使命 · Tianbun · Quête

Mission:

L’ambiance était tendue.

Dans le siège à l’arrière de mon bureau en bois ciré et huilé, derrière la colline timide de rapports et de documents que je devais revoir, confirmer et décliner… mon visage était empreint d’une expression peu commune. Les yeux plissés en un zeste d’inquiétude, les narines épatées sobrement dans une expression d’étonnement et finalement, des lèvres arquées en accent circonflexe. Tout cela témoignait bien de la perplexe rigourosité qui m’animait à la découverte de cette missive.

Sur ma table, une note explicitant la demande signée, formulée à l’encontre du clan. L’écriture était mauvaise, mais lisible. On pouvait sentir la panique et la peur qui transparaissait dans le style rédactionnel. La peur de mourir de froid dans une période hivernale.

Mon regard précautionneux abandonna la note pour s’accrocher à son porteur. Droit comme un i, chaleureusement couvert dans son grand kimono et son écharpe couvrant la partie inférieure de son visage, il me fixait. Contrairement à mon expression, la sienne était plutôt désintéressée, comme elle l’était généralement face à ce genre de situation. Il fallait qu’on réagisse. Mais des questions devaient être posées pour vérifier l’ensemble des éléments qui étaient présents.

- Quand avez-vous reçu la note ?

Fuji : Hier Rinkyu-dono…

Laissant encore planer le silence dans cette pièce bercée par les piaillements épisodiques des oiseaux à l’extérieur, je regardai tour à tour la note et mon interlocuteur avant de reprendre :

- Le village de Tianbun situé à Reïfuu verrait ses bestioles devenir plus agressif. Pour une raison qui les échappe. Un fait qui affecterait grandement les personnes du village et surtout les chasseurs qui fournissent les alimentations du petit lieu. La répercussion de ce petit souci est sévère… Comment avez-vous eu cette note ?

Il avait acquiescé à toutes les informations que j’énonçai au vu de la note présentée sur le papier. Finalement, en guise de réponse, mon interlocuteur annonça une fois de plus :

Fuji : Un des éléments que nous avons dépêchés sur une mission à Reïfuu est passé par le village au retour. Il a bien noté ce petit souci. Après avoir parlé du clan et du fait qu’on pourrait leur venir en aide si une demande était formulée, un des responsables du village a fait rédiger cette missive par son jeune garçon avant de nous faire parvenir cette lettre.

Les informations excellentes. Il ne s’agissait ni d’une farce ni d’un piège. De ce fait, on pouvait donc dépêcher une équipe. La mission impliquant un responsable du village, je devais me rende surplace.

- Bien ! J’irais surplace. Vous m’accompagnez. Contactez Uruko… Nous irons à trois.

Il était vrai qu’il pourrait devenir délicat d’agir sur les territoires de Reifuu au nom du clan. Toutefois, nous ne ferons rien de mauvais, si c’était calmer les problèmes ambiants. Améliorer la réputation du clan et recruter des âmes si besoin…

Je me levai alors de la chaise avant de m’avancer pour prendre ma cape. Pendant ce temps, mon interlocuteur fuit par la porte principale, à la recherche de son acolyte, Uruko Uchiha. Pendant ce temps, je m’armai convenablement de tout ce qu’il fallait pour une mission dans le Nord.

Pour la gestion du village, tout reposait entre les mains de Kata. Comme il était coutume d’ailleurs.

Chef de Tianbiun : C’est donc ça… le clan Uchiha ? Une bande de trois bras cassés ? Je m’attendais à voir plus que ça…

Le colosse était confortablement assis dans son grand siège, au cœur de sa salle impériale. Ses doigts étaient ornés de bijoux et sa peau étrangement sombre. Il y avait à l’arrière de son crâne, des cheveux épais qui se rabattaient sur son dos en plusieurs filets. Les bras vulgairement répartis de part et d’autre de son sofa, chaque bras encadrant une poignée de jeunes femmes vêtues de façon légère ; il pesta son venin sur nous.

Juste en face de lui, se dressait une table garnie d’alcools divers en dessous duquel il y avait un grand tapis d’une qualité impressionnante. Dans la salle assez grande pour recevoir une vingtaine de personnes, il y avait quatre gardes qui nous détaillaient de chaque coin de la pièce… Loin du seul repère lumineux qui pendait sur le plafond – au centre de la pièce.

Moi, ainsi que mes deux acolytes, étions dressés uniformément pour observer sans rien laisser transparaître. Nous avions l’habitude de ce genre de missions. Et bien qu’il semble nous juger sur notre nombre, nous étions bien confiants en nos compétences.

