目覚め· Éveil

Au sommet des pics célestes, sur la montagne séparant Shuzâ au Nord et Kaen au sud, je me dressai, puissant et grand. Mon regard aussi dur que le marbre, ma posture trahissant mon désir réfréné de puissance, j’observais le lointain avec une certaine arrogance. J’étais en tenue de mission.

Mon plastron en fer forgé gris se dévoilait depuis le croisement de mon kimono blême, au niveau des pectoraux. Une veste aux teintes bleu-clair aussi léger que du coton, me recouvrait partiellement le kimono, battant agressivement dans le mouvement puissant et incessant du vent. La veste avait un col un peu élevé, ce qui dissimulait la base de ma mâchoire et ma nuque. Bien qu’il couvrait totalement mon dos jusqu’à l’arrière des genoux, ses manches ne s’étalaient pas plus loin que mes épaules. N’ayant aucun bouton, il restait continuellement ouvert, dévoilant sans cérémonie le katana fourré dans la poche droite de ma ceinture dédiée à cet effet.

Mon kimono quant à lui, était séparé de mon pantalon en cuir par une ceinture traditionnelle – gardant mon fourreau long et incliné. L’accoutrement était une symbiose parfaite de la tradition Uchiha et du modernisme Kosatenien. Sur la face avant de mes cuisses, étaient disposées des cuissards métalliques, me protégeant toute potentielle attaque dans ces zones. Et sur les côtés de ces cuissards, des pochettes renfermant mes armes de Shinobi. En somme, j’étais prêt et armé pour les batailles les plus hardies.

Mon dos arborant fièrement le signe de l’éventail Uchiha, j’étais dans ces lieux comme le plus grand des hommes. L’être qui se rapprochait le plus des dieux.

Pour une raison qui me surprenait légèrement, les cieux étaient tendres et brumeux, ne laissant passer sous son manteau cotonneux qu’une poignée de faisceaux diagonaux de lumière.

Les oiseaux grands et les bêtes les plus larges semblaient également s’élever dans les cieux environnants. Mais ils ne m’intéressaient pas plus que ça. La raison de ma présence se tenait à quelques pas de moi : un vide. Une falaise rocailleuse difforme dont la destination était embrumée par les nuages qui paraient les chemins.

L’air était si glacial que chacun de mes soupirs, s’accompagnaient d’une trainée de poussière perlée de minicristaux. Pourtant, ma barrière de chakra me gardait bien au chaud. Assez pour ne pas me faire ressentir le besoin urgent de se mettre à l’abri.

- Nous y voilà…

J’étais aux portes des enfers. Sous mes pieds, se trouvaient le gouffre de la mort et la désolation. Si j’arrivais à m’y engouffrer et à extirper tous les monstres qui y étaient d’une main de maître, j’étais persuadé… persuadé que le monde serait à nouveau dans le creux de ma main.

Mon regard décidé alla s’ancrer dans le gouffre sans fin qui se perdait dans le néant. Je jaugeai un instant mon ennemi avant d’avancer d’un pas.

J’avais atteint le sommet de ma puissance. Après ces multiples entraînements avec Madara, Rhadamantys et Kata, j’étais persuadé que je ne pouvais plus améliorer davantage ma force. Un choc, puissant et soudain devait garantir mon éveil. Mon retour de puissance. Le sceau était à deux doigts de se briser.

Je n’étais plus qu’à un pas d’y arriver.

Avançant d’un deuxième pas, mon pied arriva en bordure du gouffre. Sous l’impulsion de mon poids, quelques pierres se détachèrent sous mes pieds pour aller chuter dans le néant.

Le dernier pas vint enfin se poser dans le vide avant que, mon corps ne se laisse chuter lourdement par son propre poids. Filant comme une flèche dans le vide, mon regard déterminé alla se figer vers le néant, le gouffre dans lequel j’étais à deux doigts de me plonger.


