Le meilleur et le pire [Zoro et Justice]

Trois jours funèbres s'écoulèrent depuis l'incident d'Ebisu. L'ambiance particulière des lieux ne donnait envie à personne de festoyer ou de parler plus que nécessaire. La communication se limitait à des échanges très brefs et utiles afin de commémorer la mémoire des défunts. Certains habitants portaient le deuil jusqu'à leurs vêtements, notamment la famille des tristes victimes.
Roronoa Zoro respectait ces instants et n'était de toute façon pas l'homme le plus exubérant. Cependant, la lourdeur de l'atmosphère perturbait quelques fois sa méditation alors il passait ses journées au sommet d'une petite dune juste au-dessus du village. Il avait commis l'erreur de s'éloigner un peu trop le premier jour et s'était égaré, loupant le souper du soir et revenant qu'au beau milieu de la nuit, alors pour la suite du séjour, il avait opté pour cette dune qui lui permettait de garder le village à l'oeil.

Il alternait entre méditation et entraînement. Quelque soit les circonstances, la progression ne cessait guère ! Cuire sous un soleil de plomb au zénith développait sa résistance aux fortes chaleurs. En effet, à Reifuu, il avait pour accoutume de s'entraîner en slibard afin de renforcer sa résistance au froid, il s'était donc habitué à générer de la graisse brune pour supporter les températures négatives les plus extrêmes. En revanche, il se rendait compte qu'il ne supportait pas autant les très fortes chaleurs parce qu'il n'avait tout simplement pas eu l'occasion de dépasser ses limites à ce sujet, fréquentant assez peu cette zone géographique. Ainsi, il profita du calme de ces journées pour se mettre à l'épreuve. Il prenait des positionnements peu confortables, par exemple tentant de tenir le plus longtemps possible en équilibre, tête à l'envers sur un rocher, avec seulement son index. L'eau de son corps transpirait par tous les pores, un tel effort sous un soleil aussi assassin revenait à de la folie de pur inconscient mais Zoro avait la couenne dure. Quand un homme lambda se dessècherait comme une couille de momie oubliée sur l'autoroute ou se taperait les pires insolations ou brûlures corporelles, l'élu lui, résistait, bien que quelques cloques apparaissaient en fin de journée, témoignant du supplice infligé au nom de la recherche de puissance. Elles se résorbaient toutefois miraculeusement au moment du sommeil.

Il alternait donc entre positions statiques et mouvements appuyés. Durant les instants statiques, il faisait le tri dans son esprit, repensant notamment aux événements des derniers jours. Il pensa en premier lieu à Justice, qui au travers de ses traits malicieux avaient révélé de plaisantes valeurs, et un sens des responsabilité assez remarquable. Il appréciait sa maturité bien qu'il déplorait ses côtés un peu plus "chipies" quand il s'agissait de jouer la totale aveugle par exemple alors qu'elle parvenait à discerner en réalité certaines formes... Ou quand elle s'autorisait un rapprochement osé auprès de sa dulcinée mais elle semblait de plus en plus respecter le couple.
Cette démone était une brave bête, en pleine convalescence. Il pouvait arriver que Zoro accompagne Lux lors de ses visites quotidiennes mais cela ne dépassa pas 2 ou 3 fois durant le séjour. De plus, la magicienne était la seule qui nouait le dialogue avec l'allitée.

Et puis, il dédiait ses principales pensées à de futurs techniques ou des moyens de s'améliorer encore et encore. Il était doué d'une grande créativité quand il s'agissait de la baston.
Parfois, entre deux idées de techniques, il vouait des réflexions éclaires à la tragédie que vivait sa petite lumière. Ils ne se voyaient pas tant que cela puisque l'emploi du temps de la demoiselle se remplissait comme une chope de saké. Elle continuait à se tourner vers les autres en dépit de son dépit déplorable... Peut-être que c'était sa manière à elle de détourner ses pensées et de se réparer. Une résilience bien différente de Zoro qui privilégiait l'isolement. Néanmoins, ils parvenaient à se croiser aux repas et il la sentait... ailleurs. Evidemment, inutile de lui en demander les raisons. Elle avait tué une femme pour son bien mais cet acte la minait. Les poches sous ses yeux versés dans la mélancolie se creusaient à vue d'oeil. Il savait ses nuits tourmentées, elle le lui faisait comprendre à demi-mots ou par des commentaires évasifs. On était loin de l'élue solaire et positive et cela peinait presque le coeur du bretteur. Toutefois, il savait également qu'il s'agissait d'une passade classique, aussi bien dans la vie d'un criminel que d'un héros, et qu'elle finirait par se relever avec un regard plus fort et déterminé qu'autrefois. Mais au vue de sa personnalité, il était possible qu'elle ait besoin d'un temps supplémentaire par rapport à un héros lambda et il lui accordait volontiers ce temps. De son côté, il était bien conscient qu'il ne pouvait rien faire : cela se jouait entre elle et son esprit uniquement. Tout son strict code de valeurs inébranlables avait été frappé en plein fouet, l'acceptation ne se faisait pas en un claquement de doigt, surtout quand on était une tête de mule comme cette blonde. Pourtant, comme tout le monde, elle finirait par déplacer légèrement le curseur de sa morale pour rendre la situation supportable. C'était une question de survie. Elle était obligée d'y arriver ou on la retrouverait écrasée en bas d'une falaise.