Le chef au torse dénudé leva un de ses bras épais et musclé dans notre direction pour ME pointer du doigt, le visage relevé en signe de supériorité.

Chef de Tianbiun : Alors… Vous dîtes que vous pouvez nous débarrasser du problème qu’on a ? J’aurais dû appeler la milice de Reïfuu. Ils seraient déjà bien plus rassurants que vous…

De marbre, je repris :

- Je comprends bien votre réaction chef de village. Mais demandez-vous… Voulez-vous une masse d’incapables ou une minorité de personnes efficaces ? Nous n’avons rien à envier à l’armée Fuchijin. Et contrairement à eux, nous sommes ici pour régler le problème. Pour vous donner une idée… Nous sommes bien capables de défaire l’ensemble des hommes de votre village en moins d’une demi-journée.

Mes paroles étaient monotones, calmes, comme sorties d’un individu qui n’avait rien à prouver, mais était confiant de ses capacités. Le chef arqua un cil et se mit à s’esclaffer, bénissant par moment les jeunes femmes qui l’entouraient de sa précieuse et dégoulinante salive. Son rire se maitrisa par la suite en un fin ricanement suite à quoi il retourna s’enfoncer dans son sofa.

Chef Tianbun : On peut dire que vous ne manquez pas d’air… Uchiha… Vous prétendre plus compétent que l’armée Fuchijin… j’ai bien envie de voir ça. Allez-y ! Je mets à votre disposition…

Il observa dans le coin et pointa un des quatre gardes.

Chef Tianbun : Hey toi Oro-machin… ! Approche et explique-leur la situation.

Il revint à nous avant de dire :

Chef Tianbun : C’est ce mec qui est le plus proche du peuple. Il saura quoi faire. Mes bê-bêtes sont enchainées depuis 5 jours et ça m’énerve… réglez ça ! Ou sinon vous n’aurez pas juste à vous inquiéter des gardes de la ville…

Le regard du chef s’assombrit, suite à quoi, nous fîmes volte-face, sortant de la pièce avec le garde qui avait été désigné. Il n’était pas anormal de trouver des chefs de village comme ceux-là à Reïfuu. Le peuple était assez fier, portant parfois leur incompréhension à l’orgueil.

Garde affilié : Je suis Orokiro… je vais vous expliquer la situation.

Une fois à la lumière extérieure, nous avançâmes jusqu’au cœur du village, écoutant alors les paroles qui plantaient les graines de notre mission future.

Traversant les ruelles du petit village, on croisait par moments des chiens enragés, bavant et frappant agressivement les cages dans lesquelles ils étaient enfermés. De même, des lits ambulants portés en duo de personnes, défilaient progressivement pour se diriger vers le centre du village. Pour sûre, il y avait un médecin qui se chargeait des blessés enregistrés.

Des personnes ayant accrochés des lapins aux yeux rougies par la colère et aux crocs acérés tentant désespérément de mordre tout ce qui pouvait s’en accrocher. C’était lugubre… Profondément malaisant. L’air puait la salive de bête et le sang séché. Une ambiance de guerre, comme j’en avais d’ailleurs l’habitude.

Orokiro nous avait conté la situation. Je l’avais écouté, mais n’avait rien su tirer jusqu’à présent. Observant le spectacle qui nous entourait quand on avançait, j’écoutai son explication.

Orokiro : Comme vous pouvez le constater, la situation est quelque peu instable. Les bestioles même les plus inoffensives sont à présent des bêtes enragées. Et les bêtes que l’on chassait autour du village pour subvenir aux besoins, même les plus petits, sont devenus si agressives qu’elles blessent même nos chasseurs. Nous avons été obligés d’adopter une posture défensive vis-à-vis de ces choses… et enfermer le plus loin possible les bêtes qui trainaient.

Nous n’avions que la partie visible de l’iceberg. Les autres bêtes et animaux étaient encagés et placés en bordure du village, dans un sous-sol bien protégé.

- Où ont été déclarés les premiers cas d’agression des bêtes, précisément ? Ça a commencé par où ?

Orokiro s’arrêta un instant dans sa marche avant de nous fixer un air légèrement étonné. Suite à quoi il reprit :

Orokiro : Nous ne savons pas exactement où cela a commencé. Et nous avons refusé de croire un imbécile du village, habituel théoricien du malheur, qui prétendait savoir comment cette chose a démarré. Contrairement aux témoins qui ont mentionné que ça venait du centre du village, selon lui, les premières victimes viendraient de l’Ouest. Aucun témoignage n’a pu appuyer ses propos… Pire encore…

Là… Notre attention fut retenue quelques secondes. On savait qu’une information déterminante allait être énoncée. La mine du garde était un peu plus tendue. Mais il finit par exprimer ce qu’il avait à l’esprit.

