永遠の記憶 · Eien no Omoide - Etudes & Analyses

Au fond de la pièce qu’était mon lieu de repos, assis derrière le petit bureau qui m’accompagnait dans mes réflexions nocturnes, je rabattais avec une enthousiasme indescriptible les données que j’avais rassemblées depuis ma dernière trouvaille. Depuis l’éveil de mon œil. Son pouvoir, ses capacités, les possibilités qu’il apportait n’avaient de cesse de m’émerveiller à chaque seconde.

La journée avait été longue, riche en tests et en essais sur des personnes promptes à m’aider à dompter ce pouvoir inqualifiable. Bien que j’ai eu beaucoup de mal, j’ai finalement pu cerner bien plus de choses que je ne l’aurais même espéré.

Pour comprendre profondément la lueur qui brillait sur mon visage, il fallait remonter quelques heures plus tôt, dans la matinée et découvrir le premier test effectué avec moi-même.


Assis en tailleur dans le dôjô interne du temple, j’étais en pleine phase méditative, entouré des encens en tige pour m’accompagner dans mes réflexions. Les paupières initialement fermées, je dominai la pièce par une présence forte, qui dissuadait à tous les oiseaux ambiants d’entrer.

J’ouvris alors les paupières jusqu’à rendre ma pupille visible à moitié, démasquant dans une fine et tranchante sonorité, les formes originales de mon Mangekyô Sharingan. Mon chakra se mit alors à se rassembler autour de mon corps avant de se concentrer sur mes globes oculaires.

- Voyons jusqu’à quel point… je peux entrer dans mon esprit…

Fermant mes yeux délicatement, je me plongeai alors dans une ombre absolue et totale. Une ombre muette qui ne laissait transpercer ni joie, ni espoir. L’ombre obscure ne perdura pas bien longtemps. Parce qu’à peine quelques secondes après, une vive lumière vint du lointain horizon, découvrir totalement l’espace pour le placer dans ce qui était équivalent au dôjô dans lequel je m’entraînais.

Contrairement à ce que je savais du dôjô, les traits des murs semblaient floutés et disposés dans une luminosité bien plus faible que la normale. Alors que j’étais initialement assis, je me retrouvais debout, observant une version de « moi » assis, qui s’apprêtait à fermer les yeux pour méditer, sans jamais vraiment le faire.

Jetant un œil à l’extérieur de la pièce, je découvris des oiseaux en plein vol, une grenouille qui prenait l’élan pour bondir et un lézard qui tirait sa langue pour consommer une fourmi…



Levant mes bras vers mon visage, je compris que j’étais dévêtu, uniquement recouvert d’un léger et ample pantalon blanc noué à ma taille par des bandelettes. Je devais certainement être une simple projection de ce que j’identifiais être « moi ».

Mon visage déterminé, je sus qu’il fallait que je commence l’exploration.

- Bien… revenons quelques secondes auparavant.

Soudainement, le monde se mit en mouvement, comme mis en marche par un gigantesque mécanisme invisible, reliant l’ensemble des évènements. Les oiseaux battaient leurs ailes, la grenouille elle améliorait sa disposition au sol et le lézard ramenait sa langue à sa bouche…


On rentrait dans le temps, avec un grand bruit de mécanique et de boulons qui s’engrainait, aussi doucement que les mouvements s’exécutaient.

Je vis l’ancienne version de moi-même lutter contre la gravité et se relever en décroisant ses pieds pour se remettre droit, juste en face de la position où il était encore assis il y avait peu.

- Impressionnant…

Murmurais-je à la vue des déplacements de cette version de moi, qui rentraient en arrière, emportant avec lui, la lumière qui éclairait le monde.

C’était comme si, la lumière n’éclairait qu’un certain rayon autour de l’ancienne version de moi. Et au-delà de ce rayon-là, ne régnait que la nuit obscure dans laquelle j’étais initialement plongé.

Et finalement, je constatai que ce rayon de lumière qui éclairait se monde, se déplaçait selon les mouvements du « moi » du passé. Ainsi donc, je ne pouvais pas explorer les zones que mes sens n’avaient pas, directement ou indirectement, perçues.