Une nuit, alors que le jeune homme admirait, étendu sur son lit, le voile d'étoiles scintiller à travers les carreaux de sa fenêtre, un bruit assourdissant le brusqua dans la chambre d'à côté. La cloison séparant le couple s'avérait suffisamment fine pour qu'il puisse entendre ce qu'il se passait. Cela ressemblait à une explosion. Ni une ni deux, il bondit hors du lit, attrapa ses katanas en court de route et se dirigea vers la porte. Mais au même instant, de faibles petits coups tapèrent contre la porte avec une timidité sans pareille. Les joues du jeune homme s'empourprèrent aussitôt. Cette délicatesse dans ces minimes petits coups ne pouvaient appartenir qu'à sa fiancée.

Il se pinça les lèvres car il s'apprêtait la seconde d'avant à dégommer la porte comme un dératé. A la place, il fut cassé dans son élan par une timidité massacrante. Il avait beau la fréquenter depuis belles lurettes, son amour pour elle l'intimidait toujours autant, surtout en plein milieu de la nuit où les corps avaient une fâcheuse tendance à se rejoindre à l'abri des regards pour affronter les ténèbres. A la place de s'empresser à ouvrir la porte, il la tira tout doucement dans un grincement lancinant afin de découvrir sa poupée adorée aux pommettes naturellement rosées sur le pas de sa porte.

Le gouffre dans son regard le laissa sans voix. Livide, elle ressemblait à une maison vidée de toute son histoire après un déménagement. Un sentiment accapara le coeur du pirate à cet instant ; il ne pouvait tolérer une minute de plus la douleur interne de sa belle. C'était comme s'il entendait les cris déchirants de sa bien-aimée qui se faisait torturer dans la salle d'à côté par un fou psychopathe sans rien pouvoir faire, les jambes et bras enchaînés.

Sans rien dire, car la situation n'avait pas besoin de mots, il empoigna l'avant bras de sa petite princesse attitrée et la tira délicatement vers lui. Il la traîna de cette manière jusqu'à son lit et la fit s'allonger sur son matelas. Evidemment, il n'osa pas encore se blottir contre elle à la manière d'un film romantique mais il sut tout de même rester à ses côtés, de façon un peu plus pudique. Il s'était en effet assis à son chevet, à même le parquet, et lui tenait la main pendant qu'elle essaierait de s'endormir.

- Tu n'es pas obligée d'affronter ça toute seule.

Murmura-t-il d'une manière quasiment inaudible, tandis qu'il vint serrer de sa seconde main celle de sa belle qui ne cherchait que le repos.

Sa petite beauté aux yeux fatigués s'étendit sur son matelas, ramenant le drap vers son visage, prête à retenter sa nuit. Elle lui glissa avant de disparaître vers une dimension onirique qu'il n'était pas obligé de rester par terre. En effet, il pouvait prendre la chaise du bureau. Le pirate scruta l'objet en question, premier degré, et haussa les épaules, le sol n'était pas dérangeant. Il ne comprit pas l'invitation implicite dissimulée sous ce commentaire.

Il continua de toiser sa belle au bois dormant. Il observa sa respiration changer de rythme : la respiration d'une dormeuse. Enfin, elle était parvenue à semer ses démons pour roupiller en paix, du moins pour le moment. Mais il finit par se relever quand il capta que la blondinette ne se réveillerait pas de si tôt et démarra un exercice de musculation méditatif. Le pirate bascula la tête à l'envers dans un geste gracile et discret, se défiant de tenir en équilibre sur un doigt à la fois, environs 15 minutes chacun, soit 2h30 au total. Il était important de muscler ses doigts et sa poigne pour la stabilité des katanas. S'il chutait, il extirperait sa jolie de son sommeil, un défi donc de taille pour ne pas niquer la nuit déjà laborieuse de sa fiancée.

Aux alentours de 5h, il termina son exercice et bailla un grand coup. Il perçut une petite place à côté de la demoiselle, parfait pour glisser un corps comme le sien bien qu'il risquait de se serrer un petit peu. Il se permit donc d'enjamber habilement sa sublime compagne de lit pour s'insérer entre elle et le mur, puis s'allongea sur le côté. D'abord tourné vers sa Lux, il rougit. Elle était si près de lui, bien qu'il se coltinait seulement sa chevelure dorée éparpillée sur l'oreiller vu que la magicienne dormait sur le côté du bord. Une pulsion le motiva à passer un de ses bras autour de sa taille pour venir se coller à son dos mais son merveilleux parfum le perturbait trop, sans compter la chaleur que dégageait son corps à travers sa chemise de nuit blanche... Rouge écarlate, il finit par s'en détacher et se tourna dans l'autre sens pour se retrouver nez à nez avec le mur, bien plus froid que la femme dans son dos.

Au petit matin, une petite souris maline passa sa tête par la porte avant de réveiller le couple dans une voix pleine d'entrain, plateau en mains. Quelle énergie de bon matin ! Le bretteur ronronna et ouvrit son oeil, qui vit d'abord le mur effrité avant de relever son buste et de s'étirer. Il regarda Justice qui s'approchait du lit, puis la blondinette à ses côtés.. Qui se trouvait dans le même lit ? Oh merde ! Il comptait se barrer avant le réveil sans qu'elle ne s'aperçoive de rien mais force est de constater que son plan fut un échec. Il était démasqué au grand jour comme le pervers qui s'infiltrait dans le lit des vierges !

