : les nations étaient mes ennemis à devenir.

Le deuxième empereur commença alors à énumérer l’aide et l’assistance qu’il aurait pu m’apporter. Il posa exactement les mots comme je le souhaitais, comme s’il lisait clairement dans mon esprit. Étendre la puissance et l’influence du clan en utilisant son réseau actuel et même au travers des multiples voyages dans le monde. Par contre, il ne souhaitait pas que le clan se mêle à ses marcheurs qui étaient déjà organisés et dont le nombre était bien délimité pour éviter d’être remarqué.

En somme, il filtrait déjà les éléments que je proposais en faisant immédiatement une contreproposition qui me semblait quelque peu dur. Il avait raison… J’avais certes éliminé Rumaki, mais jamais je ne lui avais ramené le jeune garçon comme je le devais par le passé. Si on devait travailler ensemble, les missions de ce genre risquaient d’être nombreuses. Sans poser d’autres questions, je devais les exécuter pour lui.

Bien conscient que ce type de situations aurait pu arriver, j’avais déjà préparé une autre faction armée, plus sombre et moins connue que le clan. Une ligne de guerriers, d’assassins et de meurtriers, préparés à la destruction et à répandre le mal. Ce bras armé, en plus du clan, allait agir, selon la complexité et les exigences du Jigoku. Ce n’était pas plus mal.

Jamais son nom ne devra être mentionné. Un fait relativement facile compte tenu de mes capacités. Un sceau devrait nous unir. Cela également, était acceptable. Mais sous des conditions dont il aurait fallu qu’on clarifie.

Finalement, le dernier élément. Je devais sacrifier mon plus aguerrit des hommes. Livrer sa vie entière et l’exposer au Jigoku. Jetant un œil dans mon dos, cherchant du regard qui serait l’âme à sacrifier au Jigoku, l’arme puissante que j’allais pouvoir compter dans mon camp et finalement, l’être avec lequel j’allais piloter le clan pour les mois et semaines à venir. Mon esprit était clair, mais le dire était difficile.

Le père devait choisir de ces deux enfants… qui était le plus brave et le plus méritant. Quelle difficile situation.

Faisant face au Jigoku, je glissai :

- Je n’ai jamais douté une seule seconde de votre capacité à rendre possible mes demandes. De plus, je n’ai jamais douté non plus, de votre extrême méfiance et de votre prudence. Vous marquez un point. Notre clan sera certainement la cible des attaques multiples des nations. Mais que feriez-vous pour empêcher que ça se fasse trop précipitamment ?

Le premier conseil que je demandai alors, à cet empereur que je respectais. Attendant alors sa réponse, je pris le temps de réfléchir et finalement de dire :

- Votre nom ne sera jamais mentionné. Et vos ordres seront exécutés – pour peu que leur accomplissement soit en notre pouvoir. Mais je ne doute pas de votre capacité à évaluer la situation et à nous désigner comme étant le meilleur moyen pour agir. Vous aurez le temps de découvrir avec le temps ce dont je suis capable, la capacité de mes hommes et leurs spécialisations.

Fixant maintenant le lointain obscur, sans être certain de trouver mon interlocuteur, je repris :

- Je suis bien conscient des risques que vous prenez. De ce fait, j’accepte de me faire apposer votre sceau. J’aimerais juste en comprendre la totale subtilité. Je suis un guerrier et je suis exposé à de multiples circonstances. Une parfaite connaissance de ce qui est lié à mon organisme, me permet de m’adapter en situation critique.

Finalement, la question du bras droit se leva :

- Actuellement, un bras droit n’a pas été décidé. Kata est un vieil Uchiha, toujours au village. Bien que m’épaulant sur les sujets importants, il n’est pas informé sur les sujets sombres et délicats. Il est clair que je ne peux le laisser agir sur le terrain en mon absence. Je projette de le remplacer par un guerrier davantage immergé dans les affaires politiques du clan. Et actuellement…

Mon regard alla à nouveau par-dessus mon épaule, empreint d’une lueur fine, légère et à peine perceptible d’un regret. Ce bref instant de faiblesse se changea en détermination alors même que mon choix avait déjà été fait.

