永遠の記憶 · Souvenirs éternels

Mes doigts se rapprochèrent lâchement de mon visage, hésitant à toucher la partie située entre mon nez et mes cheveux. Il était difficile de définir l’expression de mon visage sous la bobine de bandes qui condamnaient mes yeux de toute forme de luminosité. Toutefois, à mes dents serrées par la douleur, on pouvait bien comprendre que mon supplice n’était pas arrivé à son terme.

Les cellules de ce corps étranger peinaient à fusionner avec les miennes. Malgré la maîtrise dont faisait preuve Madara en matière d’implant oculaire, il y avait chaque quart d’heures cet étrange étirement… Comme si mes yeux voulaient s’arracher de mes globes pour remplir mes orifices visuels de coulées sanguinolentes.

Sans pouvoir détailler ce qu’il se passait à la perfection, mon corps cherchait à accepter cet implant, refusant le rejet par toutes les voies imaginables. Ce rude combat interne engendrait des douleurs que même l’alchimie de ce monde ne pouvait qu’alléger – sans totalement annihiler.

Le dos vouté, le torse relevé, j’avais toute la moitié inférieure de mon corps enfoncé dans le drap. La pièce était dominée par l’ombre ; la seule lumière présente provenant de l’orifice de la serrure de la porte.

Pour cette phase d’assimilation de la greffe, j’étais incroyablement fragile. Cette étape m’empêchait de faire quoi que ce soit. De ce fait, j’interrompis l’ensemble des missions que j’avais à mon actif pour me concentrer à ma guérison totale. Mes journées ne se résumaient qu’à trois activités :

Le repos, l’alimentation et le minimum requis pour être présentable.

De temps en temps, des mages arrivaient dans la chambre pour me prescrire des potions médicamenteuses. Rien qui ne pouvait accélérer le processus, mais au moins, de quoi calmer les douleurs atroces que je ressentais la nuit.

Il se disait à l’extérieur que l’Empereur Uchiha était quelque peu souffrant. Et de ce fait, il ne devait en aucun cas être dérangé. La réalité n’était pas très différente. Sauf que cette souffrance aurait été gratifiée du Mangekyo Sharingan Eternel.

Le clan était donc temporairement géré par Kata, notre ombre, Madara Uchiha, ainsi que mes deux gardes pour des missions diplomatiques dans les villages environnants. Malgré cette organisation solide et rassurante, le clan avait besoin de son leader. Je devais m’empresser de guérir.

Cela faisait quarante-huit heures que Madara m’avait faites le don de ces yeux, couplant de ce fait les pouvoirs d’un défunt membre du clan aux miens. Il m’avait bien précisé qu’il y avait des risques de rejet, entraînant peut être la mort de ceux qui s’y essayaient. Toutefois, devant la perspective d’un pouvoir infini, j’étais prêt à braver la douleur, la maladie et la mort.

Ma main était à quelques millimètres de mon visage, suite à quoi, il retourna tranquillement sur le lit. Les dents serrées pour consommer dans le silence ma douleur, je ne fis que me répéter les mêmes paroles. Ces mots qui me maintenaient encore sains malgré le long et continuel supplice qu’était l’intégration de ces yeux dans mon organisme :


- Encore un peu de temps… Encore un tout petit peu…

Dès que ces mots furent prononcés, la douleur s’accentua à nouveau. Luttant de toute ma chair et de toute ma volonté, mon dos se rabattit agressivement sur le lit au sol. Mes muscles se tiraient et un râle douloureux se glissa timidement de mes lèvres.

Ce que j’ignorais, c’était qu’à quelques mètres de la porte fermée, à l’extérieur, se tenait un individu âgé, assis en tailleur qui percevait chacun de ces moments de faiblesses. C’était le vieil Uchiha aux cheveux gris. Il veillait sur moi, et me soutenait de toutes les forces qu’il lui était possible de donner, dans le silence des plus absolus.

Une autre journée passerait encore, sous la bénédiction de la douleur, sans aucune certitude que ma vie ou mon état mental, aurait la même stabilité le lendemain.

Diacre !

J’avais totalement perdu la notion de temps. J’ignorais même si on était le jour, ou la nuit. Mon subconscient n’avait pu suivre au-delà de quarante-huit heures. Soit à mon dernier réveil. Mon corps alourdi par la fatigue, je pouvais tout au moins ressentir la chaleur et la tendresse du drap épais qui me couvrait le corps jusqu’à la base du cou.