Immédiatement, ses joues virèrent à la couleur des plus belles tomates de saison et il détourna le regard vers le mur, les sourcils froncés, comme s'il était fâché. Il contenait surtout un sentiment de gêne intense, il était mort de honte, il n'osait même plus confronter le regard de sa dulcinée. Heureusement, Justice était là pour détourner l'attention et fit un rappel à l'ordre. Cela dit, c'était en partie à cause d'elle qu'ils se retrouvaient dans cette situation embarrassante.
Il se racla la gorge :

- Mange, toi !

Retourna le sabreur à destination de la grande blessée. Puis, il prit un bout de tartine, qu'il ingurgita sans mâcher, à deux doigts de lui rester en travers de la gorge. Il était bloqué en plus, étant emprisonné du côté du mur, il ne pouvait se permettre d'enjamber sa belle de façon aussi cavalière alors qu'elle dégustait son petit-déjeuner. Il prit donc son mal en patience mais était relativement pressé qu'elle lève son radieux popotin pour se libérer.
En attendant, mieux valait porter son attention sur la nouvelle venue qui avait tout de même préparé un repas de roi.

- Pourquoi un tel traitement ? Y'a un truc à fêter ?

Demanda-t-il légèrement étonné de toutes ces adorables attentions. Puis, il reluqua un peu plus attentivement la serveuse attitrée, l'air sévère comme à son habitude :

- T'as l'air d'avoir repris du poil de la bête, t'as bien meilleure mine que la semaine dernière.

Quelle histoire ! Justice était la reine des boulettes et aujourd’hui représentait son couronnement en abordant des sujets épineux sans aucune retenue. Elle insinuait, après avoir remercié le couple de lui tenir compagnie durant sa convalescence alors qu’elle venait de frôler la folie à force de rester couchée, que les jeunes fiancés se réveillaient d’une nuit «spéciale». Si Luxanna manqua de recracher son jus de fruit, Zoro, lui, avala sa tartine de travers. Son visage vira au bleu, l’air bloqué, mais il lui fallut simplement taper dans sa fiole de saké pour fluidifier le passage en un battement de cil.
Il se promettait de ne plus jamais manger dans la même pièce que la démone. Vu le nombre de conneries qu’elle débitait à la minute, c’était un coup à claquer bêtement, étranglé par une arête de poisson.

- Tu ferais bien de la mettre en veilleuse ou je vais t’aliter pour 2 semaines encore.

Elle racontait tellement de merdes qu’elle pourrait les répartir dans des boîtes de conserve à la chaîne et en ouvrir une usine. Elle tenta bien de détourner le sujet innocemment mais sa tentative advint trop tard pour la blondinette qui, morte de honte, baragouina des justifications hasardeuses avant d’abandonner son amoureux à son triste sort. Donc elle le laissait gérer cette horrible situation ?

Un long silence pesant s’installa une fois que la porte claqua derrière la sortie de Luxanna. Seul le son de la mastication de la démone résonnait dans la pièce. Cette pine d’huître continuait à s’empiffrer comme un ogre, semblant aucunement dérangée par le malaise provoqué. Zoro se massa le crâne, réfléchissant à un tour de passe passe pour s’extirper de ce sable mouvant de la honte. Livré à lui-même, il se contenta donc de rebondir sur ses questions suivantes :

- Fais ce que bon te semble, moi j’vais aller m’entraîner.

Loin de cette sale petite effrontée. Il était hors de question de passer l’après-midi à faire mumuse avec elle et subir des commentaires aussi déplacés. Il les laisserait volontiers traîner dans les boutiques entre filles faire des trucs de... filles !

Puis, il finit par se lever à son tour, recouvrant son torse nu d’un kimono vert pendu sur une chaise avant de choper ses sabres posés contre la fenêtre. Il délaissa l’autre zinzin de Justice sur son propre lit à terminer le petit déjeuner royal dont elle avait englouti les 3/4 et toqua faiblement à la porte de sa dulcinée.

- Retrouve-moi devant l’auberge, j’ai à te parler.

En effet, la bombe que Justice avait posé eut le mérite de faire germer une idée dans sa tête afin de fermer les clapets et les commérages pour de bon. Il adressa un furtif regard à l’insolente posée sur son lit et se dirigea vers le couloir pour rejoindre le rez de chaussée.

En attendant qu’elle descende, Justice était libre de terminer cette bonne pitence, s’infiltrer dans la chambre de la blondinette pour la réconforter ou descendre avec le sabreur pour continuer à l’emmerder.

Ces femmes... Toujours à espérer et forcer le destin. Entre la démone insolente qui jouait la commère de service telle une tatie entremetteuse et cette imbécile de Lux qui le narguait avec ses petites pommettes rosées irrésistibles, lui donnant de violents désirs de se lier avec elle jusqu’à la fin des temps... Il ne s’en sortait pas. Chaque seconde passée avec elles lui faisait perdre la raison. Il avait besoin de souffler un peu, prendre un grand bol d’air frais, loin de ce concentré d’oestrogènes parfumé à la rose.