- Fuji Uchiha est le candidat qui remplit l’ensemble des caractéristiques. Il est donc celui qui sera officiellement mon bras droit à compter d’aujourd’hui. Épaulé, de ce fait, par mon bras gauche – Uruko Uchiha. Le deuxième étant bien plus guerrier que stratège, c’est Fuji qui sera donc oint de votre puissance et de votre empreinte.

Sans dire un autre mot, je me retournai vers mon interlocuteur. Le duo devait certainement digérer, chacun à sa manière, les paroles que je venais de donner. Mais le fait était que tout avait été dit.

- En somme Heiwa Jigoku… J’accepte votre proposition.

Tout avait été dit et sa réponse avait été notée. Même en tant qu’ennemis des nations, il nous suffisait de ne pas briller au cœur des grandes villes. Nous n’avions qu’à gagner le soutien du peuple et se montrer indispensable à notre façon. C’était donc un jeu politique. Rien n’était plus important que le peuple. Si ce dernier acceptait la toute puissance et la souveraineté du clan Uchiha, même les dirigeants auraient été obligés de s’y plier au risque de faire grandir des foudres et des vagues incessantes de rébellion.

Il n’avait rien à dire… Cet homme avait vraiment l’habitude de ce genre de situations. Face à sa démonstration d’invocation, je restai calme, comprenant alors de quoi il s’agissait. Une technique d’invocation. J’en avais longuement entendu parler, sans jamais vraiment l’avoir vu.

Peut-être aurait-il fallu également que j’apprenne cette technique. Mais pour aujourd’hui, j’en avais trop demandé au Jigoku. Pour l’acquisition de nouveaux pouvoirs, nous allions attendre un jour ultérieur. Encore que, je devais également reprendre la pleine capacité de mes capacités.

Je pressai alors la main du Jigoku, affichant un fier sourire sur le visage. Pour lui, il venait de gagner un nouveau pion sur le grand échiquier qui allait gagner en influence et pourrait servir ses nouveaux plans. Pour moi, je venais en une poignée de main, de créer un réseau puissant et invisible, qui agissant sans faire de bruit pour l’évolution de mon clan. En plus de la sagacité du maître des ombres et même de ses pouvoirs étranges par-delà la mort.

- Vous êtes un redoutable adversaire, Jigoku. C’est un honneur de vous avoir en allié. J’appliquerai vos conseils et agirai ainsi pour développer le clan comme il le faut. Pour sûre, les fruits de mes actions se feront sentir dans les semaines et les mois à venir. Vous qui serez à mes côtés pendant tout ce temps, observez et n’hésitez pas à rectifier ma course si besoin se fait sentir.

Pour la mémoire de mes hommes, il était clair qu’elle devait être effacée. Ce qui était normal. Heiwa était un homme bien plus prudent que je ne l’aurais imaginé. J’aurais sans nul doute besoin de ce réflexe-là.

- Ça me conviendrait parfaitement. Je comprends vos motivations et les accepte.

Une fois les cérémonies achevées, je savais qu’il était temps de se séparer. C’est alors que je demandai immédiatement :

- Comment puis-je entrer en contact avec vous ?

J’allais retrouver mes capacités, parfois lui faire certains rapports sur l’évolution des opérations ou encore vérifier si ma manœuvre allait bien en corrélation avec ce qu’il espérait accomplir comme mission. Mais cela, il devait sans nul doute le savoir.

- Ma prochaine action sera maintenant de trouver un moyen pour m’associer à Zayro Jinn. Une fois que j’aurais son soutien – si ce n’est pour le développement, au moins pour un pacte de non-agression – je pourrais avancer l’esprit tranquille. Si auparavant, ça semblait impossible, le Jinn que j’ai croisé dernièrement m’a semblé différent de celui que j’ai connu avant le cataclysme. Il pourrait accepter.