Orokiro : Il a fait savoir que la veille de cet incident, toujours à l’Ouest, il a vu quelque chose voler dans les cieux, dissimulé sous une puissante lumière qui scintilla en un éclair. Mais le problème… C’est que nous nous sommes rendus sur place avec les gardes, et on a rien trouvé. Et comme précédemment, il n’y avait personne pour appuyer ses dires. Aujourd’hui, ce fou est enfermé et attends sagement que cette histoire soit réglée pour qu’on puisse juger de son sort de menteur.

Fuji froissa les cils en une expression de concentration.

- Allons voir cet imbécile du village. J’ai un moyen de vérifier ses dires avec une totale certitude.

Le garde arqua un cil, avant de lever les bras dépité. Il ne savait pas vraiment quelle était l’étendu de nos pouvoirs. Cependant, contraint de nous obéir, il se décida.

Comme s’il savait qu’on allait en venir là, il nous pria de le suivre discrètement. Petit à petit, nous nous enfonçâmes dans la pénombre du hameau, traversant des embouchures pour tomber dans un couloir sombre à l’odeur putride. Peu importe dans quelle zone du monde on allait, la prison avait toujours son air singulier… Dégoûtant, nauséabond… et incroyablement peuplé.

Après s’être enfoncé dans les sous-sols, nous longeâmes un couloir qui présentait à sa droite, une chaine de cages aux barres métalliques.

Après une poignée de minutes de marches, nous arrivâmes devant la cave de cet homme. Il était recroquevillé dans un coin de sa cellule, le dos contre le sol, jambes croisées contre le mur, et les doigts entre croisées sur son gros vendre. De là où on était, il nous était impossible de clairement percevoir son visage. Par contre, on pouvait bien l’entendre ronfler d’une bien piètre façon.

Orokiro : DEBOUT VIEUX FOU !!!

À l’exclamation puissante du garde, le prisonnier, ainsi que les autres prisonniers qui murmuraient dans le coin, se brusquèrent avant de se calmer dans le silence. Finalement, le bougre se remit droit sur ses jambes avant de venir plaquer violemment les barreaux avec sa tête, ses mains arrêtant fermement les barres.

Dans ses yeux injectés de sang, on pouvait y lire un désespoir profond. Ses mains dessinaient les cicatrices d’un travailleur acharné et sa barbe dégarnie, les signes d’une vieillesse forte. Potentiellement un vieil agriculteur.

Prisonnier : Encore vous !!! Je vous ai dit tout ce que je savais, et vous me remerciez en m’enfermant… Que voulez-vous me faire encore aujourd’hui ? Vous voulez me trancher la tête ?

Fuji : Pas encore vieil homme… Pas encore…

Observant la panique du vieil homme, je m’approchai de la cage, touchant délicatement sa main pour le rassurer.

- N’ayez crainte… nous sommes de votre côté.

À la suite de ces mots, mes pupilles dénoncèrent mon Eiein no Mangekyo Sharingan… Plus précisément, mon Eiein no Omoide.

En quelques secondes seulement, j’étais déjà dans son esprit. Le monde s’était figé et les couleurs ambiantes s’étaient légèrement dégarnies. Le noir laissait place au gris et le gris au gris clair. Aucun doute possible, j’étais bien dans son esprit.

- Bien… Commençons…  Rendons-nous là où tout a commencé, il y a cinq jours.

Le monde se décomposa autour de moi en une flopée de cases lumineuses laissant par la suite apparaître les pièces d’un décor nouveau. Toujours dans le monde des souvenirs, je pouvais observer la scène vécue par un autre…


C’était en plein milieu de la nuit, à l’orée de la forêt. Mon instinct m’amena à jeter un œil dans mon dos pour identifier les murs du village au loin. Ce dernier laissait fuir par son dessus les toits, les cheminées fumantes et les luminosités jaunes et rouges des torches et lampes à huile qui éclairaient les ruelles.

La nuit était totale, mais au fond dans les cieux, on apercevait un orifice nuageux qui donnait timidement sur une silhouette de croissant de lune. Les arbres étaient grands, les troncs givrés et les racines épaisses garnies d’une teinture blême – signe d’une chute de neige récente.