Adossé à un pilier boisé maintenant le balcon au-dessus de sa tête, le balafré croisait les bras de manière réflexive. Une posture qui transmettait le message suivant : «Ne pas déranger», en attendant la seule capable de lui faire décroiser les bras pour n’importe quel propos. Mais pour le moment, c'était la grande blessée en fin de convalescence, requinquée comme si elle avait bouffé 3 lions, qui le rejoignit pour venir ajouter son grain de sel.
Elle passa un bras chaleureux autour de l’épéiste, qui reluqua sa main 1 seconde avant de relever son regard vers elle, comme pour dire «Sérieux ?». Mais il ne dégagea pas pour autant son étreinte, assez confiant sur la nature du personnage. Il n’appréciait pas les contacts physiques de la part d’inconnus mais Justice, aussi agaçante soit-elle, n’était plus n’importe qui à l’oeil du sabreur. Elle avait fait ses preuves. Elle avait gagné un certain respect. Il ne l’oubliait pas. Ce fut d’ailleurs l’unique raison qui expliqua pour quoi il ne l’envoya pas se faire complètement foutre en dépit du sujet épineux qu’elle osait aborder avec un rustre comme Zoro.

- Je sais ce que j’ai à faire, mêle-toi de tes oignons.

Bon, il l’envoya un peu balader tout de même mais de façon très modérée par rapport à d’habitude où il aurait sûrement tapé la gueulante de sa vie.

Subitement, il entendit le grincement de la porte de l’auberge et ressentit la présence de la blondinette derrière son dos, mais pour une obscure raison, il comprit, sans la voir, qu’elle retourna sur ses pas. Interloqué, il tourna son visage vers la porte et se libéra de l’emprise démoniaque de la Justice pour grimper la marche et pénétrer à nouveau l’auberge. Il trouva alors sa jolie poupée à côté d’une fenêtre. Son iris clair la toisa quelques instants, de son cuir chevelu doré à la base de son élégant et long cou avant de terminer par ces yeux de l’amour, ces deux armes nucléaires capables de le mettre à terre en moins d’une seconde.

Sans un mot, il attrapa sa main et l’emmena délicatement dehors, en marche arrière pour continuer à lui faire face. Il venait cueillir son amour aux abords d’une fenêtre assombrie pour la mener à la lumière du soleil, sa véritable place.

Une fois positionnés, immobile, l’un face à l’autre, au milieu de la rue principale sableuse, sa douce main contre sa paume rêche, il prononça la réplique suivante :

- Marions-nous, ici et maintenant.

Son regard sérieux soutenait celui de sa douce tandis qu’un problème se posait : comment faire pour se marier ? Quel rite suivre ? Quelle procédure pour la cérémonie ? Quels mots adressés à l’élue de son coeur ? Pourtant, à force de se poser toutes ces questions, les choses n’avançaient guère alors il décréta qu’il était temps de se lancer, à l’aveugle.
En parlant d’aveugle, il comptait sur sa nouvelle pote pour lui filer un coup de pouce. Quitte à ce qu’elle foute son nez dans des affaires qui ne la concernaient pas, autant qu’elle se rende utile avec son savoir millénaire de démone. Elle savait très certainement s’y prendre, non ? Il la chercha du regard, elle se situait à quelques pas derrière la blondinette, et la pria de s’avancer. Il espérait qu’elle comprenne ce qu’il attendait d’elle, après la petite conversation dans le thème qu’ils venaient de brièvement échanger.

Il la mit au parfum de son projet, sans tarder :

- Je veux épouser Luxanna maintenant.

Autrement dit, «qu’est-ce que je dois faire ?»

La dame de lumière reçut l'ordre suprême de son empereur avec pudeur, mais sincère joie. Elle contenait un fort enthousiasme mais ses yeux bleus pétillants la trahissaient. Adorable. Et quand bien même sa concentration se portait sur sa fiancée, le jeune homme ressentit, tout comme Justice, une présence les épiait depuis quelques secondes pesantes. Cependant, il fit attendre l'intrus, ne le considérant pas comme le cadet de ses soucis pour l'instant, sa blonde passait largement avant toute menace extérieure.

Néanmoins, quand Justice répondit positivement à la demande d'aide du sabreur, prenant son rôle d'organisatrice des festivités très à coeur, elle se permit également un petit commentaire pour le perché des toits. Le dos tourné, il ne put immédiatement découvrir l'invité surprise mais la remarque de sa jolie poupée posa une identité nette sur l'individu : Uchiha Rinkyu. Sa prunelle se rétrécit sous le choc de cette annonce, le stress de l'adrénaline grimpant au sommet en un temps record. Qu'est-ce que cette chèvre fabriquait dans les parages ? Comptait-il nuire à l'avenir du couple ? Pressentant aussitôt une terrible menace, le bel empereur inspira un grand coup afin de garder son sang-froid, jugeant inutile de déclarer une guerre avant de connaître les réelles intentions de cette énergumène.

Il se retourna donc, avec la lenteur d'un cow-boy au bord du duel, vers son ennemi de toujours, en haut de son toit, perché, comme à son habitude.