- Je vois…

Finalement, le monde se figea, et je le fis reprendre son cours normal. L’ancienne version de moi, qui était déjà sorti de la pièce, revint, naturellement pour s’asseoir en tailleur à la position dans laquelle il était.

- Je dois essayer d’aller plus loin en arrière… voir jusqu’où je peux aller.

Et là, j’émis la forte volonté de rentrer plus en arrière, aussi loin que je pouvais aller. Comme inspiré par ma volonté, le monde m’obéit, enclenchant l’étrange son mécanique qui cette fois, était plus puissant et plus abrupte que le précédent. Selon la destination que je cherchais dans ma mémoire, j’exerçai une certaine puissance dans l’esprit et me déplaçai selon cette dernière.

- Je commence à comprendre…. C’est ma volonté qui pilote la machine de mon esprit…

Par la suite, sans que je ne me déplace, le monde se tordit dans une pression titanesque. Le monde sous mes yeux devint semblable à un robuste élastique qui se tirait depuis son centre avec une certaine violence. Une fois arrivé dans son point le plus éloigné, le monde se relâcha à nouveau, créant une vague puissante d’énergie. Le monde autour de moi, fusa sous mon regard stoïque. Durant ce voyage incroyablement rapide, je perçus plusieurs évènements divers. Aussi bien ceux qui dataient de mon parcours de mon monde actuel – que ceux d’avant le cataclysme.

Je revoyais mes aventures avec Li-Ming, mes rencontres avec le gardien de la plaine, la mort de Rumaki – du moins, mon crime. Je revoyais les multiples victimes que j’assassinais lors des missions effectuées pour la nation des glaces.

Je revisitais parfois les moments les plus simples comme les instants de repos, comme les nuits où j’observais solipsiste les étoiles ou encore comme les longues heures d’entrainement avec moi-même.

Je revoyais la solitude des instants sombres, la joie des moments de partage avec des êtres que j’affectionnais –

Je revivais le bonheur et la tranquillité des moments chaleureux avec ma bien aimée, les moments tristes et humiliants comme la fourberie de Sheikan – le tigre Minshujin ; ou Jason Rokuro – le samouraï des terres du serpent.

Je redessinai mes défaites contre la jeune Émilie, ma déchéance contre Zayro Jinn, contre Jason… Les souvenirs du royaume des morts, eux, était impossibles d’accès. Cependant, je savais qu’ils existaient – parfaitement.

Je revoyais ma première rencontre à Kosaten d’il y a mille six ans avec Amaya des glaces… et même, mon apparition en ce monde.

Plus loin encore, je revivais mon passé dans mon monde d’origine, revoyant particulièrement mes pas qui s’enfonçaient dans le lointain, abandonnant les miens en arrière. Je revoyais mes parents, affectueux et non guerriers. Voyant en moi une destinée plus grande que le commun des mortels.

Mes treize ans, mes douze ans, mes onze ans,

Mes neuf ans, mes huit ans, mes sept ans,

Mes six ans, mes cinq ans, mes quatre ans…

Et à partir de là, tout devenait plus flou.

Le monde était de plus en plus sombre, comme si ma conscience à ce moment-là était à jamais enfermé et était impossible d’accès.

Ce mur mémoriel se matérialisa sous la forme d’une ombre, la lumière de mon histoire explorable étant dans mon dos.

Regardant dans le lointain comme pour fixer cette obscurité qui dissimulait les mystères de mon passé inexploré, je ne pouvais rien voir, qu’importe ce que j’essayais de faire.

Je fis alors volte-face pour observer le long chemin lumineux marqué à chaque millimètre de marche d’un moment important de mon existence.

Pris dans une étrange nostalgie, je n’arrivai pas à exprimer par des mots l’émotion à la fois fière, triste, tourmentée et apaisée qui m’animait. Revoir mon existence m’apportait un fragment d’émotion forte. Et selon les évènements, ces fragments étaient de plus en plus importants.