Dans une distance d’à peu près vingt mètres des murs de Tianbun, au milieu d’arbres démunis de feuilles, se trouvait le vieil imbécile. Accroupi à même le sol, il avait retourné la terre pour recouvrir la neige de la teinte rouge-grise du sable et de la boue. À quelques pas de lui, était stationné un bison, sur lequel était accrochée une charrette impressionnante.

Elle semblait pleine de caisses remplies de foins, de graines et plants. Le héros du jour, semblait lui-même frapper à répétition sa pioche dans la terre. À bien analyser la situation, je compris qu’il était à la recherche d’un espace de terre cultivable.

Vieil imbécile : Par les os de Long… Malgré mes efforts… La terre est toujours aussi mauvaise…

Il leva encore lourdement sa pioche, les dents serrées en anticipation à son effort que d’un soudain, une lumière brilla puissamment de la racine d’un arbre. La lumière vive d’une teinte jaunâtre absorbait les quelques arbres autour de nous. Instinctivement, croyant en une sorte de magie mauvaise, le gueux paniqua et se recroquevilla sur le sol, positionnant ses mains sur sa tête. Une bien piètre protection.

Pris de panique, le bison meugla puissamment avant de tenter de fuir. Malheureusement, dans la course du bison, la charrette alla coincer brutalement sa roue dans le trou qu’était en train de creuser le héros du jour. Le choc fut si violent qu’il renversa les caisses et pots d’argile dans un bruit puissant.

Son visage caché, il n’avait pas pu voir la chose qui se produisit à la suite. De ce fait, son subconscient reconstitua le nouvel intervenant sous la forme d’une ombre à la forme humanoïde.

Elle écrasa la neige sous un poids raisonnable, suite à quoi l’ombre se fixa au-dessus de l’homme qui tremblait d’effroi priant en avance les ossements du dieu dragon pour lui venir en aide.

??? ??? : Le moment est enfin arrivé… Le roi bête arrive sur ce monde et est prêt à s’abattre avec toute sa férocité. Les sacrifices doivent commencer jusqu’à ce que sa haine se manifeste effectivement. Humain… tu seras le messager de cette nouvelle ère. Vas et raconte ce que tu as vu. Annonce leur ce que le monde subira…

Suite à cela, l’ombre se retourna et toucha alors le bison pendant quelques secondes avant de s’évanouir quelques instants dans la nature. Il était clair que le vieil imbécile n’avait pas pu apercevoir plus que cela.

L’animal devint alors plus féroce, plus sauvage, comme doté de la puissance d’un démon. Dans un élan inouï de bestialité, il se défit de la charrette avec violence, meuglant à tout va sa colère.

La bête quadrupède écrasa puissamment le sol avant de foncer dans les arbres aux alentours, bousculant par moments certains animaux et bestioles. Il cria sa rage une fois encore avant de se faufiler dans les bois, laissant notre héros du jour, circonspect et effrayé.

Il se leva alors timidement, avant de retourner du mieux qu’il le pouvait à Tianbun.

La vision complétée, je revins rapidement à la réalité.


Je lâchai la main de l’homme enfermé avant de reculer d’un pas. Mon voyage dans son subconscient n’avait même pas duré une demi-seconde aux yeux des autres. Mais j’avais pourtant l’ensemble des éléments.

- Je vois…

Le garde essayait de calmer le vieil homme tandis que mes deux compères tentèrent de deviner mes pensées. Ce qui, comme d’habitude, était un échec cuisant. Une fois que nous avions eu l’ensemble des éléments, je savais que pour régler le problème, il fallait combattre et neutraliser cet étrange individu, qu’importe sa nature.

- On n’a plus rien à faire ici.

Orokiro : Ah ! Vous l’avez également deviné fou ! Enfin vous reprenez la raison. On pourra-

- Ne vous méprenez pas Orokiro… cet homme dit vrai. La menace vient de l’Ouest du village et il y a bien un homme qui est responsable de cela.

Tous les trois étaient étonnés de ma découverte qui n’avait aucun fondement tangible. De toute évidence, je savais ce que je faisais

- Nous devons nous rendre à vingt mètres du village, à l’Ouest… il y a des choses intéressantes.

Cela faisait quelques minutes que nous étions arrivés dans ces lieux. On fouillait, observait, détaillait, sans vraiment savoir ce qu’on devait trouver. Fuji, Uroko ; Orokiro et un autre de ses hommes… on remuait chaque buisson, chaque pierre à la recherche de ce fameux trésor. Finalement agacé, le garde le plus proche des villageois frappa de son pied couvert d’une botte de mailles, un tas de neige qui s’évanouit dans la nature.