Sa main lâcha celle de Luxanna pour la pousser instinctivement derrière son dos. Si cette soirée devait terminer en bain de sang, il se jurait que sa princesse serait la dernière à mourir. Ses doigts frôlèrent ensuite le manche de son sabre noir, vers sa taille, prêt à ouvrir les hostilités si la situation venait à partir en couilles pour un pet de travers :

- Uchiha..

Il ne croyait pas à la théorie de Justice sur le manque de discrétion du shinobi. Si ce dernier souhaitait réellement se dissimuler, il le ferait sans problème, étant maître dans l'art du camouflage tel le ninja qu'il incarnait. Non, s'il s'exposait sans complexe aux yeux de tous actuellement, c'était parce qu'il le désirait tout bonnement et simplement. Dans quel objectif ? Cela restait à méditer...

- Je ne crois pas aux visites inopinées... Qu'est-ce que tu fabriques dans le coin ?

Il s'avança ensuite vers lui afin de plonger un regard intense dans le sien, perçant.

- Epargne-moi ce mutisme morbide. C'est ma tête que tu viens chercher ?

Le questionna-t-il, bien au courant de la rage qui assombrissait son coeur suite au massacre du clan. Zoro n'était pas aveugle, il avait vu ce regard, de la part de Rinkyu, se poser sur lui lors de ce funèbre jour. Un regard sombre comme le pétrole, empli d'une haine sans fonds envers son ancien frère d'armes. Pour la première fois de sa vie, il avait constaté que le shinobi voulait la peau du sabreur. Les rôles s'étaient enfin inversés.

- C'est osé...

Provoqua-t-il, le sourire en coin, comme l'air de dire " tu crois vraiment pouvoir me vaincre ? ". Et puis, il adressa un furtif coup d'oeil à la démone témoin :

- Justice, emmène Lux se préparer aux festivités, je crois qu'une petite discussion s'impose avec notre invité surprise.


Ou autrement dit : veille sur elle et sécurise la. Et si en même temps, elles pouvaient se charger des préparatifs, ça avancerait pas mal la situation.

Que Justice montre les crocs face à ce betteravier sorti de derrière les fagots s’avérait tout à fait compréhensible et le sabreur ne chercherait pas à contenir ses pulsions. De toute façon, cette grande gueule n’en faisait qu’à sa tête. Alors quand ce grand dadet déclara que le bretteur devrait mieux gérer «son» équipage, le pirate répondit :

- Cette femme est bien libre d’agir comme bon lui semble, je ne suis pas son tuteur.

S’ensuivit un petit bond félin de sa part pour rejoindre le plancher poussiéreux des vaches, face au trio d’élus, Zoro au centre tel un vrai PIMP entouré de ses biatch. Il l’interpréta néanmoins comme une réponse à son défi lancé. Justice rétorqua, une nouvelle fois, une réplique bien trempée dont seule sa langue en décelait le secret et menaça le cheveux vert de rester en vie pour assurer sa promesse par la suite :

- Je règle cette affaire vite fait bien fait et on termine ce qu’on a commencé.

Exprima-t-il à destination de la démone, comme s’il parlait d’un simple carton à ranger dans un hangar alors qu’il s’agissait tout de même du puissant Uchiha. Il n’eut donc aucune honte, dans son discours, à le réduire à du simple menu fretin.

De son côté, sa blonde joua les héroïnes récalcitrantes, refusant d’abandonner son futur époux sur le champ de bataille. L’épéiste soupira, sans lâcher du regard son adversaire. Evidemment... Cette réaction était à prévoir. Cette betteravière lui compliquait la tâche. Cependant, il ne connaissait pas plus grande tête de mule sur ces terres alors tenter de la convaincre ne mènerait nulle part.

- Très bien, reste si ça te chante. Mais ne me gêne pas.

Il était hors de question que ce foutu joli cœur se retrouve dans ses pattes pendant ce duel d’hommes. Elles s’écartèrent légèrement pour laisser aux deux empereurs le champ libre de se déchirer les entrailles sur le sol doré de Kaen. Le 1er empereur du royaume de Reifuu fit part de ses connaissances concernant les dernières actions dites «héroïques» du bretteur. Un point de différence que l’Uchiha ne comprenait pas sur son fabuleux collègue : Zoro agissait sans intérêt.

- Des aventures héroïques ? Hmpf !

Un rictus lui échappa, relâchant sa poigne autour de sa garde. Il mettait bien les termes qu’il voulait sur les actes du bretteur, «héroïque» n’était que sa propre interprétation. Le pirate ne le qualifiait pas comme tel, mais comme un devoir.

- Et c’est ici que nous nous opposons, mon ami. Je ne suis pas de ceux qui, comme toi, courent obsessivement après la gloire comme un petit lapin court après une carotte.

En revanche, son ultime réplique fit tomber automatiquement le sourire du guerrier, renvoyé de force au massacre involontaire du clan. Cet imbécile croyait ce qui l’arrangeait pour digérer sa pilule. L’homme possédait ce pouvoir pour créer des illusions confortables, notamment celles de s’inventer un coupable afin de se dédouaner de ses responsabilités. Uchiha Rinkyu était le seul responsable de cette histoire en provoquant Eleanor Burns en impliquant bêtement tout son clan dans ses conneries d’ego. C’était sur ce plan qu’un homme fort se démarquait de l’homme faible, car l’homme fort n’usait pas de ce pouvoir en sa possession et affrontait la réalité telle qu’elle était. Cependant, il n’en voulut pas à son ancien frère d’employer ce moyen désespéré, son mental avait toujours eu un train de retard par rapport à celui du fier sabreur.