L’air était un peu frais et j’étais allongé sur le lit. La bonne nouvelle tout au moins venait du fait que les douleurs avaient cessé. J’avais l’étrange sensation que mon organisme avait finalement intégré ces yeux étrangers.

Quels en étaient leurs pouvoirs ? Je n’en avais aucune idée. Mais pour sûre, je ressentais une chaleur intense au niveau de mes globes oculaires. Signe inéluctable que je devais encore faire preuve de patience avant de regagner la lumière.

Mon supplice ténébreux se poursuivit alors, et sans véritablement comprendre ce qu’il se passait, une voix retentit du lointain de mon subconscient. Une voix familière, mais pourtant si lointaine. Elle résonnait en un consortium de voix qui trouvait une certaine harmonie dans l’uniformité de leur tonalité. Et à ce moment-là, j’étais endormi.

« Ainsi donc tu cherches encore à passer à un autre stade de puissance… Rinkyu… »

Je connaissais cette voix. Elle m’avait accompagnée lors de mon éveil quelques semaines plus tôt. Étrangement, elle ne se manifestait qu’à de rares moments. Et ce moment était visiblement l’un d’entre eux.

La voix provenait de mon subconscient et moi-même, je me découvris l’étrange capacité de communiquer par mon esprit.

- Ne vous ai-je pas demandé de libérer mon esprit ? Voix inconnue ? Ne me troublez pas dans mon ascension.

Sans entendre de retour un léger moment, mon/mes interlocuteur/s laissèrent planer un court silence malfaisant avant de reprendre.

« Tu ne retiens donc rien… Combien de fois devras-tu mourir ? Combien de millénaires devrais-tu endurer pour te débarrasser de ton arrogance ? »

Dans le vide difforme qui m’entourait, je me découvris finalement humain, droit, et dévêtu. Mes yeux pouvaient voir mes mains mais à cet instant, chose que j’étais encore incapable de faire dans la réalité. Par ce simple fait, je sus que rien ici n’était réel.

Par contre, je ressentis une puissante présente dans mon ombre, me contraignant instinctivement à jeter un œil par-dessus mon épaule. Je fus troublé par la vision de milliers d’yeux géants, parfaitement encastrés dans des silhouettes de titans. Des yeux qui me fixaient avec une désagréable intensité, ceux de démons venus des tréfonds du passé pour m’absorber.


Saisi par une certaine frayeur interne, ma posture droite et forte était la seule barrière que j’avais contre cette intimidante présence intangible.

- Je suis le leader Uchiha. Celui par qui et pour qui le clan trouve son existence. Je suis celui qui bâtira le plus puissant des clans jamais vus en ce monde. Qui que vous soyez… je vous somme de disparaître !

« Comment peux-tu chasser une entité que tu as tant cherché ? Le leader que tu es est soumis à notre volonté commune. Tu portes la couronne du roi. Et après l’avoir cherché toute ton existence, tu es contraint à l’avoir sur ta tête ».

Je ne comprenais rien à ce qu’ils disaient. Mais sans me laisser distraire, je cherchais un moyen de les chasser de mon esprit. Je tentai de remonter dans ma conscience, pour me réveiller et m’extirper de ce piège.

À cette tentative, le monde se mit à trembler, comme disparaissant peu à peu dans un océan puissant. Mes lèvres s’étirèrent en un sourire devant le succès de cette manœuvre. Oui, j’allais me réveiller et les tenir au loin. Ils allaient finir par disparaître aussi brusquement qu’ils sont apparus.

« Tu ne comprends donc rien… Nous sommes la manifestation intrinsèque de la volonté des anciens dirigeants Uchiha. Les multiples générations qui ont conduit le clan jusqu’à sa toute puissance. Tu nous a réveillé de notre sommeil… Maintenant, nous sommes liés. À jamais… »

Leurs mots s’achevaient à peine sous mon regard méfiant quand soudainement, je me relevai, en sueur. Mes yeux étaient toujours bandés et au son aigu répétitif qui se faisait entendre du petit étang d’eau dans la cour, je savais qu’on était dans la nuit. Enfin… de retour à la réalité. Si je devais être plutôt content du fait de ce retour, le sourire qui s’affichait avait des motifs tout autres.

Je le sentais clairement, mon pouvoir grandissait doucement. Mon cerveau semblait être mieux ficelé, mieux préparé que jamais à prendre un nouveau pouvoir. Une capacité qui allait permettre de renverser le monde.