Orokiro : Assez ! Cette plaisanterie a assez duré ! On n’aurait jamais dû faire appel à votre fichu clan. Maintenant on se retrouve en train d’admirer la nature au lieu de trouver la source de ce mal.

Uruko intervint directement en avançant pour faire face au garde avec la même lueur menaçante qui ornait son regard en permanence :

Uruko : Qu’est-ce que tu dis, misérable garde en haillons !

Le visage d’Orokiro vira au rouge, et il frappa son front contre celui d’Uruko avec un air menaçant bien dessiné sur les courbes de son visage :

Orokiro : C’est qu’il me cherche le masqué… Avec les brindilles que tu appelles Katana, tu ne tiendrais même pas trois secondes devant moi.

Fuji observait la scène un peu dépité avant de se retourner vers le meneur de cette troupe – moi – comme cherchant réponse à ses questions.

Accroupi à même le sol, j’observai la terre rougie et le trou à quelques pas de ce dernier. Aucun doute possible, nous étions au bon endroit. Certains arbres étaient brisés ci-et-là, redessinant la trajectoire du bison qui avait été paralysé.

Soudainement, un bruit de pas se manifesta plus loin de la position du groupe. En me relevant, je reconnus la corpulence de l’individu même si son visage. C’était bien l’homme qui était la cause de tout ce mal.

Je glissai alors aux autres présents :

- On a trouvé ce qu’on cherchait. Je vous conseille de rester en retrait, il est très dangereux.

Mon sharingan s’activa immédiatement, me permettant de jauger la puissance de l’individu. Ce nouvel arrivant était une menace mineure – environs niveau 30 – et il semblait avoir un penchant pour la magie.


Dressé solennellement comme un i, le brun s’inclina légèrement avant de s’adresser à nous à bonne distance. Les hommes qui étaient dans mon dos, dégainèrent leurs armes en cœur, dans le tintement sanglant des lames qui sortent de leurs fourreaux.

??? ????: Est-ce donc l’accueil que vous réservez aux prophètes de la bête ?

- Vous êtes à l’origine des maux qui sévissent ce village… Pourquoi ?

??? ????: Des maux ? – me coupa-t-il avec une expression d’étonnement sur son visage. Il ricana quelques peu derrière sa bouche fermée avant d’ouvrir ses bras comme pour accueillir une grâce future, divine.

??? ???: L’être humain est le mal principal de ce monde. Il a toujours asservi la nature, sans jamais la comprendre. Nous, êtres de la forêt, avons vu pendant des milliers d’années ce que vous avez faits à nos compères. Afin de rétablir l’ordre, le roi-bête approchera. Il va dompter ce monde où les dieux ont disparus et finira par instaurer la vraie paix. Au profit de la nature et des animaux.

- Ben voyons… Et il ne vous est jamais venu à l’esprit que l’Homme est partie intégrante de la nature ?

??? ????: Bien évidemment… C’est pourquoi le roi-bête va enfin permettre à l’homme de regagner sa vraie place… Au service de la nature. Vous serez nos humbles esclaves et serviteurs, veillant à ce que la nature s’épanouisse ad vitam aeternam…

Je n’avais pas compris la fin de sa phrase… toutefois…

- J’en ai assez attendu… Uruko, Fuji – Formation Chou


En un souffle puissant qui poussa ma cape en avant, deux silhouettes se déplacèrent rapidement depuis mon dos pour fuser respectivement à gauche et à droite de l’ennemi. L’objectif était clair : planter leur couteau dans les côtes de l’ennemi. Fuji sur la gauche, Uruko sur la droite… Leurs lames tranchèrent le vent pour aller sur les côtes ennemies.

La réaction fut immédiate. Il dégaina prestement une arme du fond de ses amples longues manches. Un couteau mi- long, large et extrêmement tranchant. Il contra l’épée de Fuji dans un choc lumineux et métallique, avant d’esquiver l’attaque jumelle en un grand bond arrière.

Il tournait encore dans les airs en une pirouette arrière qu’il vit alors une boule chaude et lumineuse qui fonçait droit sur lui. Elle était assez large pour l’avaler totalement. Une menace importante, mais pas si dangereuse pour lui. Surtout au vu du regard blasé qu’avait le mage au vu de l’attaque qui venait dans sa direction.

Juste avant le contact, un puissant éclat lumineux rayonna agressivement la zone, l’espace d’un court moment. Suite à cela, la boule continua son chemin, sans rien toucher. C’était comme si, l’ennemi n’avait jamais été présent.