Et bien entendu, Rinkyu s’inventa une nouvelle histoire : celle de s’auto-persuader de l’implication du bretteur dans la destruction de son clan et de la satisfaction de ce dernier. Par conséquent, il serait plus simple pour le sombre shinobi d’abattre un ancien frère sans vergogne en le diabolisant. Il s’imaginait la jubilation du bretteur face à ce drame humain. Malheureusement, Roronoa Zoro était bien trop fier pour admettre ses véritables sentiments, prenant sur lui pour ne pas afficher sa sincère mélancolie sous son faciès gravé dans le marbre.

- C’est tout ce que tu as trouvé pour te motiver à m’achever le moment venu ? Tu te donnes du mal pour rien, tu n’atteindras pas ce stade.

Il était temps désormais de passer aux choses sérieuses afin de poser un point final à cette sordide affaire qui traînait depuis bien trop longtemps. L’homme, appelé par sa bestialité, dégaina Le Sandai Ketetsu, mais fut soudainement interrompu par un vieillard, coiffé d’un chapeau en peau de crocodile :

- Hep hep hep la jeunesse, pas de grabuge dans mon village !

Zoro le connaissait, il s’agissait du «chef» ou «maire» d’Ebisu, aperçu au moment de la sentence des deux zigotos, bien que resté en retrait. C’était la première fois qu’il entendait sa voix sifflante. Il se posta devant le sabreur :

- Monsieur, je vous serai éternellement reconnaissant pour avoir sauvé ce village des griffes des gobelins avec vos amis mais, et je sais que vous le comprendrez, je ne peux pas vous laisser faire un carnage dans cette rue. Ce village a assez souffert.

Il marqua une courte pause, se retournant pour toiser l’autre pointure un instant, dont il découvrait le visage pour la première fois. Il ne faisait pas partie du trio légendaire, il en était certain :

- A lire vos regards sinistres mutuels, ça ne fait pas de doute qu’une lourde histoire vous lie bien que j’en ignore le contenu. Si vous souhaitez régler vos comptes ici, alors je vous prierai de les faire selon les arts et coutumes du coin. Quand l’honneur de deux hommes sont bafoués et que la discussion a atteint ses limites, ils se défient en duel armé.

Comme s’il avait anticipé la situation, deux armes à feu technomagiques pendaient à sa taille. Il les tira de son ceinturon et en tendit un au bretteur, à sa portée, tandis qu’il balança le second au shinobi, comptant sur ses réflexes pour le rattraper en vol.

- Ces armes importées de Shintan comportent 3 balles chacune. A mon signal, vous vous tournerez le dos, marcherez 3 pas dans la direction opposée. Quand la cloche sonnera, vous vous retournerez pour tirer. Si personne ne touche, alors vous recommencerez la procédure. Dés que l’un de vous est touché, que ce soit mortellement ou non, le duel est clôturé. Et comme nous sommes une nation croyant en la réconciliation entre les hommes, nous décrétons que le duel balaye toutes les amertumes. Ainsi, si le perdant est toujours vivant, il se dirige vers ce saloon au coin là-bas avec le victorieux et ce dernier lui paye le «verre de l’amitié» pour panser ses plaies. Bon, le bar est fermé au vue des derniers événements mais je me ferai un plaisir de l'ouvrir juste pour vous. Si ça peut vous éviter de vous étriper comme des sauvages dans mon village...  

Le jeune homme à l’oeil émeraude grimaça quand il entendit cette dernière phrase. Il n’était pas certain de l’utilité de cette dernière missive, prévoyant plutôt de laisser le cadavre du brun gésir dans la poussinière, en festin pour les charognes. Il n’était pas un fin tireur mais il haussa les épaules, acceptant les règles du jeu. Au pire, ils remettraient le véritable combat plus tard. Tant que cela pouvait «tranquilliser» les tensions le temps que Luxanna opère son mariage avec Zoro, c’était un bon compromis. Il craignait également pour la mort de sa belle s’il venait à mourir, ce fut la raison pour laquelle la solution des armes à feu était préférable car qu’il perde ou remporte ce duel de cow-boy, il était clair qu’aucun de ces deux monstres de puissance succomberait à une balle d’un joujou pareil.

- Très bien. Contentons-nous de cela pour le moment, shinobi. J’ai des choses importantes à faire aujourd’hui et j'admets que tu tombes un peu mal.

Il sous entendait donc que le vrai duel serait remis à plus tard, avec leurs réelles compétences.

La bave du crapeau n’atteignait pas la blanche colombe. Le shinobi frappait en-dessous de la ceinture en tentant de tabasser la dignité du très fier guerrier, mais ses insultes par méconnaissance, ne le touchaient guère. Au contraire, il éprouvait une certaine pitié à l'égard de ancien camarade emprisonné au sein de ses illusions. Pauvre de lui.. Un jour, peut-être, cesserait-il d’être faible pour se regarder en face ?