- Je deviens de plus en plus puissant…

«En effet…. »

Mon corps se crispa immédiatement à l’écoute de cette voix agaçante et persistance. Comme il y avait peu, dans mon dos, je ressentis la même présence désagréable que j’avais pourtant abandonnée.


« Visiblement tu n’as aucune intention de coopérer. Dans ce cas, nous allons te ramener à nous. »

Soudainement mes pupilles tournèrent dans mes yeux, et comme plongeant dans une transe, je chutai, immobile dans le lit. Plongé cette fois-ci dans un monde que je connaissais plus…. Et dont je n’aurais plus aucun contrôle.

J’étais cette fois enchaîné à un arbre épais aux pétales roses, observant impuissant les entités ombrées multiples qui se dressaient devant moi comme une armée d’ombres humanoïdes avec à leur tête, une silhouette guerrière masculine à la longue crinière. Contrairement à ce qu’ils étaient plus tôt, les ombres étaient plus humains. D’ailleurs, il n’y avait pas que les ombres qui avaient changé.

Le décor était différent du vide habituel dans lequel j’étais automatiquement plongé. Il s’agissait d’une vaste prairie dont la verdure et les fleurs aux pétales multicolores se propageaient à perte de vue. Il y soufflait un vent continuel sous la bénédiction du soleil couchant sempiternel qui luisait à plusieurs kilomètres de là.

Mes mouvements quant à eux étaient entravés par la chaîne lourde qui me maintenait fermement contre le tronc épais de l’arbre aux pétales roses. Aussi, j’étais vêtu cette fois d’un kimono ample enfilé à un pantalon bleu souple. De quoi conserveur la candeur de ce paradis en miniature. Le métal de la chaîne était translucide avec une teinte légèrement rosie. Ébahis, je susurrai :

- Où suis-je ?

« Nous t’avons amené dans un endroit que nous avons jugé approprié pour que tu éprouves le moins de résistance possible. Contrairement à ce que tu souhaites croire, nous ne sommes pas ton ennemi, Rinkyu »

Mon regard empreint d’une certaine tristesse, j’allais fixer mes interlocuteurs qui avaient alors toute mon attention :

- Vous avez une approche singulière pour témoigner de votre amitié

Mon regard alla alors indiquer les liens de fer qui entravaient mes mouvements.

« Nous te relâcherons quand tu finiras par nous écouter »

Froissant légèrement mes sourcils, je me résignai alors à tendre une oreille à leurs explications.

- Quelle est cette histoire de manifestation intrinsèque ? Que voulez-vous exactement ?

« Ton Sharingan a manifesté un pouvoir singulier lors de ton éveil sous le gouffre de la montagne…. »

Des images me revenaient alors, du combat que j’avais eu il y avait quelques semaines. C’était lors de cette brutale expérience, que j’écoutai cette voix étrange pour la première fois.

« Il s’agit de l’unicité de ton œil. Le Eien no Omoide ou encore Souvenirs éternels. C’est le pouvoir de l’esprit, qui te permet de t’accaparer ou d’instaurer les souvenirs dans l’esprit d’un autre individu. La puissance de ce pouvoir est tel qu’il a échappé à ton contrôle dès son apparition. »

À l’écoute de leurs paroles, mes paupières s’écarquillèrent dans un étrange étonnement. Je ne comprenais que la moitié de ce qu’ils exprimaient. Eien no Omoide ? Pour le moment, je continuai d’ingurgiter les informations, analysant impuissant les éléments que j’avais sous la main.

« Ton désir absolu de rebâtir le clan Uchiha a confié le premier ordre à Eien no Omoide. Ordre qui était de puiser dans tes gênes pour reconstituer la mémoire de l’ancien. Ton pouvoir ne pouvant se propager au-delà des âges, et au-delà de la mort que jusqu’à une certaine limite, il a reconstitué la conscience et la volonté d’une partie des anciens chefs Uchihas et grands conseillers de guerre »

Ainsi donc… j’étais leur créateur.

- Si vous êtes mes créations, alors vous devez m’être soumis. Je vous ordonne de me libérer et de me transmettre l’ensemble de vos pouvoirs.

Face à ces quelques paroles, un silence béant régna, brisé par le souffle continuel du vent.