Si les autres étaient surpris par cette magie, mon Sharingan qui décryptait tout, avait bien compris son sort. Le mage brun avait fusionné avec les éléments un bref moment pour ne plus être touchable. J’ignorais comment ça marchait exactement, mais il ne pouvait pas activer sa capacité à répétition.

L’ennemi voltigeant dans les airs finit par atterrir un peu loin. Il s’accroupit à la réception avant de se lever sans lâcher le duo du regard. Puis, il tenta de me chercher du regard, constatant avec désarroi que j’avais disparu de ma position initiale.

Il balada ses yeux de gauche à droite, mais il était trop tard.

Soudainement, il sentir ses jambes fléchir et son corps s’abattre lourdement sur ses genoux. J’avais frappé l’arrière de ses genoux pour le soumettre.

Une fois en place, je plantai mon épée dans sa cuisse gauche, pour le clouer sur place avant saisir son épaule d’une main. La même seconde, mon poing serré alla frapper le sommet de sa tempe dans le sens opposé de ma main.

Une suite technique d’actions mineures, qui maîtrisa immédiatement mon opposant. Le bougre gémissait sa douleur, laissant couler la bave sur son visage, avant de tomber paresseusement dans la neige – inconscient.

Orokiro, surpris, accourut dans la neige pour nous rejoindre :

Orokiro : Incroyable… vous êtes aussi des magiciens comme lui ?

Sans lui adresser un regard, je surveillai l’inconnu inconscient.

- Nous sommes justes des Shinobis. Plus précisément… des Uchihas.

La mission était à présent achevée.

Je suis Asashi.

Né dans les zones neutres peu de temps après la mort de mon père et actuellement âgé de 33 ans. J’ai toujours aimé les animaux… Et pourtant, mes compétences ne me permettaient pas de trouver une juste cause pour eux.

Après avoir pratiqué la médecine avec un vieux médecin pendant plusieurs années, il ne m’a pas été difficile d’apprendre tous les rouages du métier. En quelques années, j’étais médecin confirmé, extrêmement efficace, bien que n’ayant pas de réputation – signant toujours mes prouesses sous un faux non.

De village en village, je soignais les hommes, par centaine, par milliers. Quand la tâche m’a semblé simpliste, j’ai décidé de me pencher sur la magie. J’ignorais pourquoi les choses m’intriguaient autant. Pourquoi je voulais toujours aller plus loin dans la compréhension des choses. Peut-être cherchais-je à comprendre pourquoi mon géniteur est mort avant ma naissance.

La magie m’a été fort utile dans le perfectionnement de mes compétences. J’ai pu soigner plus vite, identifier plus rapidement les maux. Mais il y avait encore ce pan de la magie qui m’intriguait. Que j’observais d’un œil intéressé, sans jamais osé m’y pencher. Jusqu’au jour où j’ai été confronté à un cas de possession – une tâche des plus lugubres.

Contraint d’en découvrir plus dans le monde du dessous, ses fables et ses mythes, je me suis plongé dans l’apprentissage de la magie noire. La puissance qu’elle m’a conférée était encore plus grande. J’avais la sensation de comprendre mieux le monde. D’être illuminé d’un savoir qui me distinguait des autres.

Ma course au savoir se poursuivit avec fierté jusqu’à ce que je tombe sur un ouvrage… « Le Roi-Bête ». Il n’y avait aucune inscription sur son auteur ni sa date de parution, mais ce livre parlait d’une légende. Un roi bête qui devrait revenir sur les terres une fois qu’un certain sort devait être jeté.

Curieux d’en comprendre les rouages… je mis à disposition l’ensemble des ingrédients, traçai les cercles magiques et les signes runiques incantatoires. Quand je commençai à psalmodier, et que j’attendais de voir le portail, c’est plusieurs esprits malsains qui jaillirent du sol, comme si, j’avais été piégé.

Ma magie, bien trop faible, n’arriva pas à repousser ces âmes damnées. Et avant que je ne m’en rende compte, ils contrôlaient mon corps, me plongeant, moi-même dans des semaines – ce qui semblait être des millénaires – de réflexion.

Dans mon supplice interminable, je me suis juré deux choses : de laisser à jamais la magie noire et de faire le bien, pour pardonner les péchés que mon corps a commis à mon insu. Parce que oui, à certains moments où je prenais conscience de mon corps, je me retrouvais bouffant la chair humaine, brûlant les villages et tuant des gens en masse avec un incroyable large couteau.