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L’armoire à muscle se plaça au bout des trois pas indiqués par le vioc, ancrant ses pieds dans le sable comme s’il se préparait à braver un ouragan. Malheureusement pour ce phénomène de la nature, il ne parviendrait jamais à décoller ne serait-ce qu’un orteil de cet homme à la détermination illimitée, enraciné dans le sol comme un arbre millénaire gravi par la mousse.

Premier coup de cloche.

Le silence, empereur du vide, vint conquérir la rue dorée comme si le monde entier s’immobilisait pour contempler ces deux empereurs se défier au sommet. Un duel statique comme il en existait peu, mais qui comportait son lot de fascination. L’unique mouvement toléré en ces lieux momentanément sacrés par un respect solennel semblable à celui d’un temple fut cette douce brise levant qui s’infiltrait dans la chevelure de chaque être vivant présent.

Second coup de cloche

L’intensité des rayons du soleil força le beau fiancé à plisser son unique œil valide pour éviter l’éblouissement exagéré du sable, à croire que Luxanna jouait encore avec sa lumière. Mais d’autre part, cette parenthèse de calme absolue offrait un pur instant méditatif malgré les diverses paires de yeux braqués sur eux, attendant scrupuleusement de voir tomber un corps. Mais lequel ?
Chaque sensation du corps gagnait en puissance, se faisant ressentir jusqu’à la pulsation du cœur ou la circulation du sang dans les veines. Mais ce qui plut le plus au bretteur se concentra sur l’effet de la chaleur ardente et sans pitié du soleil contre sa chair en partie dénudée. Son corps cramait littéralement, évacuant l’eau par de fines gouttelettes perlant à la surface de son épiderme doré, choqué par les températures absurdement élevées. A la même seconde, un sourire se creusa sur son faciès. Un sourire satisfait, sincèrement satisfait, voire accompli, comme s’il était d’accord avec le fait de devoir terminer sa vie ici si le sort en décidait ainsi, sans regret.

Troisième coup de cloche

La tension était à son paroxysme, l’adrénaline propulsée dans les cieux, le fessier tendu comme un string, excité comme une jouvencelle, tout juste avant de se retourner et d’appuyer sur la gâchette, la silhouette de son adversaire à peine aperçu.

Tirer rapidement sans suivre sa visée, dés que le dos fut retourné, n’était pas une compétence à la portée de tous. Usopp, le tireur d’élite de l’équipage, excellait en son art. Car c’était un véritable art, au même titre que le maniement du sabre. Il le savait déjà puisque Zoro respectait et reconnaissait naturellement les compétences propres à chacun, mais l’expérimenter renforçait encore plus le mérite de son ami, ou du moins du souvenir qu’il en restait après 1000 ans.
La balle souleva une mèche de son adversaire, frôlant son oreille, mais il ne le toucha guère. Le métal technomagique, plus rapide que le son, se planta dans une poutre perdue au fond du décor.

- Les armes à distance ne semblent pas être votre fort messieurs. Pas d’problème, restez face à face, et tirez à présent chacun votre tour jusqu'à ce que l'un d'entre vous chancèle.

Il lança un yen dans les airs, pile pour Rinkyu, face pour Zoro et le fit échouer sur son bras ;

- Pile. Cet homme à ma droite commencera à tirer le premier.


Il désigna le futur époux de Lexi, qui se préparait à buter le sabreur tandis que ce dernier accepta son sort et se mit en position, prêt à recevoir la balle en plein cœur s’il le fallait. Une chose était certaine, il choisirait 1000 fois de crever ici et maintenant, sous la main de son frère rejeton, que d’abaisser sa fierté pour sauver sa peau. Ce sens de l’honneur se traduisit par le regard franc et droit du samouraï qui se percutait contre la cornée sombre et blessée du shinobi. Il ne l’avait jamais scruté aussi longtemps, l’expérience en devenait presque mystique tant cet abruti prenait son temps pour frapper le premier. Qu’il en profite, c’était une occasion en or pour prendre le dessus sur le légendaire bretteur, de toute sa misérable existence.

Au moins, le bras droit du roi et le général des armées avaient désormais tout le temps de se scruter, se toiser, se reluquer de la tête aux pieds. Pourtant, Zoro choisit de ne pas égarer son regard ailleurs que dans le sien, défiant le saphir qui lui servait de prunelle avec son émeraude. Quelle pierre précieuse remporterait ce duel de fierté ?

Une pulsion de mort grimpa le long de son échine à la vue de cette arme pointée vers lui. L’homme, aussi vigoureux soit-il, tremblait inconsciemment d’excitation à l’idée de trépasser, comme s’il résistait à une courtisane aguicheuse et qu’un jeu de séduction s’installait entre eux, mêlant désirs et réticences à la fois. Un sentiment très paradoxal.

A force de le fixer avec un tel appui, il en oublia presque la raison de cette confrontation, hypnotisé par la spirale du plaisir viril consistant à mettre sa vie en jeu honorablement, selon des règles établies strictes, presque cérémoniales, comme s’ils se contentaient de jouer au poker. Pourtant, en cas de défaite, ce n'était pas l'argent qu'ils perdaient, mais la vie. Ce constat, pris avec du recul, rendait les duels aussi fascinants qu'absurdes, à l'image de l'humain.