- Quelle incroyable sensation…

« Vous finirez par vous y habituer, Uchiha Rinkyu »

Encore cette voix, qui dans mon esprit se matérialisait par une ombre à la forme humanoïde dont seuls les globes oculaires et une sorte de bouche se démarquait de l’ensemble.

- Vous avez changé de forme… Conseil.


« Nous nous sommes simplifiés la tâche en nous présentant sous la forme qui pouvait nous permettre d’agir au mieux dans votre subconscient sans nécessairement avoir à activer vos réflexes défensifs naturels »

Par la suite d’un court silence, il tourna ce qui était assimilable à sa tête dans ma direction avant de mentionner :

« Nous ne serons plus le conseil. Mais plutôt Ōyamatsumi : Shirei-kan no koe »

Ōyamatsumi était le dieu des puissances – contrôlant les montagnes, les mers et la guerre. Shirei-Kan no Koe était simplement un nom qui traduisait la voix du commandement ou du commandant. En somme, il se déclarait dieu des puissances et voix du commandement.

- Votre nom est trop long…

« À notre époque il était un honneur que de recevoir le nom d’un tel concentré de pouvoir et de savoir… Les temps ont bien changé. Soit… Appelez-nous Oyamatusmi, si cela vous chante. »

Suite à ces paroles, Oyamatsumi disparut sans spectacles, comme s’il n’avait jamais été là. Je pourrais donc me reconcentrer sur les évènements.

La lune brillait toujours haut dans le ciel et mon pinceau n’avait pas cessé une seule seconde de griffonner sur mes parchemins.

Le premier test m’avait permis de comprendre quelques éléments importants. Premièrement, mon pouvoir pouvait fonctionner sur moi et sur mon propre esprit. Il me suffisait de commander mon esprit afin d’engranger des mécanismes qui m’étaient encore inconnus et incompris.

Sur la base de l’ordre que je donnais, je pouvais rentrer de dix secondes dans le temps ou encore de plusieurs années. Plus je rentrais, plus ça exigeait un effort important de l’esprit. Dans ce royaume-là, l’esprit devait être extrêmement résistant. Je n’avais aucune idée de ce qui aurait pu se passer en cas d’abus… Mais il était certain qu’on se rapprocherait alors de la folie continuelle d’une errance sans fin dans les limbes mémoriels sans espoir de revenir à la surface.

Si la machine interne venait à se briser, je serais coincé dans les souvenirs, contraint de vivre des milliers de souvenirs à une vitesse extrêmement lente… Un bien triste châtiment il faudrait l’avouer.

Par contre, il m’était impossible de percevoir quelque chose que je n’avais pas vu par le passé. J’étais limité à ce que je voyais, entendais, humais, ressentais, goûtais ou bien même aux instincts guerriers pouvant potentiellement m’alarmer d’un quelconque mal environnant. Une faiblesse bien grande surtout si je voulais avoir une plus grande connaissance.

Si je devais chercher une information précise dans la mémoire, il aurait fallu que je visite l’ensemble des souvenirs un à un. C’était un travail bien trop complexe. C’est pour cette raison que j’ai dû procéder à un deuxième test.

Griffonnant toujours mes idées dans les parchemins, je marquai à nouveau une pause avant de me rabattre en arrière sur ma chaise. Cette fois-ci encore, je me remémorai les évènements du matin. Ceux-là même qui m’avaient conduit à cette conclusion.


Plus tôt ce matin…

Assis en tailleur, à nouveau dans le monde réel, je fis une courte pause pour boire une tasse de thé. Je me rendis compte alors que mon esprit avait voyagé dans mes mémoires pendant des heures. Mais dans le monde réel, pas plus d’une seule seconde ne s’était écoulé.
L’Eien no Omoide était un pouvoir redoutable… Mais encore plein de faiblesses. Même si le temps m’était donné d’explorer l’esprit, ça épuisait grandement de rester conscient pendant autant de temps. De plus, l’engrenage invisible semblait de moins en moins réactif au fur et à mesure que je durais dans le monde des souvenirs. Je devais réduire le temps de mes efforts.