J’allais retrouver mes pouvoirs. Même si, je devais aller au plus profond des enfers pour cela.

Un son et un souffle puissant se fit entendre dans toute la zone. Un bruit si puissant qu’il réveilla là les entités les plus malveillantes. Les oiseaux qui somnolaient prirent leur envol dans une panique ténébreuse. Mes yeux et mes lèvres s’étiraient sans fin dans une expression de rage et de détermination.

Il fallut quelques secondes pour comprendre alors que ce son assourdissant qui résonnait dans ces ténèbres…

N’était que mon cri déterminant. Qui jurait de sévir les bêtes qui existaient,

Dans cette descente continuelle, il ne fallut pas longtemps pour que le gouffre du néant ne m’absorbe et qu’aucun faisceau lumineux ne puisse éclairer cette noirceur absolue. Mes bras toujours abandonnés à eux-mêmes, mon corps orienté par mon seul visage à l’œil découvert mi-clos, je malaxai mon chakra dans ma pupille pour activer mon dôjutsu divin.


Dès lors, le monde apparut sous une couleur écarlate, dessinant les formes de vie et d’énergie qui m’entourait. Le souffle puissant de la chute faisait danser mes cheveux et mes vêtements. Et finalement, le premier obstacle s’approcha de moi. Loin d’être ce que j’avais espéré, il ne s’agissait que d’un bloc de roches dont la déformation l’avait placé naturellement sur mon chemin.

Tournant rapidement en un flip avant qui s’acheva en un grand écart dans le ciel, je stabilisai ma position pour faire face au futur obstacle que j’allais rencontrer.

Joignant mes mains dans une légèreté troublante, j’enchainai les mudras que mon mentor m’avait appris. J’entrevoyais, dans ma posture et mon exécution, les mêmes traits que Madara Uchiha lors de l’exécution de sa technique phare.

Mon torse se bomba d’une façon quasi inhumaine avant que, un souffle puissant poussa une sphère de flammes destructrices. La boule était incroyablement grande, assez pour être capable d’absorber une poignée d’individus en une fois.


Il s’agissait de la technique phare du clan Uchiha, adaptée à ma sauce avec l’élément destructeur – la bakuton, l’art de l’explosion.

- Baku - Gôkakyû no Jutsu

La boule puissante rayonna l’espace par sa vivacité et les flammes allèrent se fondre contre la pierre, produisant une puissante explosion qui réduisit en poussière l’obstacle qui me faisait front. Très peu de chakra avait été consommé pour une telle opération, mais le résultat était incroyablement satisfaisant.

Reprenant ma position initiale, ma course dans le néant continua de plus belle. Mon œil perçu alors quelque chose de particulièrement étrange. Il y avait dans les parois rocailleuses qui m’encerclaient, un filet énergétique de quelques centimètres qui circulait dans les murs descendant à ma vitesse, continuellement. Pour sûre, il s’agissait d’un ennemi qui prenait le temps de m’observer et qui était prêt à m’attaquer.

Sans laisser glisser une quelconque marque de panique, je ne fis que surveiller ma descente, attendant de voir ce que le monstre allait envoyer cette fois. Les pierres se mirent alors à rouler sur elles-mêmes, dans un mouvement de construction quasi automatique, jusqu’à que de la pierre jaillisse une main. Une main titanesque aux doigts aussi grands qu’un homme et aussi épais qu’une cheminée.

La main formée fila alors dans ma direction, portée par une colonne de pierre qui se formait depuis la roche elle-même, prolongeant chaque seconde la portée de la main. Froissant les sourcils un léger instant, je déployai violemment mon chakra autour de moi, pour faire jaillir la protection céleste de Long.

Cette mesure prise, je lançai un kunai explosif pour pulvériser le doigt qui était le plus proche de moi. L’offensive fut un succès. L’explosion donna naissance à de gros débris. D’excellents appuis que j’utilisai pour me propulser plus haut, au-dessus du bras dans un mouvement circulaire et régulier.