Le coup retentit, après une série de secondes qui sembla durer une éternité, et le pirate continua de soutenir insolemment le regard. Il attendit un certain moment dans cette position, une fois que la balle fut tirée, immobile, afin de constater si une blessure précise se déclenchait quelque part dans son corps mais il décréta que 30 secondes suffirent pour clore l’affaire. Uchiha Rinkyu avait raté son ultime chance de prendre le pouvoir sur son rival, continuellement toujours meilleur que lui. Cette donnée n’était visiblement pas prête de basculer puisque sans plus de cérémonie, ce fut au tour du pirate de tendre le bras, pointant le canon sur ce mâle... ou sur le mal ?

Si son bras se maintenait solidement face à lui, prêt à propulser la mort vers le brun pour mettre fin à sa destinée torturée, il se mit subitement à vaciller, légèrement. Des images, par coup épileptique, à peine perceptible, lui revenait. Un cadavre ensanglanté au sol. Une mère en pleurs tenant la dépouille de son enfant. La nuit. La pluie. L’orage. Le visage de sa fille dépourvue de vitalité. Et un homme aux mains emplis de sang.

Il revivait par à coups cette obscure nuit, origine de l’ensemble des maux qui les mena à ce moment précis, qui les mena à se braquer une arme l’un contre l’autre au lieu de viser dans la même direction comme autrefois, comme deux frères.

Cette émotion appuya sur la gâchette, animé par une sourde rage faussement effacée.

Un coup impétueux. Mais un coup décisif. Puisque avant même de réagir, un trou de sang gicla hors de la cuisse d'en face, laissant à supposer très fortement la réussite de son impact.

Le vieux examina la plaie de loin et décréta :

- Et nous avons donc notre vainqueur.... Au vue du flux sanguin, ça n’a pas l’air bien méchant mon garçon, surtout pour un type de votre stature, tu seras remis sur pieds en deux ou trois coups de bistouris.

De son côté, le sabreur soutint les yeux douloureux de cet imbécile, la face neutre, n’exprimant pas spécialement sa victoire. En revanche, il se permit de balancer l’arme d’un air dédaigneux dans la poussière comme s'il se débarrassait d'un vieux linge sale, avant de se frotter les mains et de se diriger vers sa promise :

- Ne traînons pas davantage. Il est temps de s’y remettre.

Il tourna la tête vers le vioc, qui venait d’appeler en renforts un homme et deux femmes, sans doute pourvus de connaissances médicales. Kaen prenait les soins de ce couillon en mains.

- Soignez-le et Uchiha, je n’oublie pas, je t’offrirai un verre une fois que tu seras remis entièrement sur pieds. Tu en auras besoin pour digérer cette première défaite. Je dois finir quelque chose d'important en attendant.

Le nargua-t-il avant de prendre sa belle par le bras et de l'embarquer vers ce qui ressemblait à une «chapelle» à la Kosaten.

Zoro venait d’offrir un avant-goût de ce qui attendait Rinkyu lors du véritable duel à venir.

Finito, cet acte présageait le futur : ce ver de terre terminerait en bouillie, piétinée sous sa puissante botte de cuir. Croisant les bras d'un air satisfait bien que sa tête affichait une mine sévère, il regarda son adversaire souffler d'exaspération ou de frustration. Qu'il baigne dans sa rage, Zoro s'en délectait secrètement. En attendant, l'aveugle très voyante tchatcha le vainqueur en le félicitant. Elle préserva également une ligne pour Rinkyu, s'amusant à le rabaisser plus bas que terre. Telle était sa place. Il l'aimait de plus en plus cette fille dis donc.

Elle l'emmena ensuite loin du champ de bataille afin de changer de registre : de la mort, on passait à l'amour. Il se serait tout passé durant cette journée...

Elle lui ordonna de changer de fringue et de se laver, supposant sa crasse. A quand remonter son dernier bain il fallait dire ? Il devait puer le vieil âne d'écurie.

Bien.

- Me parle pas comme ça, j'suis pas un gosse !

S'exclama-t-il bien qu'il l'écouta secrètement et se dirigea vers l'auberge pour louer un bain bien chaud. Une femme lui remplit le récipient en métal et il se plongea dans un soupir de soulagement. Ses muscles se détendirent et il se prélassa comme un roi. A sa sortie, une serviette de bain l'attendait, ainsi que ses vieilles fringues poussiéreuses. Il se tordit la bouche, réfléchissant à une solution. Il ne pouvait quand même pas se remettre ça sur le dos pour un mariage. Il interpella alors dés lors le mec de l'auberge pour lui demander implicitement conseils sur une tenue pour ce type d'événement. Ce dernier, ricanant de la naïveté du bretteur vis à vis de ces choses classiques de la vie, alla dans son dressing faire essayer de jolis tissus de cérémonies. Sous les recommandations avisée de la femme d'aubergiste, l'avis féminin étant indispensable, il opta pour un chemisier sobre assez ample, en légère ouverture sur le torse, un pantalon noir serré à la taille et des bottes sombres cirées. Un ceinturon marron encerclait son bassin, de quoi mettre en valeur son corps sculpté.

Il était fin prêt pour le grand moment.