« Tu apprendras à utiliser ce pouvoir. Mais je t’informe que le Eien no Omide ne soumet pas la mémoire. Elle ne fait que te la transmettre. Aussi, nous ne sommes qu’un amas de souvenirs qui peut agir et parler sous la forme d’une conscience collective. Tu n’es pas notre créateur. Mais plutôt le saligaud qui a entreprit de nous copier pour nous enfermer dans ton esprit par la volonté d’un pouvoir que tu ne maîtrises pas. »

Une perle de sueur coula du coin de ma tempe, quand je compris finalement la situation. J’avais donc un conseil permanent dans mon esprit sur qui je n’avais aucun contrôle. Pire même, ils pouvaient me soumettre comme ils l’avaient à présent en me ligotant à cet arbre.

« Cet exact. Tu as parfaitement résumé la situation. »

Quelque peu étonné, je me rendis compte également qu’ils avaient possiblement la capacité de lire dans mon esprit. Comme dans un livre ouvert. Impossible donc de me montrer plus malin que ces derniers. Ils étaient dans mon corps, mais c’était moi le prisonnier.

« Je n’irais pas jusqu’à faire cette comparaison, Rinkyu. Nous ne sommes pas tes ennemis, même si tu nous considères comme tels. Nous agissons et agirons dans l’intérêt du clan, comme nous l’avons toujours fait jusqu’à présent. Et pour ton pouvoir… nous t’accompagnerons jusqu’à ce que tu le maîtrise, intervenant de temps en temps pour te prodiguer suffisamment de conseils. »

- Je ne suis pas à l’aise à l’idée de vous savoir maîtres de mon esprit…

« Nous ne le sommes pas. Nous sommes des cohabitant de votre subconscient. Comme l’ensemble des mémoires que vous allez stocker dans ces lieux. Ce pouvoir exige de vous une parfaite maîtrise de votre esprit. Au risque de devenir fou, ignorant complètement la différence entre le souvenir et la réalité. Nous interviendrons quand ce jour arrivera ».

Ça faisait bien trop d’informations pour une fois. Mais mes chaînes s’évanouirent dans le sens du vent, changé en poussière d’étoiles. J’étais à présent libre de mes mouvements. Et alors, je sonnai clairement :

- Je dois diriger le clan. Puis-je compter sur votre soutien ?

« Il vous est accordé »

- Je dois renforcer ma puissance et dompter ce pouvoir. Puis-je compter sur votre soutien ?

« Il vous est accordé »

- Je vais devoir affronter les puissances et réduire au silence beaucoup d’innocents pour accomplir mon objectif… Puis-je compter sur votre soutien ?

« Il vous est accordé… Mais il ne signifie en rien qu’il vous sera accordé de la façon dont vous le souhaitez quand vous le souhaitez. Nous serons toujours dans votre camp. Mais n’interviendrons que dans l’absolu nécessaire. »

- Bien. Ramenez-moi à la surface. Je dois continuer mon combat… Désormais, je vous compte parmi mes alliés… anciens.

« À ton réveil, le sharingan aura été parfaitement intégré. Agis avec prudence. Tu disposes d’un pouvoir dangereux. Aussi bien pour les autres, que pour ton esprit. »

Soudainement, le monde s'éclaira continuellement d'une lumière vive et puissante, mettant fin à ce rêve conscient qui semblait avoir peut être trop duré. Maintenant tout était clair. Mon pouvoir était connu... Eien no Omide

Mes paupières initialement fermées, mon bras tira le ruban qui couvrait mon front et mes yeux. Les bandes se défirent aisément avant de se rabattre paresseusement sur mes épaules. Et là, mes paupières s’ouvrirent dénonçant les formes concentriques ovales qui s’empilaient les unes sur les autres. En leur sein, on voyait clairement la forme d’un Shuriken assombri. C’était la forme de mon Mangekyô Sharingan éternel – Le Eien no Omoide


Il se dégageait de mon regard une oppressante ancienneté. Comme ci, derrière le rubis de mes paupières, une existence qui transcendait les âges observait dans un silence mortuaire les évènements. Mes traits initialement agressifs laissèrent place à un désir insoupçonné de connaissances.

Ce sharingan m’avait maudit par un besoin de savoir. Une soif de connaissances qui semblait de fait lié à ma performance guerrière. Ironique n’était-ce pas ?

Glissant subrepticement hors de mon lit, je me dressai grand, détaillant la grande chambre qui se présentait à moi. Ces pupilles me conféraient une incroyable assurance qui se manifestait par le calme olympien qui se dégageait de ma présence. Mais plus loin encore, il y avait cette énergie ambiante qui me semblait plus claire que jamais. En y prêtant une attention plus serrée, j’arrivais presque à percevoir les esprits qui m’entouraient grâce à mes pupilles.