Une fois ma boisson terminée, je me remis en position tailleur, concentrant à nouveau mon chakra dans mes pupilles. Et en moins d’une fraction de secondes, le temps se figea à nouveau, et je me retrouvai encore, debout, faisant face à l’ancien moi, dans un monde de souvenirs et de mémoires.

- Essayons de trouver un moment unique. Dont je n’aurais peut-être pas conscience…

Réfléchissant un petit instant, je me rappelai alors d’un élément que je devais trouver au fond de ma mémoire. Le nom de la toute première auberge visitée à Fuyu, dans la première Timeline. Je l’avais totalement oublié, et il s’agissait d’un élément que j’avais certainement vécu.

- Bien…

Fronçant mes sourcils dans un élan de concentration, je commandai à nouveau à mon esprit. Un ordre relativement simple.

Et soudainement, l’engrenage se mit en marche, étirant à nouveau le monde autour de moi en un grand mouvement d’absorption répulsion. Finalement, le monde s’éclaircit devant moi, me présentant sur une ruelle dans un petit village. Il faisait nuit noire et pourtant, la lune n’était pas visible.

La terre pâle, il y avait jusqu’à perte de vue une chute lente et continuelle de neige. La ruelle était quasiment vide, ne laissant résonner que le craquement des flammes qui illuminaient la chaussée et chauffait certains gardes de l’armée.

Finalement, l’ancien moi arriva dans un pas lent et lourd. Ce dernier était moins grand, un peu moins robuste également avec le visage rayonnant d’innocence. Son avancée s’arrêta devant les marches d’une petite bâtisse. Il détailla alors cette dernière, découvrant une pancarte fièrement affichée. Elle était difficilement visible dissimulée sous la rouille, mais avec un peu d’efforts, la luminosité des flammes permettait de dénoncer ne nom fier : « croc du dragon »

Je l’avais trouvé. Finalement, ça semblait plus facile que je ne l’aurais cru. Ma mémoire réagissait donc plutôt facilement aux exigences que je lui fixai.

L’ancien moi gravit les marches avant de pousser la porte unique de la vieille auberge, qui se rabattit suite à son passage dans un couinement métallique.

Je répétai plusieurs tests du même ordre et compris alors finalement que je pouvais facilement retrouver un élément précis de l’histoire. Il fallait que je sache exactement quoi chercher, que je sois persuadé d’avoir vu, vécu ou ressenti cette chose, pour la trouver.

Effectivement, ce monde était de plus en plus facile à comprendre et à appréhender.

- Deuxième test réussi. Je n’ai plus rien à apprendre ici. Il est temps de passer à une vitesse supérieure.

Le monde s’étira à nouveau avant de se relâcher dans un mouvement d’attraction répulsion. Et plutôt que d’être debout, j’étais cette fois assis en tailleur, en plein milieu de la salle.

Mes paupières s’ouvrirent doucement, laissant perler mes Eien Mangekyo Sharingan. J’avais terminé. Maintenant… j’allais faire venir mes deux compères. Ils allaient m’aider dans la tâche qui était mienne.

Si les « mémoires éternelles » (Eiein no Omoide), étaient fascinantes quand elles étaient appliquées sur moi-même ; elles prenaient une toute autre ampleur quand je l’appliquais ce pouvoir sur les autres. Rien de plus normal d’ailleurs. J’avais un certain contrôle sur mon esprit et mon corps. Il m’était plus simple de retrouver des évènements ou des informations dans mon esprit parce qu’il était mien.

Cependant, dans un esprit totalement étranger, la tâche n’était certes pas impossible, mais à ce stade de ma puissance, il aurait fallu beaucoup d’énergie pour y arriver. C’était la conclusion que j’ai eu lors du deuxième test. Effectué en présence cette fois de mes acolytes Uroko et Fuji.

Je pris bien la peine de relever l’ensemble des éléments que j’avais mentionnés alors même que ma mémoire se remémorait ces évènements.

Plus tôt dans la matinée

Uroko : Vous nous avez convoqués, Rinkyu-dono ? Vous voulez des rapports oraux sur les derniers évènements ?

Fuji : Comment pouvons-nous vous être utiles ? Je vois que vous êtes déjà sur pieds, c’est rassurant.