C’était traumatisant, c’était infini. Je méritais de mourir. Jusqu’au moment où tout s’arrêta.

Où mon supplice semblait enfin avoir trouvé une porte de sortie.

Une porte de sortie… Que je ne méritais plus.


Mage : Ces esprits sont puissants… Mais je peux les maîtriser.

- Vous semblez avoir du mal pourtant… Absorbez une partie de mon chakra si besoin.

Mage en sueur avec les veines qui dessinaient l’effort sur son visage : Bien, si vous insistez…

Une bourrasque puissante se dégageait du centre de la pièce, où était tenu, à genoux, le misérable criminel qui avait compliqué la vie à tout le monde. Le souffle violent avait renversé les meubles et poussé les gardes à l’extérieur. Il faisait trembler le toit et les fondations de cette bâtisse, tout en secouant mes cheveux et vêtements.

Dans ce spectacle dominé dans un bruissement continuel, il y avait le mage du village – un homme visiblement très expérimenté dans les arcanes de la soumission et la domination spirituelle – et moi. Uchiha Rinkyu, qui n’avait pas pu voir les souvenirs de cet homme et avait deviné son supplice.

La lampe à huile accrochée au toit était plaquée contre ce dernier sous la pression continuel du vent. D’un premier regard, c’était le chaos… Et pourtant, la situation était sous contrôle.

Le mage usait de toute la force dont il était capable ! Ses mains brillaient en des bulles énergétiques qui encadraient tout le poignet jusqu’aux extrémités des doigts. Un filet d’énergie semblait quitter de mon corps pour aller apporter un nouveau souffle à mon compagnon du jour.

Et dans un geste qui mimait un tir à la corde puissant, le mage extirpait du corps du fanatique du roi-bête, les entités perturbatrices à peine visibles par mon plus puissant Sharingan. Dans cette ambiance qui faisait trembler tout le voisinage, un calme imperturbable se dessinait sur mon visage.

- Tenez bon…

Mage : Je sais c’que je fais… j’y suis presque.

Finalement, dans un tir victorieux invisible, la pression de ses muscles lâcha, alors qu’il semblait tenir entre ses mains une substance difforme énergétique. Les bulles claires qui encadraient les mains du victorieux allèrent fondre en un bocal qui enveloppa la substance difforme d’énergie pour en faire une sphère lumineuse ovale.

Pendant ce temps, la victime s’affala sur le sol, quasiment inconscient. Tout était joué.

Le vent s’était calmé, les choses reprenaient leur place au repos, le calme planait enfin et les esprits étaient piégés. Le Mage me lança un sourire victorieux, suite à quoi je m’avançai pour prendre le corps de cet homme, parcourant son histoire par sa mémoire avant de le ramener au chef de Tianbun.

Quand je portai la victime sur mon épaule, celui qui se faisait alors appeler Asashi, me glissa :

Asashi : Merci…

- On verra votre cas plus tard… Asashi…

Chef de Tianbun : Donc… ce misérable nous a mis dans la merde et il n’en avait même pas conscience ? C’est difficile à acheter comme histoire… Uchiha !

Cette fois-ci, la mâchoire du chef se resserrait sur sa pipe. Une pipe longue au bois luxueux dont le contenant s’illuminait à chaque inspiration en une consumation légère. Il pompa immédiatement ses poumons de cette douce et chaude herbe brûlée avant de relâcher dans le ciel, un jet puissant et dominant de fumée.

Comme toujours, j’étais en face à lui à une distance d’environ un mètre et demi, avec mes gardes sur le côté et Asashi à genoux, à nos pieds.

- Je ne cherche pas à défendre ses actes. Mais plutôt à vous présenter les faits tels qu’ils l’ont été.

Chef de Tianbun : Et bien sûr… vous avez toutes ces informations grâce à vos pouvoirs des yeux que vous seuls êtes capables de fournir… Je serais presque tenté de croire qu’il y a comme une machination ici… Pour rendre justice et inspirer le respect, ce Asashi doit mourir.

Ses mots sonnaient comme une condamnation aux yeux du prisonnier qui était à genoux à mes pieds. Cependant, j’avais bien besoin de cet Asashi. Dans le clan, nous n’avions aucun médecin. Son savoir et sa technique nous aurait été d’une extrême utilité. Je ne pouvais laisser un tel potentiel sombrer dans l’oubli.

- Je suis d’accord avec vous. Toutefois, j’aimerais déjà qu’on parle de la question du paiement…

Le chef arqua d’un cil, circonspect avant de dessiner sur son visage des traits d’un agacement évident :

Chef de Tianbun : ça se prétend être un clan honorable mais c’est incapable de venir en aide aux villages gratuitement ?