Ainsi donc mes yeux pouvaient aller au-delà de la réalité. Percevoir l’énergie vitale et même astrale avec une plus grande concentration. Serrant à répétition mes poings que je fixais, comme pour tester la réactivité de mes mains, je fis quelques pas avant d’ouvrir la porte qui était devant moi.

En un coup violent et abrupt, la lumière puissante du soleil m’aveugla, contraignant ma main à aller faire un peu d’ombre pour mon visage. À quelques mètres de la porte, se tenait Kata, assis en tailleur, les paupières closes.

Quand il les ouvrit, il perçût mon regard muré et placide. Un regard qui dégageait cette empreinte de la mort que les anciens portaient en permanence quelques instants avant leur trépas. La fougue rageuse qui me caractérisait avait laissé place à une conscience plus douce, avec un soupçon de terreur qu’on n’arrivait pas à s’expliquer.

Le vieil homme se releva lourdement, marchant à pas comptés pour me faire face et m’observer dans les creux des yeux

Kata : C’est donc ça… Le regard du Eien no Magekyô Sharingan…

- Non… il s’agit plutôt du Eien no Omoide…

À ces mots, ma main alla se poser chaleureusement sur son épaule. Innocemment.

Mais… L’espace d’un instant… mon cerveau lâcha une légère décharge électrique qui parcourut mon cerveau jusqu’à la base de ma nuque.


Et comme transporté dans une autre dimension, je me déplaçai immédiatement dans plusieurs séquences d’endroits à la chaine. Les séquences étaient rapides, et parfois impossible à cerner. Mais dans l’ensemble, j’avais pu reconnaître certains évènements clés.

Vision a écrit:

Un centre d’accouchement où je voyais un jeune brave garçon naître dans le sang des entrailles de sa génitrice ;

Une pièce plus petite où griffonnait un jeune garçon sur un bout de papier ;

Les murs d’un dôjô boisé où un jeune garçon de près de huit ans apprenait ardument les rouages du katana avec un maître ;

Le même jeune brun, un peu plus âgé, qui se battait contre un grand ours, deux fois plus grand qu’un animal classique ;

Le jeune homme devenu un homme d’âge mûr, cheveux châtains qui semblait s’engager à une jeune femme à la crinière dorée belle comme un ange ;

Les mêmes traits de cet homme, plus âgé encore que le précédent, qui découvrit un spectacle macabre chez lui. Une scène pleine de sang, de corps et de désastre… ;

Plusieurs autres séquences de cet ordre s’enchaînèrent avant de finalement achever leur course sur un visage… celui de Kata, au fond du dôjô assombri dans lequel je l’avais trouvé.

Ma main lâcha le jeune homme soudainement, et mon regard olympien glissa pour observer le sexagénaire. Moins d’une seconde venait de s’écrouler. Nous étions ici, alors que je venais de passer plusieurs longues minutes de séquences multiples. Je nettoyais encore un peu mes yeux, quand soudainement, je perçus sur mon interlocuteur une expression d’horreur.

La mâchoire s’étira jusqu’à ce que toute sa dentition soit visible. Ses yeux injectés de sang fixaient agressivement le vide et ses muscles serrés trahissaient les veines multiples sur ses bras. Le visage de Kata semblait déchiré dans une expression meurtrière. Avait-il revu ce que j’avais pu voir ?

Kata : Pourquoi ces souvenirs ne me reviennent que maintenant !!!!

Sa rage et sa fureur le rendaient méconnaissable. S’il s’agissait bien de ses souvenirs, il y avait eu un évènement tragique dans son passé. Une scène choquante présentant ses femme et enfant assassinés violemment.

Le visage légèrement attristé, je glissai alors :

- Pardonnez-moi Kata… Je n’ai pas encore le contrôle de ces capacités.

Kata me fixa d’une lueur que je n’avais encore jamais perçue dans son regard. Et là, il murmura, le corps tremblant :

Kata : Rinkyu-dônô… Je vous prie de m’excuser. Je dois rester un peu seul.

Sur ces mots, il s’en alla.  Et debout, j’observai le vieil Uchiha s’éloigner. Pour ma part, mon pouvoir était acquis, mais pas encore dompté. J’allais devoir me montrer très prudent sur son usage. De crainte de détruire plus que je ne le souhaitais.