Observant calmement les deux compères s’introduire dans la pièce, je gardai le calme un instant avant de m’avancer jusqu’à chacun d’eux. Mes yeux témoignaient déjà de la transcendance de pouvoir auquel j’avais désormais accès. Mon absence à mes postes à responsabilités n’avait qu’une seule vocation : accentuer l’évolution de ma pupille.

Uroko : Qu’est-ce que ?

Fuji : Est-ce bien ?

- En effet… Il s’agit de mon Eien no Mangekyo Sharingan. Le dernier stade d’évolution du Sharingan tel qu’il est connu et révélé à partir de la stèle Uchiha. J’ai dû passer par mille supplices pour pouvoir éveiller ce pouvoir. Cependant…

Les traits de mon visage se resserrèrent en une moue plus sérieuse. Ils savaient que quelque chose d’important allait devoir arriver :

- Je ne les maîtrise pas. Hier, par un mauvais usage, j’ai causé du tort à Kata Uchiha. Ce qui était loin d’être mon intention. Je dois dompter ces yeux. Et comme toujours, je compte sur vous. Aucun mal ne vous sera fait. Toutefois, j’aurais accès temporairement à votre mémoire.

Les deux individus étirèrent leur visage en un sourire commun et finalement le premier annonça suivit de son compère :

Uroko : Vous savez Rinkyu-dônô… Je donnerais ma vie pour le clan. Alors vous révéler un passé duquel vous m’avez délivré… n’est qu’une maigre tâche.

Fuji : Je pense qu’il a tout dit. Et puis, ne nous sous-estimez pas. Nous sommes doués et forts. Peut-être pas autant que vous, mais suffisamment pour résister à vos essais.

Ils étaient braves, je devais le reconnaître. Une grande partie de mon efficacité était en grande partie du fait de leur présence. Finalement, je m’avançai devant Uroko avant de tendre mon bras pour le poser sur son épaule.

- Je vous remercie… Commençons.

Mes paupières s’illuminèrent d’une teinture rouge, alors que dans l’activation de mon Eien no Omoide, je me plongeai à nouveau dans la dimension mémorielle, un peu plus floutée et moins colorée que la réalité.

Le temps s’était arrêté et j’étais cette fois-ci dans les mémoires d’Uruko. Le décor n’avait pas changé, présentant un cadre identique au mien. Toutefois, j’avais la sensation d’être un étranger dans cette mémoire. D’être dans un espace qui n’était pas vraiment le mien. Aucun signe extérieur ne pouvait le matérialiser. C’était simplement une impression constante venant de mon intuition.

- Bien...

Je fis exactement les mêmes tests basiques que je fis sur ma mémoire et les constats furent les mêmes. Le bruit d’engrenage était bien présent. Et je ne pouvais étendre mon spectre de perception qu’à la surface maximale de perception d’Uroko.

Sur la tentative de trouver quelque chose de singulier, comme la première ceinture qu’il a attaché par lui-même, ou la première fois qu’il a vaincu un individu, les éléments paraissaient assez facilement. La simplicité des ordres commandés à son esprit permettait d’avoir une réaction rapide et demandant peu de ressources mentales…

Cependant, quand je questionnai l’esprit sur des évènements en rapport avec un thème, les éléments étaient plus flous. Selon le thème en question, une émotion était émise. De ce fait, je me retrouvais dans toutes les scènes qui ont généré ces émotions chez Uroko, sans véritablement qu’il n’y ait de suite logique.

- Ça se complique…

Trouver une information particulière, sans véritablement savoir ce que l’on cherchait en avance était plutôt compliqué. Si par exemple, je lui demandais de me dire « qui est à l’origine du clan Uchiha », sa mémoire sera automatiquement orientée vers moi, Kata et une ombre à une silhouette abracadabrante. Une sorte de projection spirituelle de ce qu’était Madara Uchiha. Une entité qu’il n’avait jamais vu mais qui semblait intimidante à s’en fier à la silhouette. Cependant, il présentera également toutes les scènes de sa mémoire où « origine du clan Uchiha » ou des affirmations similaires auraient pu être énoncées.