Tout semblait calculé. Sans m’arrêter une seule seconde, je courrai à une vitesse ahurissante faisant à répétition le tour du bras ennemi pour me rapprocher de la jonction entre le bras et la paroi rocheuse.

Le grand bras, qui grandissait continuellement, tourna dans un grand cercle, avant de revenir chuter dans ma direction. Il ne me restait plus beaucoup de temps pour réaliser cette opération.

- Je vois…

Couvrant ma lame d’une couche épaisse de foudre, je fis un bond en avant puissant avant de trancher largement le bras qui s’accrochait au mur. La coupe a été nette et subite. Ce qui fit directement tomber dans le néant le bras du colosse géant.

Quand je m’y attendis le moins, un gros bloc de pierre vint directement dans mon angle mort pour s’écraser contre moi, dans le sens descendant. Il s’agissait d’une des pierres de l’ancien bras qui se désassemblait une fois déconnecté de sa source d’énergie.

« Est-ce ici que tu achèveras ta misérable existence ? Tu n’auras donc finalement été qu’un bon à rien…»

Une voix lointaine semblait jaillir de l’ombre infini de mon inconscient. Une voix qui me semblait si lointaine, mais pourtant si familière. L’écho résonnait jusqu’à moi comme un appel céleste visant à m’extirper du gouffre des enfers.

Qui était-ce ? Cette voix était un parfait consortium de masculinité et de féminité. Difficile d’en décerner la véritable identité. Mais quand je tentai de saisir qui se cachait derrière cet appel, la voix reprit :

« N’oublies pas à qui ta vie appartient… notre volonté t’accompagne et te protègera comme tu as décidé de nous protéger… »

Toujours rien. Je ne comprenais rien. Mais soudainement, pour une raison qui m’était inconnue, un sourire s’étira sur mon visage. Je revenais à moi petit à petit, constatant la triste situation dans laquelle j’étais.

Je commençai par sentir la douleur qui me tiraillait les cordes vocales. La sensation que des lames glissaient doucement et en permanence dans la gorge. Les maux se suivirent par la manifestation au niveau de l’avant-bras. Une désagréable sensation similaire à un pivert extirpait mes veines une à une.

De plus, ma jambe gauche était retournée dans un sens cadavérique. Comme si les ligaments qui soutenaient les articulations avaient lâchés. Sur mon dernier bras, une épaisse pierre semblait avoir élu domicile. Misère… j’étais bien dans une bien mauvaise situation.

- Je… Je n’ai besoin…. D’aucune protection ! Savez-vous seulement à qui vous avez affaire ?

Mes yeux injectés de sang s’ouvrirent alors, me laissant voir le spectacle atroce de mon corps écrasé. Ma chute avait été violente. Si violente que seule ma volonté de bouger animait encore mes gestes et mes paroles.

Par un concours de chance, j’ai été gardé dans ma descente par la barrière d’énergie que j’avais ouvert quelques instants avant de passer à l’attaque. Elle me protégea quelque peu, mais n’empêcha pas les gros dégâts d’être générés. Mes dents jaunis par le sang qui fuyait depuis mes entrailles, je tentai de lever mon torse dans un cri puissant qui ne pouvait pas aller au-delà de quelques centimètres.

Mes cordes vocales avaient été affectées.

« Ménage tes ressources… Rinkyu ! Tu mourras et n’auras plus rien à protéger si tu t’obstines dans ta voie. Nous allons te guérir. »

- SILENCE… Envoyais-je avec un ton empreint de rage.

Finalement, je me remis sur mes genoux avant de me tenir droit quelques instants. Par la puissance de mon épaule, je réussis à décoincer mon bras du piège dans lequel il était emprisonné. Une fois droit, haletant ma douleur, je me rappelai d’une technique. Une technique Fuyujin que j’avais apprise dans les camps d’entraînements de l’ancienne cité des glaces.