- Comme je vous l’ai dit, nous ne sommes pas la milice Fuchijin. Si cette milice est payée sur la base des impôts que vous reversez à Sou Rei, nous ne sommes pas payés sur cette base-là. Nous avons été efficaces et avons réglé le problème en un jour. Il est temps à présent de parler de la facture.

Le chef semblait agacé. Mais il avait eu les retours d’Orokiro sur ma force. Tenter de nous attaquer lui aurait privé de sa garde, et même éventuellement de ses bêtes qu’il chérissait tant. Personne dans ce campement, n’était à la hauteur de l’Uchiha Empereur. Finalement, après avoir pensé la même chose que moi, le chef s’enfonça dans son sofa avant de croiser les pieds. Il adressa d’une main le signe : « vas-y craches le morceau ».

- Vingt mille yens

Quoi ??!!! Pensa le chef qui revint rapidement dans sa position précédente, frappant son pied anciennement croisé sur le sol en une vague de stupéfaction :

Chef de Tianbun : Vingt mille yens ???!!! C’est assez d’argent pour construire tout un putain de village ! Vous vous foutez de ma gueule !!!

Imperturbable, je repris :

- Nos prix ne sont pas discutables et nous ne prenons aucune avance. Vous devez tout payer en cash…

Le sang pompa dans la tempe du chef qui se sentait à la fois choqué et insulté. Il s’apprêta à reculer sa main pour aller saisir d’instinct, sa lourde hache qui reposait au dos de son sofa. Mais avant que sa main n’y arrive, je repris :

- Ou bien… - ma main alla frapper lourdement l’épaule d’Asashi – vous nous donnez cet individu et nous vous laissons tranquille. Mieux même, vous aurez un Uchiha en permanence dans le village qui est prêt à nous informer du moindre danger. En plus de quoi, notre prochaine prestation sera totalement gratuite.

Finalement, le chef s’affala à nouveau dans son siège large. Il tira une longue traite avant de jeter un jet de fumée dans les airs. Le bougre était pensif. Mais après quelques secondes, il ferma un œil, nous observant de l’autre grand ouvert ainsi qu’un large sourire démoniaque affiché sur son visage.

Chef de Tianbun : Je vois bien que vous ne nous laissez pas beaucoup de choix… Uchiha… Qu’importe ! Faites donc de la vie de ce misérable ce que vous voulez… Et croyez-moi… nous aurons vite besoin de vous. Mon exigence pour votre prochaine prestation, est que vous-même soyez là lors de notre prochain appel. Sincèrement, Chef Uchiha. En dehors de vous, vos misérables hommes ne valent pas mieux que les miens.

- Nous avons un système de formation efficace qui garantit une croissance en performance de chacun de nos membres. Affrontez-les dans deux mois, vous aurez l’impression d’avoir affaire à des personnes différentes.

Chef Tianbun : Intéressant… À supposer que ça soit vrai… pouvez-vous entraîner nos hommes également ?

- Si vous me confiez près de cinquante ou cent personnes de votre village en jeune âge. Ou bien les familles pour vivre sous la protection du clan, alors nous serons partenaires et j’assurerai la montée en force de vos hommes.

Chef Tianbun : Je vais y réfléchir. D’ici là… Allez-vous-en ! J’ai du boulot…

Sans davantage de cérémonie, nous fîmes volte-face avant de reprendre la route. La mission avait été longue. Mais nous avions au moins un mage guérisseur contre les épidémies. De plus, nous avions également pu avoir un potentiel allié, chef du village de Tianbun. C’était une journée excellente, qui promettait d’être encore meilleure.

Sur le chemin du retour, j’observai Asashi avant de dire :

- Vous êtes désormais Asashi Uchiha… Mage guérisseur du clan le plus puissant du monde. Votre repentance se fera dans le service de notre communauté.

Asashi eut une expression dépité, mais finit par accepter. Après cela, je m’arrêtai un instant avant de me retourner vers lui, armé d’un sourire déstabilisateur. Un sourire franc et fraternel comme on ne m’avait jamais vu adressé au cours de la mission.

- Bienvenu dans la famille…

Uruko et Fuji allèrent lui adresser une tape sur l’épaule en guise de soutien et un franc sourire en guise de bienvenu. L’expression dépitée d’Asashi se mua immédiatement en un regard heureux, puis déterminé. Les choses se mettaient en marche, pour chacun d’entre nous.