Une fois sa réponse obtenue sur les derniers éléments, je fis volte-face, avant de m’en aller, développer le plus grand des clans de ce monde. Armé désormais de la flèche des ombres. Mais enchaîné également par sa volonté. Toute chose avait un prix. Et pour la gloire du clan, aucun prix n’était trop grand.

Quelque temps après sa disparition, ils réapparurent. Fuji… Son regard avait changé. Il arborait à présent le regard glacial et tournoyant du maître des ombres. Ça en était presque étrange. J’avais comme l’impression d’avoir Heiwa lui-même en face de moi. La seule différence possible était la posture et l’ennui quasi permanent qui était dessiné sur le visage de Fuji.

Pourtant, je ne pouvais rien y faire. Son regard intimidait et semblait transpercer l’âme pour y déceler les vérités enfouies avec une incrédule facilité. Le Rinnegan. J’effaçai la gêne naissante avant qu’elle ne se manifeste. Pas question de compliquer davantage ma situation. Tôt ou tard, j’allais m’y habituer.

Finalement, au moment même où il était temps de se séparer, il releva quelque chose d’anormal. Une présence autre dans mon dos… Comment était-ce possible ?!

Dans un déplacement incroyablement rapide, le deuxième empereur de Reïfuu arriva à ma hauteur pour saisir une sorte d’entité dont la forme était assez familière. Mes pupilles s’écarquillèrent de surprise devant le constant malsain que je venais de faire.

J’avais été dupé. Les mots du Jigoku sonnèrent dans mes oreilles comme une expression criarde de déception. Mais fort heureusement, il me donna immédiatement un moyen de régler la situation. Il fallait simplement que je rattrape l’auteur de cette mascarade et que je le ramène au plus vite. Nul doute que, avec les pouvoirs du maître des ombres, la mémoire de l’auteur allait être effacée.

Mais c’était enrageant ! Les erreurs du passé avaient l’incroyable capacité à revenir à soi au mauvais moment… Tentant de rattraper ma crédibilité qui volait en fumée :

- Pardonnez ma mégarde Jigoku… Ma puissance ne m’est pas revenue, des éléments échappent à ma vigilance.

Serrant les dents en détournant le regard éhonté, je repris :

- J’ai bien conscience à présent, au terme de notre échange, que je dois davantage m’armer de prudence. Un seul faux pas et mon erreur me reviendra désagréablement dans le visage.

Je gardai un instant de silence avant de revenir accrocher mon visage à celui de mon interlocuteur. Une lueur de détermination y brillait. Celle de me venger de cet affront :

- J’ai reconnu la forme de cette ombre… Il s’agit d’Alastor. Un élu dont j’ignore la faction. Il est clair que nous avions eu un accord. Mais rien qui ne spécifiait une surveillance continuelle. Heureusement, j’ai réduit les risques en agissant plus prudemment… Toutefois, je vais le capturer et régler le problème.

Ma première mission venait de mon incapacité… Si cela n’était pas un début de relation chaotique… Heureusement, le Jigoku s’était montré compréhensif. Mais il ne fallait pas s’y méprendre, sa patience avait une limite et j’avais clairement besoin de son influence et de son expérience.

- Considérez cela comme fait.

Ces mots suffirent alors à exprimer mon regret vis-à-vis de cette désagréable situation et ma détermination à clarifier ça au plus vite. Aucune entrave ne devait être mise sur notre chemin. J’allais le retrouver coûte que coûte.

Je me redressai à nouveau, faisant un signe de la tête en guise de salutations et je fis volte-face pour me plonger à nouveau dans la pénombre du tunnel menant à la sortie. J’étais accompagné de mes acolytes dont la mémoire avait été soigneusement effacée et une fois que la froide humidité de l’ombre laissa place à la chaude lumière du jour, nous entamèrent la course pour nous fondre dans le lointain.

J’avais un nouvel allié. Cependant, j’avais également une première mission à régler. Une mission qui consistait à briser une épine que j’avais dans le pied. Un individu voulant entraver mon influence dans le monde que je voulais construire : Un empire pour le clan.