Elle puisait dans la puissance de Long lui-même pour guérir les plus grandes blessures. Puisant dans les ressources que j’avais, je me revêtis de cette aura bleutée Fuyujin qui ferma mes plaies les plus graves, remettant en place les fractures et les déchirements. Je n’avais pas totalement guéris, mais j’étais déjà bien sur pied et prêt à me déplacer.

Droit comme un i, je retrouvai mon katana planté plus loin, au cœur de plusieurs débris à une poignée de mètres de ma position. Une colonne de lumière diagonale pénétrait dans la grande pièce de pierres par un orifice géant situé à quelques mètres du sol. Et moi-même, situé au fond, je pouvais voir en relevant ma tête une petite étoile qui brillait au fond, dans le lointain. J’étais sans nul doute arrivé au fond de ma chute.


Observant ma main, je tentai de déployer mon chakra et là… ma pupille se dilata d’étonnement.

« Durant ton sommeil, nous avons favorisé l’ouverture des sceaux qui retenaient tes pouvoirs. Aujourd’hui, plus que jamais, tu as accès à l’ensemble des ressources que tu avais par le passé. Et même mieux ! Tu peux braver l’impossible avec ce pouvoir que nous t’avons donné. Nous, les ancêtres Uchiha »

Une explosion énergétique se manifesta puissamment autour de moi, bouleversant dans son souffle les quelques pierres qui étaient à proximité. Le sol à mes pieds se fissura soudainement et mes plaies se fermaient à vue d’œil. C’était comme ci, tous mes pouvoirs s’activaient en une seule fois.

Depuis les cellules d’Hashirama, en passant par la maîtrise de la terre, de la foudre, du feu et de l’explosion.

Mes lèvres s’étirent dans un sourire de satisfaction, quand brusquement, mon regard s’éleva dans les cieux pour observer la présence que j’avais rapidement démasquée. Bien avant qu’il n’entre dans mon champ visuel.

- Même mes sens se sont améliorés… Je vois… c’est encore mieux que ce que je ne le pensais.

Le monstre rocailleux descendait à vive allure dans ma direction. Cette fois, il se présenta de toute sa hauteur, décidé à m’écraser.


Un sourire sombre s’étira sur mon visage avant que, la tête légèrement baissée, j’annonçai :

- Il est trop tard pour toi… bête…


Soudainement, je bombai mes poumons pour envoyer un océan de flammes vers le ciel. La circonférence des flammes était telle qu’elle avait de la peine à tenir dans le gigantesque gouffre. Les flammes, avares d’objets à incinérer agressivement, emportèrent tout ce qui pouvait y être confronté.

Une fois qu’il inonda par ses flammes tout le canal, je frappai mes mains pour dégager une puissante déflagration explosive qui balaya progressivement les parois du gouffre, brisant jusqu’à la mort l’ensemble des rochers qui s’y trouvaient – y compris celui de mon ennemi.

L’attaque fut assez puissante pour être visible sur des kilomètres à la ronde. Provoquant l’effondrement d’une partie de la montagne. Bien évidemment, aucune victime n’a été déplorée. Personne n’était présent.

Mais au terme de ce processus, je me tenais là, dans les cieux, flottant comme je le faisais d’accoutumée avant mon hibernation. J’observais de haut ce que j’avais accompli et je me réjouissais intérieurement de mes nouvelles capacités.

« Nous t’avons donné pouvoir… maintenant, tu serviras pour le clan »

- Vous ne m’avez rien donné. Et disparaissez de mon esprit ! Quand je trouverai un moyen de vous retrouver, je vous annihilerai. Comme je l’ai fait pour ce monstre et tous les ennemis qui se dresseront devant le clan.

Sur ses mots, je me recouvris d’une vague puissante de chakra avant de filer dans les airs comme une étoile jusqu’à ce que je disparaisse totalement dans le lointain.

J’avais retrouvé l’intégralité de mes pouvoirs. Le monde n’allait plus jamais être le même.