C’était assez intéressant. Par contre, revisiter sa mémoire semblait être plus épuisant que de parcourir la mienne. Un corps étranger avait des codes bien précis, assez difficiles à cerner. Finalement, sentant les engrenages s’enrayer, je sus qu’il était temps pour moi de m’en aller.

Finalement, je m’extirpai de sa mémoire avant de le lâcher.

Le duo s’étonna que ça ait déjà pris fin. Pour eux, une seconde était passée. Et pourtant, ils me voyaient, accroupi et essoufflé. La sueur coulant à grosses gouttes sur le visage.

- C’est bien… la première fois que j’entends ces boulons s’enrayer… ce n’est pas bon signe.

Quelques instants plus tard, après m’être assis, je levai la séance, les demandant de revenir plus tard en après-midi. D’ici là, mes yeux et mon esprit auraient déjà pu se reposer.

Je maitrisai de mieux en mieux ce pouvoir. Il n’avait rien d’ordinaire. C’était une arme puissante aussi bien dans sa capacité de destruction que de construction. Il influait les souvenirs, les actions passées ainsi que les motivations pour l’avenir. Avec un doigté particulier, on pouvait remplacer certaines séquences par d’autres – totalement imaginées. On n’avait qu’à mettre les éléments phares et laisser le subconscient combler le vide.

Les tests ont été multiples mais le bilan était excellent. En souvenir au dernier test que j’avais essayé en collaboration avec Uroko et Fuji, je devais réaliser l’impossible. Manipuler plusieurs mémoires à la fois et jumeler l’une à l’autre pour créer une mémoire collective dont j’étais le guide.

Prenant mes deux compères par les épaules, j’ai essayé de mener à bien la chose. Si les deux premières étapes réussissaient, la suite était un chaos. J’étais en mesure de m’introduire au sein de deux souvenirs à la fois et de migrer d’un souvenir à un autre sans avoir besoin de revenir dans la réalité.

Plus loin même, il m’était possible de faire visiter Uroko dans la mémoire de Fuji et vice versa. Je pouvais prendre les deux et les faire visiter ensemble les mémoires respectives de l’un et l’autre. Toutefois, un cumul de mémoires pour le dissoudre en une mémoire collective était dangereuse et même, impossible.

La journée avait été longue et maintenant, j’avais devant moi, sur mes notes une dizaine de parchemins qui expliquaient les tests. Je devais les résumer en un seul parchemin avec quelques lignes.

Il m’était possible et aisé de revisiter les éléments de ma mémoire. Dans la limite de ce que j’avais pu ressentir directement ou indirectement, je pouvais revisiter ma vie jusqu’à un certain âge. De plus, grâce à mon Sharingan, j’étais en mesure d’entrer dans les détails des souvenirs qui sont miens, et même, changer certains éléments. Ce que je ne fais pas pour rester dans l’équilibre.

Concernant les souvenirs des autres, il m’était possible d’entrer dans leur esprit et d’en extirper n’importe quel souvenir par un simple toucher. J’étais capable de visiter leurs émotions, sans leur laisser la moindre trace de mon passage. Je pouvais recueillir, supprimer ou même allonger la présence spirituelle d’un évènement.

Pour les actions de groupe, je pouvais aussi visiter l’esprit d’une personne, d’entrer dans ses souvenirs et les explorer tout en étant accompagné d’une tierce personne. Par contre, je ne pouvais pas fusionner l’ensemble des souvenirs en un bloc. Il m’était également impossible de lire l’esprit sans contact physique entre mon énergie et le corps de ma cible.

De ce fait, ce pouvoir comportait une faille grotesque. Mais encore, il fallait être sûr que mon adversaire soit au courant. Et ça, personne ne saura exactement comment je pourrais faire.

Je notai l’ensemble dans le carnet, exception faite de mon point faible. Ainsi, je me rabattis dans le fond de ma chaise, avant de bailler grossièrement.

Toute cette application m’avait fatigué. Il était évident que mes capacités allaient au-delà des éléments testés aujourd’hui. Toutefois, pour les évolutions futures, j’allais m’en occuper directement dans le feu de l’action.